Ferguson « Fergie » Arthur Jenkins, C.M., joueur de baseball (né le 13 décembre 1942 à Chatham, en Ontario). Fergie Jenkins est généralement considéré comme le plus grand joueur de baseball du Canada. C’est grâce à la maîtrise parfaite de ses tirs que le lanceur droitier de 1,98 m (6 pieds 5 pouces) est devenu l’un des plus grands lanceurs. Il a remporté le trophée Cy Young remis au meilleur lanceur de la Ligue nationale en 1971 et a été sélectionné à trois reprises pour le Match des étoiles. Il a remporté à quatre reprises le prix Lionel Conacher du meilleur athlète masculin canadien de l’année ainsi que le Trophée Lou Marsh (désormais le prix Northern Star) décerné au meilleur athlète du Canada, en 1974. En 1991, Fergie Jenkins est devenu le premier Canadien à être intronisé au Temple de la renommée du baseball. Il a également été intronisé au Temple de la renommée du baseball canadien, au Panthéon des sports canadiens et à l’Allée des célébrités canadiennes. Son numéro 31 a été retiré par les Cubs de Chicago, qui ont érigé une statue en son honneur en 2022.
Jeunesse
Fergie Jenkins est l’enfant unique de Delores Jackson et de Ferguson Jenkins, père. Les ancêtres de sa mère émigrent au Canada depuis le sud des États-Unis par le chemin de fer clandestin et s’établissent à Chatham, en Ontario. Son père, un voltigeur rapide, arrive dans le Sud-Ouest de l’Ontario pendant la crise économique des années 1930 pour jouer dans une ligue de baseball semi-professionnelle. Il commence à Windsor, puis devient voltigeur de centre pour les Chatham Colored All-Stars, la première équipe formée uniquement d’hommes noirs à gagner le championnat de l’Ontario Baseball Amateur Association (OBAA).
Adolescent, à Chatham, Fergie Jenkins mesure déjà 1,98 m (6 pieds 5 pouces). Il est une vedette de l’équipe de basketball de son école secondaire et un robuste défenseur de ses équipes de hockey mineur. Il est également un premier-but hors pair dans les rangs du baseball mineur. Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans qu’il devient lanceur, mais la force de son bras attire rapidement l’attention. Il s’entraîne en lançant des pierres dans les portes ouvertes des wagons de marchandises couverts en marche qui passent près de chez lui.
En 1959, Gerry McCaffery, enseignant au secondaire, est tellement impressionné par les aptitudes de Fergie Jenkins qu’il convoque Gene Dziadura, dépisteur des Phillies de Philadelphie et collègue enseignant, pour qu’il vienne jeter un coup d’œil. Ce dernier, originaire de Windsor et ayant joué trois saisons dans l’organisation des Cubs de Chicago, est impressionné par le bras de Fergie Jenkins. Il envoie aux Phillies un rapport sur le jeune droitier. Peu après, Gene Dziadura commence à enseigner au Chatham Collegiate Institute et à travailler avec le jeune athlète quelques soirs par semaine. Grâce au tutorat de Gene Dziadura, Fergie Jenkins devient un lanceur local de premier plan. Le 15 juin 1962, il signe un contrat avec les Phillies en tant que joueur autonome amateur.
Carrière dans les ligues mineures
En 1962, Fergie Jenkins se joint aux Marlins de Miami, une équipe de classe D des Phillies. C’est là qu’il est confronté pour la première fois au racisme et à la ségrégation à grande échelle, ce qui ne l’empêche pas d’exceller sur le terrain. À sa première saison professionnelle, il compile une fiche de 7‑2 et maintient une moyenne de points mérités (MPM) de 0,97 en 11 présences, puis il est promu au sein des Bisons de Buffalo, une équipe triple-A.
Il retourne à Miami en 1963 et enregistre 12 victoires en 20 parties. Puis, l’année suivante, il récolte 15 victoires en 32 présences au monticule au sein de l’équipe de Chattanooga, de niveau AA et de l’équipe de l’Arkansas, de niveau AAA.
