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Flor Marcelino

Flor Marcelino, politicienne canadienne d’origine philippine (née le 5 octobre 1951 à Manille, aux Philippines). En 2007, elle est devenue la première femme racisée à être élue députée de l’Assemblée législative du Manitoba. Elle représentait les circonscriptions de Wellington et Logan. Flor Marcelino est également devenue la première personne racisée à occuper un poste de ministre dans la province, de 2009 à avril 2016. Elle a également agi à titre de chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique du Manitoba de mai 2016 à septembre 2017.

Famille et éducation

Née Florfina de Guzman en 1951, Flor Marcelino grandit dans la pauvreté dans les Philippines d’après-guerre. Elle est l’aînée de six enfants. Son père est un pasteur chrétien ordonné qui a servi dans des églises à Laguna, Manille et Quezon City. Il est décédé d’une crise cardiaque alors qu’elle n’avait que 10 ans. Sa mère tente de subvenir aux besoins de la famille en accomplissant de petits boulots, comme laver des vêtements et vendre de la nourriture dans la rue, mais elle ne parvient pas à gagner suffisamment d’argent. Les jeunes frères et sœurs de Flor doivent donc être confiés à différentes familles d’accueil pour répondre à leurs besoins essentiels.

La situation précaire de Flor lui donne la détermination d’étudier et de travailler dur. Elle commence à travailler tôt pour pouvoir soutenir sa mère et retrouver ses frères et sœurs. Elle excelle à l’école et reçoit bientôt des bourses d’études. En 1970, elle obtenir son baccalauréat en anglais avec mention de l’Université de Luzon (aujourd’hui Fondation universitaire Manuel S. Enverga). Plus tard, elle fréquente également l’Institut des communications de masse de l’Université des Philippines pour obtenir une maîtrise en communications. Elle quitte toutefois le pays avant de terminer sa thèse.

En 1977, elle épouse Orlando Marcelino, diplômé en beaux-arts. Il est également un activiste pendant une période d’agitation politique aux Philippines connue sous le nom de tempête du premier trimestre. Les deux se rencontrent alors qu’ils travaillent dans une agence de logement public. Ils décident de fuir le pays en partie à cause du régime répressif du président de l’époque, Ferdinand E. Marcos.

Immigration

Flor de Guzman-Marcelino, ainsi que son mari et les deux premiers de ses cinq enfants, arrive au Canada en juin 1982. Sa famille est parrainée par son beau-frère, qui a déménagé au Canada deux ans plus tôt. (Voir Immigration au Canada.) Ils vivent dans le quartier Weston de Winnipeg, dans la circonscription de Tyndall Park, et Flor se trouve un emploi comme secrétaire dans une usine de vêtements. En 1986, elle obtient la citoyenneté canadienne.

De 1987 à 2006, elle travaille comme adjointe administrative au Red River College. Elle exploite également une petite entreprise — Padalahan, un centre de remise de fonds dans le centre commercial Garden City.

En 1996, elle commence à publier The Philippine Times, un journal communautaire mensuel gratuit. Elle occupe le poste de rédactrice en chef tandis que son mari en devient le concepteur graphique. Le pasteur de leur église, le Dr Raymond Cuthbert, devient l’un des chroniqueurs. Le premier numéro de 20 pages paraît en avril de cette année-là. Le journal publie des articles sur les questions relatives aux droits de la personne aux Philippines. Il sert également de ressource pour les immigrants à la recherche de services gouvernementaux locaux. Le Philippine Times maintient ses activités pendant 12 ans.

Au début des années 2000, Flor Marcelino reçoit un diagnostic de méningiome. Elle doit donc subir une intervention chirurgicale pour retirer la tumeur. Les médecins l’avertissent que ce problème de santé pourrait lui faire perdre la vue et d’autres sens. L’opération chirurgicale se déroule bien en 2002, mais depuis lors, sa mémoire à court terme est affectée. Elle est en congé d’invalidité pendant un an.

