Les ordinateurs sont au cœur de plusieurs aspects de la vie des Canadiens. Quatre-vingt-quatre pour cent des familles canadiennes possèdent un ordinateur à la maison, et une grande partie d’entre elles se fient à ces appareils pour leur travail et leur éducation. Presque toutes les personnes de moins de 45 ans utilisent un ordinateur quotidiennement, ce qui comprend l’utilisation de téléphones cellulaires aussi performants qu’un ordinateur portable ou une tablette électronique. Avec la propagation des ordinateurs en réseau grâce à internet, les Canadiens peuvent acheter des articles, effectuer des transactions bancaires, faire des réservations, partager et consommer des médias, communiquer et accomplir plusieurs autres tâches en ligne. Les percées en informatique, telles que l’informatique en nuage, les médias sociaux, l’intelligence artificielle et l’internet des objets ont un effet important sur la société canadienne. Bien que ces procédés et d’autres utilisations informatiques offrent de nombreux avantages, ils représentent également des défis sociétaux en lien avec la connectivité à internet, le fossé numérique, la vie privée et le crime.
Histoire des ordinateurs au Canada
Les premiers ordinateurs électroniques au Canada sont construits après la Deuxième Guerre mondiale. Ils ont alors une utilisation limitée et spécialisée pour les gouvernements et les universités. Les entreprises commencent à les utiliser pour informatiser leurs dossiers vers la deuxième moitié des années 1950. Autour de 1964, les premiers départements d’ informatique font leur apparition dans les universités canadiennes. Cependant, ce n’est qu’à partir de l’arrivée des ordinateurs personnels (PC) dans les petites entreprises, les maisons et les écoles dans les années 1980 que le phénomène commence à avoir des répercussions sociales.
Les ordinateurs personnels sont plus petits, moins chers et plus conviviaux que les ordinateurs centraux que préfèrent les grandes organisations. Ils sont alors vendus avec un écran, un clavier, une souris, une mémoire et, après 1983, des disques durs, à l’instar des PC d’aujourd’hui. Ils peuvent exécuter des programmes tels que des logiciels de traitement de texte, des logiciels d’illustration et des jeux.
En décembre 1982, le taux de chômage au Canada atteint un pic historique de 13,1 %. Les économistes commencent alors à reconnaître l’importance d’instaurer davantage de programmes de formation dans le domaine émergent de l’informatique. C’est au cours de cette décennie que les ordinateurs font leur arrivée dans les écoles publiques, où ils étaient auparavant rares. L’implication des ministères provinciaux de l’Éducation va alors de la mise sur pied de projets locaux à la commande de matériel et de logiciels personnalisés.
Le saviez-vous?
Dans les années 1940 et 1950, la programmation était considérée comme un emploi approprié pour les femmes. Celles-ci ont notamment joué un rôle important dans le décryptage lors du projet Enigma au Royaume-Uni, dans le calcul de trajectoires balistiques à l’aide de l’ENIAC (le premier ordinateur numérique programmable aux États-Unis) et dans la numérisation des trajectoires de vol de la NASA. Aujourd’hui, seulement 25 % des étudiants inscrits à l’université en informatique et en mathématiques au Canada sont des femmes. Ce déclin peut être attribuable à l’arrivée des PC dans les foyers, qui ont été commercialisés comme étant des jouets que les familles étaient plus enclines à les acheter pour les garçons.
En 1989, près d’un tiers des Canadiens utilisent un ordinateur dans le cadre de leur travail, et 19,4 % de la population en possède un à la maison. Les ordinateurs sont plus répandus dans les villes que dans les régions rurales, où seulement 13,9 % des foyers possèdent un PC. Dans les régions rurales et les petites villes, les ordinateurs sont également plus courants chez les personnes ayant un haut niveau d’éducation et dans les foyers ayant les revenus totaux les plus élevés. Avec les années, les gouvernements fédéral et provinciaux ont mis sur pied des politiques visant à réduire de telles disparités dans l’accès, ce qui correspond au « fossé numérique » de la société. Bien que l’écart en matière de revenus se soit rétréci au Canada au cours du 21e siècle, il demeure plus prononcé que l’écart lié au niveau d’éducation (voir aussi Répartition des revenus).
