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Développement régional, planification du

Les gouvernements effectuent une planification du développement régional pour améliorer le bien-être de la population dans les régions où les conditions de vie actuelles et futures posent des problèmes.

Développement régional, planification du

Les gouvernements effectuent une planification du développement régional pour améliorer le bien-être de la population dans les régions où les conditions de vie actuelles et futures posent des problèmes. La situation économique retient d'habitude le plus d'attention, mais des difficultés d'ordre économique (chômage élevé, bas revenus ou absence de possibilités d'investissement) sont étroitement liées à une vaste gamme de problèmes matériels et sociaux. Ces derniers comprennent des conditions inadéquates de salubrité et de logement, des lacunes des infrastructures matérielles (approvisionnement en eau, évacuation des déchets, transport), la pollution, ainsi que l'insuffisance des services éducatifs, récréatifs et sociaux. Le programme planifié de développement régional tente habituellement d'aborder ces problèmes d'une façon globale.

Le Canada a une longue tradition de programmes de développement sous diverses formes. Le plus connu est le système de transfert de revenus entre les provinces instauré à la suite du rapport Rowell-Sirois de 1940. Pourtant, ce n'est qu'en 1969 que le gouvernement fédéral adopte une approche globale du problème des disparités régionales, au moment de la création du ministère de l'Expansion économique régionale (MEER). L'objectif principal du MEER est d'aider à créer des possibilités d'emplois, mais il distingue deux types de besoin. Le premier touche des régions désignées, où le chômage est élevé, mais où existent déjà des infrastructures propices au développement. Dans ces régions, des subventions sont accordées aux entreprises disposées à investir dans l'établissement ou l'agrandissement d'usines de fabrication. Le deuxième type de besoin vise certaines régions dépourvues à la fois d'infrastructures et d'établissements et de services sociaux. Pour ces régions, le MEER adopte des programmes globaux prévoyant l'aménagement de parcs industriels, la formation professionnelle, la construction de nouveaux logements, la mise en place d'une vaste gamme de services sociaux et de santé, ainsi que la création d'emplois dans le secteur des services ou de la fabrication. Les deux types de programmes sont financés et administrés dans le cadre de partenariats fédéraux-provinciaux, mais le gouvernement fédéral assume une plus grande part des frais dans les provinces moins nanties.

À partir de 1973, en réaction aux critiques selon lesquelles les programmes de développement régional sont trop centralisés, les gouvernements provinciaux obtiennent une plus grande autonomie dans la conception et la mise en oeuvre des projets soutenus par le MEER. En 1982, la plupart des programmes du MEER passent au Service de l'expansion industrielle régionale (EIR), qui relève du ministère du Commerce. Un nouveau ministère du Développement économique régional est alors créé afin de coordonner les efforts du gouvernement fédéral pour le bénéfice des régions. Vu la piètre conjoncture économique nationale, on fait valoir que le développement régional ne saurait être efficace sans l'établissement préalable de stratégies nationales et provinciales bien définies. On craint que, si on laisse les régions se faire concurrence dans un marché déjà fort limité, le Canada n'arrive pas à acquérir sur la scène internationale un avantage concurrentiel dans de nouveaux domaines tels que les communications électroniques ou l'équipement de transport dans le Nord.

En 1987, le gouvernement fédéral apporte plusieurs changements importants à sa politique de développement régional. Il crée d'abord un nouveau ministère de l'Industrie, des Sciences et de la Technologie, afin de mettre en place une politique nationale de développement, surtout en vue d'améliorer la compétitivité du Canada sur le plan international. Ce nouveau ministère regroupe l'ancien ministère d'État chargé des Sciences et de la Technologie et l'ancien Service de l'expansion industrielle régionale et reprend, dans une certaine mesure, le rôle du ministère du Développement économique régional, aboli en 1984. Il crée ensuite trois organismes de développement régional. Le premier, le Bureau de diversification de l'économie de l'Ouest canadien, sert d'organe de planification et de financement de la diversification de l'économie de l'Ouest canadien. Le deuxième, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, doit planifier et mettre en oeuvre des projets et programmes pour améliorer le bien-être et promouvoir l'économie de la région de l'Atlantique. Le troisième, l'Initiative fédérale du développement économique du Nord de l'Ontario (FedNor), a pour mandat de planifier et de financer, dans le Nord de l'Ontario, l'expansion économique et la création d'emplois, y compris dans le secteur touristique. Il est possible que d'autres organismes soient créés. Ainsi, la possibilité de l'établissement d'un organisme du genre pour les territoires nordiques du Canada est à l'ordre du jour. La création de ces nouveaux organismes témoigne de la tendance à étendre l'application des programmes de développement au Canada à de plus vastes régions. En effet, deux des nouveaux organismes ont une représentation multiprovinciale. Dans tous les cas, l'accent porte sur le renforcement d'économies d'échelle au plan régional en misant sur des activités offrant la possibilité d'un avantage concurrentiel. Ces virages de la politique fédérale reflètent un désaccord fondamental sur l'approche à adopter en matière de développement régional au Canada. Les gouvernements provinciaux, pour leur part, manifestent en effet peu d'enthousiasme envers l'idée de stratégies ou de programmes nationaux. En général, ils perçoivent la planification du développement régional comme relevant de leur compétence et font valoir qu'ils sont plus près des régions à problèmes que ne le serait tout organisme national et qu'ils comprennent mieux les priorités et les besoins régionaux. Il est certain que les gouvernements provinciaux ont déjà instauré, de leur propre initiative, une vaste gamme de programmes de développement et qu'ils continueront vraisemblablement de le faire.