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Jules-André Brillant

Jules-A. Brillant, homme d’affaires, entrepreneur et mécène de premier plan de la région québécoise du Bas-Saint-Laurent et plus particulièrement de la ville de Rimouski (né le 30 juillet 1888 à Assemetquahan, au Québec; décédé le 11 mai 1973 à Mont-Joli, au Québec). Il est le fondateur de la Compagnie de Pouvoir du Bas-Saint-Laurent, de Québec-Téléphone (aujourd’hui TELUS Québec, filiale de TELUS) et des stations CJBR et CJBR-TV.

Jules-André Brillant

Enfance et début de carrière

Jules-A. Brillant, fils de Joseph Brillant et de Rose Raîche, est né le 30 juillet 1888 à la mission d’Assemetquahan, aujourd’hui Routhierville, dans la vallée de la Matapédia. Il passe une partie de son enfance à Saint-Octave de Métis et il complète un cours commercial à l’Université Saint-Joseph de Memramcook (aujourd’hui l’Université de Moncton) au Nouveau-Brunswick. En 1907, il est engagé comme commis junior à la succursale de la Banque Nationale de Beauceville. Il y demeure un an avant de se voir confier la tâche d’ouvrir une succursale à Matane.

En janvier 1910, une nouvelle promotion l’amène à Amqui en tant qu’adjoint au gérant, mais il est victime d’une maladie pulmonaire. Après un an de convalescence, il remet en question sa carrière, démissionne de son poste et délaisse alors la vie sédentaire. Le 26 juillet 1911, la Compagnie d’électricité d’Amqui l’engage pour vendre des actions de la compagnie. En avril 1913, il en devient le gérant et le directeur.

Électricité et téléphone

Sous sa gouverne, la compagnie se déploie dans toute la vallée de la Matapédia et atteint les limites de production de ses installations. À la recherche de capitaux, il s’installe à Rimouski en 1920. Il découvre que les besoins à Rimouski et dans le Bas Saint-Laurent sont similaires à ceux de la Matapédia. Une idée germe alors dans son esprit : acheter les chutes du Grand Métis et construire des installations pouvant fournir la région en électricité. Avec des associés, il achète les chutes en 1922 et fonde la Compagnie de Pouvoir du Bas-Saint-Laurent. Cette dernière acquiert plusieurs petites compagnies d’électricité et lance les premiers projets de construction aux chutes. La compagnie manque cependant de capitaux afin de poursuivre son développement. Brillant doit donc céder la compagnie à des intérêts américains, mais il en conserve la gérance.

En attendant, il achète en 1927 la Compagnie de Téléphone National et fonde la Corporation de Téléphone et de pouvoir du Québec qui deviendra en 1955 Québec-Téléphone (voir Téléphone). Finalement, Brillant patiente jusqu’en 1932 et profite des difficultés des propriétaires américains provoquées par la crise économique pour racheter la Compagnie de Pouvoir du Bas-Saint-Laurent.

L’empire Brillant

Brillant investi également dans d’autres secteurs économiques de la région. Il achète en 1929 la Compagnie de navigation Rimouski Saguenay limitée de Rimouski et la Heppell Transportation Company Limited de Matane. Leur fusion conduit à la création de la Compagnie de Transport du Bas-Saint-Laurent qui assure le transport de marchandises et de passagers entre les deux rives du fleuve Saint-Laurent.

À partir de 1923, il s’intéresse également au secteur des médias. Cette année-là, il devient le propriétaire du journal le Progrès du Golfe, unique journal de Rimouski. Puis, en 1937, il fonde la station de radio CJBR. Il souhaite alors promouvoir la culture, l’éducation et le développement économique. En 1947, il se procure la dernière pièce maîtresse dans son plan de développement économique régional en acquérant le tronçon de chemin de fer Mont-Joli–Matane. En 1954, il ajoute à ses champs d’intérêt la diffusion télévisuelle et crée la station CJBR-TV (voir Radiodiffusion et télédiffusion). Au tournant des années 1950, Jules-A. Brillant contrôle les principaux secteurs économiques du Bas-Saint-Laurent et ses intérêts s’étendent de Québec à la Gaspésie ainsi que sur la Côte-Nord.

Pouvoir politique et mécénat

Jules-A. Brillant est le principal organisateur politique de la région pour le Parti libéral provincial (voir Parti libéral du Québec) et fédéral. Grâce à son réseau de contacts, il a une influence certaine sur la classe politique régionale, notamment par le contrôle qu’il exerce sur les pratiques de favoritisme et de nominations partisanes. Il est également un mécène important à Rimouski, particulièrement dans le domaine de l’éducation. Il finance la fondation de l’École d’arts et de métiers, use de son influence politique pour implanter une école de génie maritime (aujourd’hui l’Institut maritime du Québec, affilié au Cégep de Rimouski), soutient la création d’une école de commerce et lance l’idée, dans les années 1940, d’une université rurale dans la région qui n’aboutit malheureusement pas. (Voir aussi Collège d’enseignement général et professionnel (CEGEP) au Québec.)

De plus, Brillant tient un rôle important dans le monde de la finance en siégeant à des conseils d’administration et détenant des postes de direction dans différentes institutions financières et entreprises. Parmi celles-ci, mentionnons notamment la Sun Trust, la Banque Provinciale du Canada, l’Alliance Nationale, une mutuelle d’assurance-vie, la Dominion Steel & Coal Corporation Ltd. (DOSCO) et la Dominion Coal Company Ltd. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, il est aussi directeur du Bureau des communications pour la défense du pays, puis coordonnateur du Comité de reconstruction à Ottawa. De 1939 à 1942, il occupe le poste de directeur de la Banque centrale d’hypothèque et de 1939 à 1945, celui de président du Conseil d’orientation économique du Québec.

Héritage

Au tournant des années 1960, l’empire de Brillant se désagrège petit à petit. Sa compagnie d’électricité est achetée par le gouvernement provincial lors de la nationalisation de l’électricité en 1963 (voir Hydro-Québec; Services publics d’électricité). Les fils de Brillant, qui gèrent les actifs familiaux depuis la retraite de leur père, ne semblent pas avoir hérité de ses talents. En 1966, le géant américain GTE prend le contrôle de Québec-Téléphone (aujourd’hui TELUS Québec). La division médiatique est quant à elle vendue à Power Corporation du Canada en 1969. Au moment de son décès, le 11 mai 1973, il reste bien peu de choses de l'empire Brillant.

Prix et distinctions

  • Doctorat honorifique en droit, Collège Saint-Joseph de Memramcook
  • Doctorat honorifique en sciences commerciales, Université de Montréal (1943)
  • Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (1944)
  • Commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand (1949)
  • Colonel honoraire, Fusiliers du Saint-Laurent (1951)
  • Chevalier de l’Ordre de Malte du Canada (1954)
  • Doctorat honorifique en sciences sociales, Collège Saint-Louis (1955)
  • Doctorat honorifique en sciences commerciales de l’Université de Moncton (1967)