Simon Girty, pionnier, agent britannique des Affaires indiennes, colon loyaliste du Haut-Canada (Ontario) (né le 14 novembre 1741 près de Harrisburg, en Pennsylvanie; décédé le 18 février 1818 à Malden, dans le Haut-Canada). Simon Girty a combattu dans la Révolution américaine et dans les guerres impliquant les peuples autochtones et les colons blancs. Il avait une grande aptitude pour travailler avec les dirigeants autochtones, mais il était souvent perçu comme un personnage méchant et comme une figure controversée, principalement en raison de son allégeance à la Grande-Bretagne plus qu’aux Américains.
Jeunesse
Fils d’un commerçant américain également prénommé Simon et de son épouse Mary, Simon Girty grandit dans les colonies américaines à une époque tourmentée. En 1750, son père est tué lors d’un affrontement avec un autre colon. En 1756, après la prise de Fort Granville pendant la guerre de Sept Ans entre la France et la Bretagne, Simon Girty est capturé par des Autochtones et est adopté par le chef Onöndowa’ga sénéca Guyasuta. Au cours des huit années suivantes, Simon Girty vit en tant que Onöndowa’ga dans ce qui est aujourd’hui l’État de New York. Il devient un bûcheron expérimenté et, bien qu’il soit illettré, il est doté d’un talent naturel pour apprendre les langues. Il en vient à parler couramment au moins neuf.
Fort Pitt
En 1764, Simon Girty est envoyé à Fort Pitt (Pittsburgh) dans le cadre d’une libération générale de captifs blancs par les groupes autochtones. Il travaille alors comme guide et interprète, et il s’engage en affaire avec les marchands influents Alexander McKee et Matthew Elliott. La communauté blanche se méfie de Simon Girty en raison de ses associations avec les Autochtones. Toutefois, Alexander McKee, qui est un agent du département britannique des Affaires indiennes, découvre en Simon Girty un diplomate et interprète habile lors des négociations avec les diverses Premières Nations. Simon Girty établit un niveau de confiance si élevé avec les dirigeants autochtones qu’il est l’une des rares personnes de la communauté blanche à être autorisé à prendre la parole lors des conseils tribaux. En 1774, en tant qu’officier de la milice coloniale britannique, Simon Girty joue un rôle déterminant dans la cessation d’une guerre mineure entre les colons et les chefs autochtones Logan et Cornstalk, à la frontière de ce qui est maintenant West Virginia et le Kentucky.
Révolution américaine
Lors de l’éclatement de la Révolution américaine en 1776, Simon Girty sert les Américains à titre d’éclaireur et d’interprète. Mais en raison de son association à la fois avec des partisans britanniques comme Alexander McKee et Matthew Elliott, et ses affinités avec les Autochtones, Simon Girty est considéré avec suspicion. Il devient également convaincu que si les Américains sont victorieux, ils saisiront toutes les terres tribales de la vallée de l’Ohio. En mars 1778, Simon Girty, Alexander McKee, et Matthew Elliott s’enfuient au bastion britannique de Detroit. Simon Girty change d’allégeance au cours de la guerre et il devient un agent du département britannique des Affaires indiennes. Officiellement, il n’est qu’interprète, mais ses fonctions sont beaucoup plus étendues.
Simon Girty voyage à travers les terres des diverses Premières Nations, et il encourage leurs dirigeants à s’allier aux Britanniques. Il effectue des missions d’espionnage en territoire américain, et il participe à de nombreuses batailles et de nombreux raids. En juin 1780, Simon Girty est avec la force de soldats réguliers et de guerriers autochtones du capitaine britannique Henry Bird au moment de la capture de Ruddle’s Station et de Martin’s Station, dans le Kentucky.
L’une des tâches de Simon Girty en tant qu’agent britannique est de s’assurer que les guerriers autochtones traitent leurs prisonniers américains avec humanité et qu’ils les emmènent vivants à Detroit. Il y parvient la majeure partie du temps. Plusieurs captifs américains, dont le célèbre pionnier Simon Kenton, déclarent par la suite qu’ils doivent leur vie à Simon Girty. Ce dernier sauve également Catharine Mallot de la captivité pendant la guerre, et elle devient éventuellement son épouse.
Cependant, Simon Girty n’arrive pas à sauver la vie du colonel américain William Crawford au cours des derniers mois de la guerre. Ce dernier est capturé lorsque des guerriers autochtones mettent son armée en déroute durant la bataille de Sandusky, en juin 1782. Malgré les protestations de Simon Girty sur le lieu de l’exécution, les guerriers brûlent William Crawford sur le bûcher pour se venger du massacre d’une communauté autochtone à Gnadenhutten par une milice américaine.
En août de cette même année, une force britannique et autochtone, dirigée par Simon Girty et le capitaine William Caldwell, parvient à vaincre une colonne de la milice du Kentucky à la bataille de Blue Licks, l’un des derniers affrontements de la Révolution américaine.
Loyaliste
Après l’abdication des Britanniques, Simon Girty se joint au mouvement des loyalistes, qui migrent des anciennes colonies américaines vers l’Amérique du Nord britannique. Il s’établit sur une ferme à Malden, dans le Haut-Canada, et continue de soutenir la résistance autochtone à l’expansion américaine vers l’ouest. Dans ce cadre, il participe aux défaites des généraux américains Josiah Harmar (1790) et Arthur St. Clair (1791) par les forces autochtones. Il se retire définitivement au Canada après que la victoire décisive du général américain Anthony Wayne sur les Autochtones mette fin au conflit de la frontière de l’Ohio lors de la bataille de Fallen Timbers en 1794.
Simon Girty est trop âgé pour prendre part à la guerre de 1812, et il s’enfuit devant les avancées de l’armée américaine en 1813. Cinq ans plus tard, il meurt de causes naturelles chez lui et il est enterré avec les honneurs militaires.
Legs
Simon Girty est perçu par les Américains presque comme un être surnaturel de terreur durant et après la Révolution américaine, mais les histoires sur sa prétendue cruauté sont presque entièrement fondées sur la terrible fin de William Crawford. Un récit fortement romancé de sa mort, écrit par le journaliste américain Hugh Henry Brackenridge, devient une sensation qui établit fermement la réputation de Simon Girty en tant que le « sauvage blanc ».
Simon Girty est dépeint comme un personnage méchant dans les romans sentimentaux américains, ainsi que dans The Devil and Daniel Webster (1937) de Stephen Vincent Benet. Il sert également de modèle au personnage de Sampson Gattrie dans le roman de John Richardson The Canadian Brothers (1840).