Isabel Mackenzie King | l'Encyclopédie Canadienne

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Isabel Mackenzie King

Isabel Grace Mackenzie King (née le 6 février 1843 à New York, aux États-Unis; décédée le 18 décembre 1917 à Ottawa, en Ontario). Isabel Mackenzie King était la fille du dirigeant de la rébellion du Haut-Canada de 1837, William Lyon Mackenzie, et elle était également la mère du premier ministre, William Lyon Mackenzie King. Elle avait une relation intense avec son fils, et elle a soutenu le développement de sa carrière politique.

Isabel King, fille de William Lyon Mackenzie et mère de William Lyon Mackenzie King (Toronto, 1885).

Jeunesse

Isabel Grace Mackenzie est la plus jeune des 13 enfants d’Isabel Baxter et de William Lyon Mackenzie, un journaliste, politicien, et dirigeant de la rébellion du Haut-Canada 1837, originaire d’Écosse. Elle est née à New York, sa famille ayant fui le Canada après l’effondrement de la rébellion. Durant l’enfance d’Isabel, la famille Mackenzie connait la pauvreté, et six de ses 12 frères et sœurs meurent. En 1849, son père est gracié et l’année suivante, la famille retourne à Toronto. En 1851, William Lyon Mackenzie est élu à l’Assemblée législative de la Province du Canada. Isabel fait ses études à l’école Miss MacNally, au Ladies’ Seminary, et au Loretto Abbey de Toronto. Elle excelle dans la couture et le piano, et elle apprécie les chansons folkloriques canadiennes-françaises comme la chanson « Vive la Canadienne. »

Mariage et enfants

Le 12 décembre 1872, À Toronto, Isabel Mackenzie, alors âgée de 29 ans, épouse John King, un avocat. Le couple déménage à Berlin, en Ontario (maintenant Kitchener), où John King ouvre un cabinet d’avocats. Le couple a quatre enfants; Isabel « Bella » Christina Grace (1873–1915), William « Willie » Lyon Mackenzie (1874–1950), Janet « Jennie » Lindsey (1876–1962), et Dougall « Max » Macdougall (1878–1922). En 1893, la famille déménage à Toronto où John King accepte un poste de chargé de cours à la Osgoode Hall Law School. Au cours de sa carrière, John King connait des revers et des difficultés financières, ce qui frustre son épouse. Elle concentre ses espoirs d’avancement social, ainsi que son besoin de soutien émotionnel et financier sur son fils aîné, William Lyon Mackenzie King.

Influence sur William Lyon Mackenzie King

William Lyon Mackenzie King est dévoué à sa mère. Le 2 septembre 1901, il écrit dans son journal intime : « Mon cœur est rempli d’admiration pour ma mère, de compassion et de sympathie pour elle, elle est si noble, si héroïque, si brave. Son caractère se révèle dans toute sa force et sa tendresse. » Il écrit également qu’il lui a chuchoté à l’oreille : « Je deviendrai peut-être le premier ministre de ce pays, » et il conclut : « Si jamais j’y arrive, ou que je m’approche d’un tel but, ce sera pour sa vie et pour son amour que je l’aurai fait. » L’expression « chère mère » apparait plus de 1000 fois dans les journaux intimes de William Mackenzie King au cours de 57 ans.

Dans sa correspondance avec son fils aîné, Isabel Mackenzie King combine les louanges et les encouragements aux demandes de soutien financier et émotionnel. Dans une lettre datée du 6 avril 1897, alors qu’il étudie à l’Université Harvard et qu’il envisage le mariage, elle lui écrit : « J’ai construit des châteaux sans compter pour toi. Est-ce que tous ces rêves ne se termineront qu’en rêves? Je vieillis maintenant et la déception me lasse, et mon cœur devient malade. Parfois, quand je t’entends tant parler de ce que tu ferais pour ceux qui souffrent, je me dis que la charité bien ordonnée commence par soi-même, et que ce que tu fais à autrui te sera fait en retour. »

Isabel Mackenzie King dissuade son fils aîné de se marier en raison de ses responsabilités envers ses parents et ses frères et sœurs. Alors qu’elle vieillit, sa santé mentale et physique se détériore. Elle subit de graves maux de tête et de l’épuisement suite aux revers de carrière de son mari, ainsi que de brusques sautes d’humeur, passant de l’exaltation au désespoir, ce que ses enfants tentent de gérer en louangeant et apaisant leur « chère mère. »

