Islande
Islande. Le premier contingent important d'Islandais arriva au Canada en 1873 et, en 1875, il se fixa sur la rive ouest du lac Winnipeg. La colonie (sur le site des villes actuelles de Gimli et Riverton, Man.), connue sous le nom de Nouvelle-Islande, était autonome et possédait sa propre constitution. Lorsque la province du Manitoba fut agrandie pour englober le district du Keewatin, les Néoislandais votèrent en faveur de l'annexion à la province. Plus tard, d'autres groupes d'Islandais établirent des colonies dans les prairies et en Colombie-Britannique. Plusieurs se fixèrent également à Winnipeg où ils se consacrèrent aux affaires et embrassèrent diverses professions. Le recensement de 1986 dénombrait 14 470 Canadiens d'origine islandaise. Gimli est demeuré le centre de la culture islandaise au Canada, et accueille des festivals islandais chaque année depuis 1889. Les Islandais étaient parmi les plus instruits des premières minorités d'immigrants du Canada. Les familles les plus pauvres possédaient une bibliothèque, même modeste. La récitation et la composition de poèmes étaient un passe-temps favori, et au moins deux poètes canadiens-islandais, Guttormur J. Gurrormsson et Stephan G. Stephansson (1853-1927), devinrent célèbres en Islande même. Huit poèmes de Stephansson furent mis en musique sur des mélodies de style bluegrass, folk-rock ou ballade par le musicien canadien Richard White pour son album Sun Over Darkness Prevail (1985). Plusieurs poètes folkloriques ont perpétué au Canada les poèmes philosophiques ou bucoliques de quatre vers, développés à un degré élevé par le « húsgangar », coutume islandaise où les versificateurs vont de maison en maison dans une sorte de compétition pour déterminer lequel est le meilleur. Les quatrains étaient souvent chantés sur des airs simples. Plusieurs autres formes de chansons folkloriques ont subsisté au Canada. De rares exemples de l'ancien rimur furent recueillis et enregistrés à Gimli au cours des années 1960 auprès d'un informateur d'un certain âge, Valdimar Jonsen. Ces longs récits comprennent parfois de 50 à 60 quatrains et décrivent les exploits de héros folkloriques islandais tels Fertram, Jómsvikingar et Hjálmar, toujours sur une mélodie simple et archaïque; les textes sont souvent aussi écrits dans un langage archaïque. Les chansons folkloriques ultérieures sont plus développées musicalement et beaucoup plus courtes. Elles incluent des chansons d'amour, des chansons à boire, des chansons de bergers ou de pêcheurs, des chants religieux parfois satiriques et une foule de chansons de circonstance sur des sujets variés. (Un conte folklorique islandais fut à la base de l'opéra The Lay of Thrym de Jack Behrens.) Un petit nombre de ballades ont survécu. Beaucoup de chansons sont d'origine littéraire, d'où la difficulté de faire la distinction habituelle entre « chanson de folklore » et « mélodie chantée ». Des accompagnements de piano et de violon ajoutent une dimension plus sophistiquée à la présentation de la chanson de folklore. L'accompagnement est essentiel aux chansons composées sur place comme The Gimli Waltz. Des arrangements de quelques chansons islandaises ont été faits par W.H. Anderson.
Une étude menée dans la colonie islandaise au Manitoba par Kenneth Peacock (1962) releva un seul instrument traditionnel, le langspil, boîte étroite de forme rectangulaire d'environ un mètre de longueur, dotée de deux cordes métalliques et de frettes. Cet instrument fut fabriqué peu après 1900 par un fermier du sud de Gimli. Il fait partie de la collection d'instruments folkloriques du Musée canadien des civilisations qui conserve également plus de 270 chansons de folklore islandaises recueillies par Peacock à Yorkton, Winnipeg, Gimli, Arnes et Arborg, Man., et par Magnus Einarsson au Manitoba et en Saskatchewan.
