Dimanche sanglant
Le Dimanche sanglant (Bloody Sunday) est une confrontation violente qui a eu lieu le dimanche 19 juin 1938 entre des manifestants et les forces de l'ordre combinées de la Gendarmerie royale du Canada et de la police de Vancouver.
Au début de 1938, les gouvernements fédéral et provinciaux suppriment l'aide financière accordée aux camps de secours pour les chômeurs . Pendant la Crise des années 30, ces camps ont été les seuls refuges pour les hommes célibataires sans emploi. Ils sont souvent sordides et servent le double objectif de maintenir les jeunes hommes loin des centres urbains, où ils pourraient protester, et de fournir une main-d'œuvre bon marché à l'industrie privée.
En raison de la fermeture des camps en Colombie-Britannique le 1er mai, plusieurs centaines d'hommes sans abri convergent vers Vancouver.
Occupation du centre-ville
Steve Brodie, un communiste qui a fait l'expérience de l'agitation ouvrière de 1935 à Vancouver, organise les hommes en brigades. L'après-midi du 20 mai 1938, environ 1200 hommes entament une marche de protestation qui les conduit de l'est de Vancouver au centre-ville. Plus de 700 hommes envahissent le bureau de poste récemment rénové (aujourd'hui le Centre Sinclair), alors qu'un deuxième groupe, qui compte 200 hommes, entre dans l'hôtel Georgia et qu'un troisième investit la Galerie d'art de Vancouver.
Le gérant du Georgia refuse d'appeler la police, au risque de voir causer des dommages à la propriété, et il réussit à convaincre les manifestants de quitter les lieux en échange de 500 $. Les deux autres groupes de manifestants, cependant, restent en place pendant des semaines, tandis que les policiers attendent des ordres.
Intervention policière
Les autorités décident finalement d'intervenir et les policiers en reçoivent l'ordre à 5 heures du matin le dimanche 19 juin 1938. Harold Winch de la Co-operative Commonwealth Federation, qui avait agi à titre d'agent de liaison entre les chômeurs et la police durant l'agitation ouvrière de 1935, négocie avec succès le retrait des manifestants de la galerie d'art. Le bureau de poste étant un édifice fédéral, la GRC donne l'assaut, en utilisant du gaz lacrymogène. Les manifestants ripostent en brisant des vitres pour faire entrer de l'air et en s'armant de tout ce qu'ils peuvent lancer. Les gendarmes, armés de matraques, les expulsent de l'édifice. Quarante-deux hommes doivent être hospitalisés, dont cinq gendarmes. Steve Brodie est particulièrement ciblé par les gendarmes, qui s'en prennent à lui de manière brutale, lui causant des lésions permanentes à un œil.
Après la mêlée, les manifestants et leurs sympathisants rentrent à Vancouver-Est en défilant et en cassant des vitres sur leur passage. Plus tard ce jour-là, la nouvelle s'étant répandue, quelque 10 000 sympathisants occupent Powell Street Grounds pour protester contre la brutalité policière.