Gabrielle Roy, C.C., FRSC, autrice, enseignante, journaliste (née le 22 mars 1909 à Saint-Boniface au Manitoba; décédée le 13 juillet 1983 à Québec au Québec). Gabrielle Roy est l’une des figures les plus marquantes de la littérature canadienne-française, et elle est l’une des grandes écrivaines contemporaines sur la condition humaine. Son roman phare Bonheur d’occasion (1945) a introduit le réalisme urbain dans la littérature canadienne et il a été un immense succès commercial. Gabrielle Roy a reçu les prix littéraires les plus prestigieux du Canada, dont le Prix du Gouverneur général (en 1947, 1957, et 1978), le prix Ludger-Duvernay (en 1956), le prix David (en 1971) et le prix du Conseil des arts du Canada (en 1979). Elle a été nommée Compagnon de l’Ordre du Canada en 1967. La maison de son enfance à Saint-Boniface au Manitoba a été désignée site historique du Manitoba en 1987. Elle a commencé à être exploitée en tant que musée sous le nom de Maison-Gabrielle Roy en 2003. Gabrielle Roy a été déclarée personne historique nationale en 2009 et Manitoba Woman Trailblazer en 2021.

Jeunesse et éducation
Petite-fille de pionniers québécois de l’Ouest canadien, Gabrielle Roy est la benjamine d’une famille de onze enfants. Selon des témoignages de première main, elle commence à écrire à un très jeune âge. Son talent pour l’écriture lui est inculqué par son père, un agent d’immigration, ainsi que par sa mère et sa sœur Marie-Anna. Gabrielle Roy est une enfant à la santé fragile. Elle est également affectée par les difficultés financières de sa famille et par l’injustice de la Loi Thornton de 1916 (également appelée School Attendance Act) qui abolit l’enseignement du français dans les écoles. (Voir Question des écoles du Manitoba.)
Malgré cela, Gabrielle Roy excelle en tant qu’élève à l’Académie Saint-Joseph et au Winnipeg Normal Institute (voir Écoles normales), avant de poursuivre une carrière d’enseignante.
De 1929 à 1937, ses expériences d’enseignante dans les villages du Manitoba, dans des endroits comme Waterhen et Saint-Boniface, l’exposent aux vastes paysages de l’Ouest et à la mosaïque ethnique qui alimentent généreusement ses écrits.
Partagée entre la littérature et le théâtre (elle joue avec le Cercle Molière), Gabrielle Roy part pour la France et l’Angleterre pour étudier l’art dramatique. Après deux années décevantes, elle décide de s’investir complètement dans l’écriture. Elle déménage à Montréal, où elle commence une carrière de journaliste pigiste pour La Revue Moderne et Le Bulletin des agriculteurs sous la direction de son conseiller littéraire, Henri Girard.

Faits saillants de carrière
L’expérience de Gabrielle Roy en tant que journaliste dans le quartier pauvre de Saint-Henri à Montréal l’inspire à écrire ce qui devient le premier grand roman urbain canadien. Le livre Bonheur d’occasion (1945) dénonce la condition des ouvriers et des défavorisés au début de la Deuxième Guerre mondiale. Le livre brise également les valeurs du patriotisme, de la religion et de l’attachement à la terre.
Le livre Bonheur d’occasion est un énorme succès. Il est le premier livre canadien à remporter le Prix Femina, un prix français, en 1947. (Voir aussi Prix littéraires pour œuvres de langue française.) Il est également traduit dans une douzaine de langues. La version anglophone du roman, The Tin Flute, est vendue à plus de 700 000 exemplaires. La Universal Pictures paie une large somme pour les droits, mais la version cinématographique n’est réalisée qu’en 1983 par Claude Fournier et produite par Marie-Josée Raymond, au Québec.
Après avoir épousé le docteur Marcel Carbotte, Gabrielle Roy part à nouveau pour un séjour de trois ans en France. Elle y écrit La Petite Poule d’Eau (1950), livre qui s’inspire du temps qu’elle a passé dans la région de Waterhen au Manitoba. Après son retour de l’étranger, Gabrielle Roy s’établit dans la ville de Québec. En 1957, elle achète un chalet à Rivière-Saint-François, dans le Comté de Charlevoix. Malgré le fait qu’elle souffre de dépressions chroniques, elle écrit la majeure partie de son œuvre à cet endroit, tout en continuant à voyager à travers le Canada, les États-Unis et l’Europe. Elle meurt d’une crise cardiaque à l’Hôtel-Dieu de Québec en 1983, à l’âge de 74 ans.

