Kokis, Sergio
Sergio Kokis, romancier et peintre (Rio de Janeiro, Brésil, 6 mai 1944). L'enfance tumultueuse de Kokis le conduit très jeune dans une institution de redressement pour cause de vagabondage. Il parvient pourtant à fréquenter les Beaux-Arts tout en poursuivant des études en philosophie. Impliqué dans des mouvements d'opposition à la dictature dès 1963, il est condamné pour atteinte à la sécurité nationale. Une bourse d'études française lui est heureusement accordée après l'obtention de sa licence en philosophie (1966). Il complète finalement une maîtrise en psychologie et s'installe au Québec en 1969; il travaille d'abord comme psychologue à l'hôpital psychiatrique de Gaspé. Il rejoint Montréal en 1970 et est reçu docteur en psychologie clinique en 1973. Depuis 1975, il est psychologue à temps partiel à l'hôpital Sainte-Justine. À partir de 1973, il étudie à la School of Art and Design du Musée des Beaux-Arts de Montréal et au Centre Saidye Bronfman de Montréal. Il se consacre exclusivement à l'écriture et à la peinture depuis mai 1997. Son premier roman, Le Pavillon des Miroirs (XYZ, 1994) est couronné par le Prix Molson de l'Académie des Lettres du Québec (1994), le Grand Prix du Livre de Montréal (1994), le Prix Québec-Paris (1995) et le Prix Desjardins du Salon du Livre de Québec (1995). Le récit est de type autobiographique et fait alterner une enfance brésilienne difficile et l'exil à l'âge adulte. L'écriture de Sergio Kokis est caractérisée par la mise en scène de mondes diversifiés dont il rend compte à l'aide d'images fortes et colorées. Son second roman, Negao et Doralice (XYZ, 1995) a moins d'ampleur que le premier mais suscite le même engouement. Le récit des amours tragiques entre une jeune prostituée et un délinquant mulâtre se déroule dans un climat de violence politique et sociale intense, cependant compensé par les épanchements amoureux des deux héros. Après la publication de Errances (XYZ, 1996), moins bien accueilli à cause de la multiplication des digressions scientifiques et philosophiques, Sergio Kokis signe L'Art du maquillage (XYZ, 1997), dont le héros est un peintre montréalais reconverti dans une carrière de brillant faussaire. Un Sourire blindé (XYZ, 1998) tire sa source de l'expérience de l'auteur en tant que psychologue pour enfants. La thématique du ballottage d'un enfant dominicain émigré à Montréal est traité avec un réalisme dur et teinté d'une critique sociale virulente. En 1999, Sergio Kokis allie ses talents d'écriture et de peintre en publiant La Danse macabre du Québec (XYZ, 1999). L'illustration des visages de la mort se fait par l'alternance de tableaux morbides et de poèmes. Sergio Kokis est enfin l'auteur d'un excellent roman d'idées, Le Maître de jeu (XYZ, 1999), dans lequel la théorie ne limite pas le dynamisme et la qualité du récit. Il ressort de cette oeuvre une réflexion enrichissante sur le mal, la mort et la liberté.