Des musiciens d'origine ou d'ascendance islandaise ont poursuivi des carrières au Canada : Omar Blondahl, Snjolaug Sigurdson, Frank Thorolfson (dont le père, Halldor, dirigea la Winnipeg Icelandic Choral Society) et Thelma Guttormson Wilson. Sveinbjörn Sveinbjörnsson (1847-1927), compositeur de musique de chambre et d'orchestre, et de l'hymne national islandais, vécut durant quelques années au Canada. Son fils, Thordur John William Swinburne (Edimbourg, 1891 - 1984), fut médecin et compositeur amateur au Canada après 1919. Gunnsteinn Eyjolfsson (Islande, 1866 - Riverton, Man., 1910), mieux connu dans la communauté islandaise comme écrivain et essayiste, composa également et étudia par correspondance avec divers musiciens amér. après s'être fixé en Nouvelle-Islande en 1876. Quinze de ses chansons ou oeuvres chorales ont été publiées dans Sönglög (Winnipeg 1936). Jón Fridfinnsson (1865-1936) étudia avec Eyjolfsson et écrivit de nombreuses mélodies ainsi qu'une cantate (texte du poète islandais David Stefansson), exécutée à Winnipeg par l'Icelandic Male Voice Choir and Choral Society. Steingrimur Kristjan Hall (Nouvelle-Islande, 1877 - 1969?) se fixa à Winnipeg avec sa femme, la soprano Sigridur Hordal, et fut organiste à l'église First Icelandic Lutheran jusque vers 1936. Il publia trois recueils de chansons islandaises (1924, 1949 et 1954). Hjörtur Larusson (Islande, 1874 - ?), cornettiste, vint au Canada en 1890 et forma la Jubilee Band, ensemble à vent de 19 instrumentistes (15 d'entre eux étant des immigrants islandais). Björgvin Gudmundsson (Islande, 1891 - 1961) étudia avec Jónas Pálsson (1875-1941) à Winnipeg, où il écrivit la cantate Adveniat Regnum Tuum (1924-25). Parrainé par la communauté islando-canadienne, il étudia à la RAM et écrivit trois autres cantates à Winnipeg en 1931 avant de retourner en Islande. Alors qu'il était au Canada, il composa l'oratorio Fridur á jördu (Paix sur Terre) qui fut créé à Reykjavík en 1945. Le musicologue et compositeur Hallgrimur Helgason (Eyrarbakki, Islande, 3 novembre 1914) vécut à Regina (1966-74) où il enseigna à l'Université de Regina et fut violon solo substitut de l'Orchestre symphonique de Regina et dir. du Folksong Harmony Choir. Parmi les compositions qu'il écrivit au Canada, on retrouve la Sonate pour violon seul, la Sonate n 2 pour violon et piano, le Trio avec piano et le Quatuor pour flûte, violon, violoncelle et piano. Jónas Pálsson (Islande, 1975 - New Westminster, C.-B., 1947) se fixa à Winnipeg en 1900 et iy devint un des principaux prof. de piano et o. m. c. Parmi ses oeuvres, on retrouve Ten Songs (Tíu Sönglög) (Östlund 1907). Le violoniste Palmi Palmason (Winnipeg, 22 février 1909 - Toronto, 13 août 1974) étudia d'abord avec le luthier et professeur Olafur Thorsteinsson à Husavick, Man., puis avec John Waterhouse à Winnipeg, et fut membre de l'Orchestre symphonique de Winnipeg. Il enseigna à sa soeur Pearl Palmason (Winnipeg, 2 octobre 1915) qui étudia aussi avec Elie Spivak et Kathleen Parlow au TCM (RCMT). Elle devint membre du TSO en 1941, fut second violon solo de 1960 à 1962 et fit partie de l'orchestre jusqu'en 1981. Elle fut aussi membre de l'Orchestre Hart House et se produisit également comme soliste en récital et en concert. Elle joua dans l'orchestre de la COC (1981-85) et devint violon solo de l'OS d'Oakville en 1987. Les autres musiciens d'origine islandaise au Canada incluent la soprano et professeure Thora Thorsteinsson-Smith de Vancouver, la professeure Alda Palsson de Toronto, le chef de choeur Ragnar H. Ragnar, la professeure Anna Sveinson Lowe et le pianiste de jazz Bob Erlendson. La soprano islandaise Gudrun Simonar visita le Canada et donna un récital à Winnipeg à la fin des années 1950. Les Icelandic Singers, qui vinrent au Canada pour la première fois en 1946, chantèrent à l'Expo 67 où l'OSM exécuta l' Iceland Overture op. 9 de Jón Leifs au Gala scandinave. Le Lyric Arts Trio participa au festival de la SIMC à Reykjavik en 1973, et les NMC se produisirent en 1976 au Festival des journées de musique nordique dans cette ville. En 1991, Robert Aitken s'était déjà rendu 23 fois en Islande pour donner des cours de maître de flûte et de composition.