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Joe Buffalo

Joseph Dion Buffalo MacDonald (alias Joe Buffalo), planchiste professionnel, athlète, acteur (né le 7 juin 1976 à Edmonton en Alberta). Joe Buffalo est un planchiste professionnel, défenseur de la santé des Autochtones et conférencier. Il est également un survivant du système des pensionnats indiens. Joe Buffalo dirige un organisme à but non lucratif qui vise à aider les jeunes autochtones à s’émanciper grâce à la planche à roulettes. Il est le sujet du documentaire Joe Buffalo de 2021, réalisé par le cinéaste Amar Chebib, un canadien d’origine syrienne. Le film a remporté le prix du public au festival du film South by Southwest.

Jeunesse et éducation

Joe Buffalo naît à Edmonton en 1976, mais, selon ses propres dires, il va vivre sur la réserve de Maskwacis en Alberta peu après (voir aussi Réserves en Alberta). Il est Cri et membre de la Nation crie de Samson. Sa mère, Marilyn Buffalo, est présidente nationale de l’Association des femmes autochtones du Canada de 1997 à 2000. Elle est également directrice générale du Nechi Institute: Center for Indigenous Learning. Elle est la petite-fille du frère du chef Pitikwahanapiwiyin (Poundmaker). Le chef Pitikwahanapiwiyin est un chef cri qui a participé aux négociations du Traité n° 6. Le père de Joe Buffalo, Frank MacDonald, est originaire des Territoires du Nord-Ouest. L’homonyme de Joe Buffalo est son arrière-grand-père, le chef adjoint Joe Buffalo, qui joue dans la comédie western de 1958 The Sheriff of Fractured Jaw (v.f. La blonde et le shérif) aux côtés de Jayne Mansfield. L’arrière-grand-oncle de Joe Buffalo est l’acteur Gordon Tootoosis.

Joe Buffalo, qui est un fils de survivants des pensionnats indiens, est élevé selon les traditions cries, notamment en pratiquant des cérémonies et en parlant la langue crie. Cependant, alors qu’il a onze ans, il fréquente également un pensionnat indien. Il lutte plus tard contre la toxicomanie, ce qu’il attribue à ses expériences dans ce pensionnat. Il reconnait que la planche à roulettes l’a aidé à traverser des périodes difficiles de sa vie.

Joe Buffalo fréquente le pensionnat St. Mary’s Salesian Junior High de 1988 à 1989. Bien que ce ne soit pas un pensionnat indien, comme on les appelle à l’époque, ce pensionnat est un pensionnat catholique. Le pensionnat est une école pour garçons qui sont considérés comme ayant des problèmes de comportement. L’école, aujourd’hui fermée, est au centre d’un procès pour abus sexuel sur un ancien élève. De 1990 à 1992, Joe Buffalo fréquente le Lebret Indian Industrial School.

Joe Buffalo déclare qu’il se souvient de sa première expérience de planche à roulettes avec des membres de sa famille à Fort Smith dans les Territoires du Nord-Ouest. Il est immédiatement séduit par le sport et il achète sa première planche l’année suivante. Au début, il n’arrive pas à se tenir debout dessus, mais cela ne le décourage pas. Pendant un certain temps il fait de la planche à genoux, notamment sur l’autoroute de 17 km entre Maskwacis et Wetaskiwin en Alberta. Le fait de grandir sur une réserve limite ses contacts avec le monde de la planche à roulettes à l’extérieur. Il doit donc se débrouiller seul, au point où il croit inventer le Frontside Smith Grind (une figure relativement de base, selon laquelle le planchiste fait un « grind » sur l’arrière de la planche tout en poussant sur l’avant).

Le premier endroit où il peut faire de la planche à roulettes dans sa communauté est un stationnement asphalté devant une salle de bingo, le seul endroit asphalté de Maskwacis. Les planchistes sont considérés comme une nuisance par le reste de la communauté, alors la communauté embauche des agents de sécurité pour surveiller le stationnement. La mère de Joe Buffalo l’encourage à lancer une pétition pour que la communauté construise un planchodrome pour les planchistes si elle refuse qu’ils se pratiquent dans le stationnement.

Joe Buffalo est un athlète talentueux et il démontre des promesses considérables en tant que joueur de hockey. Lorsqu’il doit fréquenter le pensionnat indien, Joe Buffalo a le choix entre trois écoles. Les choix que lui donne sa mère sont les écoles où il y a le plus de chances d’être repéré par la LNH. Le père de Joe Buffalo est également un joueur de hockey talentueux qui voulait aller dans la LNH. Joe Buffalo croit que si son père l’a encouragé à jouer au hockey, et à fréquenter un pensionnat indien avec la chance d’être repéré par un recruteur, c’est parce qu’il vivait par procuration à travers lui. Bien que Joe Buffalo ait attiré l’attention des recruteurs de la WHL, il décide finalement de ne pas faire carrière dans le hockey. Il affirme que l’aspect compétitif pour être recruté a eu des répercussions négatives sur sa famille, en particulier sur son père, qui, selon lui, est devenu violent avec d’autres pères lors des matchs de hockey.

