Édouard Toussaint, (Eddy), danseur, chorégraphe et directeur artistique (Port-au-Prince, Haïti, 27 décembre 1945). Toussaint dirige une troupe de Montréal reconnue pour l'accessibilité de ses productions et la hardiesse de ses chorégraphies, approximativement de 1975 à 1985. Eddy Toussaint étudie le ballet sous la tutelle de Lavinia Williams, en Haïti, puis vient s'installer à Montréal avec sa famille en 1957. En plus de détenir deux baccalauréats, un en enseignement (de l'Université de Montréal, 1973) et un en éducation physique avec une majeure en danse (de l'Université du Québec à Montréal), il étudie la danse classique et le jazz avec Eva von Genscy et Zeda Zare à Montréal, avec Matt Mattox et Luigi à New York, et avec Jannine Charat, Yvette Chauvire, Roland Petit et Rosella Hightower à Paris.
Comme Eddy Toussaint collabore souvent avec la danseuse Eva VON GENCSY, ce travail entraîne une implication à la Banff School of Fine Arts, où il danse et enseigne. En 1972, il s'associe avec von Gencsy et Geneviève SALBAING et fonde LES BALLETS JAZZ DE MONTRÉAL, qu'il quitte abruptement l'année suivante. En 1974, il fonde La Compagnie de danse Eddy Toussaint. La troupe désire poursuivre sa démarche populaire et tire son matériel des diverses traditions de la danse. Une école de danse où 700 étudiants y suivent des cours est aussi rattachée à la troupe. Il poursuit sa propre carrière de danseur jusqu'en 1978, dansant dans diverses émissions de télévision. Au cours de cette période, il est aussi administrateur de la Fédération des loisirs de danse du Québec, un organisme régissant la danse récréative.
Dans les années 1970, les chorégraphies d'Eddy Toussaint, pour lesquelles il choisit souvent de la musique populaire québécoise, ont une qualité acrobatique, sensuelle et délibérément anti-intellectuelle, exprimant sa croyance souvent exprimée que les spectacles de danse doivent divertir et stimuler. Vers la fin de la décennie, il surprend son public en adoptant un style qui emprunte davantage des éléments du ballet. Cette transition est attribuable, d'une part, à la formation intense qu'il a reçue pendant cinq ans de la maîtresse de ballet Camila Malashenko et, d'autre part, à la politique de financement du CONSEIL DES ARTS DU CANADA, qui favorise le ballet et la danse expérimentale. Toussaint façonne sa nouvelle image en fonction du populaire couple de danseurs Louis ROBITAILLE et Anik BISSONNETTE, deux anciens étudiants de son école de danse qui attirent un public québécois des plus fidèles.
La Compagnie de danse Eddy Toussaint participe, en 1984, à la Compétition internationale de ballet d'Helsinki, où son œuvre Un simple moment, interprétée par Robitaille et Bissonnette, remporte la première place dans la catégorie des chorégraphies contemporaines. La troupe fait sa première tournée en Europe en 1985 et, en 1986, elle participe au Festival de Spoleto, où le fondateur Gian Carlo Menotti demande qu'Un simple moment soit présenté à l'occasion de son 75<sup>e<sup> anniversaire, à Rome. En 1988, Rudolf Nureyev et le danseur étoile français Charles Jude acceptent l'invitation de Toussaint de danser avec sa troupe.
À partir de 1985, la troupe de danse d'Eddy Toussaint fait des apparitions régulières au Festival de Spoleto aux États-Unis, en Australie et en Italie, où l'un des plus grands succès du chorégraphe, le Requiem de Mozart, est filmé en 1988 pour la télévision italienne.
La popularité de la troupe, devenue le Ballet de Montréal Eddy Toussaint, atteint son apogée de 1980 à 1985. Toussaint se fait ambassadeur du Québec dans les pays francophones et, en 1983, on le nomme « Grand Montréalais », un honneur présenté annuellement par la Chambre de commerce de Montréal. En 1988, après une saison exclusive de deux semaines des ballets Toussaint par le Ballet de l'Opéra de Toulouse, en France, Toussaint négocie un programme d'échange avec le Ballet d'Odessa, en URSS. Bissonnette et Robitaille s'y rendent pour danser Le lac des cygnes et les danseurs d'Odessa, à leur tour, viennent à Montréal pour interpréter les chorégraphies de Toussaint.
