Crystal Pite
Crystal Le-Anne Pite, danseuse et chorégraphe (Terrace, C.-B., 15 déc. 1970). Dès son jeune âge, Crystal est une danseuse aux talents prometteurs qui fait preuve d'un intérêt et d'un talent pour la chorégraphie. La plupart des chorégraphes de sa génération ont délaissé la forme classique au profit de formes modernes ou hybrides. Crystal Pite, tout au contraire, en fait la base de son travail. Elle compte aussi parmi les rares chorégraphes féminines dans ce milieu généralement dominé par les hommes. Elle se consacre non seulement à la création, mais aussi à l'interprétation.Crystal Pite étudie la danse auprès de Maureen Eastick et de Wendy Green au Pacific Dance Centre à Victoria, puis participe à des programmes d'été offerts par le CENTRE D'ARTS DE BANFF et la School of the Toronto Dance Theatre. En 1988, à l'âge de 17 ans, elle est recrutée comme danseuse par les BALLETS DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE. Sa carrière de chorégraphe est amorcée deux ans plus tard lorsque les Ballets de la Colombie-Britannique présente son oeuvre Between the Bliss and Me, créée dans le cadre du premier atelier de chorégraphie organisé par la troupe. Elle passe huit ans avec les Ballets de la Colombie-Britannique et interprète des oeuvres de John ALLEYNE, Serge BENNATHAN, David EARLE, William Forsythe, Christopher HOUSE, James KUDELKA et d'autres encore. Pendant cette période, elle se consacre aussi à la chorégraphie, créant des oeuvres pour les Ballets de la Colombie-Britannique (Moving Day, 1996), pour l'ALBERTA BALLET COMPANY (In a Time of Darkness, 1993; Quest, 1995), pour le BALLET JÖRGEN (Reflections on Billie, 1992; Shapes of a Passing, 1994; Two Dances for Jane, 1995; Hopping the Twig, 1998) et pour LES BALLETS JAZZ DE MONTRÉAL (Pendulum, 1995), ainsi que pour divers danseurs indépendants.
En août 1996, elle se joint au Ballett Frankfurt en Allemagne, attirée par l'idée de travailler avec le directeur artistique William Forsythe dans son exploration des « technologies de l'improvisation ». Lors de nombreuses tournées avec le Ballett en Europe et aux États-Unis, elle interprète les numéros figurant au répertoire habituel de la troupe et participe à de nombreuses nouvelles chorégraphies de Forsythe, dont Sleepers Guts (1996), Small Void et Opus 31 (1997), Workwithinwork (1998), Endless House (1999) et Die Befragung des Robert Scott (version 2000). En 2000, elle crée Excerpts from a Future Work pour le Reflex Project du Ballett Frankfurt. Elle figure parmi les quatre danseurs du Ballett Frankfurt en vedette sur le CD-ROM William Forsythe: Improvisation Technologies: A Tool for the Analytical Dance Eye (1999).
En 2001, Crystal Pite retourne à Vancouver, où elle poursuit son travail de chorégraphe et de danseuse. La même année, son oeuvre pour deux danseurs, Tales - New and Abridged, qu'elle interprète avec le danseur et chorégraphe de Vancouver Cori Caulfield, est montée par le Ballett Frankfurt. Toujours en 2001, Les Ballets Jazz De Montreal la nomme chorégraphe résidente. Short Works: 22, sa première chorégraphie pour cette troupe au titre de ses nouvelles fonctions, est présentée en première à Victoria (C.-B.) en 2001.
Crystal Pite fonde sa propre compagnie, Kidd Pivot, la même année. Cette troupe lui permet de monter rapidement ses chorégraphies et d'exprimer son assurance, de plus en plus solide, parfois irrévérencieuse, mais toujours audacieuse qui révèle sa fascination croissante pour la narration théâtrale.
Crystal Pite lance Uncollected Work (2003), une œuvre en deux parties témoignant de son questionnement sur la nature de l'inspiration. Cette œuvre est également un « outil de référence » pour Kidd Pivot. L'année suivante, elle partage ses réflexions à l'aide de deux versions d'une histoire dans Double Story. Cette oeuvre pleine d'esprit met à contribution la création artistique de Richard Siegal dont la chorégraphie, présentée en première partie du spectacle, est suivie de celle de Crystal Pite qui renverse l'approche rationnelle de son collaborateur en présentant une chorégraphie effrénée et hilarante, presque subversive. Dès lors, Crystal Pite s'engage dans une nouvelle voie : réinventer la narration par le mouvement.
Dans Lost Action (2006), son exploration de la dissolution dénote son intérêt pour les aspects sombres de la vie - la disparition inévitable de la danse qui est, par sa nature même, éphémère. Dark Matters (2009), sa première oeuvre de deux heures, montre l'incidence de forces invisibles sur le corps et l'esprit. En 2010, elle propose son deuxième long spectacle de danse, The You Show; il porte sur les conflits dans les relations humaines. Elle invite les spectateurs à se reconnaître dans ses mouvements et à renouer avec leur vécu et leur corps.
La même année, Crystal Pite, qui entretient d'étroites relations à Francfort, partage son temps entre Vancouver et la ville allemande. Kidd Pivot est nommée troupe permanente du Künstlerhaus Mousonturm. Connue sous le nom de Kidd Pivot Frankfurt RM, cette troupe de huit danseurs permanents, dont Crystal Pite fait partie, travaille de deux à trois mois par année à Francfort et le reste du temps, à Vancouver.
À mesure que Kidd Pivot devient une des troupes les plus demandées au Canada, le nombre de ses représentations en tournée augmente. En 2010, elle donne 75 spectacles dans 22 villes de sept pays. La même année, Crystal Pite collabore avec les cinéastes Marlene Millar et Philip Szporer à la production de Lost Action, Trace (v.f. Corps fugaces : empreintes), une adaptation 3D de son spectacle Lost Action.
Crystal Pite joue dans trois films. A Hollow Place est un court métrage de cinq minutes réalisé par Dan Sadler pour la chaîne Bravo. Elle en signe la chorégraphie et y interprète la danse. One Night Stand, réalisé par Mike Figgis pour New Line Cinema, est un long métrage dont elle est la chorégraphe attitrée et dans lequel elle danse et improvise aussi. En 2001, elle interprète ses propres chorégraphies dans un court métrage de danse réalisé par Daniel Conrad pour la Société Radio-Canada.
Les créations en danse de Crystal Pite sont accueillies chaleureusement et avec respect par la critique et le public. Elle est lauréate des prix suivants : le Bonnie Bird North American Choreographic Award (2004), l'Isadora Award (2005), le Rio Tinto Alcan Performing Arts Award et le Jessie Richardson Theatre Award (2006). En 2008, Crystal Pite est protégée dans le cadre du programme de mentorat des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. Elle est également lauréate de quatre prix Dora Mavor Moore (2009) et d'un Jacob's Pillow Award (2011) accompagné d'un chèque de 25 000 $.