Nita Celia Franks (alias Celia Franca), C.C., O. Ont., danseuse, chorégraphe, administratrice et professeure (née le 25 juin 1921 à Londres, en Angleterre; décédée le 19 février 2007 à Ottawa, en Ontario). Fondatrice du Ballet national du Canada et de l’École nationale de ballet du Canada, Celia Franca, une femme dynamique dotée d'une volonté de fer, joue un rôle de premier plan dans l'essor du ballet au Canada. Elle a rejoint l’Ordre du Canada (officier, 1967; compagnon, 1985) et a été l’une des premières à rejoindre l’Ordre de l’Ontario (1987). Elle a remporté le prix Molson (1974), le Diplôme d’honneur du Conseil des arts du Canada (1986), ainsi que le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (1994). Celia Franca est intronisée au Temple de la renommée du Dance Collection Danse (2024).

Formation et premières années
Née dans une famille d’immigrants juifs polonais, Celia Franca commence ses études de ballet à quatre ans et fait ses débuts comme choriste dix ans plus tard. Elle reçoit sa formation en Angleterre, d’abord à la Guildhall School of Music de Londres puis à la Royal Academy of Dancing. Elle danse avec de nombreuses compagnies, dont le Ballet Rambert et le Sadler's Wells Ballet (aujourd’hui le Royal Ballet), et ce, même en pleine Seconde Guerre mondiale. À l’occasion d’une entrevue avec CBC Radio vingt-cinq ans plus tard, Celia Franca se remémore avec fierté que son auditoire captivé choisissait de rester dans la salle pour la voir danser malgré l’inquiétant vacarme des sirènes d’alerte :
« Les sirènes d'alerte aérienne se déclenchaient dans la fosse d'orchestre lorsque les avions arrivaient d'Allemagne et il était toujours très satisfaisant de constater que personne dans le public ne se levait jamais pour aller se mettre à l'abri. »
En 1947 elle se joint au Metropolitan Ballet en tant que soliste et maîtresse de ballet. Elle crée les chorégraphies pour The Eve of St. Agnes et Dance of Salome, qui sont les deux tous premiers ballets commandés par la chaîne de télévision BBC.
Les dons artistiques manifestes et le sens poussé de l'organisation de Celia Franca lui valent l’intérêt d’un groupe de torontoises passionnées de ballet; il s’agit en l’occurrence de Sydney Mulqueen, Pearl Whitehead et Aileen Woods. Celles-ci cherchent, en 1950, à fonder une compagnie de danse classique au Canada (voir aussi Fondation du Ballet national du Canada). Depuis 1976, les trois femmes sont également cofondatrices du Volunteer Committee (comité bénévole) du Ballet national du Canada, un organisme de charité dédié au soutien de la compagnie de ballet.

Carrière au Canada
Celia Franca accepte le poste de directrice artistique fondatrice du Ballet national du Canada en 1951. Elle travaille sans relâche pendant ses dix premiers mois au Canada. Tenace et débrouillarde, elle recrute et entraîne elle-même des danseurs tout en travaillant chez Eaton pour subvenir à ses besoins financiers. La performance inaugurale de la compagnie a lieu le 12 novembre 1951 à l’auditorium du magasin Eaton (voir The Carlu) à Toronto.
En dépit du manque d'aide financière et de la pénurie de danseurs rompus à la danse classique, Franca réussit à mettre sur pied une compagnie de danse classique au solide répertoire qui, dès le début des années 1970, s'était acquis une réputation sur la scène internationale. Elle continue de danser les premiers rôles jusqu'en 1959, lorsqu’elle fonde l’École nationale de ballet du Canada avec Betty Oliphant comme directrice fondatrice. Elle marie le clarinettiste américain James Morton en 1960 après deux autres mariages de courte durée.
Franca reste à la direction du Ballet national du Canada jusqu'en 1974, figurant à titre de danseuse invitée dans des spectacles où elle joue des rôles de composition jusqu'au début des années 1980. Elle monte des chorégraphies ou met en scène de mémoire plusieurs œuvres établies du répertoire classique, de même qu'elle crée un grand nombre de ses propres chorégraphies. Franca favorise également la carrière de chorégraphes canadiens tels que David Adams et Grant Strate, et donne notamment sa chance à la danseuse Veronica Tennant en lui offrant le rôle de Juliette.
Après son départ du Ballet national, Franca s'installe à Ottawa, où elle siège deux fois de suite au Conseil des arts du Canada et mène une vie active comme enseignante et parfois conférencière.
Une réputation controversée
Le mandat de Celia Franca à la direction du Ballet national du Canada est controversé. Ses conflits avec les danseurs, les membres du personnel ou les membres du conseil difficiles sont légendaires et font parfois la une. Par ailleurs, la valeur de sa vision artistique a beaucoup été mise en cause par la suite.
Certains soutiennent que Franca était une « colonisatrice culturelle » qui n'a pas réussi à s'investir dans la création canadienne, mais qui a créé une soi-disant « troupe nationale » qui n'est réellement qu'une copie du Sadler's Wells Ballet de Grande-Bretagne (aujourd’hui le Royal Ballet). D'autres font remarquer que la carrière britannique de Franca après sa période au Sadler's Wells et ses premières chorégraphies indiquent une tendance forte à innover chez elle. Avec une plus grande liberté d'action et de meilleures ressources, ses politiques artistiques auraient peut-être été beaucoup plus osées.
En réalité, la vision de Celia Franca subit souvent les contraintes de facteurs qu'elle ne maîtrise pas. Toutefois, il est certain qu'elle croit à la nécessité de fonder un répertoire varié en commençant par des œuvres classiques qui constituent une norme universelle pour évaluer les compagnies. Elle reconnait la nécessité de créer une compagnie qui permette aux danseurs canadiens de combler leur désir d'interpréter les grands rôles classiques sans s'exiler. Sa capacité à prendre des risques en présentant des œuvres nouvelles est limitée par l'impératif d'attirer un public aux goûts généralement traditionnels et conventionnels.
Bien que controversée, la participation de Celia Franca comme directrice artistique du Ballet national a eu un impact durable sur les arts canadiens, augmentant l’influence et la reconnaissance des danseurs de ballets nationaux dans tout le pays. En 2025, il existe de nombreuses écoles et troupes de ballet au Canada, telles que le Royal Winnipeg Ballet et Les Grands Ballets Canadiens de Montréal.

Distinctions
Parmi les nombreux prix et récompenses que reçoit Celia Franca, mentionnons l'Ordre du Canada en 1967 (officier) et 1985 (compagnon), l’Ordre de l’Ontario en 1987, le prix Molson en 1974, le diplôme d'honneur du Conseil des arts du Canada en 1986 et le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle en 1994.
En juin 2001, le Centre national des arts organise un gala pour fêter les 80 ans de Celia Franca. En 2024, elle est intronisée au Temple de la renommée du Dance Collection Danse.