Joseph-Armand Bombardier, entrepreneur, inventeur de la motoneige et du Ski-Doo (né le 16 avril 1907 à Valcourt, au Québec; décédé le 18 février 1964 à Sherbrooke, au Québec). Alors que beaucoup d’inventions de Bombardier démontrent ses compétences dans le domaine de la mécanique, sa capacité à répondre aux besoins en matière de transport, mais aussi à savoir les susciter, engendre un maximum d’innovations sous la houlette de l’entreprise qui porte son nom (voir Bombardier Inc.).
Jeunesse
Joseph-Armand Bombardier est né à Valcourt au Québec — un petit village agricole dans les Cantons de l’Est. Joseph-Armand Bombardier, qui est l’aîné d’une famille de huit enfants, démontre son talent pour la mécanique à un très jeune âge. À 13 ans, il construit un modèle réduit de locomotive motorisée par des mécanismes d’horloge qu’il a achetés chez un bijoutier du village. Viennent ensuite les jouets mécanisés, tracteurs et bateaux, qu’il construit pour ses jeunes frères et sœurs. Il monte également un petit moteur à vapeur sur le rouet de sa tante et transforme un vieux fusil rouillé en canon miniature.
La veille du jour de l’an 1922, alors qu’il a 15 ans, Joseph-Armand Bombardier teste sa première réelle invention. Il attache le moteur d’une Ford modèle T qu’il a retapé au-dessus de deux traîneaux en bois attachés l’un derrière l’autre. Le moteur entraîne une hélice en bois de sa fabrication, qui propulse le véhicule sur la neige. Alors qu’il réussit à le faire avancer sur plus d’un kilomètre, son père lui ordonne de démonter l’engin, car son hélice n’est pas protégée et risque de causer de sérieuses blessures.
Début de carrière
À 17 ans, après plusieurs années de séminaire à la demande de son père, Joseph-Armand Bombardier devient apprenti mécanicien dans un garage du coin, et déménage ensuite à Montréal où il étudie le génie mécanique et électrique. Deux ans plus tard, son père lui construit un atelier à Valcourt dans lequel il répare toutes sortes d’engins, des scies à moteur aux batteuses à grain, des voitures, des pompes à eau. (Pour répondre aux besoins en électricité de son atelier, il construit un barrage sur le cours d’eau voisin et installe une mini turbine.) Entre-temps, Bombardier travaille sur un véhicule motorisé léger, et facile à manœuvrer, quel que soit l’enneigement.
En 1929, il épouse Yvonne Labrecque et ils ont six enfants. Malheureusement, en janvier 1934, leur fils âgé de deux ans meurt d’une péritonite parce que la famille ne peut pas se rendre à l’hôpital à temps — un événement qui, pour Joseph-Armand Bombardier, met en évidence l’impératif d’avoir des moyens de transport fiables en hiver dans les zones rurales telles que Valcourt.
Premiers succès
En 1935, Joseph-Armand Bombardier monte un véhicule qui est mû par des chenilles semblables à celles d’un char d’assaut. La première motoneige est un véhicule dirigé par des skis et qui permet de transporter deux ou trois passagers. En 1937, avec son premier système mécanique breveté — le système de traction barbotin chenille de la motoneige, breveté le 29 juin 1937 —, Bombardier met son autoneige B7 à sept places sur le marché. (Voir aussi Brevet.) Les premiers acheteurs (une centaine environ en 1939) sont des médecins de campagne, des ambulanciers et des prêtres qui habitent dans des régions reculées. Le marché s’étend très vite au commerce de détail, sociétés de transport, compagnies d’électricité, de téléphone, d’exploitation forestière, et aux facteurs.
Joseph-Armand Bombardier transforme son garage qui devient petit à petit une unité de fabrication qui a pour nom L’Auto-Neige Bombardier Limitée (voir Bombardier Inc.). Il y emploie des fermiers de Valcourt et les forme pour en faire des ouvriers qualifiés. Les frères et cousins de Bombardier s’occupent des postes d’encadrement et de gestion, de recherche technique et de vente. Très rapidement, il acquiert une nouvelle usine qui produit 200 autoneiges par an.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, les Forces armées canadiennes s’intéressent à l’autoneige B12 de Bombardier (brevetée en 1942), mais veulent un modèle plus puissant qui peut transporter troupes et matériel en hiver. Cette demande le conduit à développer quatre modèles de gros véhicules blindés à chenilles, dont 1900 sont fabriqués entre 1942 et 1946.
