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Kael McKenzie

Kael McKenzie, avocat, juge, marin (né en 1971). Kael McKenzie est juge à la Cour provinciale du Manitoba. Lors de sa nomination le 17 décembre 2015, il est devenu le premier juge transgenre au Canada. Auparavant, il a servi dans la Marine royale canadienne et a été procureur de la Couronne en droit de la famille, droit commercial et droit civil. Il a également exercé le droit au cabinet d’avocats Chapman Goddard Kagan de Winnipeg. Kael McKenzie est membre de la Nation métisse du Manitoba et un membre actif de la communauté de Winnipeg.

Jeunesse

Kael McKenzie grandit dans une famille métisse à Transcona, une banlieue de Winnipeg. Lui et ses deux frères aînés sont élevés par une mère monoparentale qui travaille dans le secteur bancaire et la gestion immobilière. Dès son plus jeune âge, Kael McKenzie possède une identité masculine et il estime qu’il aurait dû naître garçon, comme il le dit plus tard lors d’entrevues.

Cadet de la marine et service naval

À 13 ans, Kael McKenzie se joint aux cadets de la marine, un programme jeunesse lié à la Marine royale canadienne. Plus tard, Kael McKenzie déclare que son expérience dans les cadets est le début de son parcours professionnel. Il raconte : « Auparavant, les choses ne s’annonçaient pas très bien pour moi. Je m’attirais des ennuis. J’avais des problèmes. Les cadets m’ont donné un but, m’ont donné quelque chose dans quoi j’excellais, et ils m’ont dit que j’étais assez intelligent… que je pouvais être quoi que ce soit que je voulais être. »

À 17 ans, Kael McKenzie révèle à ses amis et à sa famille qu’il est « lesbienne ». Toutefois, deux ans plus tard, il s’enrôle dans la marine à une époque où les Forces armées canadiennes interdisent aux homosexuels et aux lesbiennes de servir. « Nous cachions notre sexualité. Nous nous cachions. À la tombée de la nuit, nous rôdions dans des endroits où nous pouvions rencontrer d’autres personnes qui nous ressemblaient », déclare-t-il plus tard. « Et parfois, nous faisions des choses que nous n’aurions pas fait autrement… C’était une période très difficile dans l’armée. »

Néanmoins, ses six années de service sont très bénéfiques. Il excelle dans les cours militaires et il aime son travail d’analyste de recherche en communications. Il rencontre sa première épouse, avec qui il a plus tard deux fils. Il apprend également qu’un camarade de la marine est passé du sexe masculin au sexe féminin. C’est à ce moment, déclare-t-il plus tard, « que pour la première fois, cette graine s’est réellement plantée dans mon esprit… Je ne savais même pas qu’on pouvait s’identifier comme un homme alors qu’on était une femme de naissance. »

Étudiant en droit

Après avoir quitté la marine, Kael McKenzie s’inscrit à l’Université du Manitoba, devenant ainsi la première personne de sa famille à aller à l’université. C’est à cette époque qu’il se sépare de sa première femme. Tout au long de ses études de premier cycle, Kael McKenzie doit jongler entre ses cours, l’éducation de ses enfants et son travail de superviseur de la sécurité du campus.

Une fois son diplôme obtenu, son amie Kristine Barr le persuade de la suivre à la faculté de droit de l’Université du Manitoba. Il est admis dans la catégorie des autochtones. (À cette époque, Kristine Barr s’est déjà fait un nom en ayant été élue conseillère scolaire en 1998 et étant la première lesbienne à le faire.)

À la faculté de droit, Kael McKenzie lutte avec son identité comme il ne l’a jamais fait auparavant. « Tout d’un coup, j’ai réalisé que j’étais la seule femme de ma classe à porter un t-shirt de bière », déclare-t-il plus tard. Pour le bien de sa carrière, il décide de se conformer au modèle de la « femme professionnelle » pendant un certain temps. « Je me suis laissé pousser les cheveux bien plus bas que mes épaules. Je portais le tailleur de la femme d’affaires puissante, le maquillage, les talons hauts, et tout ça », raconte-t-il. « Et plus je devenais cette image de la femme avocate stéréotypée, plus ma dysphorie de genre explosait. »

Le saviez-vous?
La American Psychiatric Association définit la dysphorie de genre comme étant une « détresse psychologique résultant d’une incohérence entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre. Bien que la dysphorie de genre commence souvent dans l’enfance, certaines personnes peuvent ne la ressentir qu’après la puberté ou même bien plus tard ».


Carrière juridique et transition

Kael McKenzie et Kristine Barr se marient alors que Kael McKenzie est en troisième année de droit. Après avoir obtenu son baccalauréat en droit en 2006, il fait un stage au Service des poursuites du Manitoba. Il est ensuite embauché au cabinet d’avocats Chapman Goddard Kagan de Winnipeg.

Alors qu’il travaille à ce cabinet, il décide de faire la transition de femme à homme. Tout au long du processus, Kael McKenzie reçoit un soutien considérable de la part de ses collègues et de la communauté de Winnipeg, beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru. Les associés principaux de son cabinet sont des hommes âgés, et Kael McKenzie s’attendait à ce qu’on lui demande de quitter son emploi. Il raconte qu’au lieu de cela, ils réagissent en disant : « Cela ne nous importe pas, Kael. Nous voulons simplement que tu sois un bon avocat. » Après avoir révélé sa transsexualité à ses collègues et clients, il reçoit plusieurs messages de soutien. Par exemple, il raconte que l’un de ses clients criminels était un « jeune homme qui, disons, menait une vie peut-être un peu louche à l’époque. […] En fait, il m’a appelé le jour où j’ai envoyé la lettre, et il m’a dit : “je suis tellement fier de toi.” […] J’étais tout simplement époustouflé. » Le processus ne se déroule pas entièrement sans heurts, car on trouve certains propos haineux dirigés contre Kael McKenzie en ligne. « Mais dans l’ensemble, 95 % de mon expérience est très, très positive », déclare-t-il.

Procureur de la couronne et carrière judiciaire

En 2010, Kael McKenzie est embauché par le Service des poursuites du Manitoba comme procureur de la Couronne en droit de la famille, droit commercial et droit civil. En 2015, un comité indépendant de nomination des juges recommande sa nomination à la Cour provinciale du Manitoba.

Autres activités

Avant d’être appelé à la magistrature, Kael McKenzie travaille comme vice-président du comité exécutif de l’Association du Barreau du Manitoba et président du Rainbow Resource Centre du Manitoba. Il fait également du bénévolat pour le Winnipeg Folk Festival, pour le Historical Museum of St. James-Assiniboia et pour les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord.

Voir aussi Transgenre; Identité de genre.

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