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Paul Kane

Paul Kane, peintre (né le 3 septembre 1810 à Mallow, dans le comté de Cork, en Irlande; décédé le 20 février 1871 à Toronto, en Ontario).
Assiniboines à la chasse au bison
Huile sur toile, vers 1851-1856, de Paul Kane (avec la permission du Musée des Beaux-Arts du Canada).\r\n \r\n
\u00ab Boat Encampment \u00bb (peinture)
Paul Kane, huile sur toile. Cette peinture montre le style traditionnel de Kane après avoir retravaillé des esquisses faites sur le terrain (avec la permission du Musée Royal de l'Ontario).
Autoportrait de Paul Kane
Paul Kane, 1846-1848, huile sur papier (avec la permission de la Stark Foundation d'Orange, au Texas).
\u00ab Well in the Woods \u00bb
Nord-Est de Fort Vancouver, Paul Kane, huile sur papier (avec la permission de la Stark Foundation d'Orange, au Texas).
\u00ab Buffalo Bulls Fighting \u00bb
Paul Kane, 1846, aquarelle sur papier. Kane a visité l'Ouest alors que les bisons y étaient encore nombreux (avec la permission de la Stark Foundation d'Orange, au Texas).
\u00ab White Mud Portage, Winnipeg \u00bb
Paul Kane, vers 1851-1856, huile sur toile (avec la permission du Musée des beaux-arts du Canada).
\u00ab Boat Encampment \u00bb (esquisse)
Paul Kane, vers 1846, aquarelle. Esquisse faite par Kane le long du fleuve Columbia, en Colombie-Britannique (avec la permission de la Stark Foundation d'Orange, au Texas).

Paul Kane, peintre (né le 3 septembre 1810 à Mallow, dans le comté de Cork, en Irlande; décédé le 20 février 1871 à Toronto, en Ontario). Largement autodidacte, Paul Kane, spécialisé dans la représentation de la vie des Autochtones et des colons dans l’Ouest canadien, était le plus célèbre de tous les artistes‑explorateurs canadiens.

Jeunesse et voyages

Paul Kane immigre avec ses parents et ses six frères et sœurs à York [aujourd’hui Toronto] aux alentours de 1819. Affichant un talent précoce, il aurait été suivi, durant son adolescence, par Thomas Drury, professeur de dessin à l’Upper Canada College dans les années 1830. À cette époque, il travaille comme décorateur de mobilier, mais également comme peintre d’enseignes et peintre en bâtiment. En 1834, il expose neuf œuvres, deux originaux et sept copies, à la Society of Artists and Amateurs of Toronto.

Après avoir passé cinq ans à voyager et à peindre aux États‑Unis – à Detroit, à St. Louis, à Mobile et à La Nouvelle‑Orléans –, Paul Kane visite l’Italie entre 1841 et 1842 pour y étudier les maîtres anciens, séjournant à Gênes, à Venise, à Florence et à Rome. Durant son séjour, il effectue une randonnée de Rome à Naples et quitte l’Italie en passant par le col du Brenner, se rendant ensuite en Suisse, à Paris et enfin à Londres. C’est dans la capitale anglaise qu’il aurait rencontré l’artiste américain George Catlin et admiré sa « galerie indienne », une présentation mêlant peintures, conférences et arts de la scène s’appuyant sur ses croquis des peuples autochtones de l’ouest des États‑Unis. Inspiré par les images réalisées par Georges Catlin et par les expériences vécues par le peintre américain, Paul Kane revient au Canada déterminé à peindre une série de tableaux du même genre dans le Nord‑Ouest canadien.

