Histoire du Canada dans la musique
Histoire du Canada dans la musique. Il s'agit d'une étude rétrospective de la musique quant à ses rapports avec des événements et des personnages de l'histoire du Canada. Le lien est généralement établi par le texte d'un livret ou d'une chanson, rarement par la musique elle-même, comme c'est le cas pour un poème symphonique ou une oeuvre de musique à programme. Parfois, le titre seul évoque le rapport de façon superficielle, plus souvent qu'autrement afin de souligner un anniversaire. La musique reliée plus directement à des événements historiques est discutée dans les articles suivants : Bataille, Chansons de sinistres, Chansons politiques, Chants patriotiques, Confédération, Couronnements, Guerres, rébellions et soulèvements, Souverains, hommes d'État et autres personnages publics.
Jacques Cartier est sans doute le premier personnage de l'histoire à avoir inspiré des musiciens. Son débarquement historique sur la côte de Gaspé en 1534, où il prit possession de cette terre nouvelle au nom du roi de France, est à l'origine d'une ode symphonique, La Découverte du Canada, « par le même [un professeur], représentée au même endroit [Mont Saint-Louis], le 1er mai 1905 » (L'Annuaire théâtral, 1905), et d'une Ode à Jacques Cartier pour solistes, choeur et orgue, composée en 1935 par Joseph Vermandere sur des paroles de Louis Bouhier. Bengt Hambraeus écrivit le livret pour son opéra L'Ouï-dire, un tribut à Jacques Cartier composé en 1986. John Beckwith mit en musique Les Premiers hivernements, d'après des textes de Samuel de Champlain et Marc Lescarbot qui décrivaient les premiers hivers des explorateurs européens au Canada à Sainte-Croix (1604-05) et Port-Royal (1606-07). Les membres de L'Ordre de Bon Temps, société fondée par Champlain à Port-Royal en 1606, sont à l'origine du titre, du sujet et des personnages (Champlain, Poutrincourt et Lescarbot) du « ballad opera » L'Ordre de Bon Temps de Healey Willan, créé en 1928 aux festivals du CP. Le missionnaire jésuite Jean de Brébeuf (1593-1649) est le sujet d'une cantate de Willan, Brébeuf (1943), sur un texte d'E.J. Pratt, de Brébeuf de R. Murray Schafer (1961, pour baryton et orchestre) sur des paroles du compositeur, et d'une oeuvre de Paul McIntyre, la symphonie dramatique Jean de Brébeuf (1962). Marie de l'Incarnation (1599-1672), ursuline et mystique appartenant à une classe bourgeoise et qui délaissa une vie facile en France pour venir établir une communauté catholique romaine en Nouvelle-France, inspira à Anhalt La Tourangelle (1975). Marguerite Bourgeoys, fondatrice des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame en 1658, béatifiée en 1950, inspira à Omer Létourneau une Cantate datant de l'année de cette béatification. Mère d'Youville, oratorio de Marius Benoist, honore la fondatrice (1701-1771) d'un autre ordre, celui des Soeurs Grises. The Spirit of Fundy (1972) de Norman Symonds fait revivre la rivalité et les dissensions entre deux Acadiens du XVIIe siècle, Charles de la Tour et un nommé Charnisay. D'autres oeuvres du XXe siècle dont le sujet est emprunté à des événements du XVIIIe siècle mettent en scène François Bigot (1703-1777), dernier intendant de la Nouvelle-France; la figure légendaire d'Évangéline (avec, en arrière-plan, la Déportation des Acadiens exilés de Grand Pré, N.-É., en 1755); ainsi que les Loyalistes de l'Empire uni qui se réfugièrent au Canada après la révolution amér. de 1776. L'Intendant Bigot, opéra en trois actes de J.-Ulric Voyer sur un livret d'Alfred Rousseau, fut représenté à Montréal en 1929. Evangeline est le titre d'un opéra de Graham George (1948), d'un oratorio de Robert Talbot, et d'autres oeuvres de plusieurs compositeurs. Douglas Major (de Saint-Jean, N.-B.) composa The Loyalists, opéra sur un texte de Patricia Collins qui fut chanté en 1967. Une légende dont les origines se situent en Nouvelle-France vers 1740 a inspiré deux ballets portant le titre Rose Latulippe. Le premier fut composé pour la télévision en 1953 par Maurice Blackburn, et le second pour le Ballet royal de Winnipeg en 1966 par Harry Freedman. La « cantate documentaire » The Hector de Beckwith raconte l'histoire d'un voilier qui transporta près de 200 immigrants d'Écosse en Nouvelle-Écosse en 1773. Eugène Lapierre a composé des opéras-comiques inspirés de la vie de deux compositeurs : Joseph Quesnel (Le Père des amours, 1942) et Calixa Lavallée (Le Vagabond de la gloire, 1947). Serinette, de Harry Somers, est situé dans le Haut-Canada peu après la guerre de 1812 et marie des personnages et des événements réels et fictifs.