Contrairement à sa mère, qui avait l’interdiction de parler cri pendant ses années au pensionnat, les attitudes sont quelque peu différentes lorsque Joe Buffalo fréquente le pensionnat indien dans les années 1980 et 1990. Il peut apprendre le cri et le parler dans ces institutions. Il n’a cependant pas beaucoup d’occasions de pratiquer la planche à roulettes lorsqu’il est au pensionnat et il doit souvent s’enfuir pour aller s’entrainer. Parfois, il essaie de se rendre à Regina en train pour pouvoir pratiquer son sport avec des amis. Cependant, il se fait souvent attraper et on le retourne à l’école.

Planche à roulettes

Après avoir quitté le pensionnat indien à la fin de son adolescence, Joe Buffalo s’installe à Ottawa. C’est là qu’il devient encore plus sérieux au sujet de la planche à roulettes. Dans les années 1990 et 2000, il se forge une réputation en tant que nouveau talent prometteur. À Ottawa, il contribue à la construction d’un planchodrome pour obtenir des crédits de l’école secondaire. Ses talents de planchiste attirent des commanditaires et il déménage éventuellement à Montréal. Dans cette ville, Joe Buffalo est un habitué de la place de la Paix, un petit parc public dans le quartier chaud de la ville qui attire de nombreux planchistes. Cependant, à Montréal, les problèmes de toxicomanie de Joe Buffalo s’aggravent et ses commanditaires se font moins fréquents. Joe Buffalo décrit les dix années qu’il a vécues à Montréal comme étant floues. Ses talents de planchiste sont néanmoins immortalisés dans des films tournés à Montréal durant cette période.

Bien que Joe Buffalo lutte contre la toxicomanie pendant de nombreuses années, il arrive à arrêter vers le début de 2018 et il devient depuis un planchiste professionnel, parrainé par Colonialism Skateboards, basé à Regina. Joe Buffalo possède également ses propres modèles professionnels de planches, dont l’un est peint d’une image de Pitikwahanapiwiyin (Poundmaker) sur sa surface du dessous. Joe Buffalo n’apprend que plus tard dans sa vie qu’il a un lien familial avec Pitikwahanapiwiyin, qu’il décrit comme lui donnant sa force.

En octobre 2020, Joe Buffalo fait l’objet d’une entrevue dans le numéro du mois du magazine Thrasher, le premier magazine de planche à roulettes au monde. Il décrit en détail le traumatisme intergénérationnel des pensionnats indiens, ses impacts sur les peuples autochtones et leurs communautés (notamment concernant la manière dont le traumatisme a provoqué des troubles liés à la consommation de substances) et comment la planche à roulettes l’a aidé à surmonter ses problèmes de santé mentale.

En 2023, Joe Buffalo remporte le prix Indspire pour les sports, notamment pour ses prouesses de planchiste et pour son engagement envers les communautés autochtones et l’autonomisation autochtone. Le documentaire sur sa vie, Joe Buffalo, qu’il coécrit, remporte de nombreux prix dans le circuit des festivals de cinéma.

Nations Skate Youth

Joe Buffalo cofonde Nations Skate Youth, un organisme dirigé par des Autochtones qui vise à autonomiser les jeunes autochtones grâce à la planche à roulettes. L’organisme a pour objectif d’inciter les jeunes à adopter la culture et les traditions autochtones. Nations Skate Youth met l’accent sur la santé mentale et l’estime de soi des jeunes, ainsi que sur l’écoute des jeunes et l’enseignement par le biais du récit. L’organisme espère renforcer les communautés autochtones en renforçant les liens intergénérationnels et culturels.

Acteur

Joe Buffalo commence à toucher au métier d’acteur lorsqu’on lui demande d’exécuter des figures de planche à roulettes pour un vidéoclip du groupe de hip-hop A Tribe Called Red (aujourd’hui The Halluci Nation) qui sort en 2016. C’est ainsi que Joe Buffalo rencontre Kevan Funk. Bien que Joe Buffalo ne le sache pas à l’époque, Kevan Funk cherche des acteurs pour son nouveau projet. Leur rencontre fortuite fait en sorte que Joe Buffalo est choisi pour jouer le rôle d’Eric dans le film de Kevan Funk, Hello Destroyer. Le film fonctionne bien et remporte plusieurs Leo Awards (prix annuels récompensant les réalisations dans l’industrie cinématographique et télévisuelle de la Colombie-Britannique), dont une nomination pour Joe Buffalo dans la catégorie du meilleur acteur dans un rôle de soutien.

Termes clés:

Truck : en planche à roulettes, le « truck » est la pièce métallique qui relie la planche à l’essieu et aux roues.

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