Durant la
majeure partie de l’histoire des interactions politiques entre les peuples autochtones et le gouvernement canadien
(et ses prédécesseurs coloniaux), la politique gouvernementale s’est concentrée
sur les Premières Nations. Les Inuits n’ont été qu’à peine reconnus
jusqu’aux années 1940, tandis que la responsabilité spéciale envers
les Métis et les Indiens
non inscrits a été largement reniée jusqu’en 2016. Les débuts de l’histoire
de la politique autochtone au Canada ont été marqués par la présence de la
France et de l’Angleterre en tant que puissances coloniales. La politique
coloniale britannique reconnaissait les peuples autochtones comme des nations souveraines.
La politique canadienne post-Confédération
était basée, jusqu’à la fin des années 1960, sur un modèle d’assimilation,
dont l’un de ses principaux instruments était la Loi sur les Indiens. À partir de la fin des années 1960,
la politique gouvernementale s’est progressivement transformée en objectif d’autodétermination
des peuples autochtones, un objectif qui doit être atteint grâce aux traités
modernes et aux accords d’autonomie gouvernementale.
Premières relations et
politiques entre coloniaux et Autochtones
Les pays
européens revendiquent des territoires partout dans le monde en vertu du droit
de « découverte » et ils déclarent que les peuples
autochtones qui y vivent sont soumis à la puissance colonisatrice.
Cependant, les premiers Européens qui arrivent en Amérique du Nord dépendent des
peuples autochtones qui sont plus nombreux et mieux adaptés pour survivre, ce
qui mène à des alliances commerciales et militaires. Durant la période des
alliances, qui dure jusqu’au début du 19e siècle, la politique
relative aux Autochtones est d’ordre diplomatique et militaire, car les peuples
autochtones sont des nations indépendantes et souveraines.
Les
rapports des Français avec les peuples autochtones impliquent du commerce, la guerre
et du travail missionnaire.
La politique officielle française a deux objectifs : convertir les peuples
autochtones au christianisme,
et les assimiler à la société française. Bien que quelques groupes autochtones
s’établissent à proximité des Français sur des réserves
à vocation agricole contrôlées
par l’Église, la grande majorité continue de vivre à part en tant que nations
indépendantes. Lorsqu’arrivent les années 1690, même les missionnaires et
les fonctionnaires du gouvernement reconnaissent l’échec de leur politique d’assimilation
à grande échelle. Les marchands de fourrures
s’y sont toujours opposés en
raison de ses effets négatifs sur le commerce. Comme les colonies françaises ne
se sont pas largement étendues en territoire
autochtone et n’ont pas déplacé les habitants, les Français ne
reconnaissent jamais officiellement que les Autochtones possèdent des droits
sur le territoire, aucun traité
de cession de terres n’est jamais conclu. Cependant, les colonies anglaises
plus peuplées s’étendent vers l’ouest. Bien que certaines de ces colonies
concluent des traités
avec les Autochtones qu’elles
déplacent, les colons anglais constituent une menace constante pour les communautés
voisines.
Les
alliances conflictuelles entre les groupes autochtones et les Européens
remontent au début du 17e siècle, à l’époque où Samuel de Champlain
conclut une alliance avec
les Hurons-Wendats,
s’aliénant par le fait même les ennemis des Hurons-Wendats, les Haudenosaunee
. Au cours des deux siècles
suivants, les Français et les Anglais attirent tous deux des alliés autochtones
dans leur concurrence commerciale, territoriale et impériale en Amérique du
Nord. Avec l’effondrement de la puissance impériale française suite à la guerre de Sept Ans
(1756-1763), les anciens
alliés autochtones de la France sont confrontés à la menace d’une expansion britannique
sans entraves. La résistance se manifeste par une série de soulèvements
inspirés par le chef Odawa
, Pontiac
. Les autorités impériales
réagissent en assurant aux peuples autochtones, par l’intermédiaire de la Proclamation royale de 1763
, qu’ils ne seront pas dérangés dans
leurs territoires, au-delà des colonies établies. Les territoires ne peuvent qu’être
cédés à la Couronne,
et seulement sur décision d’une assemblée générale des peuples autochtones. Ce
principe constitue la base du futur système des traités.
Dans les 20
ans qui suivent, la Révolution américaine
ranime les alliances alors que
les Premières
Nations s’efforcent de protéger leurs territoires de l’expansion américaine
(voir aussi Destinée
manifeste). La Grande-Bretagne accepte volontiers l’assistance des Autochtones
dans les efforts diplomatiques et militaires qu’elle déploie pour protéger ses
conquêtes canadiennes. Le soutien des Autochtones s’avère précieux pour les
Britanniques pendant la guerre de 1812
. La fin de la période des alliances
coïncide avec la deuxième étape de la politique autochtone qui s’étend de la Confédération
jusqu’au milieu du 20e siècle.
