Éducation et début de carrière
Titulaire d’un baccalauréat en journalisme et information de l’Université Laval, François Saillant commence sa carrière en 1975 à Ciné-Vidéobec, un groupe de production et de diffusion de vidéos militantes. En mars 1979, il devient coordonnateur d’un regroupement de citoyens et de citoyennes préoccupés par l’embourgeoisement de leur quartier. Ce regroupement avait été formé à la fin de 1978 à l’issue du Colloque populaire sur les Programmes d’amélioration de quartier, traitant des questions d’aménagement urbain. L’organisme est rebaptisé Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) à l’été 1979 et s’oriente en 1981 vers la défense du logement social (voir Coopérative d’habitation). Le FRAPRU devient au fil des années un regroupement provincial d’organisations communautaires qui revendiquent la construction de logements sociaux afin de répondre aux problèmes de pauvreté et de logement, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec. Il comprend une trentaine de membres participants (principalement des comités logement) et plus d’une centaine de membres associés.
Points saillants de la carrière
À titre de porte-parole du FRAPRU à l’emploi duquel il demeure jusqu’à sa retraite, François Saillant fait de multiples apparitions publiques et médiatiques sur la question du logement, mais aussi celle de la pauvreté, notamment à l’occasion des différentes réformes de l’aide sociale (voir Services sociaux et assistance sociale).
En 1988, il lutte aux côtés des locataires menacés d’éviction dans l’îlot Overdale au centre-ville de Montréal, se faisant arrêter deux fois. La plupart des logements de l’îlot sont démolis, mais le projet de condominiums de luxe prévu sur le site ne voit jamais le jour et c’est plutôt un stationnement qui y prend place. Ce n’est que près de 30 ans plus tard qu’un projet résidentiel du même type y est construit.
En février 1992, le FRAPRU organise un camp directement sur la rivière des Outaouais gelée, au pied du Parlement canadien, afin de dénoncer les réductions dans le financement fédéral du logement social. Depuis cette décision du gouvernement de Brian Mulroney, aucune unité d’habitation à loyer modique (HLM) n’a été construite au Canada, limitant ainsi grandement la disponibilité de logements sociaux pour les locataires à faible revenu.
En novembre 1996, lors du huis clos du Sommet sur l’économie et l’emploi organisé par le premier ministre du Québec Lucien Bouchard, François Saillant est aux côtés des représentantes du mouvement féministe au nom de la coalition Solidarité populaire Québec pour refuser le consensus sur le déficit zéro.
Multipliant les sorties médiatiques pour obtenir le financement du logement social (le gouvernement du Québec annonce le programme AccèsLogis en 1997, qui permet depuis de construire des coopératives et des organismes sans but lucratif d’habitation) et pour dénoncer la crise du logement des années 2000 (pendant laquelle on assiste à des taux d’inoccupation très faibles combinés à une forte hausse des loyers), François Saillant est toujours aux premières loges lors des actions d’éclat organisées par le FRAPRU.
Ses dernières années au FRAPRU sont marquées par plusieurs actions d’envergure. En 2008, le Camp des 4 Sans (« Sans toit, sans l’sou, sans droit et sans voix ») est installé à Québec pendant trois jours lors des célébrations du 400e anniversaire de la ville. Durant l’année 2011, deux événements Sur la route pour le logement social sont organisés, lors desquels quelques dizaines de locataires parcourent le Québec en caravane pour parler de logement social. En 2012, une Commission populaire itinérante sur le droit au logement est mise sur pied par l’organisme. Des femmes et des hommes provenant de divers milieux les 17 régions administratives du Québec, notamment le village de Kuujjuaq, au Nunavik, et la communauté anishnabe (algonquine) de Lac-Simon, en Abitibi, puis de produire un rapport, intitulé Urgence en la demeure. François Saillant le commente dans la revue Relations, où il rappelle les « conditions scandaleuses de surpeuplement et de délabrement des logements chez les peuples autochtones », de même que les problèmes de cherté, d’insalubrité et de discrimination auxquels se heurtent les locataires québécois.
À trois reprises (1998, 2006 et 2016), il se rend au nom du FRAPRU à Genève, en Suisse, aux côtés d’autres organismes, pour remettre un rapport social faisant état de la réalisation des obligations des gouvernements du Québec et du Canada conformément au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) au Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’Organisation des Nations unies.
Activisme et activités philanthropiques
François Saillant s’engage dans le militantisme dès ses études secondaires au sein de l’association étudiante de l'école secondaire Cardinal-Roy à Québec. Son engagement se poursuit au Cégep Limoilou, puis à l’Université Laval, où il participe à plusieurs grèves et contestations étudiantes. Membre du Parti québécois dès sa fondation en 1968, puis militant marxiste-léniniste dans les années 1970, il est journaliste bénévole pour l’hebdomadaire du groupe En Lutte ! jusqu’à sa dissolution en 1982, puis un des animateurs de Révoltes, une revue politique radicale. François Saillant abandonne ensuite pendant plusieurs années la politique partisane.
En 1990, il participe à titre personnel à la création du Regroupement de solidarité avec les Autochtones « pour réagir à l’attaque policière du 11 juillet contre la communauté mohawk de Kanehsatake » (voir Crise d’Oka) et offrir un soutien à différentes nations autochtones résistant à des projets énergétiques sur leur territoire (en appui aux Cris contre le projet Grande-Baleine, aux Innus contre le barrage SM3, aux Anishnabe de Lac-Barrière contre le projet de barrage, etc.). Son intérêt pour la cause autochtone remonte aux années 1970 et son engagement se poursuit tout au long de sa vie.
Toujours allié des luttes féministes, il démarre en 2003 avec une quinzaine de personnes, dont Manon Massé, Alexa Conradi et Françoise David, le mouvement D’abord solidaires qui, en 2004, donne naissance à Option citoyenne, un mouvement féministe, altermondialiste et écologiste. En 2006, ce mouvement fusionne avec le parti provincial Union des forces progressistes (UFP) pour devenir un nouveau parti de gauche, Québec solidaire (QS). François Saillant est candidat pour la circonscription de Rosemont à trois reprises pour ce parti : en 2007, en 2008 et en 2012. Il recueille respectivement 9,37 %, 8,22 % et 14,48 % des votes. Il est au Comité de coordination de Québec solidaire de 2006 à 2015 et, depuis, au comité électoral national du parti.
Publications
François Saillant est l’auteur de trois ouvrages. Le premier, consacré à la Régie du logement du Québec, trace un bilan plutôt négatif des 25 premières années de fonctionnement de cette agence gouvernementale servant d’arbitre dans les relations locataire/propriétaire. Son second ouvrage est un récit autobiographique des moments forts de ses années militantes. Enfin, son troisième ouvrage (paru en octobre 2018) relate une douzaine d’épisodes de lutte pour le logement au Québec entre 1946 et 2017.
Prix et distinctions
- Prix Droits et libertés, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (2002)
- Prix du Leadership, Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (2016)
- Prix Régis-Laurin Hommage, Association des groupes de ressources techniques du Québec (conjointement avec Phyllis Lambert) (2017)