James, Frances
James, (Mary) Frances. Soprano, professeure (Saint-Jean, N.-B., 3 février 1903 - Victoria, C.-B., 22 août 1988). Elle passa son enfance à Halifax et à Montréal. Grâce à une bourse d'études de quatre ans, elle reçut l'essentiel de sa formation au McGill Cons. (Université McGill) avec Walter Clapperton. À Montréal, elle fut soliste à l'église unie Saint James (1925-29) et chanta à la station radiophonique CKAC. Elle se fixa ensuite à Toronto vers 1930 où elle participa à deux émissions radiophoniques - « Musical Crusaders », produite par le CP, et « Canadian General Electric Vagabonds ». Elle étudia les textes de chansons françaises et allemandes avec Lisette Patterson et prit des cours de chant avec Jeanne Dusseau en 1936. Elle fut également la première élève canadienne de la spécialiste du lied Emmy Heim au TCM (RCMT) en 1934. Par la suite elle étudia le chant à New York avec Enrico Rosati et Maria Kurenko et travailla avec Roland Hayes à Boston.
En 1929, elle entreprit avec le ténor Stanley Maxted une tournée de l'ouest du Canada, commanditée par le CP. Frances James participa aux festivals du CP à la fin des années 1920 et donna des récitals aux hôtels de la chaîne du CP à Québec, Winnipeg, Regina, Calgary, Banff, Vancouver, Victoria et au Lac Louise (1931-49). C'est à Banff qu'elle créa en 1931 Prince Charlie and Flora, « ballad opera » de Willan, et qu'elle rencontra et épousa Murray Adaskin. Dans cette même ville, elle chanta en 1939 avec le Toronto Trio d'Adaskin devant le roi George VI et la reine Elizabeth. Elle se produisit à Toronto avec la Chorale Bach sous la direction de Reginald Stewart en 1934 et fut soliste avec le Choeur Mendelssohn dans la Missa solemnis de Beethoven le 11 février 1936. Elle fit ses débuts à Toronto en 1935 lors d'un récital de la série des concerts dominicaux à la Hart House avec Gwendolyn Williams Koldofsky au piano.
Frances James se fit connaître à travers le pays grâce à sa participation à de nombreuses émissions radiophoniques de la SRC, notamment « Friendly Music », « Canada Mosaic », « Footlights », « Midweek Recital » et « Artistes de renom ». On retient particulièrement une série de 20 émissions de « Midweek Recital » où elle interpréta 150 chansons en 1946, y compris la création canadienne de Nine English Songs de Hindemith, des chansons contemporaines et des airs du répertoire. À la SRC, elle chanta aussi aux émissions de sir Ernest MacMillan consacrées à six oratorios de Haendel (1942); lors des créations de Transit Through Fire (1942) et Deirdre (1946) de Willan et de King Solomon's Prayer de Bernard Naylor (1953); et lors des premières canadiennes de Les Illuminations (1946), Peter Grimes (1949, rôle d'Ellen Orford) et Albert Herring (1951, rôle de Lady Billows) de Britten, et The Rake's Progress (1953, rôle d'Anne Trulove) de Stravinsky. En 1943, à Toronto, elle donna en première canadienne la version de 1923 de Das Marienleben de Hindemith, qu'elle reprit à la radio de la SRC en 1945. Hindemith l'invita à Yale en 1946 pour lui faire entendre en avant-première la seconde version du cycle qu'il venait de terminer et elle grava le premier enregistrement de cette version en 1950.
Au concert, elle créa des mélodies de nombreux compositeurs canadiens, dont Three Walt Whitman Songs de Somers en 1946 et Of Time, Rain and The World de Weinzweig en 1947. Elle interpréta la pièce de Somers et trois chansons du Song Cycle de Pentland lors d'un concert historique, dont le programme était exclusivement canadien, au Harbord Collegiate à Toronto, le 17 avril 1947. Elle participa à la première montréalaise de Dies natalis de Finzi (1946) avec la Petite symphonie de Montréal sous la direction de Bernard Naylor. Pendant que Murray Adaskin suivait les cours d'été de Milhaud à la Music Academy of the West, près de Santa Barbara, Cal. (1950), elle interpréta Rêves, un cycle écrit par Milhaud, au Mills College d'Oakland, Cal.
Frances James fut une pionnière de la présentation de la musique du XXe siècle au Canada. Tout comme Éva Gauthier et Cédia Brault dans les années 1920 et Mary Morrison, Patricia Rideout et Phyllis Mailing dans les années 1960 et 1970, elle s'affirma une interprète subtile de la musique vocale des années 1930, 1940 et 1950. Pour tout jeune musicien parvenant à maturité durant ces années, ses récitals à la SRC furent un moyen important de mieux connaître les mélodies de Debussy, Hindemith, Milhaud et Britten et celles de leurs contemporains canadiens. Si sa voix était remarquable, elle n'était pas particulièrement chaleureuse. Elle savait cependant faire preuve de la plus grande intelligence, d'une compréhension savamment approfondie de la musique qu'elle choisissait et d'un sens aigu des traditions qu'elle représentait. De nombreux compositeurs, dont Britten, Hindemith et Milhaud, admiraient ses interprétations de leur musique.
En 1952, Murray Adaskin devint chef du dépt de musique de l'Université de la Saskatchewan et Frances James y enseigna le chant jusqu'en 1973, année où ils prirent leur retraite. Le couple s'installa alors à Victoria où tous deux continuèrent à donner des cours particuliers et à enseigner au Victoria Cons. et à l'Université de Victoria. Parmi les élèves de Frances James en Saskatchewan et à Victoria, plusieurs ont fait carrière dont Sheila Osborn, chef de choeur en Saskatchewan, Audrey Shore Dowler, soprano et superviseure de la musique dans les écoles au Manitoba, Greta Clark, Margaret Ready Scarsgard à Vancouver, Dorothy Howard, Catherine Lewis et Jane MacKenzie. Frances James reçut la médaille du canadien de la musique en 1984.