Colonisation et politiques
postérieures à la Confédération
Les traits caractéristiques de la politique gouvernementale après la Confédération sont l’imposition par les gouvernements européens de traités, de réserves et de politiques sociales paternalistes, toutes destinées à favoriser l’assimilation des Autochtones à la population générale. Comme l’expansion des colonies dans le Haut-Canada requiert de nouveaux territoires, des traités sont conclus pour anéantir les droits des peuples autochtones sur leur territoire conformément aux principes de la Proclamation de 1763. (Voir aussi Les cessions de terres du Haut-Canada.) En revanche, les traités de cession territoriale ne sont pas conclus dans les colonies plus anciennes des Maritimes ou du Québec, même lorsque de nouvelles régions sont ouvertes à la colonisation.
À mesure
que la population non autochtone augmente, les peuples autochtones,
principalement les Premières Nations
, cessent d’être traités comme des
nations indépendantes et sont installés sur les réserves
. Là, on forme des bandes autochtones
qui sont organisées sous la surveillance de surintendants du ministère
des Affaires Indiennes ou de délégués
indiens. Ces agents, qui ne sont plus des diplomates militaires, mais des
gestionnaires locaux des terres de réserves et des affaires de bande, encouragent
les peuples autochtones à se tourner vers l’agriculture et à devenir autonomes
par des moyens non traditionnels, et à vivre, de façon générale, comme la
population blanche environnante. Les réserves disposent habituellement d’une
église et d’une école. Ces activités sont organisées par un ministère civil des
Affaires Indiennes, qui remplace l’autorité militaire en 1830.
Statut d’Indien
L’instauration
de biens communs sur les réserves,
de fonds des bandes,
d’une législation spéciale et de droits issus de traités
conduit à l’élaboration du concept juridique du statut
d’Indien. Certaines personnes de descendance autochtone, les Métis
et les Indiens
non-inscrits, ne sont jamais
admissibles au statut d’inscrit ou le perdent de diverses façons. Cependant, en
avril 2016, la Cour
suprême statue à l’unanimité que la définition légale du mot « Indien »
englobe les Métis et les Indiens non inscrits. Le but ultime de la politique autochtone
pendant la majeure partie de la période suivant la Confédération est d’éliminer
tout statut par assimilation et émancipation.
Ce processus juridique n’a jamais été populaire auprès des peuples autochtones
et a échoué dans son objectif global.
Droit de vote autochtone
Les Indiens
inscrits sont exclus du droit de vote jusqu’en 1960, à moins qu’ils ne
remplissent certains critères. Si les hommes inscrits répondent aux critères énoncés
dans l’Acte
pour encourager la civilisation graduelle des tribus sauvages en cette Province
(1857), et plus tard dans l’Acte
pour encourager la civilisation graduelle et l’émancipation de certains
Indiens (1859), ils peuvent volontairement renoncer à leur statut d’Indien
(un processus appelé émancipation).
Et donc, à ce moment ils sont en droit de voter (voir aussi Droit
de vote au Canada).
Ce n’est
qu’après la Deuxième Guerre mondiale que les opinions sur l’octroi du droit de
vote aux peuples autochtones changent. Les Inuits obtiennent le droit de vote
en 1950, et le statut d’Indien dix ans plus tard. Les Métis ont toujours eu le
droit de vote s’ils possédaient les qualifications de base (voir aussi Droit
de vote des peuples autochtones et Les
femmes autochtones et le droit de vote).
Pensionnats indiens
Les
pensionnats indiens sont des écoles religieuses financées par le gouvernement
qui sont créées pour assimiler les enfants autochtones à la culture
eurocanadienne. Elles ont généralement été en service entre 1880 et 1996 (le
pensionnat Grollier Hall, qui a fermé ses portes en 1997, n’était pas un
pensionnat géré par l’État cette année-là). Les pensionnats ont perturbé des
vies et des communautés, et ont causé des problèmes à long terme chez les
peuples autochtones (voir aussi Les
expériences des Inuits dans les pensionnats indiens et Les
expériences des Métis dans les pensionnats indiens).
En 2008, la
Commission de vérité et réconciliation (CVR) est mise sur pied dans le cadre
d’une Convention
de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI). Entre autres
fonctions, la CVR a effectué des recherches sur les pensionnats indiens et a
publié un rapport final. La CVR déclare que les pensionnats indiens (ainsi que
la rafle des années 1960) font partie d’un « génocide culturel »
législatif du Canada contre les peuples autochtones. (Voir aussi Génocide
et peuples autochtones au Canada.)