Nouveau terrain
En 1947, L’Auto-Neige Bombardier produit 1000 véhicules, dont le C18, qui est conçu pour le ramassage scolaire en hiver. On utilise ces véhicules dans tout le Québec, mais aussi en Ontario et dans l’ouest du Canada. Cependant, l’hiver de 1947 à 1948 génère des difficultés. Le manque de neige fait chuter les ventes, et pire encore pour Bombardier, les gouvernements commencent à déneiger les routes de campagne, ce qui rend l’autoneige obsolète. En réponse, Bombardier commence à concevoir des véhicules tout-terrain qui jouent un rôle important dans l’agriculture, l’industrie minière, pétrolière et forestière. Le tracteur Muskeg est l’une des réussites de Bombardier pendant cette période. Sorti en 1953, le Muskeg (« tourbière de graminées » en langue algonquienne) est un modèle tout-terrain tout aussi adapté à la boue, au sable ou à la neige.
Le Ski-Doo
Le succès mondial du Muskeg permet à Joseph-Armand Bombardier de se pencher à nouveau sur son rêve de toujours : un modèle de motoneige plus petit et ultraléger. En 1958, il effectue les premiers essais du prototype en bois. En 1959, il livre en personne le premier Ski-Doo à un missionnaire dans le Grand Nord ontarien. Le Ski-Doo est petit — comparable à une moto — et mû par une chenille de la même largeur que l’engin et avec des skis à l’avant pour le diriger. En l’espace d’une dizaine d’années, il a changé de manière considérable la vie des communautés du Grand Nord et de l’Arctique. Son utilisation récréative assure la prospérité de l’entreprise bien au-delà du décès de Joseph-Armand Bombardier le 18 février 1964. (Voir aussi Motoneige (le sport).)
Le saviez-vous?
La motoneige suscite des inquiétudes quant au bruit, aux dommages écologiques et à la sécurité depuis que son utilisation récréative s’est popularisée dans les années 1960. Au cours de cette décennie en particulier, certains s’en sont servis pour vandaliser, détruire des habitats et pourchasser le gibier. En 1975, toutes les provinces avaient adopté des lois régissant et limitant l’utilisation des motoneiges.
Héritage
Au début des années 1970, quand la concurrence avec les fabricants de motoneiges menace de submerger Bombardier Inc. et qu’une crise du pétrole à l’échelle mondiale se profile à l’horizon, la compagnie survit en explorant de nouveaux marchés, notamment le transport ferroviaire et d’autres types de véhicules sur rails. En 1974, la compagnie décroche le contrat pour la production des wagons du métro de Montréal, et deux ans plus tard, elle prend le contrôle de la MLW-Worthington ltd, un fabricant de locomotives de Montréal. En 1982, elle gagne le prestigieux contrat du métro de la ville de New York. Des années plus tard, Bombardier entre dans l’industrie aéronautique en achetant Canadair, le constructeur de Challenger. (Voir Industrie de l’aérospatiale.) En 1989, Bombardier (avec un consortium d’autres entreprises) remporte le contrat pour la construction des trains du tunnel sous la Manche qui relient la France au Royaume-Uni. L’année suivante, elle acquiert Learjet, une entreprise construisant des avions d’affaires. Au 21e siècle, après deux décennies de croissance, Bombardier connaît des problèmes financiers. Pour régler des dettes importantes, elle vend sa division ferroviaire et sa division d’avions commerciaux à la fin des années 2010. Elle continue toutefois de produire des jets privés.
Depuis son siège de Montréal, Bombardier Inc. assure la gestion d’un réseau de filiales opérant dans plus de 60 pays. Joseph-Armand Bombardier a fondé l’une des compagnies les plus chargées d’histoire du Canada créant ainsi une de ses marques les plus célèbres. Son succès ne découle pas seulement de sa capacité à répondre à des besoins en matière de transport qui ont changé, mais aussi à celle de les créer – un esprit inventif qui engendre un record d’innovations chez Bombardier Inc.
Prix et distinctions
- Membre, Temple de la renommée de l’entreprise canadienne (1979)
- Membre, Panthéon canadien des sciences et du génie (1992)