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David Adams Richards

David Adams Richards, C.M., O.N.-B., romancier, nouvelliste, biographe et membre du Sénat (né le 17 octobre 1950 à Newcastle, au Nouveau-Brunswick). Auteur prolifique de romans, de nouvelles, de biographies, d’essais, de poésie et de théâtre, David Adams Richards fait partie des trois seuls écrivains canadiens à avoir obtenu un Prix littéraire du Gouverneur général pour ses œuvres de fiction comme pour celles de non-fiction. D’abord célèbre pour ses récits (romancés) de sa région natale de Miramichi, au Nouveau-Brunswick, il livre des œuvres de plus en plus complexes dans leur exploration des notions de conscience, de moralité, d’intégrité et de conséquence. Il est comparé à Léon Tolstoï, à Albert Camus et à William Blake. Il remporte le prix Giller et deux Gémeaux, est membre de l’Ordre du Canada et de l’Ordre du Nouveau-Brunswick. Il est nommé membre du Sénat en 2017 par le premier ministre Justin Trudeau.
David Adams Richards au Eden Mills Writers Festival 2014, \u00e0 Eden Mills, en Ontario.

Jeunesse et formation

David Adams Richards, le troisième d’une famille de six enfants, est le fils de Margaret Adams et de Bill Richards, qui dirigent un cinéma à Newcastle, au Nouveau-Brunswick. Jusqu’à sa troisième année, il est inscrit à la St. Mary’s Academy, une école primaire catholique. Il suit le reste de son cours primaire et son secondaire à la Harkins Academy, une école publique de Newcastle, de laquelle il obtient son diplôme, en 1969. Il travaille pendant une brève période aux mines Heath Steele avant de déménager à Fredericton à l’automne 1969 pour étudier la philosophie et la littérature à l’Université Saint-Thomas.

En 1971, David Adams Richards épouse Peggy McIntyre, rencontrée quatre ans auparavant. C’est également à cette époque qu’il se met à fréquenter les rassemblements littéraires du Ice House Gang, un groupe d’écrivains qui se rassemblent une fois par semaine au pavillon McCord, sur le campus de l’Université du Nouveau-Brunswick, un bâtiment autrefois destiné à l’entreposage de la glace. Plusieurs écrivains du Ice House Gang finiront par avoir une influence profonde sur la carrière littéraire de David Adams Richards, notamment le feu poète Alden Nowlan. C’est par ailleurs ce dernier qui baptise leur groupe.

Début de carrière

Les premières parutions de David Adams Richards sont des poèmes réunis dans un recueil intitulé One Step Inside (1972), une édition indépendante, et dans le livre de colportage Small Heroics (1972). Son premier roman, The Coming of Winter (1974), dépeint sa « terre natale » de Miramichi. Le naturalisme épuré du fond comme de la forme est acclamé par la critique, et les quelques premiers chapitres lui valent le prix Norma Epstein en création littéraire avant même que le livre paraisse. Encouragé par ce succès immédiat, David Adams Richards quitte l’Université Saint-Thomas juste avant l’obtention de son diplôme afin de se consacrer entièrement à l’écriture. (Il obtient en 2008 son baccalauréat de l’université, qui considère ses romans comme des crédits universitaires.)

Le second roman de David Adams Richards, Blood Ties (1976), raconte l’histoire des membres de la famille MacDurmot, relatant environ deux ans de leur vie difficile vers la fin des années 1960. Dancers at Night (1978), un recueil de nouvelles, est publié alors qu’il travaille à son troisième roman, Lives of Short Duration (1981). Ce dernier peut être considéré comme l’un des plus riches et des plus complexes de l’auteur. La vie d’au moins cinq générations de la famille Terri reflète divers aspects de l’histoire de Miramichi de 1825 à 1980. Les relations entre les membres de la famille ne sont jamais simples, et les personnages oscillent entre des sommets et des abîmes, financiers ou émotionnels, à un rythme parfois stupéfiant.