Traités, réserves et
revendications territoriales
Après
la Confédération
, la responsabilité administrative
des affaires indiennes est attribuée au gouvernement central à Ottawa.
Ceci n’affecte pas l’orientation générale de la politique concernant les
Autochtones, qui demeure en grande partie inchangée jusqu’au milieu du 20e siècle.
Pendant que le Dominion du
Canada se prépare à coloniser et à développer de nouveaux territoires, le
système des traités
continue de servir d’instrument
expansionniste de la politique autochtone. Les traités signés à la fin du 19e siècle
et au début du 20e siècle, comme leurs versions antérieures,
visent à anéantir les droits des Autochtones
sur un territoire donné. En échange,
ils fournissent des terres de réserve, une modeste contribution en espèces
ainsi que des services aux personnes soumises au traité. Aujourd’hui, les
Indiens visés par des traités, dont les ancêtres ont adhéré à l’un des onze traités
numérotés du Canada, soutiennent que les termes des traités étaient censés
être interprétés libéralement. Par exemple, la prestation pour une école est considérée
comme une promesse d’éducation de l’enseignement du primaire jusqu’au
postsecondaire.
En plus des désaccords sur l’interprétation, les traités donnent lieu à des revendications particulières. Ces revendications allèguent le non-respect des conditions du traité et la mauvaise administration des dispositions du traité ou de la Loi sur les Indiens , particulièrement en ce qui concerne la cessation ou la vente des terres de réserve . Les revendications sont d’abord examinées par un ministère du gouvernement, et si elles sont rejetées pour négociations, elles peuvent être soumises au Tribunal des revendications particulières du Canada, un organe judiciaire indépendant mis sur pied en 2009 qui a le pouvoir de rendre définitives et exécutoires les décisions du règlement.
Sauf
quelques exceptions, les Métis
et d’autres qui n’ont pas obtenu ou
conservé le statut d’Indien ne sont pas inclus dans les traités ou dans les
bandes créées par la Loi sur les Indiens. Au Manitoba, cependant,
les Métis reçoivent des concessions de terres ou des certificats d’argent en
vertu de la Loi de 1870 du Manitoba
, pour anéantir leur titre
autochtone sur les terres. Plus tard, on recourt à cette pratique dans
d’autres parties de l’ouest et du nord du Canada dans un processus extérieur à
celui des traités, mais qui, à partir de 1899, lui est souvent parallèle. (Voir aussi Histoire
des établissements métis au Canada.)
Dans les
cas où la terre n’est pas encore recherchée pour la colonisation ou le
développement, les peuples autochtones sont laissés sans signature de traités. Cette
pratique a donné lieu plus récemment à d’importantes revendications
territoriales dans le nord du Canada. Le Alaska Native Claims Settlement
Act de 1971 est devenu le précurseur américain des règlements de
revendications territoriales globales modernes au Canada. Il accorde beaucoup
plus de droits fonciers que les traités précédents, ainsi que des règlements en
espèces et en ressources beaucoup plus généreux. La première de ces grandes
ententes globales est la Convention de la baie James et du
Nord québécois
de
1975 au Québec. Elle est accélérée par un projet de construction de barrages
hydroélectriques dans le nord du Québec.
Elle est suivie par d’autres ententes couvrant les Territoires
du Nord-Ouest et le Yukon, ainsi
que d’autres régions non visées par des traités dans les provinces. L’Accord
sur les revendications territoriales du Nunavut (1993), qui a abouti à la
création du territoire du Nunavut
, et l’Accord sur les revendications
territoriales des Inuits du Labrador (2005), qui a permis la mise en place du
gouvernement de Nunatsiavut
au Labrador
et à Terre-Neuve, font partie des règlements les plus remarquables.
Bien que le
gouvernement
fédéral ait conclu des traités au 19e siècle dans les Prairies où
il contrôle les terres, il ne peut en faire autant de façon unilatérale en Colombie-Britannique,
où les terres de la Couronne
sont sous le contrôle du gouvernement provincial. Pour ce qui est de la
Colombie-Britannique, il faut attendre jusqu’à la fin du 20e siècle
pour que les droits des Autochtones soient reconnus et établis. En 1992, une
commission tripartite d’étude des traités commence à travailler en vue de la
négociation de traités dans cette province. En 2000, la Loi sur l’Accord
définitif Nisga'a
sanctionne le premier traité
de l’ère moderne en Colombie-Britannique. Le traité des Nisga'a accorde aux
Premières Nations le droit à l’autonomie
gouvernementale sur un territoire couvrant 2 019 km2 de
leurs terres
traditionnelles dans la vallée de la rivière Nass. D’autres Premières
Nations de la Colombie-Britannique continuent de négocier leurs revendications.
