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Harriet Tubman

Harriet Tubman (née Araminta « Minty » Ross), abolitionniste, « chef de train » du Chemin de fer clandestin (née dans le comté de Dorchester, Maryland, vers 1820 ; décédée à Auburn, New York, le 10 mars 1913). Harriet Tubman s’est échappée de l’esclavage dans le sud des États-Unis et est devenue une abolitionniste de premier plan jusqu’à la Guerre de Sécession. Elle a conduit de nombreux esclaves vers la liberté dans les États libres du Nord et jusqu’au Canada, par le chemin de fer clandestin, un réseau secret de trajets et de maisons sécurisées qui aidaient les esclaves à échapper à l’esclavage.

Maison de Harriet Tubman à New York
Tubman, Harriet
Portrait d'Harriet Tubman, de W. J. Moses, vers 1869.

Jeunesse

Esclave née dans l’État du Maryland, Harriet Tubman passe son enfance à travailler au profit de ses propriétaires sans percevoir de rémunération. Préférant travailler dans les champs, elle apprend à suivre des indications géographiques et à utiliser des herbes médicinales à des fins thérapeutiques avec l’aide de sa famille et d’autres esclaves. Ces compétences de survie s’avèrent inestimables lorsque Harriet Tubman constate que le seul moyen de gagner sa liberté est de s’enfuir.

En 1834, Harriet Tubman est témoin de la tentative de fuite d’un jeune homme. Elle est frappée à la tête lorsque le propriétaire lance un objet lourd vers l’évadé. Elle est gravement blessée et souffre de convulsions, d’hallucinations et de crises de sommeil pour le reste de sa vie.

En 1844, elle épouse John Tubman, un homme noir libre. Cependant, le mariage n’est pas reconnu par la loi et elle reste esclave. Elle tente de convaincre son mari de s’enfuir avec elle vers le nord, où ils pourraient vivre en liberté tous les deux, mais il refuse.

Chemin de fer clandestin

Après le décès de son propriétaire en mars 1849, Harriet Tubman se trouve dans une situation difficile. Pour régler leurs dettes, les propriétaires ou leurs familles vendent souvent leurs esclaves afin de réduire leurs actifs. Harriet Tubman craint d’être vendue à un nouveau propriétaire et elle s’enfuit donc vers le nord. Elle se rend jusqu’à Philadelphie avec l’aide de quakers qui sont actifs dans le Chemin de fer clandestin.

Harriet Tubman travaille à Philadelphie pendant un an afin de réunir suffisamment de fonds pour sa première mission de sauvetage. En décembre 1850, elle apprend que sa nièce Kessiah et ses deux filles seront vendues à un autre esclavagiste. Harriet Tubman retourne secrètement dans le Maryland, où elle les aide à s’échapper, et elle les reconduit jusqu’à Philadelphie. C’est le début de sa carrière de « chef de train ».

Harriet Tubman reçoit l’aide d’abolitionnistes, comme Jermaine Loguen, Frederick Douglass, Thomas Garrett Jr. et William Still, pour aider ceux en quête de liberté à trouver la sécurité grâce au réseau secret. Ces hommes dirigent des stations du chemin de fer clandestin, où les évadés peuvent trouver nourriture, vêtements et aide financière.

Au début, Harriet Tubman et ses charges sont en sécurité dès qu’ils arrivent dans le nord des États-Unis. Cependant, en 1850, la loi des esclaves fugitifs est adoptée. Selon cette loi, tout esclave ayant trouvé refuge dans les États libres du Nord pourrait retourner à l’esclavage dans le sud une fois capturé. Par conséquent, Harriet Tubman modifie son trajet de fuite pour qu’il se termine au Canada. Elle commence et termine donc ses missions de sauvetage à St. Catharines, dans le Canada-Ouest (maintenant l’Ontario), et y déménage en 1851. Plus tard, elle affirme : « En ce qui concernait mon peuple, je ne pouvais plus faire confiance à l’oncle Sam. J’ai donc amené mon peuple jusqu’au Canada. »

Vie à St. Catharines

St. Catharines est l’un des « terminus » du Chemin de fer clandestin. Lorsque Harriet Tubman y arrive en décembre 1851, elle trouve rapidement un emploi et loue une maison sur North Street. À ce moment-là, il y a déjà une petite communauté de Noirs qui grandit rapidement dans la ville en raison de l’arrivée des esclaves en fuite. Selon un journal local, vers la fin de 1855, la population noire vivant à St. Catharines compte 500 personnes, alors que le total de la population de la ville est de 7 060 habitants. À peine six ans plus tard, l’abolitionniste américain William Wells Brown rapporte qu’on dénombre 800 personnes dans la communauté et qu’à peu près « sept cents d’entre eux sont d’anciens esclaves. »

On retrouve parmi les voisins et voisines d’Harriet Tubman des tonneliers, des cordonniers, des bûcherons, des domestiques et des fermiers. Le centre de la colonie noire de St. Catharines se situe à 100 mètres à peine de la résidence de Harriet Tubman, à l’intersection des rues North et Geneva. Deux églises y sont situées : la Zion Baptist Church, dirigée plus tard par le fameux fugitif Anthony Burns, et l’église African Methodist Episcopal (AME). De nos jours, l’église AME constitue un site du patrimoine et est connue sous le nom de Salem Chapel, British Methodist Episcopal Church. Les deux églises offrent le soutien spirituel et social à la communauté libre grandissante.

