Esther Marjorie Hill, architecte (née le 29 mai 1895 à Guelph, en Ontario; décédée le 7 janvier 1985 à Victoria, en Colombie-Britannique). Marjorie Hill a été une pionnière pour de nombreuses femmes dans la profession d’architecte au Canada. Elle a été la première femme admise au programme d’architecture de l’Université de l’Alberta en 1916 (le programme a été supprimé en 1939), elle a ensuite poursuivi ses études à l’Université de Toronto, et elle est devenue la première femme diplômée en architecture au Canada. Elle a été accréditée comme architecte en Alberta en 1925, et en Colombie-Britannique en 1952. Elle a été la première femme à siéger au comité d’urbanisme de Victoria, de 1946 à 1952.
Éducation et début de carrière
Les études et la carrière professionnelles de Marjorie Hill coïncident avec le début du droit de vote des femmes au Canada. Marjorie Hill est confrontée à une discrimination considérable, tant à l’université que dans sa profession. Le directeur du département d’architecture de l’Université de Toronto, C.H.C. Wright, s’absente lors de la collation de grades en 1920, lorsqu’elle reçoit son baccalauréat. La même année, le seul emploi qu’elle peut trouver à Toronto est celui de décoratrice d’intérieur au grand magasin Eaton. Sa première demande d’accréditation en tant qu’architecte en Alberta, en 1921, est rejetée. Sa deuxième demande est acceptée uniquement parce que la législature de l’Alberta modifie la Loi sur les architectes pour admettre « tout diplômé de toute école d’architecture du Dominion de Sa Majesté. »
La carrière professionnelle de Marjorie Hill commence au début de 1922, lorsqu’elle est embauchée à titre de dessinatrice industrielle par MacDonald and Magoon, des architectes d’Edmonton. Elle quitte la firme plus tard cette même année pour étudier l’urbanisme à l’Université de Toronto, et elle se rend à New York en 1923 pour suivre un cours d’été à l’Université de Colombia. Elle demeure à New York pour travailler avec l’architecte Marcia Mead jusqu’à la fin de 1924, et elle retourne ensuite à Edmonton. En 1925, Katherine C. Budd lui offre un poste à New York, où elle continue à travailler pour Katherine C. Budd et d’autres architectes jusqu’en 1928, lorsque le travail en architecture commence à se faire rare. Elle retourne à nouveau à Edmonton, et elle est embauchée par MacDonald and Magoon, avec qui elle travaille sur plusieurs projets, dont la bibliothèque publique d’Edmonton, jusqu’en 1930 lorsque la crise des années 1930 réduit considérablement le travail.
Faits saillants de carrière
Ingénieuse et indépendante, Marjorie Hill gagne sa vie pendant la crise des années 1930 en appliquant ses compétences en design au tissage, à la fabrication de gants, à la production de cartes de souhaits sur une presse à main, et en enseignant ces compétences (voir Artisanat). Elle rédige un livret sur les gants faits sur mesure pour la Craftsman’s Library. En 1936, elle déménage à Victoria, où elle ouvre finalement son propre cabinet d’architecture. Cependant, elle continue à tisser, à filer, et à enseigner ces méthodes, remportant plusieurs prix, dont le premier prix de l’Exposition nationale canadienne de Toronto en 1942, en utilisant les techniques des tisserands finlandais, dont elle admire à la fois la technique et le design. Elle porte ses propres vêtements qu’elle conçoit elle-même jusqu’à la fin de ses jours.
La première commande indépendante de Marjorie Hill à Victoria est la conversion d’une maison unifamiliale en duplex, en 1940. Durant les années que dure la Deuxième Guerre mondiale, elle conçoit plusieurs maisons et elle convertit de grandes demeures en appartements, concevant parfois trois résidences par semaine, et travaillant toujours seule. Après avoir obtenu son accréditation de la Colombie-Britannique en 1952, elle conçoit plusieurs immeubles résidentiels, l’édifice principal du Lincoln Cemetery, et celui du Fellowship Hall. Elle conçoit également le premier foyer de soins de santé à Victoria, le Glenwarren Lodge Private Hospital.
Legs
Marjorie Hill fait preuve de préoccupation sociale dans son travail, et elle vante les vertus du soleil, de la lumière, et de l’espace bien avant la plupart des architectes canadiens. Sa sensibilité essentiellement moderniste se révèle dans les façades sans fioritures de ses bâtiments, et dans son souci de créer des demeures confortables, éclairées d’une bonne lumière naturelle, ayant une bonne ventilation, et aménagées pour en faciliter l’entretien ménager. Les maisons que Marjorie Hill conçoit ont des avant-toits profonds, de grandes fenêtres, des plafonds voûtés, des meubles encastrés, des aires de rangement spacieuses, des cuisines et des buanderies pratiques. Ses quelques dessins qui subsistent sont conservés dans les archives de l’Université de Toronto.