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Elsie Reford

Elsie Reford, née Meighen, philanthrope, fondatrice des Jardins de Métis (née le 22 janvier 1872 à Perth en Ontario; décédée le 8 novembre 1967 à Montréal au Québec). Nièce de lord Mount Stephen et bonne amie de lord Grey, Elsie Reford appartenait à l’aile conservatrice et impérialiste de la grande bourgeoisie d’affaires de Montréal.

Enfance et jeunesse

Elsie (Meighen) Reford naît à Perth en Ontario, en 1872. Son père, Robert Meighen, est un commerçant et un industriel prospère qui devient plus tard président de la Lake of the Woods Milling Company, la plus grande minoterie de l’Empire britannique et productrice de la farine Five Roses. Sa mère, Elsie Stephen, est la sœur cadette de George Stephen, le riche administrateur du chemin de fer du Canadien Pacifique et futur lord Mount Stephen.

Au début des années 1880, la famille déménage à Montréal qui est alors le centre financier et industriel du Canada. Dans cet environnement privilégié, Elsie Reford bénéficie d’une éducation où les arts et la musique occupent une large place. En 1890-1891, elle complète son éducation avec un voyage en Europe (1890-1891) afin d’apprendre le français et l’allemand et de perfectionner ses talents au piano et au violon. Elle profite de ce séjour pour visiter les principaux musées et voir les principaux orchestres.

Après son retour à Montréal, elle épouse Robert Wilson Reford, l’héritier d’une florissante entreprise de transport maritime et d’importation, la Robert Reford Company Limited. Après leur mariage en 1895, ils ont deux fils, Bruce et Eric. Le premier poursuit éventuellement une carrière militaire et le deuxième reprend l’entreprise familiale.

Elsie Reford organise de nombreuses soirées pour les politiciens, les industriels, les écrivains et les scientifiques dans une luxueuse demeure familiale située sur la rue Drummond au cœur du Golden Square Mile de Montréal. La maison possède l’une des plus prestigieuses collections d’œuvres d’art au Canada; les collections European Art et Canadiana de Robert Wilson Reford (1867-1951).

Philanthropie

Elsie Reford est une philanthrope accomplie et elle consacre plusieurs années de sa vie à la cause de la santé maternelle et infantile. Suivant les traces de sa belle-mère, elle devient impliquée auprès du Montreal Maternity, un hôpital associé à la faculté de médecine de l’Université McGill. Elle siège au conseil d’administration de 1898 à 1913, elle préside le comité de gestion de 1908 à 1913, et elle organise un bal de charité annuel, un événement mondain qui est destiné à recueillir des fonds pour l’hôpital. Elle consacre plusieurs matinées par semaine à ses œuvres, à tout le moins entre les mois d’octobre et de mai.

En marge de la politique

Elsie Reford est une véritable impérialiste et conservatrice et elle contribue indirectement à la vie politique en tant que négociatrice dans les coulisses. De cette manière, elle participe à plusieurs débats politiques qui marquent le début du 20e siècle, bien qu’elle ne s’exprime jamais publiquement sur le droit de vote des femmes. Comme elle est une grande amie de lord Grey qui est gouverneur général de 1904 à 1911, elle collabore avec lui à de nombreuses occasions. Elle joue un rôle de premier plan au sein de la section montréalaise de la Commission des champs de bataille nationaux (1907). Elle travaille également au financement des célébrations du tricentenaire de Québec, dont lord Grey souhaite faire un grand événement à la gloire de l’Empire britannique ainsi qu’une célébration de la bonne entente canadienne (voir Les 400 ans de Québec). Bien que l’ampleur de l’événement dont rêve lord Grey ne se matérialise pas en raison d’un financement insuffisant, le dévouement d’Elsie Reford à la cause britannique cimente une grande amitié entre les deux. C’est pourquoi l’année suivante, lorsqu’Elsie évoque la possibilité de créer un Women’s Canadian Club à Montréal, la version féminine des Canadian Clubs, lord Grey accepte de prononcer le discours inaugural. Au sein de ce club, les femmes espèrent se tenir au courant de l’actualité nationale et internationale en accueillant de prestigieux conférenciers.

Alors qu’elle est en Angleterre pour visiter ses fils durant la Première Guerre mondiale, Elsie Reford est contrainte de demeurer à Londres parce que les convois ne peuvent plus quitter l’île en raison d’un manque d’escorte. Elle profite de cette occasion pour offrir ses services de traductrice de l’allemand à l’anglais au gouvernement britannique. À son retour au Canada, elle devient activement impliquée dans la lutte en faveur de la conscription. Une fois que le droit de vote est accordé aux femmes, Elsie Reford n’hésite pas à prononcer des discours pour inciter celles dont elle connaît les allégeances pour ramener le Parti conservateur au pouvoir lors des élections de 1921. Comme elle est membre du comité féminin du Parti conservateur, elle soutient son cousin, Arthur Meighen, qui est alors chef de ce parti.

Les Jardins de Métis

Comme plusieurs familles bourgeoises de l’époque, Elsie Reford quitte le climat suffocant de Montréal durant les mois d’été. La villa Estevan, qui est construite à l’écart des grands hôtels de Métis Beach, est la propriété que son oncle lord Mount Stephen lui lègue en 1918, et qu’elle utilise comme refuge estival. La propriété est située à l’entrée de la péninsule gaspésienne, et Elsie Reford y pratique l’équitation et la pêche au saumon. Elle fait également des excursions dans la région de la Gaspésie, et elle séjourne au camp de chasse de son mari où elle enseigne le tir à la cible à ses fils. Bien que ses mois d’été soient principalement consacrés à sa famille, elle reçoit de nombreux premiers ministres et politiciens à sa villa.

Aujourd’hui, Elsie Reford est reconnue pour ses jardins qui demeurent sans conteste sa plus grande réalisation. (Il est courant de trouver de grands jardins sur les domaines bourgeois.) Ces jardins sont considérés comme de véritables chefs-d’œuvre horticoles. Le romantisme de l’époque incite de nombreux hommes et femmes à se retirer dans ces jardins pour s’isoler du monde. Malgré la latitude nord des jardins qui sont situés le long du fleuve Saint-Laurent, et malgré leur sol riche en argile et leur exposition aux forts vents salins, Elsie Reford réussit à y faire pousser des coquelicots bleus, des azalées et des rhododendrons, en plus d’allées de lys, de roses et de pivoines. Sans jamais avoir recours à un paysagiste, elle se consacre été après été, en compagnie de ses jardiniers, à l’élaboration, à l’entretien et au développement de ses grands jardins. Elsie Reford leur consacre les trente derniers étés de sa vie. Sa passion pour l’horticulture donne lieu à quelques articles publiés dans de prestigieuses publications britanniques.

Les Jardins de Métis ont été restaurés et sont aujourd’hui ouverts au public. Ils sont désignés lieu historique national du Canada (1995) et site patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec (2013). À la fin de l’été 1958, Elsie quitte la villa Estevan pour la dernière fois. Elle meurt chez elle, sur la rue Drummond à Montréal, en 1967 à l’âge de 96 ans.

Désignations et prix

Le gouvernement du Québec désigne Elsie Reford comme figure historique, le 8 mars 2024. Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, annonce cette désignation à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Cette désignation souligne le travail d’Elsie Reford en tant que philanthrope, activiste des droits des femmes et horticultrice.

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