Article

Enseignement secondaire

Créées à l'origine pour offrir un programme restreint d'études classiques aux fils des gentilshommes, les ÉCOLES SECONDAIRES sont devenues des établissements mixtes qui offrent un éventail plus varié de programmes et de cours à tous les enfants qui ont terminé leur école élémentaire.

Enseignement secondaire

Les premiers développements

Créées à l'origine pour offrir un programme restreint d'études classiques aux fils des gentilshommes, les ÉCOLES SECONDAIRES sont devenues des établissements mixtes qui offrent un éventail plus varié de programmes et de cours à tous les enfants qui ont terminé leur école élémentaire. Au Canada anglais, les premières écoles secondaires, calquées sur les lycées anglais, sont habituellement dirigées par des membres du clergé de l'Église anglicane, qui sont relativement bien instruits. La classe dirigeante estime que ces écoles, destinées à former les futurs chefs, sont plus importantes pour la colonie que des écoles pour les enfants des gens ordinaires. Cette vision « officielle » trouve écho dans les premières dispositions concernant l'établissement et le généreux financement public de telles écoles pour l'élite. Ces écoles sont cependant obligées de fournir aussi de l'instruction élémentaire, car beaucoup des élèves inscrits ne sont pas prêts à entreprendre des études secondaires. Avec la création des écoles élémentaires financées par les fonds publics, existent alors deux types d'écoles qui offrent de l'instruction élémentaire, un dédoublement « nécessaire » à une époque où peu d'aristocrates sont disposés à envoyer leurs enfants à l'école publique.

Malgré l'avantage financier dont ils jouissent, les lycées ne prospèrent pas, surtout parce qu'ils sont perçus comme des établissements élitistes et qu'ils ne conviennent pas à des régions au peuplement dispersé. Les académies, institutions mixtes qui offrent un programme plus varié à un plus vaste segment de la société, sont jugées plus acceptables par un nombre croissant de personnes. Elles progressent parce qu'elles répondent à ce qu'un nombre grandissant de parents désirent pour leurs enfants, c'est-à-dire des programmes accordant moins d'importance aux classiques et mettant l'accent sur les études commerciales et reliées au monde du travail.

Le XIXe siècle

Vers un système scolaire centralisé
En Ontario, Egerton RYERSON, surintendant de l'instruction publique pendant une période cruciale de l'histoire du Canada (1844-1876), concentre ses efforts sur la mise en place d'un système d'écoles publiques (élémentaires) avant d'aborder le problème des écoles secondaires. Constatant la persistance d'un faible nombre d'inscriptions dans les lycées et le fait que plusieurs des établissements de petite taille sont plus intéressés à trouver les moyens d'obtenir des subventions gouvernementales plus élevées qu'à chercher des façons d'améliorer l'enseignement, Ryerson centralise le contrôle de ces écoles (1853). Dans le cadre de cette centralisation, il établit un système d'inspections régulières (1855) et un système - qui n'a pas duré longtemps - de « paiement en fonction des résultats » (en vigueur de 1875 à 1882), selon lequel la subvention gouvernementale se fonde en partie sur les résultats obtenus par les étudiants aux examens. De plus, Ryerson introduit un examen d'entrée aux écoles secondaires (1853), ce qui élimine le problème du dédoublement des programmes entre les écoles publiques (élémentaires) et les écoles secondaires. L'école élémentaire devient ainsi le premier palier du système d'enseignement allant de la première année jusqu'à l'université.

Un programme orienté vers les études universitaires
Même après le regroupement des écoles élémentaires et secondaires en un seul système public dans chaque province, le rôle des écoles secondaires reste un sujet très controversé. Pour ceux qui la considèrent comme un prolongement de l'école élémentaire, il est évident que le programme de l'école secondaire ne doit pas essentiellement s'orienter vers l'université. À mesure que les gouvernements augmentent l'âge de fréquentation scolaire obligatoire (en Ontario, par exemple, on passe de 12 ans en 1871 à 16 ans en 1919), la nécessité d'offrir divers programmes en plus du programme de formation générale orienté vers l'université se fait sentir avec plus d'acuité, d'autant plus quand on se rend compte qu'une grande proportion des étudiants qui entrent à l'école secondaire ne terminent pas leur programme ou ne poursuivent pas d'études universitaires.