Les nations Tsawwassen et Maa-nulth obtiennent des règlements finalisés,
respectivement en 2009 et en 2011.
De plus, le
26 juin 2014, la Cour suprême du Canada
reconnait, dans l’affaire Nation
des Chilcotins c.
la Province de la Colombie-Britannique, le titre autochtone et l’autorité
de cette Première Nation sur plus de 1 750 km2 de leur
territoire traditionnel à l’intérieur de la Colombie-Britannique. En
considérant les titres autochtones d’un point de vue étendu, la Cour suprême
ouvre une nouvelle voie en matière de développement des ressources et de
consultation auprès des peuples autochtones dans les régions du Canada qui
n’ont pas été cédées par un des traités historiques. (Voir aussi L’obligation
de consulter.)
Loi sur les
Indiens et amendements
Le volet de
la politique autochtone se poursuit avec peu de changements après la Confédération
. En 1868, le ministère des Affaires
Indiennes devient un bureau fédéral qui change plusieurs fois de nom jusqu’à
aujourd’hui. La législation régissant les peuples des Premières Nations
est
intégrée dans la Loi sur les Indiens
en 1876. Cependant, la diversité des peuples
autochtones et des régions du Canada, combinée aux différences sur le plan
historique, donne lieu à des variations dans l’administration régionale. Dans
les régions plus colonisées, l’administration est liée par les objectifs communs
de la protection provisoire et de l’assimilation finale. Dans l’intérêt de
l’économie, et avant le développement eurocanadien de leurs terres, les peuples
autochtones des régions éloignées sont négligés.
En 1939, une
décision de la cour stipule que les Inuits
sont une responsabilité du
gouvernement fédéral, mais qu’ils ne sont pas soumis à la Loi sur les
Indiens. Des programmes distincts de développement économique et de
services leur sont appliqués, surtout depuis les années 1950, alors que le
développement envahit de plus en plus leur territoire et perturbe leur mode de
vie. Au cours des dernières décennies, ces peuples du Nord participent à des
règlements modernes de revendications territoriales
globales
,
comme la Convention définitive des Inuvialuits dans l’ouest de l’Arctique
(1984) et l’Accord sur le Nunavut
, dans la partie Est, qui leur
confèrent des pouvoirs politiques, des terres et des avantages économiques.
Avant la Deuxième
Guerre mondiale, la politique autochtone était élaborée par le gouvernement
sans consulter les principaux intéressés et avec peu d’attention du public. Dans
les années 1940, cela commence à changer. Les peuples autochtones s’engagent
davantage sur le plan politique et s’expriment plus ouvertement sur leur
situation marginale dans la société et sur leur manque d’autodétermination. L’opinion
publique devient plus informée et troublée par la pauvreté et la marginalité
des peuples autochtones. La politique reflète cette situation changeante grâce
à des programmes nouveaux et élargis. Le gouvernement s’efforce de promouvoir
le développement économique des peuples autochtones et cherche à leur offrir des
services de qualité égale, en particulier par le biais d’accords avec les
provinces.
La Loi
sur les Indiens est révisée en 1951, mais le rythme accéléré des
changements nécessite bientôt un examen plus approfondi. Des rencontres de
consultation (1968-1969) avec les représentants autochtones créent l’espoir de
participer à une révision proposée. Les peuples autochtones indiquent
clairement qu’ils veulent que leurs droits soient respectés et que leurs
revendications relatives aux territoires et aux traités soient réglées avant de
procéder à la révision de la Loi sur les Indiens. Ces espoirs sont
anéantis avec la publication des propositions gouvernementales (le Livre
blanc) en juin 1969 qui semblent ignorer toutes les priorités qu’ils ont
énoncées. Les propositions suggèrent une abolition progressive du ministère des
Affaires indiennes et de la Loi sur les Indiens dans un délai
de cinq ans, éliminant ainsi le statut d’Indien. On minimise l’importance des
traités et des revendications autochtones. Les Autochtones réagissent de façon
hostile et soutenue aux recommandations gouvernementales.
Un réseau
complet d’organismes politiques autochtones est formé et des
contre-propositions sont présentées sur une gamme étendue de revendications. Le
gouvernement, confronté à un éveil de la conscience populaire, revient sur ses
positions et crée un fonds destiné à aider les Autochtones dans leurs efforts
pour clarifier leurs demandes.
