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Grant, George Parkin

George Parkin Grant, philosophe de la politique et de la religion (Toronto, 13 nov. 1918 -- Halifax, 27 sept. 1988).

Grant, George Parkin

George Parkin Grant, philosophe de la politique et de la religion (Toronto, 13 nov. 1918 -- Halifax, 27 sept. 1988). Il est le fils de William Lawson Grant, directeur de l'Upper Canada College et le petit-fils de George Monro GRANT, recteur de l'Université Queen's, et de sir George PARKIN, le premier secrétaire du Rhodes Scholarship Trust. Intellectuel connu, Grant est l'un des penseurs canadiens les plus influents de son temps. Ce platonicien chrétien a toujours envisagé la philosophie à la lumière de son étymologie grecque : l'amour de la sagesse.

Grant étudie l'histoire à l'Université Queen's et la théologie à Oxford. Ensuite, il enseigne la philosophie à l'Université Dalhousie de 1947 à 1960, puis à l'Université York, qu'il quitte très rapidement pour une question de principes déontologiques. Il intègre le Département de sciences religieuses à l'Université McMaster. En 1980, il retourne à l'Université Dalhousie comme professeur de science politique, de lettres classiques et de religion.

Grant est un orateur de talent, et son premier livre, Philosophy in the Mass Age (1959), naît d'une série d'interventions à la radio anglaise de la SRC. Dans ce livre, il s'efforce de comprendre comment concilier la liberté morale et la croyance qu'il existe un ordre dans l'univers au-delà de l'espace et du temps. En 1965, furieux de l'acceptation des armes nucléaires par le gouvernement libéral, il publie LAMENT FOR A NATION (trad. Est-ce la fin du Canada? : lamentation sur l'échec du nationalisme canadien), une oeuvre courte qui fait sensation en affirmant que le Canada risque de se fondre dans un état universel et homogène dont le centre serait les États-Unis. En 1969, il publie Technology and Empire, un recueil d'essais édité par son ami le poète Dennis Lee dans lequel il étoffe sa critique de la modernité technologique, et Time as History, publié dans la série The Massey Lectures, dans lequel il explique la dégradation de la situation de l'Occident à la lumière de la pensée de Friedrich Nietzsche. Les oeuvres de Grant des années 1960 influencent profondément le mouvement nationaliste des années 1970, même si la nouvelle gauche n'est pas toujours à l'aise avec l'aspect profondément religieux, quoique non-conformiste, de la pensée de Grant.

Au cours des années 1970, l'écriture de Grant change. Jusqu'alors préoccupé par la communication de sa pensée au grand public, comme l'attestent ses interventions à la radio, ses écrits se font désormais plus complexes; sans pour autant verser dans le jargon ou dans l'écriture pour un public spécialisé, ils demandent plus d'efforts de la part du lecteur. English-Speaking Justice (1974) pose la question platonicienne suivante : comment pouvons-nous savoir que nous devons traiter les autres êtres humains avec justice, surtout après que la Cour suprême des États-Unis a déclaré que le foetus n'est pas une personne? Il en conclut que la science de la nature humaine et non humaine, née quatre siècles plus tôt avec la pensée de Francis Bacon, a mené à une société inadaptée à l'être humain.

Son dernier recueil d'essais, Technology and Justice (1986), est rédigé en collaboration avec sa femme, Sheila Grant. Après trente années de méditation sur l'oeuvre de la philosophe française Simone Weil, il conclut que la civilisation occidentale comporte des lacunes fondamentales sur les plans moral et spirituel et, de ce fait, s'effondre de l'intérieur et est donc vouée à la disparition. Toutefois, en tant que chrétien, Grant croit qu'elle sera remplacée par quelque chose de plus noble. De son vivant, Grant est considéré avant tout comme un penseur politique. Depuis sa mort, c'est surtout la dimension religieuse de sa pensée qui retient l'attention, et beaucoup de chercheurs le considèrent comme un des théologiens canadiens les plus originaux de la deuxième moitié du XXe siècle.

Malgré ses opinions, Grant reçoit de nombreux diplômes honorifiques et distinctions, dont l'Ordre du Canada.