Élise Guilbault, comédienne (née le 7 avril 1961 à Saint-Lin-des-Laurentides, au Québec). Dès sa sortie de l'École nationale de théâtre en 1985, Élise Guilbault fait ses débuts au Centre national des Arts sous la direction d'André Brassard, dans L'Année de la grosse tempête d'André Ricard. Le metteur en scène, avec qui elle développera une complicité au fil d'une dizaine de productions, lui confie ensuite le rôle de Leïla dans Les Paravents de Jean Genet (CNA/TNM, 1987), sa composition intense la révélant au public et à la critique. Cette prestation sera suivie en 1988 par deux interprétations à la fois fines et fortes, toujours sur la scène du TNM, qui la désignaient comme une jeune actrice hors norme qu'il fallait suivre: Héléna dans Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, monté par Robert Lepage, et la Reine Marie dans Le Roi se meurt de Ionesco, mis en scène par Jean-Pierre Ronfard.
Élise Guilbault a exploré divers registres, aussi à l'aise dans la tragédie (Andromaque, TNM, 1994) que dans le théâtre de Michel Tremblay, dont elle a joué Victoire dans La Maison suspendue (Compagnie Jean-Duceppe, 1990), Carmen dans Sainte-Carmen de la Main, l'un des trois volets de La Trilogie des Brassard (Théâtre d'Aujourd'hui, 1991), l'amère Albertine à 40 ans dans Albertine, en cinq temps (Espace GO, 1995), spectacle mis en scène par Martine Beaulne qui connaîtra un immense succès, des reprises, ainsi que des tournées québécoise (1997) et européenne (2001). Elle doit à Martine Beaulne d'autres moments importants de son parcours: Cinq Nôs modernes de Mishima (Théâtre du Rideau Vert, 1992) et Marina, le dernier rose aux joues de Michèle Magny, où elle incarnait la poétesse russe Marina Tsvétaïeva (Théâtre d'Aujourd'hui, 1993). Au Théâtre de Quat'Sous, Élise Guilbault interprète Serge Boucher (Natures mortes, 1993), Brad Fraser (Des restes humains non identifiés et la véritable nature de l'amour, 1991), David Ives (Variations sur un temps, 1996), David Mamet (Le Cryptogramme, 1996) et Ruth Wolff (L'Abdication, 1998), ces deux derniers sous la direction de sa sœur Denise Guilbault.
Le cinéma lui a offert quelques rôles à sa mesure, depuis Cap Tourmente de Michel Langlois (1992), qui lui vaut le prix Guy-L'Écuyer des Rendez-vous du cinéma québécois. Bernard Émond, surtout, lui confie des premiers rôles tout en intériorité dans La Femme qui boit (2000), pour lequel elle obtient pas moins de trois prix d'interprétation (Bayard d'or au Festival de Namur, prix Jutra et Génie) et dans La Neuvaine (2005), où sa composition poignante d'une femme souffrant d'une grave dépression est récompensée du Jutra.
Au petit écran, Élise Guilbault est choyée, le grand public s'attachant à ses compositions colorées: pour celle de l'artiste passionnée Emma dans le téléroman éponyme, elle remporte trois MétroStar (Artis) et un prix Gémeaux, tandis qu'elle révèle un véritable talent comique en femme au foyer ésotérique dans Détect.inc de Claude Meunier, Le cœur a ses raisons de Marc Brunet, Un gars, une fille de Guy A. Lepage, puis dans Les Hauts et les Bas de Sophie Paquin, où son Estelle Poliquin, diva exaltée, lui vaut un prix Gémeaux. Signalons aussi ses rôles dramatiques dans Les Bâtisseurs d'eau et Deux frères (prix Gémeaux 1997).