Fergie Jenkins possède un bras résistant, mais son arsenal n’est pas très puissant. Les Phillies pensent qu’il a un avenir en tant que lanceur de relève. C’est à ce titre qu’il l’utilise principalement avec l’équipe de niveau AAA de l’Arkansas, en 1965; sa MPM de 2,95 en 122 manches suffit à convaincre les Pillies d’en faire un lanceur partant.
Phillies de Philadelphie (1965‑1966)
Fergie Jenkins fait ses débuts dans les ligues majeures le 10 septembre 1965 contre les Cardinals de Saint-Louis au Connie Mack Stadium. Il relève le lanceur droitier Jim Bunning à la huitième manche, alors que le score est à égalité, puis lance 4,1 manches sans concéder de points, ce qui assure la victoire des Phillies en 12 manches sur la marque de 5 à 4.
Fergie Jenkins agit à titre de lanceur de relève pour les Phillies à six autres reprises ce mois-là, puis une autre fois au mois d’avril suivant. Cependant, le gérant Gene Mauch ne croit pas que la balle rapide du jeune droitier fait de lui un lanceur partant des ligues majeures. Le 21 avril 1966, les Phillies, une équipe qui a une longue et sordide histoire de relations difficiles avec ses joueurs noirs, échangent Fergie Jenkins, Adolfo Phillips et John Herrnstein aux Cubs de Chicago contre les vétérans lanceurs partants Larry Jackson et Bob Buhl.
Cubs de Chicago (1966‑1973)
Les Cubs emploient d’abord Fergie Jenkins comme releveur jusqu’à ce qu’ils l’intègrent à leur rotation des lanceurs partants le 25 août 1966. L’athlète agit à titre de lanceur partant à neuf reprises pour clore la saison et il impressionne suffisamment pour être le lanceur partant à la partie inaugurale des Cubs en 1967. Dès lors, il devient l’as des Cubs. Son excellente première moitié de saison lui vaut d’être sélectionné pour le Match des étoiles de la LMB, où il égale un record de la Midsummer Classic avec six retraits sur des prises en trois manches en relève. Il termine cette campagne avec une fiche de 20‑13 et une MPM de 2,80, avec 20 parties complètes en 38 départs. Il s’agit de la première de six saisons consécutives d’au moins 20 victoires avec les Cubs. Il arrive deuxième dans le vote pour le prix Cy Young de la Ligue nationale cette année-là.
En 1968, l’as canadien remporte de nouveau 20 parties tout en affichant une MPM encore plus basse, soit 2,63. La saison suivante, les Cubs, propulsés par une autre performance de 20 victoires de Fergie Jenkins, occupent, jusqu’au 9 septembre, la première place de la division Est de la Ligue nationale, avant d’être dépassés par les Mets de New York. Le lanceur établit un record en carrière avec 42 départs et trône au sommet de la Ligue nationale avec un total de 273 retraits sur des prises; il s’agit de la seule fois.
Bien qu’il ne soit pas un lance-flammes comme Sandy Koufax ou Nolan Ryan, Fergie Jenkins maîtrise parfaitement tous ses tirs pour retirer les frappeurs. Il est également remarquablement endurant; non seulement il lance régulièrement des parties complètes, mais il le fait à une époque où les lanceurs de la Ligue nationale ont une présence officielle au bâton. On dit qu’il n’a jamais eu mal au bras pendant sa carrière dans les ligues majeures.
