Le spectaculaire pont suspendu enjambant la rivière de la Paix, au sud de Fort St. John, en Colombie-Britannique, a été inauguré à l’été 1943, en remplacement d’un traversier sur la route de l’Alaska. Le pont a relié les rives de la rivière pendant 14 ans, et ce, jusqu’à ce qu’il s’effondre, étonnamment, sans blesser quiconque, à la suite d’un glissement de terrain sous l’une de ses culées.
Route de ravitaillement en temps de guerre
En pleine Deuxième Guerre mondiale, le pont suspendu est construit en moins de neuf mois par
Sur l’autoroute, l’approche du côté nord du pont traverse une terrasse alluviale gravelée jusqu’à la culée massive de béton, construite sur du schiste, une roche sédimentaire. La culée supporte une courte travée d’approche et sert de point d’ancrage aux câbles qui maintiennent en suspension la travée nord, longue de
Désastre de 1957
Le 15 octobre 1957, le pont est fermé à la circulation vers 23 h en raison d’une subsidence (mouvement) du schiste sous la culée nord. Au cours des 12 heures qui suivent, un glissement de terrain sur la berge nord déplace de plusieurs mètres vers la rivière un million de mètres cubes de schiste et le massif d’ancrage. La force excessive exercée sur les câbles porteurs mène à la rupture des suspentes de la travée latérale, qui supportent le poids du tablier du pont à partir des câbles de suspension. La travée latérale et les suspentes s’effondrent dans la rivière, mais les pylônes du pont suspendu, bien qu’endommagés, tiennent bon. Des centaines de spectateurs, présents en raison de l’important bouchon de circulation sur la route de l’Alaska en direction sud, assistent à la rupture de l’important lien routier avec le sud du Canada. Personne n’est blessé.
Une semaine plus tard, la circulation est rétablie au moyen d’un traversier pendant trois semaines, jusqu’à ce que la rivière gèle. Entretemps, on désigne le nouveau pont ferroviaire situé à
Remplacement par des poutres à treillis
Les coûts directs de l’effondrement du pont comprennent le démantèlement de la structure défaillante (la rivière gelée sert de plateforme de travail) et la construction du nouveau pont. Le nouveau pont en poutre à treillis, plus traditionnel, mesure 30 m de plus que l’ancien pont suspendu, mais réutilise les piliers de ce dernier. En 2014, il tient toujours debout. L’usine de purification de gaz naturel, située tout juste au nord-est du pont, a dû interrompre ses activités le temps que son alimentation en eau de la rivière, rompue par le glissement de terrain, soit détournée et remplacée.
Les coûts indirects de l’effondrement se font ressentir tout au long de l’autoroute et aussi loin qu’à Whitehorse. La circulation est interrompue pendant une semaine, puis est ralentie par le détour de 10 km passant par le pont ferroviaire. Les difficultés d’approvisionnement des magasins, des motels et des stations-services nuisent aussi à l’exploration gazière et pétrolière près de Fort Nelson. Au total, on estime les coûts direct et indirect de l’effondrement à environ 146 millions de dollars (en 2011).
Le glissement de terrain sur la berge nord de la rivière résulte de l’érosion du schiste après qu’il ait été déstabilisé et exposé pendant la construction de l’approche du pont et de l’alimentation en eau de l’usine de gaz naturel. Des schistes similaires, nommés « schistes argileux », ont depuis posé des difficultés aux ingénieurs de fondations dans les Plaines intérieures. La défaillance du pont démontre qu’un incident de relativement faible envergure peut entraîner d’importantes répercussions.