En 2017, 84,1 % des foyers canadiens ont un ordinateur à la maison et 89 % d’entre eux possèdent un accès à internet à domicile.
Connectivité à internet au Canada
Une bonne connexion au réseau est essentielle lorsqu’un ordinateur est utilisé pour avoir accès à l’abondance d’informations et de services offerts sur le Web. Les foyers canadiens se connectent à l’internet grâce à des technologies à large bande telles que le câble, les lignes d’abonné numériques (lignes téléphoniques) et le satellite. Une mince proportion des foyers (2 % en 2017) utilisent des accès par ligne commutée, qui sont beaucoup plus lents. Les appareils mobiles envoient et reçoivent des données à l’aide des technologies cellulaire et satellite. La connexion à internet dans les régions rurales, lorsqu’elle est offerte, est souvent plus lente et plus coûteuse. Plusieurs communautés isolées dépendent de connexions satellites dispendieuses. (Voir aussi Communication par satellite.)
En décembre 2016, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) déclare que l’accès à internet est un service essentiel ou de base pour les Canadiens. Depuis, le CRTC en fait l’une de ses priorités de rendre possible la connexion haute vitesse à internet partout au pays, y compris dans les régions rurales. Pour cela, l’organisme établit des objectifs pour le secteur privé et met sur pied un fonds pour le développement des infrastructures.
Neutralité d’internet au Canada
Un problème récurrent auquel est confronté le CRTC est la neutralité d’internet, soit le principe selon lequel toutes les données transmises sur internet sont traitées de manière égale. Les politiques actuelles du CRTC appuient la neutralité d’internet. Cependant, les fournisseurs de services internet (FSI) préconisent la possibilité d’offrir aux utilisateurs l’option de payer davantage pour avoir un accès prioritaire lors du transfert de données de leur réseau, soit à leur bande passante. Ceci permettrait aux FSI de vendre de nouveaux produits (comme des abonnements pour visionner du sport en continu à haute vitesse).
D’un côté, la neutralité d’internet est souhaitable puisqu’elle empêche les entreprises privées de prendre des décisions stratégiques quant à l’accès. Par exemple, sans règle de neutralité, un FSI pourrait bloquer l’accès à des sites qui critiquent son entreprise. D’un autre côté, le traitement préférentiel de certaines données est essentiel pour garantir la qualité du service ou la sécurité publique. Par exemple, l’arrivée immédiate des données est plus importante pour la diffusion d’une vidéo que pour l’envoi de courriels. Dans le cas de données essentielles à la réalisation de procédures médicales à distance ou à la conduite automatique de véhicules, la priorité est encore plus grande.
Fossé numérique au Canada
Le fossé numérique correspond à l’écart entre les Canadiens qui ont accès à des ordinateurs (et à internet) et les autres. Dans une étude de 2012, l’Organisation de coopération et de développement économiques relève qu’environ 25 % des Canadiens entre 16 et 65 ans ont des lacunes en littératie numérique. Le manque d’accès est une importante barrière à la participation à la société canadienne en tant que travailleur, consommateur et citoyen. Plusieurs obstacles empêchent certains membres de la société d’avoir accès à un ordinateur et plusieurs Canadiens sont confrontés à plus d’une de ces barrières.
L’emplacement géographique est l’un de ces obstacles. Environ 18 % des Canadiens, généralement dans des communautés rurales ou des régions peu peuplées, n’ont pas accès à une connexion internet rapide à prix abordable. Ceci est surtout vrai dans le nord. En 2017, une connexion internet plus rapide que 5 mégabits par seconde (la vitesse recommandée pour la diffusion de vidéos en haute définition) est seulement accessible à 29,9 % des foyers du Nunavut, une donnée qui révèle la couverture offerte par les FSI et non le nombre réel d’abonnés. Une connexion internet sans fil à haute vitesse est accessible partout sur le territoire à une vitesse suffisante pour visionner des vidéos de qualité standard, mais les frais mensuels s’élèvent à 399 $. Le même service câblé à large bande, en Ontario, coûterait 35 $ par mois.