Road to the Stilt House (1985) est l’œuvre la plus courte et sans doute la plus pessimiste de David Adams Richards. La pauvreté, la violence et le désespoir qu’il y dépeints sont à peine allégés par la possibilité, subtilement évoquée, de transcender les pires des circonstances à travers des moments de générosité spontanée.

Milieu de carrière

Après Road to the Stilt House,David Adams Richards fait paraître une trilogie de romans encensés par la critique : Nights Below Station Street (1988), qui lui vaut un Prix littéraire du Gouverneur général, Evening Snow Will Bring Such Peace (1990), et For Those Who Hunt the Wounded Down (1993). Ces trois romans, reliés entre eux par des lieux et des personnages récurrents, traitent des différentes manières dont les gens se jugent et s’évaluent entre eux. Ainsi, les protagonistes de David Adams Richards luttent contre une sorte de déterminisme pessimiste au sein d’une communauté dotée d’une mémoire tenace, surtout en ce qui concerne les erreurs du passé. Des personnages comme Joe Walsh, Ivan Basterache et Jerry Bines tentent de s’extraire du piège de l’abus de drogues et d’alcool, de leur passé de criminels et de la promptitude avec laquelle la société cherche à voir le pire chez eux. Si s’en échapper complètement demeure hors de portée, les personnages parviennent à atteindre de vrais moments de rédemption.

Ses romans suivants explorent les notions de conscience, de moralité, d’intégrité et de conséquence. Son Miramichi romancé est un lieu de fiction unifié et cohérent (à l’instar du Huron Country d’Alice Munro, en Ontario, du Yoknapatawpha County de William Faulkner, au Mississippi, et du Wessex de Thomas Hardy, en Angleterre), ce qui est explicité par la réapparition de certains des personnages de ses premiers romans.

Hope in the Desperate Hour (1996) témoigne du fait que toute prétention de supériorité de la part de la classe éduquée, qu’elle soit intellectuelle, morale ou autre, est au mieux erronée, et au pire dangereuse. The Bay of Love and Sorrows (1998) parle d’amour, de trahison, de meurtre, de conscience et de rédemption.

Mercy Among the Children (2000; trad. La Malédiction Hendersen,2003), qui vaut à David Adams Richards d’être colauréat du prix Giller avec Michael Ondaatje pour son roman Anil’s Ghost, raconte l’histoire de la foi absolue de Sydney Henderson en son intégrité malgré le rejet et l’hostilité de sa communauté, le tout relaté par Lyle, son fils marqué par la souffrance. Le roman River of the Broken-hearted (2003) s’étend sur tout le 20e siècle et explore certains aspects de l’histoire familiale de David Adams Richards : la popularité du cinéma et les conséquences parfois extrêmes, imprévisibles, de décisions et d’actions que l’on croyait définitives. Ainsi, les alliances et les mésententes formées au sein de la communauté par la protagoniste Janie King au début du siècle continueront d’affecter le statut social de ses petits-enfants longtemps après sa mort.

Carrière récente

En 2008, David Adams Richards publie Lord Beaverbrook,une courte biographie de sir William Maxwell Aitken, magnat canadien de la finance, pour la collection Extraordinary Canadians de la maison Penguin. Sa publication suivante est également un texte de non-fiction, God Is.: My Search for Faith in a Secular World (2009). En partie autobiographie, en partie essai, le livre témoigne du rôle qu’a joué la foi religieuse dans sa vie, relatant sa lutte contre l’abus d’alcool et la complexité de l’impact qu’a eu son éducation catholique. God Is. sert également de réplique à certains athées célèbres tels que Richard Dawkins et le défunt Christopher Hitchens, qui, selon David Adams Richards, affirment trop crûment que Dieu n’existe sous aucune forme. Dans la préface de God Is., David Adams Richards explique que son livre « affirme tout simplement que Dieu est présent et l’a toujours été, et le sera toujours, que l’on proclame notre foi ou non, que l’on respecte Sa présence ou que l’on bafoue Sa présence ».

