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Geoffrey Hinton

Geoffrey Everest Hinton, C.C., FRS, FRSC, informaticien, psychologue cognitif (né le 6 décembre 1947 à Wimbledon, à Londres en Angleterre). Les travaux de Geoffrey Everest Hinton sur l’intelligence artificielle (IA) lui ont valu le surnom de « parrain de l’IA ». Il a partagé le prix Nobel de physique de 2024 pour ses travaux sur les réseaux de neurones artificiels. (Voir aussi Les prix Nobel et le Canada.)

Geoffrey Hinton
Geoffrey Hinton, informaticien et psychologue cognitif, lors d’une conférence de presse à l’Académie royale des sciences de Suède de Stockholm en Suède, le 7 décembre 2024.
(photo par JONATHAN NACKSTRAND/AFP via Getty Images)


Contexte familial

Geoffrey Hinton naît dans une famille dotée d’une solide formation en mathématiques et en sciences. Ses arrière-arrière-grands-parents sont George Boole, dont les travaux en algèbre font partie des fondements de l’informatique moderne, et la mathématicienne Mary Everest Boole. Son arrière-grand-père, le mathématicien et auteur de science-fiction Charles Hinton, invente l’expression « tesseract » pour décrire un cube à quatre dimensions. Le père de Geoffrey Hinton, Howard, est un entomologiste britannique réputé (voir Entomologie). Il est également apparenté au géomètre George Everest, qui a donné son nom au mont Everest. Dans une entrevue de 2018, lorsqu’on lui demande ce que cela représentait de grandir dans un tel contexte, Geoffrey Hinton déclare : « C’était une source de pression. »

Éducation et carrière

Geoffrey Hinton explore des programmes universitaires allant de la physique à la physiologie avant d’obtenir un baccalauréat en psychologie expérimentale à l’Université de Cambridge en 1970. Après avoir travaillé un an comme charpentier, il poursuit ses études en 1978 pour obtenir un doctorat en intelligence artificielle à l’Université d’Édimbourg. « J’ai eu une carrière universitaire mouvementée », confie-t-il au Globe and Mail en 2017, « où chaque semaine, on s’engueulait. » Malgré le fait que ses professeurs tentent constamment de le décourager parce qu’ils estiment qu’il perd son temps, Geoffrey Hinton poursuit ses recherches sur les réseaux informatiques modelés sur le cerveau humain, qui deviennent connus sous le nom de réseaux neuronaux.

Parmi ses premiers postes académiques, Geoffrey Hinton occupe le poste de chercheur à l’Université du Sussex (1976-1978), de chercheur invité à l’Université de Californie à San Diego (1978-1980), et ensuite de professeur adjoint et professeur associé au département d’informatique de l’Université Carnegie Mellon (1982-1987).

Faits saillants de recherches

Alors qu’il est à Carnegie Mellon, Geoffrey Hinton travaille avec le psychologue David Rumelhart et l’informaticien Ronald J. Williams sur la rétropropagation, un algorithme qui fonctionne à rebours pour mesurer les erreurs.

Entre 1983 et 1985, Geoffrey Hinton crée la machine de Boltzmann, ainsi nommée en l’honneur du physicien et philosophe autrichien du 19e siècle Ludwig Boltzmann, qui a conçu l’équation sur laquelle elle est basée. Ce programme vise à éviter les réponses binaires (oui ou non) typiques de l’analyse informatique de l’époque en analysant les données et en choisissant la réponse la plus appropriée. Le fondement de ce travail est le « réseau de Hopfield » créé par le physicien américain John Hopfield, avec qui Geoffrey Hinton partage le prix Nobel quatre décennies plus tard. (Voir aussi Les prix Nobel et le Canada.)

Geoffrey Hinton déménage au Canada en 1987 après avoir reçu du financement de l’Institut canadien de recherches avancées pour ses recherches en IA, qu’il a menées alors qu’il travaillait au département d’informatique de l’Université de Toronto. Sa décision de s’installer au Canada est également motivée par sa conviction que l’IA ne doit pas être utilisée à des fins militaires; la recherche en IA est financée par le Département de la Défense des États-Unis.

Après avoir été directeur fondateur de la Gatsby Computational Neuroscience Unit du University College London de 1998 à 2001, Geoffrey Hinton retourne à l’Université de Toronto, où il est nommé professeur d’université en 2006. Son groupe de recherche explore les domaines de l’apprentissage profond, ce qui mène à des avancées dans des domaines comme la classification d’objets et la reconnaissance vocale. Plusieurs de ses étudiants diplômés trouvent du travail dans de grandes firmes technologiques pour poursuivre leurs travaux sur les réseaux neuronaux.

En 2012, Geoffrey Hinton et deux étudiants diplômés, Alex Krizhevsky et Ilya Sutskever, créent AlexNet, un réseau neuronal multicouche utilisé pour identifier des images dans une vaste base de données en ligne. Ils fondent ensuite l’entreprise DNNresearch, qui est rachetée par Google en 2013.