Les moins fortunés trouvent difficile d’acheter un ordinateur et de payer pour la connexion au réseau. En 2012, Statistique Canada révèle que presque tous les foyers à revenu élevé possèdent un accès à internet, comparativement à 58 % des foyers à faible revenu. Le faible revenu n’est probablement pas un obstacle en soi, puisque certains utilisent des ordinateurs dans les bibliothèques publiques ou se connectent à des réseaux Wi-Fi (sans fil) gratuits à l’aide d’un téléphone cellulaire. Cependant, d’autres facteurs, comme un manque de mentors, de modèles et d’occasions d’apprentissage, touchent de manière disproportionnée les personnes à faible revenu.
La fracture numérique durant la pandémie de COVID-19
La pandémie de coronavirus de 2019-2020 met en évidence la fracture numérique au Canada. Les Canadiens restent isolés à la maison pendant des semaines afin de limiter la propagation du virus. De nombreuses entreprises et plusieurs services non essentiels demeurent fermés. L’internet devient un outil encore plus essentiel lors de cette période. Nombreux sont ceux qui comptent sur cet outil pour continuer le travail ou les études. L’accès à certains biens et services est transféré et se fait principalement en ligne. Les représentants de la santé publique exhortent les Canadiens à communiquer virtuellement avec leurs familles et amis. Mais les options limitées pour ceux qui n’ont pas l’internet à domicile rehaussent les obstacles sociaux et économiques auxquels ils font face. Des groupes comme OpenMedia et ACORN Canada font appel aux gouvernements afin que l’internet soit considéré comme un droit fondamental. Ils argumentent que la pandémie démontre le besoin urgent d’une telle politique.
Les personnes ayant un haut niveau d’éducation sont les plus susceptibles d’avoir accès à internet. Toutefois, ce sont 99 % des étudiants actuels au Canada qui ont accès à internet, ce qui surpasse toutes les autres tranches d’éducation de la population, y compris tous les diplômés universitaires.
La langue est un autre obstacle important à la littératie numérique au Canada. Partout dans le monde, 54 % des pages Web sont en anglais, tandis que 4 % sont en français et qu’un pourcentage négligeable est dans une langue autochtone. Les sites internet du gouvernement fédéral sont présentés dans les deux langues officielles, mais les sites provinciaux et municipaux varient selon la région.
Finalement, l’âge est un autre facteur du fossé numérique. Les personnes âgées sont moins enclines à utiliser les ordinateurs que toute autre tranche d’âge. Cependant, entre 2013 et 2016, on constate une augmentation importante du taux d’utilisation parmi les Canadiens plus âgés.
Règlements sur la protection des renseignements personnels au Canada
La confidentialité des renseignements est la capacité à contrôler ses propres renseignements en choisissant qui peut y avoir accès et à quel moment. Au Canada, les gouvernements, les institutions et les entreprises ont établi des réglementations pour encadrer la gestion des renseignements personnels. Les renseignements personnels englobent ce qui a trait à une personne, notamment son nom, son adresse, son âge, son éducation, son passé médical et professionnel, ses points de vue et opinions et ses numéros d’identification (comme son numéro d’assurance sociale, son numéro de permis de conduire ou son numéro d’assurance-maladie).
Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada (CPVP) supervise l’application de deux lois fédérales sur la protection des renseignements personnels. La Loi sur la protection des renseignements personnels encadre la manière dont les ministères et les organismes du gouvernement fédéral gèrent les renseignements personnels. La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), quant à elle, encadre la manière dont plusieurs entreprises gèrent les renseignements personnels. En vertu de ces lois, la vie privée des gens est protégée de plusieurs façons, notamment grâce au droit au consentement, à l’exactitude et à la communication ouverte de la part des entreprises. Si une personne considère que ses droits en matière de vie privée ont été bafoués, elle peut porter plainte au CPVP.