Image publique

Lorsque William Lyon Mackenzie King est élu à la Chambre de communes pour la première fois en 1908, ses parents sont là pour le voir prendre son siège à l’Assemblée en 1909, et ils assistent aux réceptions données par le gouverneur général Earl Grey et le président de la Chambre des communes, Robert Franklin Sutherland. William Mackenzie King écrit dans son journal que les convives de ces événements « remarquent tous la beauté [de sa mère] et disent “comme elle est distinguée”. Il y a sûrement une rétribution dans tout cela, pour elle comme pour moi. »

Au cours des premières années de la carrière politique de son fils, la notoriété publique d’Isabel Mackenzie King est limitée. Selon la journaliste et autrice Heather Robertson : « En fait, peu de gens à Ottawa ont réellement rencontré Isabel King… jusqu’à la dernière année de sa vie, elle a vécu à Kitchener ou à Toronto, ne visitant Willie qu’à Kingsmere, sa maison d’été dans les collines de Gatineau au nord d’Ottawa, où elle ne voyait pratiquement personne d’autre que la voisine de Willie, madame Herridge. »

Isabel et Janet King

C’est William Mackenzie King qui façonne l’image de sa mère au cours de ses dernières années et après son décès en 1917. En tant que premier ministre, il parle souvent de sa mère, livrant un long discours sur ses parents lors de la Conférence de Québec de 1944. Il présente le portrait de sa mère au roi George VI et à la reine Elizabeth (plus tard nommée la reine mère) durant la visite royale de 1939, attirant l’attention sur « la lumière de feu sur le visage de ma mère, et la lumière plus douce derrière ses cheveux. » En privé, William Mackenzie King fait des efforts pour contacter sa mère défunte par le biais du spiritualisme, et il écrit, dans ses journaux intimes, les conseils et les encouragements qu’il croit avoir reçus lors de ces séances.

William Lyon Mackenzie King, assis devant le tableau de sa mère Isabel King peint par J.W.L. Forster, dans la bibliothèque de la maison Laurier, à Ottawa, vers 1945.

Décès

Isabel Mackenzie King ne vit pas assez longtemps pour voir son fils devenir premier ministre en 1921. Elle meurt en 1917, quelques heures après sa défaite lors des élections fédérales de décembre. Ses derniers mots sont « pauvre âme », en réponse à la nouvelle de la défaite. Sa fille Bella est décédée en 1915, et elle est veuve depuis 1916, alors elle passe la dernière année de sa vie à vivre avec son fils dans son appartement d’Ottawa. Il est le seul héritier de sa succession. La mère et le fils sont tous deux enterrés dans le lot familial au cimetière Mount Pleasant à Toronto.

Legs

Isabel Mackenzie King a été critiquée par les récents biographes pour sa relation avec son fils William Lyon Mackenzie King. La publication des journaux intimes de ce dernier, qui sont parus tout d’abord dans les années 1970, met en lumière la relation intense entre la mère et le fils. En 2011, le biographe de William Mackenzie King, Allan Levine, déclare : « Les historiens n’ont généralement pas été gentils envers Isabel, la considérant comme une personne égocentrique, possessive, manipulatrice, voire même malveillante. » Selon le biographe de 1980 de William Mackenzie King, Joy E. Esberey : « Si Isabel Mackenzie devait être jugée selon ses propres réalisations, elle sombrerait dans l’oubli. »

Sa biographe Charlotte Gray présente un récit plus sympathique de son caractère et de ses motivations, et elle conclut que, ayant été déçue par son mari : « Elle a organisé sa vie autour de son fils qui s’est épanoui dans la chaleur de son amour ». Charlotte Gray souligne également la pression que vivaient les femmes de son milieu social, les « piètres distinguées » qui devaient présenter une apparence de luxe tout en ayant un pénible horaire de tâches ménagères avec peu d’aide ou peu d’appareils permettant une économie de travail.

Dans la culture populaire, elle est surtout reconnue comme étant celle que William Mackenzie King a tant essayé de contacter après son décès par le biais du spiritualisme. Elle est le sujet d’une pièce de théâtre de 1979, Isabel : The Continuous Dream of the Former Prime Minister: A Play in Three Acts, par Elizabeth Gourlay. L’étroite relation entre elle et son célèbre fils a été explorée et satirisée par des auteurs canadiens. Le poète Dennis Lee a écrit : “William Lyon Mackenzie King/Sat in the middle and played with string,/And he loved his mother like anything—/William Lyon Mackenzie King” (William Lyon Mackenzie King/Assis au centre et jouant avec une ficelle/Et il aimait sa mère comme tout/William Lyon Mackenzie King [traduction libre]).