Ethnies, études sur les
Les études sur les ethnies s'intéressent aux groupes partageant le sentiment de constituer un peuple distinct du fait de leur origine, de leur culture ou de leurs traits physiques communs. Elles recouvrent un large éventail de disciplines, notamment l'histoire, la SOCIOLOGIE, l'ANTHROPOLOGIE et autres SCIENCES SOCIALES, l'ÉDUCATION et les sciences humaines. Le développement des études ethniques influence fortement la société, la politique gouvernementale et les autres disciplines de recherche au Canada.
La composition ethnique de la société canadienne a toujours été hétérogène, mais ce n'est qu'à partir des années 1920 que l'on s'intéresse aux études ethniques. Par la suite, John PORTER critique le concept de « mosaïque culturelle », qu'il considère comme une mosaïque stratifiée ou une MOSAÏQUE VERTICALE. L'émergence, au cours des années 1960 et 1970, du concept de pluralisme culturel, ou MULTICULTURALISME, est inspirée du mouvement de « réveil ethnique » des États-Unis, de l'essor des sciences sociales dans les universités canadiennes, de l'influence croissante de chercheurs issus de communautés non fondatrices et de la COMMISSION ROYALE D'ENQUÊTE SUR LE BILINGUISME ET LE BICULTURALISME.
Au cours des années 70, le gouvernement fédéral adopte une politique de multiculturalisme dans un contexte bilingue et établit une nouvelle Loi sur la citoyenneté ainsi qu'une nouvelle Loi sur l'immigration (voirCITOYENNETÉ). Plusieurs provinces adoptent également une politique de multiculturalisme. À partir de 1972, plusieurs programmes fédéraux instaurent ou encouragent les études ethniques. Les ministères de l'Éducation de chaque province multiplient les possibilités d'étudier non seulement les langues maternelles et les origines culturelles, mais aussi la diversité ethnique en tant que dimension de la société canadienne (voir LANGAGE et ETHNIES, LANGUES DES).
Les recherches et les publications en études ethniques prennent de l'essor, surtout depuis les années 60, avec la création de la Société canadienne d'études ethniques et de la revue Études ethniques du Canada. Dans le cadre des premières conférences nationales de la Société, la plupart des débats portent sur le rapport de force entre les deux groupes fondateurs, soit les Britanniques et les Français, et leurs préoccupations autour de la préservation de leur langue officielle. Pendant la RÉVOLUTION TRANQUILLE, les Québécois se préoccupent de plus en plus de la préservation de la LANGUE FRANÇAISE et de la culture au sein d'une « nation » québécoise. Cet élan des années 60 incite d'autres minorités ethniques à se pencher davantage sur leur identité et la façon de la préserver. Ainsi, de nombreux ouvrages portant sur la fusion des besoins centrés sur l'identité ethnique des groupes fondateurs européens et ceux des nouveaux groupes sont publiés. Pendant les années 70 et 80, plus de 20 ouvrages historiques sur les minorités canadiennes sont publiés dans la collection Ethnic Heritage, portant notamment sur le patrimoine culturel et l'évolution communautaire des Arabes, des Grecs, des Japonais, des Portugais, des Écossais, des Ukrainiens et des Chinois.
Avant 1970, 95 p. 100 de la population canadienne était de race blanche et d'origine européenne, et la plupart des nouveaux immigrés venaient d'Europe. Par contre, avec les changements en matière de POLITIQUE D'IMMIGRATION canadienne vers la fin des années 1960, de plus en plus de nouveaux immigrés de pays non européens arrivent. Ainsi, à partir des années 1990, la plupart des 10 principaux pays sources d'immigrants sont asiatiques et on compte seulement un ou deux pays européens. Au cours des deux décennies allant de 1971 à 1991, la proportion de minorités visibles non européennes passe de 5 p. 100 à 10 p. 100 et, par conséquent, les années 1980 et 1990 sont marquées par une production accrue de recherches et de publications sur la race, le RACISME et les minorités visibles. Les manuels utilisés pour les cours universitaires dans les années 1990 s'adressent à la fois aux principales préoccupations des blancs et des minorités visibles, car ils traitent plus globalement des préoccupations d'identité ainsi que de la race et du racisme.
Voir aussi PRÉJUGÉS ET DISCRIMINATION; ETHNIES, RELATIONS ENTRE RACES ET.