Geoffrey Hinton se joint à Google à temps partiel et il poursuit ses recherches en intelligence artificielle. Il est affilié à une branche torontoise de Google Brain, une équipe de recherche en IA établie par Google en 2017. Geoffrey Hinton quitte Google en 2023, car il est préoccupé par les risques d’un développement rapide et incontrôlé de l’intelligence artificielle.

En 2017, Geoffrey Hinton devient cofondateur et conseiller scientifique en chef du Vector Institute, une société indépendante à but non lucratif basée à Toronto, qui se consacre à la recherche sur l’intelligence artificielle en lien avec son application, son adoption et sa commercialisation au Canada.

Prix Nobel

Geoffrey Hinton partage le prix Nobel de physique de 2024 avec John Hopfield pour les « découvertes et inventions fondamentales permettant l’apprentissage automatique grâce aux réseaux de neurones artificiels ». C’est la quatrième fois en dix ans qu’un Canadien reçoit un Nobel dans cette catégorie, après Arthur B. McDonald (2015), Donna Strickland (2018) et James Peebles (2019). (Voir aussi Les prix Nobel et le Canada.) Geoffrey Hinton est stupéfait de recevoir cette distinction ayant, selon ses propres termes, « abandonné la physique après ma première année d’université parce que je n’arrivais pas à comprendre les mathématiques complexes ».

Geoffrey Hinton et le roi Carl XVI Gustaf de Suède
Geoffrey Hinton (à gauche) reçoit son prix des mains du roi Carl XVI Gustaf de Suède lors de la cérémonie de remise du prix Nobel au Concert Hall de Stockholm en Suède, le 10 décembre 2024.
(photo par HENRIK MONTGOMERY/TT NEWSAGENCY/AFP via Getty Images)


Geoffrey Hinton fait don de la moitié de la somme (350 000 $) qu’il a gagnée grâce à ce prix à Water First, un organisme de bienfaisance canadien qui travaille avec les communautés autochtones sur les enjeux liés à l’eau potable.

Critiques au sujet de l’intelligence artificielle

Geoffrey Hinton se décrit lui-même comme un « pessimiste inquiet ». Bien qu’il vante les mérites de l’IA en termes d’augmentation de la productivité et d’assistance dans des domaines comme la santé, il devient de plus en plus critique quant à son potentiel d’abus et à la possibilité qu’elle submerge l’humanité si elle apprend un jour à écrire son propre code. Geoffrey Hinton est cité dans le New York Times : « Nous n’avons aucune expérience de ce que c’est que d’avoir des choses qui sont plus intelligentes que nous. »

Lors de son discours au banquet du prix Nobel de 2024, Geoffrey Hinton met en garde contre les risques liés aux progrès rapides de l’IA, notamment les chambres d’écho, son utilisation par les gouvernements autoritaires à des fins de surveillance de masse et par les cybercriminels, ainsi que son potentiel de création d’armes et de virus mortels. Il met également en garde contre les menaces existentielles à long terme liées à la création d’intelligences artificielles plus intelligentes que les humains, surtout si elles sont créées par des entreprises en quête de profit à court terme. « Nous avons un besoin urgent de recherches sur les moyens d’empêcher ces nouveaux êtres de vouloir prendre le contrôle. Ils ne sont plus de la science-fiction. » (Voir aussi L’informatique et la société canadienne.)

Legs

Lorsqu’on lui demande de se décrire lui-même lors d’une entrevue accordée en 2024 à Adam Smith pour Nobel Prize Outreach, Geoffrey Hinton déclare : « Je suis quelqu’un qui ne sait pas vraiment dans quel domaine il travaille, mais qui aimerait comprendre le fonctionnement du cerveau. Et dans mes efforts pour comprendre le fonctionnement du cerveau, j’ai contribué à créer une technologie qui fonctionne étonnamment bien. »

Commentant le prix Nobel décerné à Geoffrey Hinton, Melanie Woodin, doyenne de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Toronto, affirme : « Il est un visionnaire historique dont les travaux révolutionnaires en apprentissage profond et en réseaux neuronaux » ont fait de Toronto un leader en IA, et que « le fait qu’il ait contribué à jeter les bases de la révolution de l’intelligence artificielle tout en étant l’une des principales voix appelant à développer cette technologie de manière responsable et éthique en dit long sur son intégrité ».

Prix et distinctions

Geoffrey Hinton figure sur de nombreuses listes de personnalités influentes, dont les 100 personnalités les plus influentes du magazine Wired (2016), parmi les 50 personnalités les plus influentes du monde des affaires canadien selon le Globe and Mail Report on Business (2017), et il figure à cinq reprises sur la liste des 50 personnalités les plus influentes de Toronto du magazine Toronto Life entre 2017 et 2024 (dont la première place en 2023). De plus, Geoffrey Hinton reçoit plusieurs distinctions et prix :

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Lecture supplémentaire

  • Tara Deschamps, « Le Nobel de physique remis au pionnier de l’intelligence artificielle Geoffrey Hinton », La Presse (10 décembre 2024).

  • Alexandre Sirois, « Grande entrevue avec Geoffrey Hinton », La Presse (19 mars 2025).

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