Politique provinciale

Au départ, Flor Marcelino n’a pas l’intention d’entrer en politique. Elle mentionne d’ailleurs plus tard qu’elle était motivée par son intérêt à servir le peuple. Elle cite également sa passion pour la justice sociale. Finalement, c’est le soutien de sa famille et du pasteur de son église qui la convainque de se présenter quelques semaines avant les élections générales de 2007 au Manitoba.

Elle décide de briguer un siège dans la circonscription de Wellington à Winnipeg en 2007. Historiquement, la circonscription de Wellington est habituellement remportée par le NPD. Cependant, en 2007, le NPD est confronté à plusieurs problèmes internes dans la circonscription. Le député sortant Conrad Santos s’est retiré de la course à l’investiture du parti en raison d’un scandale d’adhésion. Un deuxième candidat, Joe Chan, est forcé de se retirer de la course parce qu’il n’a pas divulgué les accusations de pornographie infantile portées contre son ancienne entreprise. Santos et Chan se présentent alors tous deux comme candidats indépendants.

La candidate désignée par le NPD, Angie Ramos, démissionne également soudainement quelques jours avant l’élection. En réponse, le parti offre la nomination à Flor Marcelino, qui accepte de mettre son nom sur le bulletin de vote. Elle remporte donc l’élection avec une majorité de voix (53,35 %), soit 1601 voix de plus que le candidat suivant. Marcelino devient ainsi la première femme racisée élue à l’Assemblée législative du Manitoba. Elle est également la première femme philippino-canadienne à remporter une élection au Canada.

En 2008, Gary Doer, alors premier ministre du Manitoba, en fait l’un des quatre adjoints législatifs. Les adjoints législatifs appuient le ministre du Cabinet dans ses tâches législatives. Ils s’occupent également de la communication et des relations avec les médias. Flor Marcelino devient adjointe législative du ministre de la Culture, du Patrimoine, du Tourisme et du Sport. L’année suivante, elle est nommée ministre de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme. En tant que ministre, elle devient également la première minorité visible à occuper un poste ministériel dans la province.

En 2011, Flor Marcelino remporte un deuxième mandat dans la nouvelle circonscription électorale de Logan, dans le centre-ville de Winnipeg, connu pour sa diversité ethnique. De 2013 à 2016, elle occupe le poste de ministre du Multiculturalisme et de l’Alphabétisation. En tant que ministre de l’Alphabétisation, elle supervise les investissements du gouvernement provincial dans l’apprentissage des adultes et l’alphabétisation. En 2016, elle remporte un troisième mandat dans la même circonscription.

Chef intérimaire du NPD du Manitoba

Flor Marcelino a une fois de plus marqué l’histoire en devenant la première femme racisée à diriger un parti politique au Manitoba. Le 7 mai 2016, elle est choisie pour diriger le parti à titre intérimaire après la démission du premier ministre sortant Greg Selinger. Lors des élections générales de cette année-là, le gouvernement néo-démocrate au pouvoir est défait. Le parti assume le rôle d’opposition officielle à l’Assemblée législative du Manitoba. En tant que chef intérimaire, elle s’attache à résoudre les divisions entre les membres du parti. Elle vante l’engagement du parti à travailler sur les questions ayant un impact sur les Premières Nations et les communautés immigrantes.

En juin 2019, elle annonce qu’elle ne se représentera pas aux élections.

Prix et distinctions

En 2013, Flor Marcelino reçoit le prix du National Ethnic Press and Media Council (NEPMCC) pour services distingués dans le domaine des sciences humaines, du service public et des arts.

L’Assemblée législative du Manitoba la reconnaît comme l’une des 18 femmes pionnières de l’histoire centenaire de la province entre 1916 et 2016. Son profil et sa photo sont inclus dans une galerie permanente sur le mur du deuxième étage de l’édifice de l’Assemblée législative.

En 2017, le magazine Canadian Immigrant lui décerne le prix RBC Top 25 Canadian Immigrants. En 2019, elle reçoit le Prix d’excellence Golden Balangay pour l’ensemble des réalisations. Elle reçoit également en 2021 le prix du Quincentenaire décerné par le consulat général des Philippines à Toronto. La remise de la plaque marque la célébration par les Philippines de la 500e année de la première circumnavigation du monde.