Edith Sarah Watson, photographe, peintre (née le 5 novembre 1861 à East Windsor Hill, au Connecticut; décédée le 22 décembre 1943 à St. Petersburg, en Floride). Edith Watson était une photographe professionnelle indépendante qui a beaucoup voyagé, pendant une quarantaine d’années, à Terre-Neuve, sur la côte du Labrador et au Canada. Elle a pris des milliers de photos de personnes et de lieux qu’elle a visités, s’intéressant particulièrement aux femmes de classe ouvrière dans les collectivités rurales. Elle a passé la dernière partie de sa vie à voyager et travailler avec sa compagne, la journaliste Victoria « Queenie » Hayward. Le couple a publié ses ouvrages dans des revues, des journaux et dans un livre, Romantic Canada.
Jeunesse et carrière en peinture
Edith Sarah Watson naît à East Windsor Hill, au Connecticut, le 5 novembre 1861. Elle est la plus jeune des quatre enfants de Reed et Sarah Watson, une famille bien établie de Nouvelle-Angleterre. Elle grandit entourée d’intellectuels, d’artistes et d’écrivains ayant des liens avec sa famille. Elle est éduquée par sa mère à la maison et fréquente le Hartford Female Seminary, une des premières institutions d’enseignement pour les filles et les femmes aux États-Unis.
Après avoir terminé ses études en 1882, Edith Watson et sa grande sœur Amelia passent quelques années à peindre et à vendre leurs œuvres en Nouvelle-Angleterre. Elles se déplacent d’une ville à l’autre, tous les deux ou trois jours, transportant leurs peintures en autobus dans des caisses afin de les exposer et de les vendre.
Voyages en solitaire
En 1891 ou 1892, Edith Watson fait son premier voyage à Terre-Neuve. C’est à ce moment que naît son profond attachement pour la région, où elle reviendra à de nombreuses reprises au cours de sa vie. Durant ses premiers voyages, Edith Watson est connue dans la région en tant qu’aquarelliste. Mais lorsqu’elle revient en 1894, un appareil photo à la main, elle devient, comme le rapporte un journal, « Miss Edith Watson, l’artiste photographe bien connue ».
Edith Watson passe la plus grande partie de son temps dans les avant-ports et sur la côte de Terre-Neuve et du Labrador. Elle loge chez des amis ou dans des pensions de famille. Au début du 20e siècle, ses voyages l’amènent plus profondément dans le continent, au Québec, en Nouvelle-Écosse, en Ontario et au Manitoba. Vers 1920, elle atteint la côte ouest. Mais la Terre-Neuve et le Labrador demeurent des lieux de prédilection où elle reviendra souvent.
Photographie
Durant ses voyages à Terre-Neuve et au Canada, Edith Watson réalise beaucoup de photographies. Bien qu’elle soit une paysagiste talentueuse, la plus grande partie de ses photos portent sur la vie quotidienne dans les collectivités rurales. Ces photos représentent une importante source primaire pour connaître la vie que menaient les gens en ces lieux. Si elle photographie des hommes et des enfants, elle s’intéresse surtout aux femmes. Contrairement aux portraits formels et rigides de l’époque, elle prend des photos des femmes en pleine action. Ses photos les montrent au travail, transportant des seaux d’eau, faisant sécher le poisson ou travaillant la terre. Elle travaille patiemment, attendant pendant des jours, s’il le faut, pour saisir la bonne scène. Elle utilise le flou artistique, ce qui est assez habituel dans la photographie romantique populaire à l’époque, mais elle est une des premières à utiliser les angles et l’asymétrie dans ses compositions.
Au tournant du siècle, la photographie de voyage devient extrêmement populaire, ce qui permet à Edith Watson de vendre ses œuvres. À l’époque, les femmes ne comptent que pour 15 % des photographes professionnels au Canada et aux États-Unis. Edith Watson vend ses photos à des publications éducatives, des journaux et des revues, dont le New York Times, le Toronto Star, Maclean’s, Saturday Night, National Geographic et The Canadian Magazine. Edith Watson ne travaille que pour des publications qui paient les photos, et tient à avoir le crédit des photos imprimées, ce qui est rare pour les photographes de l’époque. Elle échange aussi ses photos avec des compagnies de transport pour obtenir des passes de chemin de fer et de bateau, avec des fabricants de matériel photographique pour obtenir des produits chimiques et du papier photo, et avec des résidents pour payer son logement durant ses voyages. Au cours de sa vie, les photographies d’Edith Watson sont exposées au Boston Art Club et à la Panama-Pacific Exposition à San Francisco.
Collaboration avec Victoria « Queenie » Hayward
À partir de 1898, Edith Watson passe une partie de ses hivers aux Bermudes, peignant et vendant de petites aquarelles. C’est là, en 1911, que des amis lui présentent Victoria « Queenie » Hayward, une journaliste originaire des Bermudes. Les deux femmes se lient et l’année suivante, Victoria Hayward accompagne Edith Watson dans ses voyages. Tout en vivant une relation romantique, le couple travaille ensemble : Edith Watson prend les photos et Victoria Hayward écrit les textes. Elles voyagent beaucoup à Terre-Neuve, au Canada et sur la côte est des États-Unis. Au cours de leurs voyages, elles s’intéressent particulièrement aux collectivités rurales et aux groupes minoritaires, qu’elles visitent et documentent. Elles séjournent entre autres parmi dans des communautés mennonites et doukhobor des Prairies, chez les Haïdas de Colombie-Britannique, et dans des villages de pêche du Cap-Breton.
En 1920, Edith Watson et Victoria Hayward commencent à travailler à Romantic Canada, un carnet de voyage des lieux qu’elles ont visités ensemble. Le livre de 250 pages comprend plus de 75 photographies d’Edith Watson. On croit que Victoria Hayward est la première à utiliser le mot « mosaïque » pour décrire la diversité des cultures présentes au Canada. Le terme sera beaucoup utilisé par les auteurs de la moitié du 20e siècle, qui parleront de « mosaïque canadienne » ou de « mosaïque culturelle » pour décrire le multiculturalisme canadien. Le livre est très attendu, mais des délais d’imprimerie font en sorte qu’il n’est publié que quelques jours avant Noël 1922, ce qui nuit aux ventes.
Les deux femmes demeurent ensemble jusqu’à la mort d’Edith Watson en 1943. Elle est enterrée près de Wild Acres, sa maison d’enfance, dans le Connecticut.