David Adams Richards effectue un retour à la fiction avec Crimes Against My Brother (2014). L’action se déroule dans le milieu familier des travailleurs ruraux du Nouveau-Brunswick et dépeint la gloire puis la chute de trois cousins. Son roman suivant, Principles to Live By (2016), raconte l’histoire de John Delano, un officier de la GRC d’âge moyen tourmenté par des tragédies. En effet, il doit composer à la fois avec la disparition de son jeune fils et avec son syndrome de stress post-traumatique, conséquence d’une mission de maintien de la paix de l’ONU au Rwanda. Une critique de Philippe Marchand parue dans le National Post honore le roman « pour sa force et pour la manière dont il confronte directement le lecteur, les yeux dans les yeux ».

Analyse

Souvent décrit comme un auteur « régional », David Adams Richards rejette cette appellation, considérant que son œuvre passionnée et généreuse constitue « une véritable défense du peuple au sein duquel j’ai grandi ». À travers les personnages de son Miramichi romancé, il traite des conflits qui opposent des familles dont l’histoire remonte à loin dans la mémoire de la communauté, des conséquences à long terme que peuvent avoir les erreurs de jugement, de la complexité des choix moraux et de cette malheureuse tendance qu’ont les êtres humains à se souvenir des péchés des autres plutôt que de leurs bonnes actions.

Si certains ont qualifié la fiction de David Adams Richards de fataliste, d’autres affirment qu’elle recèle malgré tout de nombreux éléments d’espoir et de transcendance. Il dépeint l’adversité avec une intensité admirable, et son écriture témoigne d’une confiance absolue envers la générosité et la spontanéité des êtres humains. Sa fiction met le lecteur au défi de confronter ses perceptions et ses préjugés. Ainsi, s’il est parfois mis mal à l’aise, il en sort toujours grandi.

Vivian Zenari, de l’Université d’Athabasca, note que les principales influences littéraires de David Adams Richards, soit « Léon Tolstoï, Thomas Hardy, Charles Dickens et Fiodor Dostoïevski […] se manifestent à travers le réalisme de ses récits et leur fort attachement au lieu, ainsi que son intérêt envers l’historique familial… Bien que David Adams Richards situe ses histoires dans un espace géographique restreint, ses œuvres explorent nombre de thèmes, particuliers ou généraux, qui font partie du vaste dialogue sur ce que cela signifie d’être Canadien… En fait, en soulignant les détails physiques et psychologiques de la vie de tous les jours, sa narration semble postuler que les grandes questions économiques et politiques, dans toutes les régions du monde, ont un impact sur les interrogations morales et sociales auxquelles chaque petite communauté doit faire face. »

Écriture de scénarios

David Adams Richards a également travaillé comme scénariste, notamment sur le scénario original Small Gifts (1994) et sur les adaptations à l’écran de For Those Who Hunt the Wounded Down (1996) et Nights Below Station Street (1997). Il a en outre reçu deux prix Gémeaux, l’un pour Small Gifts et l’autre pour son adaptation de For Those Who Hunt the Wounded Down, ainsi que des prix de la Writers Guild of Canada pour Nights Below Station Street et For Those Who Hunt the Wounded Down.

Entrée au Sénat

Le 30 août 2017, le premier ministre Justin Trudeau nomme David Adams Richards membre du Sénat en tant que représentant de la province du Nouveau-Brunswick. « Son dévouement envers les arts, son amour de sa région et de son pays seront des atouts extraordinaires pour les penseurs indépendants du Sénat », affirme le premier ministre lors d’une conférence de presse suivant sa nomination.

