Ingrid Veninger est réalisatrice, directrice, actrice et scénariste (née le 21 août 1968 à Bratislava, en Slovaquie). La championne canadienne du « Faites-le vous-même », Ingrid Veninger, est une cinéaste aux multiples talents. Elle fait ses débuts en tant qu’artiste avant de produire des documentaires et des émissions couronnés, puis en écrivant et en mettant en scène ses longs-métrages et courts-métrages. Celle que Tom McSorley de l’Institut canadien du film acclame comme « l’un des talents les plus dynamiques, perceptifs et productifs du Canada » sort de l’obscurité au début des années 2010, jouissant d’une influence importante sur le milieu du cinéma indépendant au Canada et inspirant une nouvelle vague de productions à petit budget.
Début de carrière
Née à Bratislava, en Slovaquie, en 1968, Ingrid Veninger immigre au Canada avec ses parents dans les années 1970. Adolescente, elle se passionne pour les arts dramatiques, et joue dans plusieurs films et séries télévisées, notamment la comédie dramatique Airwaves (1986-1987) sur CBC. En 1989, à l’âge de 21 ans, elle étend ses activités au domaine de la production en acquérant les droits d’adaptation du roman Œil-de-chat, de Margaret Atwood. Ingrid Veninger travaille aussi comme assistante-réalisatrice dans l’Expert en sinistre (1991), d’Atom Egoyan, et produit Standards (1992), un documentaire musicale de Jeremy Podeswa sélectionné pour un Prix Génie, et le documentaire de Peter Mettler sur les aurores boréales, Pictures of Light (1994).
Centre canadien du film et pUNK FILMS Inc.
En 2000, après avoir surtout travaillé comme actrice pendant les années 1990 (dont un rôle récurrent dans la série d’action La Femme Nikita), Ingrid Veninger s'inscrit au Centre canadien du film, où elle produit un court-métrage de sa collègue de classe Julia Kwan, Three Sisters on Moon Lake (2001). Ce film couronné sera par la suite présenté à Sundance et au Festival international du film de Toronto. Elle partage ensuite la vedette avec Jackie Burroughs et Maury Chaykin dans On their Knees (2001), d’Anais Granofsky, et produit Gambling, Gods and LSD (2002), de Peter Mettler, film encensé par la critique et gagnant du Prix Génie pour le meilleur documentaire.
En 2003, Ingrid Veninger fonde sa compagnie de production, pUNK FILMS Inc., et commence à travailler sur ses projets en tant que scénariste et réalisatrice. Elle coréalise le court-métrage expérimental Urda/Bone (2003), avec Charles Officer, qui est présenté au New York Film Festival et distribué par Mongrel Media. D’autres courts-métrages font suite, dont The Bunny Project (2004) et Mama (2005), qui mettent tous les deux en vedette son fils, Jacob Switzer, et Everything is Love and Fear (2006), tourné dans un hôtel de Vladivostok. Elle joue également dans Re-Generation (2004), d’Anais Granofsky, un film dystopique qu’elle avait coécrit et qui est présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto sous son titre original, The Limb Salesman.
Longs-métrages et le Jay Scott Prize
Ingrid Veninger coécrit et codirige son premier long-métrage en collaboration avec Simon Reynolds : Only (2008). Ce film à petit budget avec comme thème majeur le passage de l’enfance à l’âge adulte suit deux préadolescents, un garçon et une fille (joués par Jacob Switzer et Elena Hudgins Lyle), qui se promènent autour de Parry Sound, en Ontario. Only est présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto, où il est généralement bien accueilli par la critique, par exemple le cinéaste et blogueur américain Michael Tully écrit que « Chaque fois que je vois un film comme Only, je me dis que le cinéma est encore digne de ma confiance. » L’année suivante, Ingrid Veninger est sélectionnée pour le Prix Génie pour productrice et coscénariste pour Mère. Protecteur. Innocence (2008), de Charles Officer.
En 2010, elle retourne au Festival international du film de Toronto avec Modra, son premier film en tant que scénariste-réalisatrice en solo. Le film met en vedette sa fille, Hallie Switzer, dans le rôle d’une adolescente torontoise qui passe un été avec sa famille élargie dans leur Slovaquie natale. Hallie Switzer joue aussi dans i am a good person/i am a bad person (2011), qui avait été tourné alors que sa mère faisait le tour des festivals du film en Europe avec Modra. La manière dont le film décrit le syndrome de la page blanche et les relations familiales ont poussé certains à se demander s’il n’était pas de nature autobiographique. En reconnaissance de son ingénuité et de sa prolificité, la Toronto Film Critics Association lui a remis en 2011 le Jay Scott Prize, une récompense de 5000 $ remise chaque année à un artiste émergent.
1K Wave, The Animal Project et pUNK FILMS Femmes Lab
Au début 2012, Ingrid Veninger annonce qu’elle utilisera le Jay Scott Prize pour financer cinq longs-métrages, sans que leur budget ne dépasse pas 1000 $ chacun. La 1K Wave est une compétition de présentation qu’elle organise avec Stacey Cohen, une ex-programmatrice pour le Festival international du film de Toronto devenue distributrice. Il en résulte plusieurs films, dont Hotel Congress (2014), de Nadia Litz. Également en 2012, l’Institut canadien du film présente une rétrospective de cinq films sur l’œuvre d’Ingrid Veninger, Intimacies: the Cinema of Ingrid Veninger, et publie une monographie du même nom qui comprend des dissertations portant sur ses films.
Elle réalise ensuite un documentaire de Petter Mettler, The End of Time (2012), qui fait ses débuts au Festival international du film de Locarno et est choisi par le Festival international du film de Toronto pour sa sélection des dix meilleurs films canadiens de l’année. Par la suite, elle écrit, dirige et réalise The Animal Project (2013), un film mettant en vedette Aaron Poole dans le rôle d’un dramaturge en quête d’inspiration, où elle réutilise des séquences de son précédent court-métrage The Bunny Project. Quand l’Alliance of Women Film Journalists lui remet un prix au Whistler Film Festival pour The Animal Project, Ingrid Veninger en profite pour annoncer son prochain projet : un atelier d’écriture pour femmes scénaristes. Elle mentionne au passage que toute contribution de la part des spectateurs est bienvenue. Intéressée, l’actrice gagnante d’un Oscar Melissa Leo s’engage sur le champ à contribuer la somme de 6000 $, et le premier pUNK FILMS Femme Lab a lieu en 2014.
Récompenses
- Meilleur documentaire (Gambling, Gods, and LSD), Prix Génie (2003)
- Prix du public, International (Modra), International Film Festival Bratislava (2010)
- Jay Scott Prize (i am a good person/i am a bad person), Toronto Film Critics Association Awards (2012)
- Prix du meilleur film (The Animal Project), Alliance of Women Film Journalists (2013)