À l’échelle provinciale, il existe des lois, des autorités de réglementation et des mécanismes de remédiation supplémentaires. Toutes les provinces canadiennes ont un commissaire à la protection de la vie privée, ou un ombudsman, qui supervise l’application des lois sur la vie privée sur son territoire de compétence.
Inquiétudes quant à la protection des renseignements personnels au Canada
Même si les Canadiens ont des droits par rapport à leur vie privée, il peut être difficile pour les utilisateurs de services en ligne de la protéger selon leurs préférences. Les conditions d’utilisation et les politiques de confidentialité des sites Web, des moteurs de recherche et des plateformes de médias sociaux exigent des utilisateurs qu’ils acceptent la cueillette et le partage de leurs renseignements personnels. Le partage de tels renseignements permet alors de cibler la publicité vers chaque utilisateur.
La gestion de la vie privée en ligne est en constante évolution et certains problèmes doivent encore être résolus. Citons notamment le droit de demander que les renseignements d’une personne soient corrigés par des entreprises privées. Ce droit est déjà garanti par la LPRPDE mais, en septembre 2018, la Commission fédérale de la protection de la vie privée a soumis une affaire devant la Cour fédérale pour déterminer s’il s’applique aussi aux résultats de recherche du nom d’une personne sur Google.
La loi sur la vie privée contenue dans la LPRPDE ne s’applique pas aux partis politiques, aux organisations sans but lucratif ou aux organismes caritatifs. Ces groupes ne sont donc pas tenus d’obtenir le consentement des gens pour recueillir des renseignements personnels et ne sont pas non plus obligés de divulguer les informations qu’ils détiennent. Le Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario a cependant recommandé que, afin d’éviter les risques éthiques et de sécurité, les lois sur la vie privée s’appliquent également aux partis politiques de la province.
Informatique en nuage
L’informatique en nuage correspond à l’utilisation de logiciels et de matériel informatique hébergés à distance sur des serveurs et dans des centres de données connectés à internet plutôt que sur des ordinateurs personnels ou connectés à un réseau local. Les applications en nuage couramment utilisées sont les logiciels de productivité de bureau (comme les applications de traitement de texte et de feuilles de calcul électroniques), les copies de sécurité des ordinateurs et le partage de fichiers. La transition vers l’informatique en nuage, bien amorcée depuis la première décennie du 21e siècle, vient modifier la façon dont les gens achètent les logiciels et y ont accès, la facilité avec laquelle les sites Web sont créés et la manière dont les gens contrôlent leurs données.
Grâce à l’informatique en nuage, les utilisateurs n’ont plus besoin d’acheter de logiciels et de les installer sur leur ordinateur. Ils y ont plutôt accès via un navigateur Web et les paient en s’abonnant à un service ou en regardant des publicités. L’affichage de ces dernières est alors généralement choisi en fonction des habitudes de navigation des utilisateurs. Même si le modèle de financement de l’informatique en nuage par la publicité pourrait réduire le fossé numérique en éliminant les frais d’abonnement, certains avancent que la méthode est envahissante et s’inquiètent à savoir si les données recueillies sont protégées. De plus, l’utilisation de logiciels en nuage s’appuie sur une connexion rapide et fiable à internet, un obstacle qui pourrait creuser davantage le fossé.
Le matériel informatique dans le nuage facilite l’ajout de contenu sur le Web, la création de sites interactifs et l’ouverture de commerces en ligne. Les créateurs de contenu peuvent avoir accès à des outils sur le Web et publier leur contenu à l’aide d’une plateforme de partage (comme SoundCloud pour les fichiers audio). Les développeurs de logiciels peuvent déployer un serveur en quelques minutes et en quelques clics dans un navigateur Web pour offrir leur application aux utilisateurs. Les vendeurs peuvent quant à eux se rendre sur une plateforme de commerce en ligne comme Shopify et ouvrir un commerce en à peine quelques heures.