Le programme de l'école secondaire et ses méthodes tendent à refléter son orientation universitaire. Par exemple, à l'époque où les examens de fin d'études du secondaire sont une pratique généralisée, ils sont élaborés pour chaque matière par un comité habituellement dominé par des professeurs d'université. La grande importance que les autorités scolaires et le public accordent à ces examens contribue à renforcer le rôle de l'université dans la composition du programme des écoles secondaires, une situation qui résulte en grande partie du fait que les écoles « enseignent en vue des examens », ce qui est moins le cas depuis que les examens provinciaux obligatoires pour l'obtention d'un diplôme ont été éliminés. Cette association étroite entre les écoles secondaires et les universités se traduit aussi par les dispositions, longtemps attendues, prisent relativement à la formation professionnelle des enseignants du secondaire. Parce que les professeurs d'université appuient volontiers la croyance populaire voulant que l'enseignant du secondaire n'ait pas besoin d'une formation en méthode d'enseignement, mais seulement d'une préparation intensive dans son domaine spécifique, les mesures visant la formation des candidats à l'enseignement secondaire ont tendance à venir beaucoup plus tard que pour les enseignants de l'élémentaire. L'Ontario Provincial School of Pedagogy est fondée en 1890 pour assurer la formation des enseignants du secondaire, alors que la première ÉCOLE NORMALE ontarienne pour la formation des enseignants du primaire a ouvert ses portes en 1847.

En raison de la hausse des qualifications universitaires exigées de la part des enseignants du secondaire, leurs échelles salariales sont généralement considérablement plus élevées que celles des enseignants du primaire, ce qui crée des barrières entre les deux groupes.

Le XXe siècle

Un des changements survenus récemment dans les écoles secondaires au Canada résulte des efforts des autorités provinciales pour abattre le mur qui, depuis longtemps, sépare les écoles élémentaires et secondaires. La décision de confier à des facultés universitaires d'éducation les programmes de formation de tous les enseignants entraîne des progrès significatifs en ce sens. Il s'agit là d'un changement notable par rapport aux dispositions précédentes, selon lesquelles les enseignants du primaire étaient formés dans des écoles normales (ou instituts pédagogiques), alors que les enseignants du secondaire étaient inscrits à l'université dans les facultés d'éducation.

Ce changement et l'obligation pour tout enseignant de détenir un diplôme universitaire atténuent les anciennes distinctions de formation et de salaires entre les enseignants.

L'éducation secondaire dans les milieux ruraux
L'un des problèmes les plus sérieux dans l'enseignement secondaire au Canada est d'assurer l'égalité des chances d'accès à l'éducation entre les régions rurales et urbaines. Parce qu'un programme de formation générale coûte moins cher qu'un programme nécessitant des ateliers équipés à grands frais, les plus petites écoles secondaires rurales sont dans l'incapacité d'offrir les programmes orientés vers le marché du travail, plus coûteux, et par conséquent offrent des programmes de formation générale fréquentés par une proportion relativement faible d'élèves. Le plus souvent, on règle le problème en élargissant l'unité administrative des écoles secondaires afin de pou offrir des programmes et des cours variés à un plus grand bassin d'étudiants du secondaire.

Au cours du premier cycle (junior high school) d'école secondaire, les élèves sont surtout inscrits à des cours obligatoires. Le deuxième cycle (senior high school) donne accès à un large éventail d'options directement reliées aux exigences des établissements postsecondaires. Les étudiants reçoivent leur diplôme d'études secondaires une fois qu'ils ont complété le nombre de cours obligatoires et optionnels requis.

Dans l'Ouest du Canada, par exemple, avant l'avènement des grandes unités scolaires dans les années 40, les écoles secondaires des zones rurales sont souvent des écoles d'une seule pièce, avec un seul professeur, qui offrent un programme limité et largement de formation générale. La création de grandes unités d'administration scolaire a cependant permis d'établir de grandes écoles secondaires régionales dont les programmes conviennent à la fois aux élèves qui souhaitent aller à l'université et à ceux qui désirent une formation professionnelle ou technique.

Un autre moyen mis en place pour rendre l'enseignement secondaire plus aisément disponible aux élèves des petites communautés consiste à légiférer pour permettre aux écoles publiques (élémentaires) d'ajouter des années d'études du niveau secondaire selon une combinaison appelée école complémentaire dans certaines provinces (en Ontario, par exemple). Dans certaines régions, en particulier les provinces de l'Atlantique, des écoles rurales d'une seule pièce assurent l'enseignement de la 1 à la 10e année et quelquefois jusqu'à la 11e et la 12e année dans les plus grandes communautés.

Les années d'après-guerre génèrent un nouvel intérêt et une plus grande demande pour l'éducation au Canada, et l'augmentation des inscriptions résultant du baby-boom mène à la construction de bon nombre d'écoles tout au long des années 1960 et 1970. Les arts, fortement soutenus par le gouvernement fédéral au cours de cette période, contribuent également au développement des installations scolaires, principalement pour la musique, le théâtre et les programmes des beaux-arts.

L'implication fédérale
Bien que, selon la Constitution, l'enseignement relève de la responsabilité provinciale (avec certaines exceptions, voirAUTOCHTONES, ÉDUCATION DES), il y a des périodes dans l'histoire du Canada où le gouvernement fédéral verse de grandes sommes dans l'éducation, particulièrement dans des domaines jugés d'importance nationale (par exemple, l'enseignement agricole, la formation professionnelle et technique et les arts). De telles injections de capitaux se produisent parfois en temps de crise nationale, comme c'est le cas lorsque le gouvernement fédéral lance, en 1960, un programme qui procure aux provinces plusieurs millions de dollars pour la construction et l'équipement d'écoles secondaires professionnelles et techniques, afin de répondre à un besoin urgent d'ouvriers qualifiés au sein de la main-d'œuvre canadienne.

