Kathleen Creighton Starr Rice, homesteader, prospectrice (née le 4 juin ou le 22 décembre 1882, à St. Marys, en Ontario; décédée le 6 janvier 1963, à Minnedosa, au Manitoba). Kathleen Rice est considérée comme l’une des premières prospectrices du Canada, à part les femmes ayant participé à la ruée vers l’or du Klondike. Elle a jalonné des concessions dans le nord du Manitoba, la plus importante étant sa découverte de pyrite de cuivre, en 1928. Elle était également connue comme une amatrice de plein air, entreprenant fréquemment de longs voyages en solitaire, en traîneau à chiens ou dans son canoë.
Jeunesse
Kathleen Rice, née à St. Marys, en Ontario, est la fille de Henry Lincoln Rice et de Charlotte Carter. On n’est pas sûr de sa date de naissance, qui serait probablement le 4 juin ou le 22 décembre 1882. Elle a un frère cadet, Lincoln. Les Rice sont aisés : sa mère vient d’une famille de meuniers prospère et son père est un homme d’affaires de premier plan et une personnalité publique de St. Marys.
Le père de Kathleen lui apprend à faire du canoë, à monter un camp, à tirer avec un fusil et à lire les étoiles, des compétences qui s’avéreront ultérieurement particulièrement utiles pour elle. Elle fréquente l’école primaire et secondaire de St. Marys, avant de suivre des cours à l’Université de Toronto, où elle obtient la bourse Edward Blake en lettres classiques et en mathématiques. À l’université, elle est active au sein du mouvement YWCA et de la Women’s Literary Society. Elle obtient un baccalauréat ès arts en 1906, avec une spécialisation en mathématiques.
Après avoir décroché son diplôme, Kathleen Rice enseigne à l’école secondaire, au Albert College, à Belleville, et à Wingham, en Ontario, avant de déménager dans les Prairies, en 1911, pour enseigner à Tees, en Alberta et à Yorkton, en Saskatchewan. Lorsqu’elle vit dans l’Ouest, elle passe ses vacances d’été à faire de l’escalade dans les Rocheuses, ce qui lui vaut d’être admise au Club Alpin du Canada.
Vie dans le nord du Manitoba
« Il ne suffit pas de souhaiter l’aventure pour qu’elle arrive. »
- Kathleen Rice
En 1913, Kathleen Rice quitte l’enseignement pour embrasser une vie de homesteader dans le nord du Manitoba. Son lot de colonisation a dû être enregistré sous le nom de son jeune frère Lincoln, car, en tant que femme, elle n’est pas autorisée à posséder des biens fonciers. Son frère quitte leurs nouvelles terres, peu après leur installation, pour s’enrôler dans l’armée. Kathleen Rice défriche elle‑même la terre et construit de ses mains une maison, sur une ferme d’un quart de section (160 acres), près de Le Pas, à environ 630 km au nord de Winnipeg. La ville de Le Pas a pris de l’expansion au début des années 1900, avec l’essor des industries minières et de la pêche, et l’arrivée du chemin de fer de la Baie d’Hudson qui ouvre le nord du Manitoba à la colonisation.
Sur sa ferme, Kathleen Rice apprend, en autodidacte, la géologie et les sciences de la terre. Elle se rapproche des Cris locaux pour découvrir leurs techniques de survie dans la brousse. L’hiver, elle se livre au piégeage et se déplace en traîneau à chiens. L’été, elle part prospecter à bord de son canoë. Pour se déplacer à travers la brousse, elle enfile des knickerbockers et des bottes à crampons. Elle entreprend de nombreux voyages en solo, à bord de son canoë, The Duckling, avec, à la clé, de fréquents portages.
Prospection
« Si les femmes pouvaient comprendre les sensations fortes que procure la prospection, elles seraient nombreuses à s’adonner à cette activité… Aucune femme ne devrait hésiter à entrer dans le domaine minier, juste parce qu’elle est une femme : ce n’est pas tant le courage qui est nécessaire pour cette activité, que la persévérance. »
- Kathleen Rice
Kathleen Rice débute dans la prospection, lorsqu’un ami de l’université lui avance des fonds en échange d’une participation aux profits tirés de ses futures concessions. En 1914, elle découvre du zinc et du vanadium dans la région du lac Reindeer. Il s’agit de l’une des premières découvertes de vanadium, un minéral rare, dans le nord du Manitoba. Après cette découverte, elle et son partenaire de prospection, Richard Woosey, partent dans la région du lac Snow. Elle construit une base de prospection sur l’île Assessment sur le lac Wekusko (également connu sous le nom de lac Herb). L’île sera ultérieurement rebaptisée île Rice en son honneur. Au début des années 1920, elle a jalonné l’intégralité de l’île Rice, où elle a trouvé du sulfure de cuivre, et a établi la première concession de nickel au Manitoba.
Toutefois, le résultat le plus remarquable des activités de prospection de Kathleen Rice se produit en 1928, lorsqu’avec Richard Woosey, elle découvre de la pyrite de cuivre le long de la rive du lac Wekusko. Cette découverte est qualifiée de « première classe » et elle reçoit de nombreuses offres de demande de concession. La proximité du chemin de fer de la Baie d’Hudson, à environ 40 km, représente un gros avantage des lieux. Cette découverte provoque un afflux de prospecteurs dans la région. Cette année‑là, Kathleen Rice fonde également la Rice Island Nickel Company. En 1929, elle est poursuivie en justice, tout comme son partenaire, par l’un de leurs associés, C.E. Herman, au sujet d’un intérêt dans une concession contestée de cuivre‑nickel. L’affaire est réglée l’année suivante, avec l’obtention par le plaignant d’une participation de 51 %.
Fin de vie et héritage
Après le décès de Richard Woosey en 1940, Kathleen Rice passe la majeure partie du reste de sa vie en solitaire sur l’île Rice, ne recevant que de rares visites. En 1951, elle vend une participation majoritaire dans sa société à l’International Nickel Co., pour 20 000 $ (un peu plus de 200 000 $ d’aujourd’hui). Vers 1960, elle quitte son île pour se faire soigner pour des problèmes de santé mentale. Elle décède, le 6 janvier 1963, dans un hôpital de Minnedosa, après plusieurs semaines de maladie. Elle est enterrée dans une tombe anonyme, à Minnedosa; cependant, en 2009, un groupe collecte des fonds pour lui ériger une pierre tombale, sur laquelle on peut lire : « Kate Rice, prospectrice et pionnière du Nord, femme extraordinaire des étendues sauvages ».
De son vivant, on fait le récit des aventures et des réalisations de Kathleen Rice partout au Canada et même à l’étranger, jusqu’en Australie. On la décrit comme une célèbre prospectrice et comme un exemple de la façon dont les femmes peuvent jouer un rôle actif et réussir dans n’importe quel domaine. L’île sur laquelle elle vivait sur le lac Wekusko, l’île Rice, porte toujours son nom et, depuis 2013, abrite également une plaque commémorant sa vie. En 2014, elle devient la deuxième femme intronisée au Temple de la renommée du secteur minier canadien.