Informatique en nuage et vie privée
Il existe certaines préoccupations liées à la vie privée, notamment par rapport à l’endroit où sont entreposés les fichiers des utilisateurs et à la manière dont les fournisseurs de services utilisent les données. Les fichiers comme les documents de traitement de texte, les dessins et les codes sources sont enregistrés sur des serveurs dans le nuage. Les fournisseurs de services disposent également de données quant aux moments de connexion des utilisateurs, et connaissent leur manière de se connecter, leur adresse IP et certains autres renseignements d’utilisation. Les lois sur la protection de la vie privée exigent des entreprises qu’elles imposent des limites quant à ceux qui ont accès aux données des utilisateurs. Il y a cependant des risques pour la vie privée en raison des employés des fournisseurs de services, des pirates informatiques, des agents de la paix (qui peuvent demander des données sans mandat) et des organismes de renseignement.
Les fournisseurs d’informatique en nuage peuvent appliquer une grande variété de mesures pour être conformes aux lois sur la vie privée. Une mesure courante est d’emmagasiner les données au Canada. Ceci peut cependant ne pas protéger entièrement les renseignements puisqu’un centre de données étranger situé au Canada peut tout de même être obligé de divulguer des renseignements à des gouvernements étrangers.
Le saviez-vous?
Les centres de données utilisent beaucoup d’électricité pour alimenter leurs ordinateurs et refroidir leurs locaux. Ils sont donc parfois situés près de centrales d’énergie électrique ou de barrages hydroélectriques. Puisque le Québec a les prix d’électricité les plus bas au pays, il est un choix intéressant pour les fournisseurs internationaux d’informatique en nuage cherchant à établir un centre de données au Canada. Tous les principaux fournisseurs de services en nuage (Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud Platform et IBM Cloud) possèdent un centre de données dans la province. Les avantages économiques qu’en retire le Québec ont été estimés à 117 millions de dollars en 2015 et les projections montrent un revenu annuel de plus de 600 millions d’ici 2025.
Malgré ces inquiétudes, le ministère ontarien du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce remarque que la vie privée des petites entreprises pourrait être mieux protégée par de bons fournisseurs de services en nuage que par les entreprises mêmes.
Médias sociaux
Les médias traditionnels tels que la presse, la télévision et la radio sont des voies de communication unidirectionnelles du producteur vers le consommateur. À l’opposé, les médias sociaux sont des voies de communication multidirectionnelles qui permettent aux utilisateurs d’être à la fois des producteurs et des consommateurs sur un site Web ou une application. Les médias sociaux englobent les forums de discussion (comme reddit), les sites de réseaux sociaux (comme Facebook et LinkedIn), les outils de référence (comme Wikipédia et wikiHow) ainsi que les sites de partage de contenu (comme YouTube et Google Docs).
Selon un rapport de 2017 publié par le Social Media Lab de l’Université Ryerson, les trois plateformes de médias sociaux les plus populaires au Canada sont Facebook, YouTube et LinkedIn. Facebook est surtout utilisé pour interagir avec des gens et se joindre à des groupes et à des événements. Malgré la croyance populaire selon laquelle Facebook serait utilisé par les gens plus âgés, 95 % des jeunes adultes entre 18 et 24 ans possèdent un compte Facebook. YouTube, de son côté, permet de publier, regarder, partager et commenter des vidéos. Finalement, LinkedIn est semblable à Facebook mais se concentre davantage sur les relations d’affaires et le développement de carrière.
Les médias traditionnels et les médias sociaux sont aujourd’hui interdépendants. Non seulement les utilisateurs de médias sociaux partagent avec leurs contacts les articles des médias traditionnels, mais les médias traditionnels utilisent eux aussi les médias sociaux comme source de nouvelles. Les politiciens utilisent même Twitter, une plateforme de microblogage, pour annoncer leurs politiques. (Voir aussi Convergence des médias.)
Inquiétudes quant aux médias sociaux
En 2017, dans la plus grande commission scolaire du Canada (la commission scolaire du district de Toronto), 26 % des garçons et 38 % des filles de la 9e à la 12e année ont déclaré utiliser les médias sociaux presque en permanence. La même étude révèle également que les élèves sont plus inquiets et affichent moins de bien-être émotionnel que les élèves des années précédentes. Parmi les raisons justifiant la relation entre l’utilisation des médias sociaux et les effets sur la santé mentale, on retrouve notamment la quantité élevée de temps passé seul et le manque de connexion émotionnelle avec les autres.
