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Jacalyn Duffin

Jacalyn Duffin, médecin, FRCP, docteure, C.M., hématologue et historienne médicale (née le 9 juin 1950 à Thorndale, en Ontario). Jacalyn Duffin commence sa carrière médicale en tant qu’hématologue et se spécialise plus tard dans la recherche et l’enseignement de l’histoire de la médecine. Elle est très active dans le secteur des sciences humaines médicales, un domaine multidisciplinaire qui explore les arts, les sciences humaines et les sciences sociales en lien avec l’éducation et les pratiques en santé. Au cours de sa vie, elle publie de nombreux livres et articles dans le domaine et devient présidente de l’American Association for the History of Medicine (AAHM) et de la Société canadienne d’histoire de la médecine. Jacalyn Duffin reçoit en 2019 le prix pour l’ensemble des réalisations de l’AAHM. L’année suivante, elle devient membre de l’Ordre du Canada.

Dre Jacalyn Duffin

Dre Jacalyn Duffin, hématologue et historienne médicale. Photo prise à Utrecht, aux Pays-Bas, en septembre 2011.
( photo de Wieke Eefting, avec la permission de Jacalyn Duffin)

Jeunesse et éducation


Jacalyn Duffin naît le 9 juin 1950 à Thorndale, en Ontario. Sa mère, Eileen May, est alors enseignante et directrice de chorale. Son père, Ken Duffin, est un ancien combattant de l’ Aviation royale canadienne et un homme d’affaires. Il rend l’âme alors qu’elle n’a que 12 ans. Son frère, Ross Duffin (né en 1951), est quant à lui un musicologue spécialisé dans les débuts de la musique.

Jacalyn Duffin reçoit son diplôme de l’école de médecine de l’Université de Toronto en 1974. Elle épouse ensuite le médecin Hugh Lansing Lipton, avec qui elle a un fils du nom de Joshua en 1977. Elle termine sa résidence en médecine interne et en hématologie en 1979 puis déménage à Thunder Bay, en Ontario, avec toute sa famille. Là-bas, elle travaille comme hématologue et est responsable de traiter des maladies du sang comme l’hémophilie, la leucémie et les lymphomes. En 1981, elle perd son mari à la suite d’un accident de vélo.

Après le décès de son premier mari, Jacalyn Duffin épouse en 1982 Robert David Wolfe, un diplomate canadien installé à Paris, en France. L’année suivante, elle donne naissance à une fille, Jessica. Puisqu’elle ne peut pas légalement pratiquer la médecine en France, elle décide d’étudier l’histoire de la médecine à Sorbonne Université, à Paris. Elle y décroche un doctorat en histoire et en philosophie de la science en 1985 grâce à sa thèse portant sur l’histoire du stéthoscope et de son inventeur, René Laënnec.

Miracles médicaux

Jacalyn Duffin et sa famille rentrent au Canada en 1985. La même année, l’Université d’Ottawa lui décerne la bourse postdoctorale de la chaire Hannah pour l’histoire de la médecine. Elle travaille également en tant qu’hématologue remplaçante dans les hôpitaux de la région d’Ottawa.

En 1987, un collègue lui demande d’étudier des échantillons de moelle osseuse. Après avoir examiné plus de 400 lames recueillies sur une période de 18 mois, elle conclut que la patiente est une femme ayant souffert de leucémie myéloblastique aiguë et ayant vécu plusieurs cycles de rémissions et de rechutes avant son rétablissement final. L’espérance de vie des patients ayant ce type de leucémie est de seulement un an et demi. Jacalyn Duffin présume donc que la patiente est, depuis ce temps, décédée. Elle affirme même qu’aucune raison scientifique ne peut expliquer la dernière rémission de la patiente.

Peu après avoir remis son rapport, Jacalyn Duffin apprend que la patiente a en fait survécu à sa leucémie, que le rapport était destiné au Vatican (voir Catholicisme) et que cette dernière avait prié Marie-Marguerite d’Youville pour sa guérison. La médecin atteste devant une cour ecclésiastique que rien ne peut expliquer scientifiquement le rétablissement complet de la patiente après sa dernière rechute. Le Vatican considère alors la rémission de la patiente comme le dernier miracle nécessaire pour proclamer la sainteté de Marie-Marguerite d’Youville. Celle-ci devient donc en 1990 la première sainte née au Canada à être canonisée.

Cette expérience inspire Jacalyn Duffin à mener d’autres recherches sur les miracles se trouvant dans les archives du Vatican. Elle passe en revue des témoignages donnés pour environ 400 canonisations entre 1588 et 1999, ce qui la mène à se décrire comme « une athée qui croit aux miracles ». Sa recherche aboutit finalement à un livre publié en 2009 intitulé Medical Miracles: Doctors, Saints, and Healing in the Modern World.

Dre Jacalyn Duffin

Dre Jacalyn Duffin à la bibliothèque de l’académie de médecine de New York, en 2008.
( avec la permission de Jacalyn Duffin)


Enseignement

En 1988, Jacalyn Duffin est élue à la chaire Hannah pour l’histoire de la médecine à l’Université Queen’s. Elle commence également à travailler comme conseillère en hématologie à l’hôpital général de Kingston. À l’Université Queen’s, elle enseigne la médecine, les sciences infirmières, l’histoire, l’enseignement et la philosophie et réussit à intégrer l’histoire de la médecine dans le parcours scolaire des futurs médecins. Fervente défenseure des droits des étudiants, elle remporte plusieurs prix d’excellence en enseignement. De 1993 à 1995, elle est doyenne associée des études de premier cycle et de l’éducation à l’Université Queen’s.

Publications

En 2020, Jacalyn Duffin compte de nombreux articles et 11 livres à son actif (comme auteure, réviseure ou traductrice). Son manuel intitulé History of Medicine: A Scandalously Short Introduction est une lecture obligatoire dans des programmes de médecine partout au Canada. Depuis 1995, elle contribue à la Literature, Arts and Medicine Database (base de données en littérature, en arts et en médecine), une collection de ressources dans le domaine des sciences humaines médicales. Elle a également participé à un projet de traduction de l’œuvre du médecin italien Paolo Zacchia, qui a vécu au 17siècle.

Militantisme

Jacalyn Duffin est à la tête du site Web militant www.canadadrugshortage.com, qui dénonce les pénuries de médicaments de plus en plus courantes au Canada depuis 2010, notamment pour les médicaments génériques plus anciens dont les brevets sont expirés.

Héritage

Jacalyn Duffin prend sa retraite de l’Université Queen’s en 2017. Deux ans plus tôt, les finissants en médecine de l’université avaient créé le prix Jacalyn Duffin pour le militantisme. Depuis 2018, la faculté de médecine de l’Université Queen’s organise la conférence Jacalyn Duffin sur la santé et les sciences humaines.

Prix et distinctions

Membre de la Société royale du Canada (2012)

Membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé (2013)

Intronisation au Temple de la renommée médicale canadienne (2019)

Prix pour l’ensemble des réalisations, American Association for the History of Medicine (2019)

Membre de l’Ordre du Canada (2020)