Style caractéristique
Gabrielle Roy est l’une des grandes écrivaines contemporaines sur la condition humaine. Personnalité tourmentée et solitaire, elle est affligée de nombreuses contradictions et de la nostalgie de ses racines de l’Ouest qui est fragile et attachante à la fois. Elle écrit sur le malaise existentiel de l’homme moderne (Alexandre Chenevert, 1954); sur la quête sans fin de l’artiste (La montagne secrète, 1961); sur les peuples autochtones déchirés entre deux mondes (La rivière sans repos, 1970); sur l’harmonie de l’âme mystique avec la nature (Cet été qui chantait, 1972); sur les difficultés de la vie pionnière dans l’Ouest (Un jardin au bout du monde, 1975); et sur le périple d’une mère à l’âme vagabonde (De quoi t’ennuies-tu, Éveline?, 1982).
Gabrielle Roy transpose ses souvenirs d’enfance et d’adolescence dans Rue Deschambault (1955), La route d’Altamont (1966) et Ces enfants de ma vie (1977). Ces thèmes trouvent leur pleine expression dans son autobiographie La détresse et l’enchantement (1984) suivie de Le temps qui m’a manqué (1997), des livres qui sont tous deux publiés à titre posthume.
En plus de ses contes pour enfants (Ma vache Bossie, 1976; Courte-Queue, 1979), Gabrielle Roy écrit également un recueil d’articles de reportages et d’essais. Elle écrit aussi Fragiles lumières de la terre (1978), un volume de correspondances, ainsi que Ma chère petite sœur – Lettres à Bernadette, 1943-1970 (1988), et de nombreux ouvrages inédits.
L’œuvre de Gabrielle Roy est marquée par un questionnement constant. Elle offre une vision d’une humanité affligée par des problèmes d’instabilité, de manque de communication, et d’une relation complexe et ambiguë avec l’environnement. Mais son travail est ultimement racheté par ses aspirations à un monde parfait, fraternel et uni. Simple en apparence, son style séduit par un mélange érudit et sophistiqué de puissants raccourcis de la langue nord-américaine avec le plus pur classicisme français.
Biographies
En plus de nombreuses études universitaires, la vie et l’œuvre de Gabrielle Roy inspirent plusieurs biographies et essais : Gabrielle Roy (1975) et Gabrielle Roy, une vie (1996) de François Ricard; La création romanesque chez Gabrielle Roy (1966) de Monique Genuist; Visages de Gabrielle Roy (1973) de Marc Gagné; Gabrielle Roy : Sous le signe du rêve (1975) d’Annette Saint-Pierre; Gabrielle Roy par elle-même (1985) de M.G. Hesse; et Les Chemins secrets de Gabrielle Roy – Témoins d’occasions (1999) d’Ismène Toussaint.
Une série télévisée de Radio-Canada sur les débuts et la carrière de Gabrielle Roy, Le monde de Gabrielle Roy, est diffusée pour la première fois en 2021. Elle met en vedette Romane Denis dans le rôle de Gabrielle Roy. La série est en nomination à plusieurs reprises aux prix Gémeaux. La troisième saison débute le 5 décembre 2024.
Distinctions
En 1956, Gabrielle Roy reçoit le prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal pour sa contribution à la culture littéraire canadienne-française. Elle reçoit le prix David du Prix du Québec en 1971 et le prix Molson en 1977, tous deux en reconnaissance de l’ensemble de son œuvre.
En 2009, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada déclare Gabrielle Roy personne historique nationale. La désignation souligne que sa « maitrise de l’art de raconter des histoires, sa profonde humanité et sa prose limpide lui ont assuré une place durable dans le paysage littéraire ». La maison de son enfance, située au 375 rue Deschambault à Saint-Boniface, où elle vit de sa naissance en 1909 jusqu’en 1937, est également déclarée lieu historique national en 2009. Elle est désignée lieu historique du Manitoba en 1987 et elle commence à être exploitée en tant musée sous le nom de Maison-Gabrielle Roy en 2003.

En 2004, la Banque du Canada émet un billet de 20 $ dans le cadre de sa série L’épopée canadienne, qui inclut une citation du roman de 1961 de Gabrielle Roy La Montagne secrète. Une version anglaise du passage traduite par le traducteur Harry Binsse est également incluse.
Gabrielle Roy est intronisée à titre posthume au Winnipeg Citizens Hall of Fame en 2005. En 2021, elle est nommée l’une des 150 Manitoba Woman Trailblazers par la Nellie McClung Foundation. Au Manitoba, en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario et au Québec, au moins une demi-douzaine d’écoles ou de collèges sont nommés en son honneur. Il en est de même pour la succursale centrale du réseau de bibliothèques publiques de la ville de Québec, la Bibliothèque Gabrielle Roy.
Une vaste collection de manuscrits, d’œuvres publiées et non publiées et d’autres documents de Gabrielle Roy est conservée à Bibliothèque et Archives Canada.
(Voir aussi Littérature de langue française; Littérature populaire de langue française; Littérature jeunesse de langue française.)
Prix
- Médaille, Académie des lettres du Québec (1946)
- Prix littéraire du Gouverneur général en fiction (pour The Tin Flute [traduction de Bonheur d’occasion]), gouverneur général du Canada (1947)
- Prix Femina (Bonheur d’occasion) (1947)
- Membre, Société royale du Canada (1947)
- Médaille Lorne Pierce, Société royale du Canada (1947)
- Prix Ludger-Duvernay, Société Saint-Jean-Baptiste (1956)
- Prix littéraire du Gouverneur général en fiction (pour Street of Riches [traduction de Rue Deschambault]), gouverneur général du Canada (1957)
- Prix David, Prix du Québec (1971)
- Prix Molson, Conseil des arts du Canada (1977)
- Prix littéraire du Gouverneur général en fiction (Ces enfants de ma vie), gouverneur général du Canada (1978)
- Prix de littérature de jeunesse (Courte-Queue), Conseil des Arts du Canada (1979)
- Intronisée, Winnipeg Citizens Hall of Fame (2005)
- Prix Manitoba Woman Trailblazer, Nellie McClung Foundation (2021)