Une autre inquiétude liée aux réseaux sociaux est la possibilité, lors de campagnes électorales, d’entraver le processus démocratique en partageant de l’information erronée ou biaisée (comme les « fausses nouvelles » ou la propagande). En 2017, Facebook admet qu’une entreprise liée au gouvernement russe avait acheté des milliers de publicités qui ont divisé l’opinion dans le but d’influencer l’élection présidentielle américaine de 2016. Les politiciens et les journalistes ont mis le public en garde contre la possibilité de telles campagnes lors d’une élection canadienne.
Le respect de la vie privée est également un problème au vu de la quantité de données que les réseaux sociaux ont accumulées à propos de leurs utilisateurs. En 2018, le lanceur d’alerte canadien Christopher Wylie révèle que la société de conseil juridique britannique Cambridge Analytica a recueilli des données de millions de profils Facebook et les a utilisées dans plusieurs campagnes électorales aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Mexique. Les commissariats à la protection de la vie privée du Canada et de la Colombie-Britannique poursuivent alors une enquête pour déterminer si Facebook a enfreint ou non des lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels. En 2019, ils concluent que Facebook a « commis des violations graves » à ces lois et que l’entreprise « s’est soustraite à ses responsabilités concernant la protection des renseignements personnels des Canadiens ».
Intelligence artificielle
L’intelligence artificielle (IA) est la capacité d’une machine, par exemple un ordinateur, à interpréter les données de son environnement et à apprendre, à prendre des décisions ou à résoudre des problèmes. L’exploration de données et l’apprentissage automatique sont des exemples d’IA. Confier la prise de décision aux machines engendre une série de questions à propos de la responsabilité, de la loi et de la sécurité publique. Deux des nombreuses technologies qui soulèvent ces problèmes sont les voitures sans conducteur et la reconnaissance faciale.
Voitures sans conducteur
Les voitures sans conducteur seront en mesure de circuler sur les routes et les autoroutes avec ou sans humain derrière le volant. Elles seront capables d’évaluer l’état de leur environnement, notamment les autres véhicules en mouvement, et de choisir un trajet et une vitesse de croisière appropriés. Les premiers modèles de cette technologie, comme les dispositifs de prévention de collision et les guides permettant de rester dans une voie, sont déjà présents dans les véhicules vendus sur le marché de masse.
Les voitures sans conducteur ne sont généralement pas légales au Canada. Il existe cependant une exception pour l’Ontario, qui met en œuvre un projet pilote en 2016 pour permettre les tests de voitures autonomes sur les routes et les autoroutes. Ces véhicules doivent avoir un conducteur avec permis derrière le volant pour prendre le contrôle de la voiture au besoin.
Selon les lois actuelles, qui s’appliquent seulement aux véhicules traditionnels, le chauffeur est responsable de respecter les lois. Dans le cas des voitures sans conducteur, il n’existe aucun mécanisme juridique pour partager la responsabilité. Il n’y a pas non plus de mécanisme pour garantir qu’une voiture sans conducteur est suffisamment sécuritaire pour une utilisation générale.
Reconnaissance faciale
La reconnaissance faciale est la capacité d’un ordinateur à reconnaître une personne à partir d’une image ou d’une vidéo. Un exemple courant est le iPhone X d’Apple, qui peut utiliser la reconnaissance faciale pour déverrouiller le téléphone. Les kiosques d’inspection primaire que l’Agence des services frontaliers du Canada a mis en place dans de grands aéroports du pays disposent aussi de la technologie de reconnaissance faciale. Ces dispositifs prennent une photo du voyageur, qu’ils comparent à sa photo de passeport. La même technologie peut être utilisée pour recueillir des données sur les acheteurs dans un centre commercial ou pour traquer les mouvements d’une personne dans des lieux publics. Le Service de police de Calgary possède un logiciel qui analyse une base de données de 300 000 photos d’identité judiciaire pour trouver une correspondance avec une image vidéo ou photo.
Le saviez-vous?