BLOCK QUOTE:
« Ce que faisait Fergie Jenkins était très simple : il lançait la balle vers le bas et à l’extérieur. C’est tout. Rien de plus. Il lançait en n’ayant qu’un seul objectif, ce qui est en soi un super pouvoir. Lorsqu’il retirait un frappeur sur des prises, son lancer suivant était bas et à l’extérieur. Lorsqu’il accordait un coup de circuit, son lancer suivant était bas et à l’extérieur. Lorsqu’il y avait des joueurs sur les buts, son lancer suivant était bas et à l’extérieur. Lorsqu’il n’y avait ni point ni coup sûr, son lancer suivant était bas et à l’extérieur. Il ne chancelait jamais, ne reculait jamais et ne voyait jamais rien d’autre que cette partie du marbre. Ferguson Jenkins couvrait plus de coins que la lumière du soleil… [Il] lançait des balles rapides, à deux coutures, à quatre coutures, et à chaque lancer, il envoyait un message : “C’est ce que j’ai de mieux. Si tu peux me battre, fais-le. Mais je crois en mes chances.” » — Joe Posnanski dans The Athletic, 6 janvier 2020
Le succès de Fergie Jenkins se poursuit en 1970 alors qu’il enregistre 22 victoires et domine la Ligue nationale avec 24 parties complètes. Cela pave la voie à son exceptionnelle campagne de 1971, au cours de laquelle il domine les lanceurs de la LN avec 24 victoires, 30 parties complètes et 325 manches lancées. Il frappe également 14 coups sûrs de plus d’un but, dont 6 coups de circuit, au cours des 39 parties qu’il a disputées, et termine l’année avec une fiche de,243/,282/,478. Plus important encore, il n’accorde que 29 coups de circuit, au cours de l’une des sept fois où il mène la ligue au chapitre du nombre de coups de circuit accordés (les balles rapides vers le bas et l’extérieur sont notoirement difficiles à frapper). Fergie Jenkins devient le premier (et demeure le seul) Canadien à remporter le trophée Cy Young.
Fergie Jenkins enchaîne avec une sixième saison consécutive de 20 victoires en 1972, un exploit qu’aucun lanceur de la ligue majeure n’a accompli depuis. Cette série se termine lorsque son total de victoires chute à 14 en 1973, année au cours de laquelle il ne lance que sept parties complètes.
Rangers du Texas (1974)
Après la saison 1973, certains membres de l’organisation des Chicago Cubs estiment que Fergie Jenkins, sur le point d’avoir 30 ans, est sur son déclin. Il est échangé aux Rangers du Texas le 25 octobre 1973.
Les Rangers finissent au dernier rang en 1973, mais grâce à leur as Fergie Jenkins, le club s’améliore considérablement. Le lanceur enregistre un record de 25 victoires en carrière et mène la Ligue américaine avec 29 parties complètes, ce qui propulse les Rangers au deuxième rang de leur division. Les efforts de Fergie Jenkins sont récompensés : il termine deuxième lors du vote pour le trophée Cy Young du meilleur lanceur de la Ligue américaine et reçoit le prix du meilleur retour de l’année décerné par le magazine sportif Sporting News.
Mais la magie de Fergie Jenkins et des Rangers s’estompe en 1975. L’athlète enregistre 17 victoires, mais également 18 défaites et sa MPM passe à 3,93.
Red Sox de Boston (1975‑1977)
Par mesure de réduction des dépenses, les Rangers échangent Fergie Jenkins aux champions en titre de la Ligue américaine, les Red Sox de Boston, le 17 novembre 1975. Le lanceur remporte 12 victoires en 1976 avant de se déchirer le tendon d’Achille droit alors qu’il couvre le premier but le 1er septembre. Les Red Sox finissent au troisième rang de leur division.
Bien que les Red Sox s’améliorent grâce à une fiche de 97‑64 en 1977, Fergie Jenkins se brouille avec le gérant Don Zimmer et termine la saison avec une fiche de 10‑10 et une MPM de 3,68. Le 14 décembre 1977, l’athlète retourne avec les Rangers.
Rangers de Texas (1977‑1981)
À 35 ans, Fergie Jenkins retrouve sa forme avec les Rangers en 1978, remportant 18 parties et affichant une MPM de 3,04. C’est l’apogée de son deuxième mandat au Texas, qui dure quatre saisons. Il récolte 16 victoires pour les Rangers en 1979, puis le nombre de ses victoires passe respectivement à 12 et à 5 au cours des deux saisons suivantes.
Cubs de Chicago (1982‑1984)
Le 8 décembre 1981, juste avant son 39e anniversaire, Fergie Jenkins signe de nouveau avec les Cubs de Chicago. Il semble rajeuni lors de sa première saison, remportant 14 victoires et lançant 217 manches. Mais le temps le rattrape l’année suivante, avec une fiche de 6-9 en 33 parties. Jenkins participe à l’entraînement du printemps des Cubs en 1984, mais il est renvoyé. Il retourne alors à sa ferme à Blenheim, en Ontario.