Des
amendements apportés à la Loi
sur les Indiens en 1985 abolissent le concept d’émancipation,
un objectif stratégique clé depuis plus d’un siècle et demi. Ils rétablissent
également le statut d’Indien ainsi que les droits d’appartenance à une bande
pour ceux qui les ont perdus en raison de l’héritage exclusivement par
descendance masculine ou en raison d’émancipation. Ces amendements ont l’effet
supplémentaire de permettre aux bandes de contrôler leur propre appartenance,
en fonction de leurs propres règles concernant l’appartenance. (Voir aussi
Les
femmes et la Loi sur les Indiens.)
Article 35 et
Constitution canadienne
Depuis le Livre
blanc, l’activité politique autochtone contribue grandement à sensibiliser
la population et les Autochtones eux-mêmes à leurs problèmes et à leurs objectifs.
La plupart des organismes politiques autochtones, avec lesquels le gouvernement
traite, obtiennent du soutien et de la validité auprès d’une solide base
communautaire. Un leadership expérimenté émerge et est capable de répondre à la
volonté exprimée par le gouvernement de négocier les enjeux. Ajouté
essentiellement en réponse à l’activisme politique, l’article 35 de
la Loi
constitutionnelle de 1982 affirme les droits autochtones existants
et les droits issus de traités, et il définit les « peuples autochtones du
Canada » comme étant les Indiens (ou les Premières Nations), les Inuits et les
Métis. Cependant, la signification de l’article demeure en grande partie
indéfinie et fait l’objet de controverses parmi les premiers ministres et les
dirigeants autochtones (voir aussi Droits
des autochtones au Canada).
Initiatives autochtones
pour une autonomie gouvernementale
L’autonomie
administrative occupe une place dans les affaires autochtones, particulièrement
depuis les années 1960 lorsque certains aspects de la gouvernance des bandes,
incluant l’administration de certains programmes financés par le gouvernement
fédéral, commencent à être repris par les Premières Nations
. Cependant, le mécontentement
demeure à l’égard de ces pouvoirs délégués.
En réponse
à ce mécontentement, le comité spécial de la Chambre des communes sur l’autonomie
politique des Indiens (le comité Penner) publie en 1983 un rapport recommandant
que l’on donne aux communautés autochtones la possibilité de concevoir de
nouvelles formes de gouvernement pour remplacer les structures existantes
limitées prescrites par la Loi
sur les Indiens. Reconnaissant que les Premières Nations étaient
autonomes avant la période de dépendance et de paternalisme, le rapport
recommande la mise en place de gouvernements autochtones comme un autre ordre de
gouvernement distinct du fédéral et du provincial.
Les accords
d’autonomie
gouvernementale sont négociés sur la base du droit inhérent des Premières Nations
à l’autonomie gouvernementale tel que déclaré dans la Loi constitutionnelle
de 1982. Ces négociations, auxquelles participent le Canada, les
gouvernements provinciaux et territoriaux, les Premières Nations, et les communautés
inuites et métisses, visent à conclure des accords individuels d’autonomie
gouvernementale dans le cadre de la Constitution canadienne. L’administration gouvernementale
fédérale, conformément à la Loi sur les Indiens et aux
traités, se poursuit à un niveau réduit tandis que la participation des Premières
Nations augmente.
Les fronts
sur lesquels les Premières Nations tentent de progresser sont le règlement
des revendications globales et
particulières
,
la conclusion de traités en Colombie-Britannique et la réalisation d’accords
sur l’autonomie gouvernementale pour les Premières Nations qui le désirent (voir
par exemple : Nisga'a
et Nunavut
). En janvier 2015, le gouvernement
fédéral avait déjà réglé 26 revendications territoriales globales (dont
beaucoup prévoient une certaine autonomie gouvernementale) et avait signé 3 accords
d’autonomie gouvernementale. L’Accord de gouvernance de la Nation des Dakota de
Sioux Valley, qui est entré en vigueur en juillet 2014, a fait de cette
Première Nation le 34e groupe autochtone autonome du Canada et
le premier des Prairies. À cette époque (en 2014), on comptait
approximativement au Canada cent tables de négociation portant sur des
revendications territoriales globales et l’autonomie gouvernementale. Les accords
conclus pourraient finalement remplacer la Loi sur les Indiens en
tant qu’instrument principal régissant les relations entre les Premières Nations
et le gouvernement, sans altérer la relation spéciale qui existe entre les
peuples autochtones et la Couronne, ni abroger les droits autochtones, les traités,
ou les droits constitutionnels.