Certaines unités de la Gendarmerie royale canadienne (GRC) ont utilisé Clearview AI, un logiciel de reconnaissance faciale, pour enquêter sur des crimes. Clearview AI est conçu pour trouver des détails sur une personne sur une photo en balayant une base de données de milliards d’images collectées sur les médias sociaux et d’autres sites. Avant que la liste des clients de Clearview AI ne soit piratée et divulguée aux médias au début de l’année 2020, la GRC avait nié avoir utilisé la reconnaissance faciale. D’autres forces policières au Canada ont également admis avoir utilisé le logiciel à la suite de la fuite. Dans un souci de respect de la vie privée, la GRC a déclaré qu’elle n’utiliserait le logiciel que dans des cas urgents, comme l’identification de victimes d’abus sexuels sur des enfants. La GRC a cessé d’utiliser Clearview AI lorsque l’entreprise a cessé ses activités au Canada en juillet 2020. Un rapport publié en juin 2021 par le Commissariat à la protection de la vie privée (CPVP) a conclu que la GRC avait enfreint la Loi sur la protection des renseignements personnels en utilisant Clearview AI.
Ceux qui critiquent les technologies de reconnaissance faciale avancent que la conservation d’images et de renseignements personnels porte atteinte à la vie privée. Compte tenu de la zone grise dans laquelle se situent les lois liées à ces formes de cueillette de données, les décisions sur le partage de données sont souvent prises au cas par cas. Un de ces cas concerne l’émeute qui a éclaté à Vancouver après la défaite des Canucks lors de la finale de la coupe Stanley en 2011. La Insurance Corporation of British Columbia (ICBC) a offert sa base de données de photos de permis de conduire au service de police de Vancouver pour aider à identifier, à l’aide de logiciels de reconnaissance faciale, les suspects présents dans des vidéos et des images. La police a toutefois refusé l’offre, puisque le Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique a déclaré qu’une telle divulgation nécessitait l’ordonnance d’une cour.
Enfin, l’exactitude des logiciels de reconnaissance faciale peut varier selon la race et le sexe. En 2018, l’American Civil Liberties Union a mené une expérience visant à faire correspondre des photos de politiciens avec des photos d’identité judiciaire à l’aide de logiciels de reconnaissance faciale commerciaux. Le taux global d’inexactitude était de seulement 5 %, mais les personnes de couleur étaient deux fois plus à risque d’être mal identifiées. Les algorithmes d’intelligence artificielle peuvent commettre des erreurs dans la vraie vie lorsque leurs créateurs les entraînent à l’aide de données biaisées. (Voir aussi Préjugés et discrimination au Canada.)
Internet des objets
L’Internet des objets désigne les appareils « intelligents » pouvant se connecter, échanger des données et travailler de concert. Certains appareils vendus aujourd’hui, comme les voitures, les sonnettes de porte, les thermostats et les réfrigérateurs, en sont dotés.
Les dispositifs pour maisons intelligentes peuvent avoir un aspect pratique et sécuritaire, comme les sonnettes à caméra vidéo intégrée et les thermostats réglables à distance. D’un autre côté, ils peuvent menacer la sécurité lorsqu’ils sont piratés ou utilisés pour faire une intrusion dans la vie privée. Ils peuvent également être difficiles à entretenir; un réfrigérateur intelligent peut garder à jour une liste d’épicerie, mais est presque impossible à réparer en raison d’un manque de techniciens qualifiés.
Les villes utilisent elles aussi l’Internet des objets. Par exemple, Toronto possède des feux de circulation qui font varier leurs cycles en fonction de la congestion routière.
Le saviez-vous?
Vers la fin des années 2010, Toronto est le site prévu pour l’instauration du premier quartier intelligent au monde. Le développement, appelé Quayside, aurait été construit à la base à partir de l’internet. Il aurait utilisé des innovations en matière de conception d’infrastructures, de transport et d’accessibilité. Cependant, les critiques s’inquiètent de savoir à qui appartiendraient les données recueillies par l’entremise de nombreux appareils et capteurs. Les enjeux sont particulièrement élevés parce que Quayside aurait créé un précédent pour les projets similaires à suivre. Sidewalk Labs, qui appartient à la même société que Google, retire sa proposition lors de la pandémie de coronavirus de 2020. La compagnie déclare que les conditions économiques incertaines ont rendu Quayside moins financièrement viable.