Harriet Tubman habite dans sa résidence de la rue North avec les membres de sa famille. Elle poursuit ses efforts humanitaires à St. Catharines, ouvrant souvent ses portes à d’autres esclaves en fuite nouvellement arrivés. Elle offre également nourriture et vêtements à ceux qui en ont besoin. Elle s’implique dans un organisme de bienfaisance fondé par le révérend Hiram Wilson pour les esclaves nouvellement arrivés. En 1861, elle fonde, avec son frère William Henry, une organisation bienfaisante appelée Fugitive Aid Society of St. Catharines pour aider ces mêmes esclaves. Elle accueille même les enfants orphelins de la région.

En 1858, elle rencontre John Brown, le dirigeant révolutionnaire de l’attaque sur Harper’s Ferry, Virginie de l’Ouest. Harriet Tubman soutient le plan de rébellion de John Brown contre l’esclavage dans le sud des États-Unis. Elle organise une réunion dans sa propre résidence pour lui trouver des recrues et pour partager toute information qui serait utile à son complot. John Brown désire aussi que le « général Tubman » l’accompagne lors de la rébellion, mais sa santé l’empêche de se joindre à lui.

Harriet Tubman réside dans cette ville de la région du Niagara entre 1851 et 1861, pendant des durées variées, tout en continuant ses missions de sauvetage dans le Maryland.

Missions de sauvetage

Les incursions de sauvetage audacieuses sont très bien organisées. Harriet Tubman trace ses propres chemins à travers marécages et forêts, parcourant différents États en naviguant par l’étoile du Nord. Elle voyage seulement la nuit et cache ses passagers dans des endroits discrets pendant le jour. Elle crée son propre réseau de refuges et emploie plusieurs stratégies pour cacher ses charges et leur identité. Par exemple, elle débute plusieurs de ses missions le samedi soir pour gagner du temps avant que les annonces d’esclaves en fuite apparaissent dans le journal du lundi. En tout, Harriet Tubman accomplit au moins dix voyages et transporte au moins 70 personnes, y compris sa propre famille, vers la liberté au Canada. Admirablement, elle échappe toujours à ses poursuivants et ne perd jamais de passagers.

Retour aux États-Unis

Harriet Tubman déménage ses parents et son frère John à Auburn, New York, en 1859. Les deux hivers qui ont précédé étaient trop rigoureux pour ses parents âgés, qui sont malheureux à St. Catharines. Le sénateur new-yorkais William Seward lui offre une maison et un terrain qui sont à vendre selon des modalités très raisonnables à Auburn, où il y a une petite communauté d’esclaves en fuite venant du comté de Dorchester, dans le Maryland. Harriet Tubman commence à prononcer des discours lors de rassemblements contre l’esclavage pour ramasser de l’argent afin de soutenir sa famille et le mouvement abolitionniste. Elle partage ses histoires sur les horreurs de l’esclavage et sur ses angoissantes missions de sauvetage. Lorsqu’elle retourne aux États-Unis, elle développe son militantisme pour inclure les Droits de la Personne et s’implique dans le Mouvement pour le Droit des Femmes. Au début de 1862, après l’éclatement de la Guerre de Sécession, elle se rend en Caroline du Sud pour s’enrôler dans l’armée de l’Union. Elle sert en tant qu’infirmière, espionne, éclaireur, blanchisseuse et cuisinière jusqu’en 1864.

Après la guerre civile, Harriet Tubman retourne chez elle à Auburn, où elle se remarie et adopte une petite fille. Au début des années 1900, elle construit et dirige une maison de retraite sur son terrain pour les Afro-Américains âgés. Elle poursuit ses efforts de lutte pour les droits des femmes et des Afro-Américains.

Héritage

Harriet Tubman meurt le 10 mars 1913 à Auburn. Elle a consacré sa vie au service des autres et à la lutte pour la liberté et l’égalité. Son activisme s’est étendu au-delà de ses missions audacieuses qui ont conduit les esclaves en fuite vers la liberté. Elle a voyagé aux États-Unis pour dénoncer l’esclavage et a lutté pour le vote universel. En l’honneur de son courage, de ses efforts humanitaires, de son héroïsme et de sa vie vouée au service des autres, on déclare le 10 mars la journée Harriet Tubman aux États-Unis, ainsi qu’à St. Catharines, en 1990. En 2005, elle est reconnue comme personne d’importance historique par le gouvernement canadien.

Harriet Tubman demeure aujourd’hui un symbole éminent de la liberté. Elle est la source d’inspiration pour la Harriet Tubman Community Organization, fondée en 1972 à North York, en Ontario. L’organisation travaille en partenariat avec des institutions et d’autres organisations afin d’établir des relations avec les jeunes qui sont victimes de racialisation. En 2019, le film Harriet de Kasi Lemmons, premier long métrage sur Harriet Tubman, est présenté en première au Festival international du film de Toronto (TIFF).  

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