David Adams Richards, qui dit que ses amis l’ont beaucoup encouragé à postuler, est à la fois surpris et honoré d’avoir été choisi. « J’espère pouvoir mettre en mots certaines des choses qui se produisent au Nouveau-Brunswick », confie-t-il pendant une entrevue. « C’est ce que j’ai toujours fait dans mes livres. » Il déclare à un autre moment : « J’ai toujours pris les marginaux pour sujet… pas parce que c’est tendance de le faire, mais simplement parce que j’en ai tant côtoyé. »

Distinctions

David Adams Richards est l’un des rares Canadiens à avoir remporté un Prix littéraire du Gouverneur général pour une œuvre de fiction et un pour une œuvre de non-fiction. En effet, il décroche le prix en 1988 dans la catégorie fiction pour son roman Nights Below Station Street,puis dans la catégorie non-fiction en 1998 pour Lines on the Water: A Fisherman’s Life on the Miramichi.En 1992, il reçoit le prix littéraire Canada-Australie pour l’ensemble de son œuvre. Il est sacré membre de l’Ordre du Nouveau-Brunswick en 2005, puis de l’Ordre du Canada en 2009.

Il fait des résidences d’écriture à l’Université Mount Allison (1982), à l’Université du Nouveau-Brunswick (1983-1987), à l’Université de l’Alberta (1990-1991) et à l’Université d’Ottawa (1992-1993). Il est également artiste résident à l’Université Saint-Thomas pendant deux ans à partir de janvier 2011. Bien qu’il abandonne ses cours à cette dernière en 1973, il se voit décerner un baccalauréat en 2008 (l’administration considère en effet ses romans comme équivalant à des crédits universitaires). L’Université Saint-Thomas et la Writer’s Federation of New Brunswick décernent chaque année des prix littéraires en son honneur.

Prix

  • Prix pour une œuvre de fiction (Nights Below Station Street), Prix littéraires du Gouverneur général (1988)
  • Doctorat honorifique en droit, LL. D., Université Saint-Thomas (1990)
  • Prix de la Canadian Authors Association (Evening Snow Will Bring Such Peace) (1991)
  • Prix littéraire Canada-Australie (1992)
  • Prix Alden Nowlan pour l’excellence dans les arts littéraires de langue anglaise (For Those Who Hunt the Wounded Down), ministère du Développement économique du Nouveau-Brunswick (1993)
  • Thomas Raddall Atlantic Fiction Award (For Those Who Hunt the Wounded Down), Writers’ Federation of Nova Scotia (1994)
  • Doctorat honorifique en lettres, D.Litt., Université du New Brunswick (1995)
  • Meilleure écriture, série ou minisérie dramatique (Small Gifts), prix Gémeaux (1996)
  • Prix pour une œuvre de non-fiction (Lines on the Water: A Fisherman’s Life on the Miramichi), Prix littéraires du Gouverneur général (1998)
  • Meilleur écriture, série ou minisérie dramatique (For Those Who Hunt the Wounded Down), prix Gémeaux (1998)
  • Prix de la WGC (For Those Who Hunt the Wounded Down), Writers Guild of Canada (1998)
  • Prix de la WGC (Nights Below Station Street), Writers Guild of Canada (1999)
  • Prix Giller(Mercy Among the Children) (2000)
  • Roman de l’année (Mercy Among the Children), Canadian Booksellers Association (2001)
  • Auteur de l’année, Canadian Booksellers Association (2001)
  • Membre, Ordre du Nouveau-Brunswick (2005)
  • Prix des écrivains du Commonwealth (2007)
  • Doctorat honorifique en littérature, D. Litt., Université Mount Allison (2008)
  • Membre, Ordre du Canada (2009)
  • Doctorat honorifique en divinité, D. Div., Atlantic School of Theology (2010)
  • Matt Cohen Award: In Celebration of a Writing Life, Société d’encouragement aux écrivains du Canada (2011)
  • Prix Thomas Raddall Atlantic Fiction (Incidents in the Life of Markus Paul), Writers’ Federation of Nova Scotia (2012)

Les oeuvres sélectionnées de
David Adams Richards