Termes-clés
Syndicat: Une association de travailleurs créée pour protéger les droits de ses membres et obtenir de meilleurs salaires, avantages et conditions de travail.
Jeunesse et famille
On sait peu de choses de l’enfance et de la jeunesse de James Ryan en Irlande. Il épouse Margaret (Mary) Blake, avec qui il aura cinq enfants (Mary, Annie, James, Agnes et Thomas). La famille s’établit à Hamilton, en Ontario, peu de temps avant l’apparition du Mouvement pour une journée de travail de neuf heures, au début de 1872. (Voir aussi Canadiens irlandais.)
Journée de travail de neuf heures
De janvier à juin 1872, James Ryan joue un rôle important dans le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures, qui vise à mettre fin aux quarts de travail de dix heures ou plus par jour. Au Canada, la campagne débute lors d’une réunion au Mechanics’ Institute de Hamilton le 27 janvier 1872.
James Ryan se tient sur l’estrade aux côtés de présidents de syndicats, d’employeurs et d’un ecclésiastique. Deuxième à prendre la parole, il explique les buts du mouvement, soulignant les avantages qu’il peut y avoir à passer plus de temps ailleurs qu’au travail : « accroître le pouvoir mental », « étudier et apprendre », « cultiver des qualités sociales et domestiques ». James Ryan fait valoir que l’objet du mouvement est le mieux-être personnel des travailleurs : « Nous ne voulons pas plus d’argent, mais plus de cerveaux; nous ne voulons pas être des serfs plus riches, mais des hommes meilleurs. » L’adoption récente d’une journée de travail plus courte en Grande-Bretagne est pour lui un argument en faveur de la journée de neuf heures au Canada : « Ce qui est bon là-bas, dit-il, ne peut pas être mauvais ici. » Il rassure les employeurs présents dans l’assistance en affirmant que les travailleurs ne veulent pas de conflits, de grèves ou de lock-out, mais des négociations de bonne foi. Il termine son discours en exhortant les deux camps à la coopération : « Puissent l’estime et le respect mutuels se maintenir entre employeurs et employés. »
Le Hamilton Spectator annonce la réunion du Mouvement pour une journée de travail de neuf heures, au Mechanics’ Institute de Hamilton, en Ontario, le 27 janvier 1872.
Secrétaire de la ligue des Neuf heures de Hamilton
Les jours qui suivent la réunion du Mechanics’ Institute voient se former la ligue des Neuf heures de Hamilton. Nommé secrétaire, James Ryan écrit, prononce des discours et prend part à des assemblées dans différentes villes. Un de ses objectifs est d’étendre le pouvoir et la portée du mouvement en créant des ligues des Neuf heures dans tout l’Ontario et jusqu’au Québec. Soucieux de préserver leur avantage concurrentiel, les employeurs de Hamilton seront plus ouverts à l’idée de la journée de neuf heures si elle se propage dans d’autres villes.
Dans les premiers mois de 1872, James Ryan fait de nombreux discours pour rallier des adhérents. Il écrit aussi aux travailleurs de l’Ontario et du Québec afin d’obtenir des appuis à ce qu’il appelle une « révolution sociale ». Il s’adresse à des assemblées un peu partout en Ontario, notamment à Dundas, à Oshawa et à Ingersoll. En mars 1872, il se rend à Montréal afin de coordonner les efforts du mouvement ouvrier de cette ville avec ceux de Toronto et de Hamilton. Il s’efforce en particulier de convaincre les travailleurs des deux grands centres d’apporter une aide financière à leurs camarades de Hamilton si jamais ils doivent faire la grève.
Le 15 mai 1872, James Ryan fait partie d’un groupe de 3 000 travailleurs qui marchent dans les rues de Hamilton pour manifester pacifiquement en faveur de la journée de neuf heures, ce qui équivaut de fait à une grève à la grandeur de la ville. Même si la plupart des employés du Great Western Railway (dont lui‑même) ont obtenu la journée de neuf heures le mois précédent, lui et d’autres cheminots se joignent à la marche par solidarité.
Le saviez-vous?
Le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures au Canada a été largement l’affaire des travailleurs du rail, ceux notamment de l’Amalgamated Society of Engineers (syndicat uni des mécaniciens de chemin de fer) et de l’Amalgamated Society of Carpenters and Joiners (syndicat uni des charpentiers et des menuisiers). À l’époque, les chemins de fer sont les plus gros employeurs au pays. En 1872, le Great Western Railway emploie à lui seul environ 20 % de tous les travailleurs industriels de sexe masculin de Hamilton. (Voir aussi Histoire du chemin de fer.)
Fin de vie
Le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures n’a pas obtenu de succès à grande échelle. Il a néanmoins rallié des travailleurs à une cause commune et contribué à la naissance du mouvement ouvrier canadien.
On sait peu de choses de la vie de James Ryan après sa période à la tête du mouvement. Il prononce son dernier discours connu au début de juin 1872, lors d’un rassemblement populaire qui attire beaucoup moins de sympathisants (300) que les précédents. James Ryan brillera par son absence aux manifestations et aux activités ouvrières subséquentes, y compris à la fondation de l’Union ouvrière canadienne en 1873. La raison de sa désaffection du mouvement ouvrier après juin 1872 reste floue. Il continue cependant de travailler pour le chemin de fer.
Le Great Western Railway déménage ses ateliers à London en 1874, ce qui entraîne de nombreuses mises à pied, et se fait absorber par le Grand Trunk Railway en 1882. C’est au Grand Trunk que James Ryan travaillera ensuite comme manœuvre d’entretien de la voie. Il meurt en 1896 à l’âge de 56 ans.
Importance
James Ryan a été un éminent et fervent porte-parole du Mouvement pour une journée de travail de neuf heures. Il a aidé à mettre sur pied la Canadian Labor Protective and Mutual Improvement Association, d’où est issue la première organisation syndicale nationale, l’Union ouvrière canadienne. Par son activisme, ses discours et ses écrits, il a contribué grandement à l’avènement du mouvement ouvrier canadien. (Voir aussi Histoire des travailleurs du Canada anglais.)