L'histoire de l'Ouest canadien a fourni le sujet de cinq opéras dont trois créés à l'occasion des célébrations du Centenaire en 1967. Grant, Warden of the Plains de Murray Adaskin (créé à la radio de la SRC) met en scène le conflit qui opposa Cuthbert Grant de la Compagnie de la Baie d'Hudson et Alexander Macdonnell. The Brideship de Robert Turner (aussi créé à la radio de la SRC) a pour cadre la Colombie-Britannique à l'époque de la ruée vers l'or. Dans Louis Riel (1967), Somers évoque des épisodes de la vie du héros tragique des Rébellions du Nord-Ouest. De toutes les évocations musicales de l'histoire canadienne, cette oeuvre de Somers demeurait en 1990 la plus ambitieuse et la plus saisissante. Episode at Big Quill (1979) de Norman Symonds renvoie aux décès tragiques de huit enfants d'une colonie du nord de la Saskatchewan, lors d'une épidémie d'influenza autour des années 1900. Ghost Dance, un opéra de Gregory Levin, sur un livret de Mavor Moore, raconte les dernières années de Sitting Bull, le célèbre chef sioux, guerrier dont la tribu passa quatre ans dans la région de Wood Mountain en Saskatchewan.
Le Klondike, région du Yukon qui devint célèbre lors de la ruée vers l'or à la fin du XIXe siècle, a suscité la création de plusieurs comédies musicales, parmi lesquelles Klondyke de Gabriel Charpentier (1965), In the Klondike de Dolores Claman (1967) et Klondike Kate de Tommy Banks (1968). La comédie musicale Billy Bishop Goes to War (1978), de John Gray et Eric Peterson, s'inspire des exploits d'un pilote canadien durant la Première Guerre mondiale.
Assez peu de compositeurs ont cherché dans l'histoire canadienne une source d'inspiration. Ce fait est imputable autant à l'orientation internationale de la plupart des compositeurs canadiens qu'à la qualité souvent douteuse de l'enseignement et des écrits sur le passé du pays.
Beaucoup d'autres compositions, plus courtes et de circonstance, ont été inspirées du temps jadis. Comme exemples, citons « Hail to Toronto » d'Ernest MacMillan, écrite à l'occasion du centenaire de l'incorporation de la ville en 1934; Frontenac (1879) et Vive Champlain (1898) de Vézina; Marche Jacques Cartier (1904) de H.V. Roy, dédiée à un premier ministre du Québec, Simon-Napoléon Parent; « For Canada Fight : A song of 1812 » (1886) d'Edwin Gledhill; « Brant Memorial Hymn » pour choeur de C.A. Garratt, écrite pour le dévoilement en 1886 d'une statue en l'honneur du chef indien Joseph Brant (1742-1807). Le chant patriotique « Le Drapeau de Carillon » (1858), de C.W. Sabatier, rappelle la victoire de Montcalm sur les troupes britanniques à Fort Carillon (Ticonderoga, N.Y.) un siècle plus tôt.
Il va sans dire que de la musique de scène a été écrite pour d'innombrables films, pièces de théâtre, émissions dramatiques et documentaires à la radio et à la télévision traitant de sujets historiques. Dans les années 1980 et au-delà, les chansons de Nancy White pour le programme « Sunday Morning », radiodiffusé au réseau anglais de la SRC, commentaient l'actualité politique.
Voir aussi Livrets 4.