Dominic (Dick) Patrick, héros de guerre et activiste (né en 1920 dans la Première Nation Saik'uz, près de Vanderhoof, en Colombie-Britannique; décédé en 1980 dans la Première Nation Saik'uz).
Jeunesse
Enfant, Dick Patrick aide à s’occuper du bétail dans la ferme familiale. Il fréquente le pensionnat de Lejac et continue à travailler à la ferme après avoir quitté l’école. (Voir Pensionnats indiens au Canada.) Il fait également du trappage et travaille parfois dans le secteur minier et forestier.
Deuxième Guerre mondiale
Dick Patrick s’enrôle dans l’armée en 1942. Après sa formation, il rejoint le 5e Régiment antichar et devient membre de l’équipage d’un canon antichar automoteur M10 de 17 livres. L’unité apporte son soutien à la 4e Division blindée canadienne.
En septembre 1944, les unités canadiennes avancent en Belgique. Le 8 septembre, les unités de la 4e Division reçoivent l’ordre de s’emparer d’un point de passage sur le canal de Gand, dans le village de Moerbrugge. Les Argyll and Sutherland Highlanders of Canada doivent donner l’assaut, suivis par le Lincoln and Welland Regiment.
Médaille militaire
Le 10 septembre, les deux bataillons ont établi une petite tête de pont sur le côté est du canal. Elle est toutefois limitée à une profondeur d’environ 275 m en raison du feu nourri de l’ennemi. Tôt ce matin-là, les ingénieurs canadiens terminent la construction d’un pont Bailey sur le canal.
Dick Patrick et son équipage M10 traversent alors le pont. Après que le M10 a tiré sur plusieurs positions ennemies présumées, il devient difficile de déterminer l’emplacement exact de l’ennemi. Patrick obtient l’autorisation de partir à pied à leur recherche. Malgré les tirs ennemis, il réussit à se placer au milieu d’une position de mitrailleuse ennemie et ouvre le feu avec sa mitrailleuse.
Selon la recommandation « immédiate » pour une médaille militaire pour Dick Patrick note que « son attaque audacieuse a complètement surpris l’ennemi. » En effet, Patrick capture 55 Allemands et libère un point fort qui a bloqué l’infanterie pendant environ deux jours. L’extension de la tête de pont est due en grande partie à l’audace de Dick Patrick.
Dick Patrick reçoit sa médaille militaire des mains du roi George VI lors d’une cérémonie au palais de Buckingham le 23 octobre 1945. Il profite de l’occasion pour parler au roi de la discrimination à laquelle son peuple est confronté au Canada. Il dit au roi que lorsque les Autochtones allaient à Vanderhoof, « …ils n’avaient pas le droit d’entrer dans les restaurants, d’utiliser les toilettes publiques et devaient entrer par la porte arrière d’une épicerie pour faire leurs courses. » Il ajoute : « Nous avons parlé longtemps de l’injustice faite à mon peuple. Il m’a dit qu’il s’efforcerait d’aider mon peuple. »
Après la guerre
Dick Patrick rentre en Colombie-Britannique en avril 1946. Lors de sa première visite à Vanderhoof, il entre au Silver Grill Café et commande un repas. Comme tous les autres Autochtones qui ont essayé de fréquenter le café avant lui, Dick Patrick se voit refuser le service et est prié de partir. Devant son refus, le propriétaire appelle la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui arrête Dick Patrick et l’inculpe pour trouble à l’ordre public.
Un juge condamne Dick Patrick à une peine d’emprisonnement de six mois dans la tristement célèbre prison d’Oakalla. Dick Patrick demande alors l’aide de Maisie Hurley, une militante des Premières Nations qui a fondé le premier et le seul journal autochtone du Canada à l’époque, The Native Voice. Maisie Hurley réussit à obtenir une libération anticipée pour Dick Patrick.
Une fois libéré, Patrick se rend à Vanderhoof en autobus. Dès sa descente du bus, il retourne dans le même café et commande un repas. On lui refuse à nouveau le service, et il est arrêté et renvoyé en prison. Dick Patrick réitère sa protestation dix fois et, chaque fois, est envoyé à Oakalla. Chaque fois, Maisie Hurley assure sa libération.
Héritage
À sa mort, Dick Patrick est enterré avec tous les honneurs militaires. Bien que son courageux combat pour l’égalité n’ait pas été reconnu à l’époque, on se souvient aujourd’hui de lui pour son courage et sa détermination à lutter pour les droits des Autochtones.