Résultats dans la Ligue majeure
Fergie Jenkins termine sa carrière avec 284 victoires, 267 parties complètes (un record inégalé à ce jour) et 3 192 retraits sur des prises, tous des records pour un Canadien évoluant dans la Ligue majeure de baseball. Au moment de sa retraite, Fergie Jenkins est le seul lanceur de l’histoire de la LMB ayant retiré plus de 3 000 frappeurs sur des prises tout en accordant moins de 1 000 buts sur balles. (Seuls trois autres, Curt Schilling, Greg Maddux et Pedro Martinez, l’ont fait depuis, à une époque où les retraits sur des prises sont devenus beaucoup plus courants.) Fergie Jenkins atteint le plateau des 20 victoires en une saison à sept reprises et il est le cinquième lanceur au chapitre du nombre de retraits dans l’histoire de la Ligue majeure (363).
Carrière d’entraîneur
En 1987, Fergie Jenkins devient entraîneur pour l’équipe nationale canadienne de baseball. L’année suivante, il est engagé comme entraîneur des lanceurs des Oklahoma City 89ers, une équipe AAA. Après deux ans à ce poste, il devient coordonnateur des lanceurs des ligues mineures pour les Reds de Cincinnati. En 1995 et en 1996, il est entraîneur des lanceurs des Cubs de Chicago.
Temple de la renommée du baseball
En 1991, au cours de sa troisième année d’éligibilité, Fergie Jenkins est intronisé au Temple de la renommée du baseball à Cooperstown par l’Association des chroniqueurs de baseball d’Amérique. Il devient le premier Canadien à recevoir un tel honneur.
Autres activités
Hors saison, en 1967, 1968 et 1969, Fergie Jenkins joue pour les Harlem Globetrotters. Il se présente également comme candidat du Parti Libéral dans la circonscription de Windsor-Riverside lors des élections de 1985 en Ontario, mais termine troisième avec 4 418 voix.
Vie personnelle
Fergie Jenkins vit plusieurs tragédies personnelles. Comme il le dit un jour : « Dans ma vie, j’ai assisté à de nombreuses funérailles. ». Quatre jours seulement après avoir appris qu’il était élu au Temple de la renommée du baseball, sa deuxième épouse meurt. Moins de deux ans après cet événement, sa conjointe met fin à ses jours et à ceux de Samantha, la fille de Jenkins âgée de trois ans, par intoxication au monoxyde de carbone.
Fergie Jenkins a trois filles, Kimberly, Kelly et Delores, et un beau-fils, Raymond. Il réside actuellement à Frisco, au Texas, mais une grande partie de sa famille est restée à Chatham, en Ontario.
Distinctions
En 2011, la Société canadienne des postes émet un timbre en l’honneur de Fergie Jenkins dans le cadre de sa série sur le Mois de l’histoire des Noirs au Canada. Il est en circulation jusqu’en 2023.
Les Cubs de Chicago retirent le numéro 31 de Fergie Jenkins en 2009. En 2022, le club érige une statue à l’effigie de Fergie Jenkins à l’extérieur du Wrigley Field à Chicago. Les Cubs remettent également une réplique de la statue à la ville de Chatham-Kent, qui est installée devant le centre civique en 2023.
Prix
- Prix Lionel Conacher de l’athlète canadien masculin de l’année (1967, 1968, 1971, 1974)
- Trophée Cy Young de la LMB (1971)
- Trophée Lou Marsh (désormais le prix Northern Star) (1974)
- Prix du meilleur retour de l’année du magazine Sporting News (1974)
- Membre de l’Ordre du Canada (1979)
- Membre des Musée et Temple de la renommée du baseball canadien (1987)
- Membre du Panthéon des sports canadiens (1987)
- Membre de l’Allée des célébrités canadiennes (2001)
Voir aussi Temple de la renommée du baseball canadien; Panthéon des sports canadiens; L’histoire oubliée du baseball au Canada; Larry Walker.