Cet article est l’un de trois articles de survol consacrés à l’histoire économique du Canada. (Voir aussi Histoire économique du Canada central et Histoire économique de l’Ouest canadien.)
Naissance de l’économie
Bien que la traite des fourrures soit pratiquée très tôt dans les Provinces de l’Atlantique (Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador), leur économie commence vraiment à se développer avec la pêche maritime, dont les débouchés se trouvent en Europe et, plus tard, dans les Antilles. Durant la plus grande partie du 16e siècle, ce sont les Britanniques et les Européens qui contrôlent la pêche. La colonisation progresse lentement, surtout à Terre-Neuve. Les premiers colons acadiens débarquent sur le continent au cours du 17e siècle, suivis par des immigrants anglophones de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Angleterre au 18e siècle, mais la population européenne demeure peu nombreuse jusqu’à l’arrivée des loyalistes, en partie parce que les bonnes terres agricoles sont rares dans la région. Au début du 19e siècle, des Écossais s’établissent au Cap-Breton. Les principales sources de prospérité sont la construction de navires en bois, la pêche, l’exploitation forestière et le transport maritime. Le bois des colonies bénéficie d’un traitement préférentiel en Grande-Bretagne (voir Taxes sur le bois), tandis que l’industrie des transports dessert tout le bassin atlantique (voir Industrie du transport maritime).
Charbon et acier
Au milieu du 19e siècle, le traitement préférentiel du bois est aboli, et le transport maritime, le fer et la vapeur commencent à supplanter le bois et la voile (voir Compagnie Cunard). Le charbon du Cap-Breton trouve un marché à Boston, mais les autres perspectives de développement économique sont rares. Certaines tentatives sont faites dans le secteur manufacturier, mais les marchés locaux sont petits et les communications entre les colonies sont mauvaises. La construction du chemin de fer Intercolonial vers la Province du Canada crée quelques nouveaux marchés pour l’industrie de la Côte-Est, mais la nouvelle voie ferrée n’élimine pas les désavantages géographiques. Lorsque le Dominion hausse le tarif douanier en 1879, beaucoup de capitalistes des Maritimes construisent des usines, pour s’apercevoir aussitôt que les marchés sont plus petits qu’ils ne l’avaient prévu et qu’ils ont besoin de nouvelles compétences en gestion. Le charbon des Maritimes n’est pas en mesure de soutenir la concurrence de celui de la Pennsylvanie sur le marché ontarien. Les faillites et les rachats sont nombreux. Cependant, le tarif douanier, les primes du Dominion sur le fer et l’acier et le boom de la construction des chemins de fer, après 1900, stimulent la production de fer et d’acier en Nouvelle-Écosse (voir Histoire du chemin de fer).
En 1900, Halifax est déjà un centre financier local, où des capitalistes rassemblent des fonds non seulement pour l’industrie locale, mais aussi pour des entreprises en Amérique latine. Les banques des Maritimes ont toutefois tendance à faire faillite, à fusionner ou à déménager leur siège social au Canada central (voir Banque de Nouvelle-Écosse; Banque Royale.)
Au 19e siècle, la population qui s’établit à Terre-Neuve est constituée surtout d’immigrants britanniques. Le reste de la région attire peu d’immigrants, du moins après 1867, et la croissance de la population est lente : une grande partie de l’accroissement naturel est compensée par l’émigration vers les États-Unis ou dans d’autres régions du Canada.
Les années 1920 et 1930 sont très dures pour les provinces de l'Atlantique. Les industries du fer, de l’acier et du charbon et le secteur des équipements connaissent des difficultés chroniques et souffrent gravement, comme la pêche, de la crise des années 1930. Le secteur manufacturier progresse peu, malgré les subventions que le gouvernement fédéral accorde aux transports ferroviaires. Les seules lueurs d’espoir viennent des nouvelles usines de pâtes et papiers et de nouveaux marchés protégés pour la pomme et le bois en Grande-Bretagne. La Deuxième Guerre mondiale apporte une prospérité fiévreuse dans les communautés qui abritent des bases navales et aériennes, et la situation s’améliore après 1945. De nouvelles centrales hydroélectriques et de nouvelles initiatives gouvernementales attirent des industries, mais ces programmes connaissent plus d’échecs que de succès.
Nouveaux espoirs
Au milieu des années 1980, des gisements de pétrole et de gaz commercialement exploitables sont découverts en haute mer. En 2018, quatre projets d’extraction de pétrole dans des réservoirs sous-marins et les industries qui leur sont associées apportent des pétrodollars et une nouvelle prospérité à la presqu’île d’Avalon, à Terre-Neuve. Trois projets d’extraction de pétrole et gaz naturel en Nouvelle-Écosse accroissent aussi les revenus de cette province. Par contre, les industries du charbon et de l’acier du Cap-Breton n’existent plus. D’autres industries lourdes, comme celle des pâtes et papiers, souffrent de difficultés chroniques partout dans la région (comme dans l’ensemble du pays). Les usines encore ouvertes sont maintenues en vie par des subventions gouvernementales.
Autrefois florissante, la pêche à la morue et autres poissons du Canada atlantique (voir Grands Bancs de Terre-Neuve) s’effondre dans les années 1990, mais les stocks de homard, de crevettes et d’autres crustacés permettent à l’industrie de survivre. L’exportation de ces produits de la mer se révèle lucrative au 21e siècle (voir Moratoire sur la pêche de la morue). Vers 2014, Saint John, au Nouveau-Brunswick, devient le principal port d’énergie en Amérique du Nord grâce à la raffinerie d’Irving Oilet au terminal de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié de Canaport, le premier au Canada, construit en 2008. Il y a aussi un projet de construction d’un nouveau terminal d’exportation de pétrole sur le site. L’industrie de l’exploitation minière du fer et du nickel et celle de la sidérurgie au Labrador représentent d’autres lueurs d’espoir dans cette économie régionale en grande difficulté, avec la promesse d’un second projet d’aménagement hydroélectrique sur le fleuve Churchill, au Labrador, le nouveau programme fédéral de construction de navires de guerre dans le chantier naval de Halifax et le développement d’un secteur aérospatial de petite taille, mais en forte croissance en Nouvelle-Écosse et sur l’île du Prince-Édouard.
Aperçu de l’économie régionale
Au cours des dernières décennies, les provinces de l’Atlantique ont apporté une contribution par habitant inférieure à la moyenne de l’économie canadienne. Ensemble, elles ont compté pour 113,4 milliards, ou 6 % du PIB du Canada en 2016. Bien que ce pourcentage soit à peu près semblable à celui d’il y a 20 ans, la composition de ce montant a beaucoup changé.
Terre-Neuve-et-Labrador, autrefois la province la plus faible économiquement de la région atlantique, a bénéficié du développement de ses minerais, de son potentiel hydroélectrique et de son pétrole en mer, et est considérée comme ayant une performance au-dessus de la moyenne quant à son de PIB par habitant. Malgré la fermeture dévastatrice de la pêche à la morue du nord en 1992 — la plus importante vague de mises à pied industrielle de l’histoire du Canada —, la pêche et la transformation du poisson demeurent une activité économique majeure dans la région atlantique (voir Moratoire sur la pêche de la morue). Le port d’Halifax, et dans une moindre mesure les ports de Saint John , Nouveau-Brunswick, et St. John's, Terre-Neuve, sont aussi d’importants moteurs économiques.
L’un des plus grands défis actuels de la région est l’absence de croissance démographique et le vieillissement rapide de la population.
(Voir aussi Économie régionale.)