En 1987, le Florida Art Council offre à Toussaint et à ses danseurs une résidence de trois ans dans le Sud, à raison de deux mois par année à Fort Lauderdale, en Floride. Pendant ce séjour, il crée la Symphonie du Nouveau Monde, une de ses meilleures chorégraphies de par sa structure et ses exigences techniques. La résidence entraîne une invitation à former le Sarasota Ballet et à en devenir son directeur artistique et chorégraphe en chef. En 1990, les Ballets de Montréal Eddy Toussaint se dissolvent et Toussaint, accompagné d'environ la moitié de ses danseurs de Montréal, déménage à Sarasota. En plus d'instaurer, pour le Sarasota Ballet, un atelier estival donné par les plus grands professeurs internationaux, il entreprend un programme continu en collaboration avec l'University of Florida, qui combine la formation scolaire et de danse pour les enfants économiquement défavorisés, mais néanmoins talentueux.
En 1994, Toussaint quitte le Sarasota Ballet et fonde le Ballet Eddy Toussaint USA et Eddy Toussaint L'École de Danse. Quatre ans plus tard, Toussaint est nommé conseiller artistique et chorégraphe attitré du Ballet national de Moravia-Silesia, en République tchèque. Il devient mentor de Zdenek Konvalina et crée deux œuvres que Konvalina présente à l'occasion de performances qui lui valent la médaille d'or à l'issue de la compétition internationale d'Helsinki, en 2001.
Puis, Eddy Toussaint se concentre sur sa nouvelle carrière de chorégraphe pigiste de calibre international. En 2007, il revient au Canada comme directeur du développement de la Goh Ballet School, à Vancouver, et projette de fonder une nouvelle troupe de ballet.
Dès son retour à Montréal en 2009, Toussaint fait à nouveau la preuve d'une indépendance à toute épreuve en faisant la promotion du ballet classique dans une ville où la danse et le ballet contemporains sont rois. En 2010, deux de ses danseurs, Klara Houdet et Timothy Tompkins, qui interprètent L'Irréparable Saint-George au Concours international de ballet et de danse contemporains de Sibiu, en Roumanie, remportent le prix du « meilleur couple de danseurs » et le prix de la « meilleure danseuse de niveau avancée ». Toussaint reçoit le prix spécial du président du jury pour sa chorégraphie.
Eddy Toussaint a créé plus de 100 ballets. Au nombre de ses chorégraphies importantes figurent Un simple moment (1980), un duo sentimental et acrobatique, Dam Ballah (1976), inspiré de ses racines haïtiennes, Cantates (1978), une danse aux accents ritualistes interprétée par un groupe d'hommes au torse nu et portant de longues jupes ondulantes, Façades (1982), qui s'adresse aux mordus du tango, et Requiem (1985), une composition spirituelle très simple accompagnée de pièces de Mozart. Certaines œuvres plus accessibles, inspirées de personnages légendaires québécois, ont aussi su plaire à son public cible du Québec. Mentionnons, entre autres, Rose Latulippe (1979) et Alexis le Trotteur (1978).
Les œuvres d'Eddy Toussaint font partie des répertoires des Ballets jazz de Montréal et de plusieurs troupes des États-Unis, comme le San Diego Ballet, Ballet West et le St. Louis Ballet; de troupes de Toulouse, Avignon et Bordeaux, en France; de Ballet Concierto, à Puerto Rico; du Ballet national de Moravia-Silesia, en République tchèque, et bien d'autres. Bonjour Brel est interprété par le Ballet national de Cuba et à l'occasion de l'inauguration du nouvel opéra de Moscou, en 2004.
Plusieurs de ses ballets sont filmés pour la télévision canadienne. Malgré la popularité de ses œuvres en France, en Belgique et aux États-Unis et malgré un auditoire québécois très varié et fidèle, les gens du milieu de la danse au Canada ne l'accueillent jamais vraiment comme un des leurs. Personnage énergique, mais controversé, aimé et détesté des critiques, des autres chorégraphes et directeurs, son tempérament et son franc-parler l'amènent à faire le piquet de grève devant les bureaux du Conseil des Arts du Canada.
Eddy Toussaint a offert à son public, du néophyte au connaisseur, un mélange éclectique de danse moderne, de ballet jazz, de danse folklorique et de ballet classique. Son objectif artistique, qu'il a sans nul doute atteint, a toujours été de populariser la danse. Depuis son retour à Montréal, il s'attache à donner de nouvelles forces au ballet purement classique dans la ville.