L'enseignement secondaire au Québec
L'enseignement secondaire au Québec affiche plusieurs différences marquées, particulièrement en ce qui concerne la création précoce des COLLÈGES CLASSIQUES, qui combinent l'enseignement secondaire et l'enseignement collégial en un programme de huit ans. Durant la majeure partie de leur existence, ces institutions, affiliées aux universités de langue française, sont réservées aux garçons. Contrairement au modèle anglais d'écoles secondaires, les collèges classiques acceptent des garçons de toutes les couches sociales et ont ainsi un impact considérable sur tous les secteurs de la société canadienne-française.

La réforme de l'éducation pendant la RÉVOLUTION TRANQUILLE a pour effet que le Québec, qui avait alors le plus bas taux de rétention des élèves du secondaire au Canada, se hisse parmi les provinces où ce taux est le plus élevé. Ce grand bond en avant résulte de l'introduction en 1967 d'un nouveau genre de collèges communautaires postsecondaires d'enseignement général et professionnel (les collèges d'enseignement général et professionnel ou cégeps). Élément des plus importants de la démocratisation planifiée de l'éducation au Québec, les CEGEPS ont facilité l'accès à l'enseignement postsecondaire à un plus grand nombre, augmentant ainsi le taux de rétention des élèves dans les écoles secondaires. Les cégeps offrent des cours pré-universitaires et de préparation professionnelle dans un système intermédiaire entre les écoles secondaires et les universités.

Parallèlement, on réduit le contrôle de l'Église sur l'éducation à tous les niveaux. Désormais, les collèges classiques ne sont plus la seule voie d'accès aux universités de langue française.

Les études canadiennes dans les institutions secondaires
L'enseignement civique est depuis longtemps l'un des objectifs des écoles secondaires au Canada. C'est pourquoi les concepteurs des programmes d'études, les administrateurs et les enseignants des écoles des niveaux élémentaire et secondaire prêtent une grande attention à l'analyse de A.B. Hodgetts sur les lacunes des programmes d'éducation civique au Canada, une analyse abondamment commentée. Parmi les carences signalées par Hodgetts, on note le manque de portée contemporaine du programme d'études en histoire du Canada, l'étroitesse du programme (« qui se bornait à l'histoire constitutionnelle et politique »), le manque de débats (« un consensus fade et irréaliste sur notre passé ») et l'utilisation de méthodes d'enseignement peu stimulantes. Le rapport de cette enquête, What Culture? What Heritage? (1968), provoque un examen de conscience national qui mène à la création en 1970 de la Fondation des études canadiennes, un organisme sans but lucratif qui vise à améliorer la qualité des études canadiennes dans les écoles élémentaires et secondaires. Partout au Canada, les enseignants participent à des congrès et des ateliers régionaux et nationaux. Dans les années 1980, de nouveaux programmes sont établis sous forme d'initiatives culturelles.

L'éducation alternative
Pour diverses raisons, un certain nombre d'étudiants jugent que le programme traditionnel de l'école secondaire ne répond pas à leurs besoins. Dans certains cas, ce sentiment se traduit par le « problème du décrochage » dont on fait grand cas à différentes périodes, en particulier à la fin des années 50 et dans les années 60. En vue surtout de corriger la situation, on instaure certains types d'éducation non traditionnelle, habituellement à l'intention des élèves des régions urbaines en quête d'une approche de l'enseignement et de l'apprentissage qui soit différente de celle normalement pratiquée dans les écoles plus grandes et plus traditionnelles. Depuis plusieurs années, ces écoles parallèles sont subventionnées par des fonds publics, ce qui démontre qu'on reconnaît qu'elles répondent à un besoin important dans l'enseignement au Canada.

Les dernières décennies
Dans les années 1990, les écoles secondaires au Canada offrent une grande variété de programmes conçus pour répondre aux besoins des différents élèves. Le commerce mondial accroît la concurrence entre les pays, ce qui entraîne au pays l'expansion des écoles secondaires offrant de l'enseignement professionnel, technique et général.

Au Canada au cours des dernières décennies du XXe siècle, on accorde une plus grande importance aux professions libérales et de gestion, ce qui résulte en une augmentation des inscriptions universitaires. Il y a près de 1,2 millions d'étudiants dans les programmes menant à l'obtention d'un diplôme sur les campus canadiens. Cette augmentation est due au fait que les écoles secondaires offrent un plus large éventail de cours orientés vers les études universitaires. Dans certaines commissions scolaires, des crédits sont accordés pour les cours en ligne, et certaines provinces ont des écoles secondaires en ligne entièrement accréditées où l'enseignement est disponible 24 heures par jour, 365 jours par année.