Artiste‑explorateur

Paul Kane quitte Toronto en 1845, avec l’idée de réaliser des dessins des peuples autochtones dans leur milieu naturel traditionnel et de recueillir leurs légendes. Il entame son voyage en longeant les Grands Lacs, mais, prévenu des dangers que présente un voyage en solitaire vers le Pacifique, il rentre en contact avec sir George Simpson, surintendant de la Compagnie de la Baie d’Hudson, lequel prend des dispositions pour que le peintre puisse accompagner les flottes de canots qui transportent des fourrures vers l’Ouest. Il rejoint les négociants à Fort William [aujourd’hui Thunder Bay, en Ontario] en mai 1846 et voyage en leur compagnie en direction de l’ouest jusqu’à Fort Garry. Il assiste à la dernière grande chasse au bison dans cette région, poursuit sa route jusqu’à Norway House, puis suit le cours de la rivière Saskatchewan jusqu’à Fort Edmonton. Après avoir franchi les montagnes à dos de cheval, il descend le fleuve Columbia jusqu’à Fort Vancouver et réalise plusieurs croquis du mont St. Helens ainsi que des tribus de la côte qui vivent dans la région de Victoria. En 1848, il revient à Toronto avec 700 croquis de paysages de l’Ouest canadien et d’autochtones appartenant à quelque 80 tribus.

Paul Kane peint aussi bien des portraits que des scènes marquantes ou des paysages. Kee‑akee‑ka‑saa‑ka‑wow, Cri des Plaines, peint entre 1849 et 1856, est le portrait d’un chef cri. Dans cette version ultérieure d’une esquisse réalisée précédemment à l’aquarelle, le chef, dont le visage austère se dessine sur un arrière‑plan de ciel d’orage, fixe son regard farouche au‑delà du regardeur. En présentant son modèle en grande tenue d’apparat, le visage peint, l’artiste semble avoir eu l’intention de traduire toute la puissance et toute la dignité du chef cri. Danse de la tige de pipe médicinale, Pieds‑Noirs, une œuvre de 1848 exposée à l’origine dans le cadre d’une série de peintures représentant les peuples autochtones du Haut‑Canada réalisée pour l’exposition provinciale de Brockville de 1852, montre deux personnages en robes de cérémonie, pleinement mobilisés par la danse qu’ils ont entreprise, entourés de spectateurs installés en demi‑cercle à côté d’une rangée de tipis, dont l’un joue du tambour; en arrière‑plan, on aperçoit le vert des plaines dont la surface plane semble s’étaler à l’infini jusqu’à l’horizon, là où naît un ciel chargé de cumulus. Les chutes Cackabakah, une huile sur toile peinte entre 1849 et 1856, constitue une sublime représentation par l’artiste des chutes de la rivière Kaministiquia dans le nord‑ouest de l’Ontario qu’il aurait admirées lors de son périple sur la route des voyageurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Peintes des hauteurs d’une colline, les chutes sont encadrées par deux piliers massifs de granite autour desquels se précipitent les eaux blanches bouillonnantes. Afin de souligner la dimension hors-norme de ce phénomène aquatique et peut‑être également pour insister sur la beauté et le caractère sacré du site, le peintre a ajouté au tableau deux personnages autochtones que l’on voit à la limite d’une gorge au sein de laquelle se précipite la rivière, l’un d’entre eux levant son bras comme pour saluer ce miracle de la nature.

Vie et travaux de la maturité

Après son retour, Paul Kane mène une vie paisible à Toronto. Il peint des toiles à partir de ses croquis dans le style européen de l’époque. Cent tableaux achetés par George William Allan se trouvent aujourd’hui au Musée Royal de l’Ontario, tandis que douze toiles achetées par le gouvernement canadien sont conservées au Musée des beaux‑arts du Canada. Les œuvres de Paul Kane ont également été exposées lors de l’Exposition universelle de Paris en 1855. Le récit de ses voyages, The Wanderings of an Artist among the Indians of North America from Canada to Vancouver’s Island and Oregon through the Hudson’s Bay Company’s Territory and Back Again, a été publié en 1859 et traduit en danois, en français et en allemand. (La version française, Les Indiens de la baie d'Hudson; promenades d'un artiste parmi les Indiens de l'Amérique du Nord depuis le Canada jusqu'à l'île de Vancouver et l'Orégon à travers le territoire de la Compagnie de la baie d'Hudson, est parue en 1861.) Ce classique canadien, qui fourmille d’anecdotes, complète ses croquis par de vivantes descriptions de la vie des Autochtones, des Métis, des missionnaires et des négociants en fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson dans les années 1840. Paul Kane a été un conseiller écouté et une source d’inspiration pour des peintres canadiens tels que F.A. Verner, Lucius O’Brien et William Cresswell.

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