Cybercrime au Canada
L’utilisation à grande échelle d’internet a mené à l’augmentation de la criminalité sur le plan du vol de renseignements, de l’exploitation, du harcèlement et du commerce. En 2015, la Loi sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité est adoptée, ce qui amende le Code criminel et d’autres lois afin d’aider les autorités policières à enquêter sur des affaires d’exploitation sexuelle des enfants et de crime organisé en ligne.
Les crimes en ligne les plus courants impliquent l’atteinte aux renseignements appartenant à des personnes ou à des organisations. Les pirates informatiques s’attaquent souvent à des sites de commerce en ligne. Ils ciblent principalement les numéros de cartes de crédit, qui peuvent être vendus ou encore utilisés pour frauder d’autres entreprises. Les autres cibles sont les noms d’utilisateurs et les mots de passe, qui peuvent être utilisés pour pirater d’autres sites. Ce genre d’attaques souligne l’importance des protections de la vie privée énoncées dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), qui contraint les entreprises privées à aviser les gens dont les données ont été volées.
Certaines personnes sont ciblées pour de l’escroquerie par hameçonnage, qui consiste en des courriels semblant provenir d’un expéditeur légitime, comme une banque, et qui contiennent un lien vers un site Web où l’utilisateur est invité à saisir des renseignements personnels.
Les pédophiles utilisent quant à eux internet pour avoir accès à de la pornographie juvénile et la distribuer. Les prédateurs sexuels l’utilisent pour leurrer leurs victimes potentielles et les convaincre de les rencontrer. À cette fin, ils utilisent les médias sociaux, les courriels et d’autres outils de communication en ligne. Plusieurs cas de traque furtive en ligne, soit du harcèlement par le biais de ces outils, ont également été déclarés. Les publications et les propos haineux à l’encontre des minorités religieuses et ethniques sont aussi monnaie courante.
La cyberintimidation est un problème grave chez les jeunes. Elle entraîne parfois chez ceux qui en sont victimes des problèmes de santé mentale, d’isolement et de manque d’estime pouvant les mener jusqu’au suicide. Par exemple, Amanda Todd, une adolescente de Colombie-Britannique, se suicide en 2012 après plusieurs années de cyberintimidation due à une photo la montrant seins nus, prise de force et publiée sur le Web par son agresseur. Une autre adolescente, Rehtaeh Parsons, de la Nouvelle-Écosse, s’enlève la vie en 2013 après la publication d’une vidéo montrant son agression sexuelle sur les médias sociaux. Après son décès, plusieurs enquêtes sont menées. Une loi provinciale est alors proposée pour protéger les enfants contre la cyberintimidation, mais la Cour Suprême de la Nouvelle-Écosse l’invalide en 2015 parce qu’elle contrevient à l’article de la liberté d’expression de la Charte des droits et libertés.
Web profond
L’internet est également utilisé pour le trafic de produits et de services réglementés, tels que les armes, les drogues, le piratage et la fraude. Ces transactions sont généralement conclues sur le Web profond, qui correspond à un ensemble de serveurs qui existent sur internet mais qui exigent un logiciel spécial et des mots de passe. Le logiciel de Web profond le mieux connu est Tor (The Onion Routing project), qui permet aux utilisateurs de naviguer sur les sites Web de manière anonyme. Les transactions sur le Web profond sont souvent payées à l’aide de cryptomonnaies comme les Bitcoins. Les cryptomonnaies sont entièrement électroniques, n’ont aucun administrateur central et sont cryptées pour garantir la légitimité des transactions (voir Monnaie au Canada). Une recherche publiée en 2018 relève qu’un grand nombre de vendeurs du site du Web profond AlphaBay distribuent des biens illégaux provenant du Canada. Le site, fermé par les autorités américaines en 2017, aurait également été fondé par un Canadien.