Susan Charlotte Buchan, baronne Tweedsmuir d’Elsfield (née Grosvenor), autrice, consort vice-royale du Canada de 1935 à 1940 (née le 20 avril 1882 à Londres au Royaume-Uni; décédée le 22 mars 1977 à Burford au Royaume-Uni). Autrice de plusieurs romans, de livres pour enfants et de biographies, lady Tweedsmuir a fondé le Lady Tweedsmuir Prairie Library Scheme pour distribuer des livres dans les communautés isolées de l’Ouest canadien. Elle a également encouragé la compilation d’albums de coupures d’histoire locale par la Fédération des instituts féminins du Canada et elle a fait don du trophée du championnat Lady Tweedsmuir de curling féminin.

Jeunesse
Susan Grosvenor est la fille du capitaine l’honorable Norman de l’Aigle Grosvenor, député libéral britannique de 1869 à 1874, et de Caroline Stuart-Wortley, romancière et fondatrice de la Women’s Farm and Garden Union (aujourd’hui la Working for Gardeners Association). Elle est la cousine du duc de Westminster. L’une de ses amies d’enfance est la future autrice Virginia Woolf. Susan et sa sœur cadette Margaret sont éduquées par une gouvernante, et plus tard, Susan écrit dans ses mémoires The Lilac and the Rose : « Je regrette toujours le fait qu’on ne m’ait jamais appris à me concentrer ou à avoir l’esprit précis quand j’étais enfant et qu’on ne m’ait jamais parlé de leur importance vitale plus tard dans la vie. » Après la mort de son père alors qu’elle a 16 ans, Susan voyage beaucoup avec sa mère et sa sœur en Allemagne, en France et en Italie, et elle apprend à parler l’allemand et le français couramment. Elle travaille au bureau de la Charity Organization Society à Londres jusqu’à son mariage.
Mariage et enfants
Susan Grosvenor rencontre le romancier et historien écossais John Buchan en 1905 par l’intermédiaire d’un ami commun. Le 15 juillet 1907, ils se marient à St. George’s de Hanover Square, à Londres. Le mariage est heureux. Dans son autobiographie publiée à titre posthume, Memory Hold-the-Door, John Buchan écrit à propos de son mariage : « J’ai été heureux dans de nombreux domaines, mais toutes mes autres bonnes fortunes ne sont que poussière dans la balance comparées à la bénédiction d’une épouse incomparable. » Le couple s’installe à Elsfield Manor près d’Oxford, après la Première Guerre mondiale.
Susan et John Buchan ont quatre enfants : Alice Caroline Fairfax-Lucy (1908-1993), autrice et archiviste; John Norman Stuart, 2e baron Tweedsmuir (1911-1944), officier militaire, naturaliste et explorateur; William James de l’Aigle, 3e baron Tweedsmuir (1916-2008), pilote de la Royal Air Force et poète; et Alastair Francis (1918-1976), qui sert dans les forces canadiennes durant la Deuxième Guerre mondiale.
Débuts de carrière littéraire
John et Susan Buchan sont tous deux des auteurs prolifiques, et ils écrivent des livres côte à côte dans la bibliothèque de leur maison. Elle écrit des livres d’histoire inspirés de recherches menées dans les bibliothèques de l’Université d’Oxford, notamment The Sword of State : Wellington After Waterloo (1928) et Lady Louisa Stuart : Her Memories and Portraits (1932). Son livre de 1935 sur Charlotte Stuart, duchesse d’Albany et fille illégitime de Charles Edward Stuart (Bonnie Prince Charlie), The Funeral March of a Marionette, est publié par The Hogarth Press, la maison d’édition de Leonard et Virginia Woolf, avec une jaquette conçue par l’artiste Vanessa Bell, la sœur de Virginia Woolf. Susan Buchan écrit également des livres pour enfants. John Buchan encourage sa femme à écrire son premier roman. Ce livre, intitulé The Scent of Water (1937), est inspiré par ses expériences de travail caritatif au Pays de Galles et il est écrit pendant son mandat de consort vice-royale du Canada.

Consort vice-royale du Canada
Le 1er juin 1935, le roi George V fait de John Buchan le premier baron Tweedsmuir d’Elsfield en l’honneur de sa nomination au poste de gouverneur général du Canada, plus tôt dans l’année. Susan Buchan devient lady Tweedsmuir et elle utilise Susan Tweedsmuir comme nom de plume pour ses livres ultérieurs. Le nouveau couple vice-royal arrive au Canada le 2 novembre 1935.
En tant que consort vice-royale du Canada de 1935 jusqu’à la mort de son mari en 1940, lady Tweedsmuir encourage l’alphabétisation et la préservation de l’histoire locale, voyageant beaucoup et donnant des conférences dans des clubs de femmes. En octobre 1938, lady Tweedsmuir reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université de Toronto en l’honneur de sa carrière littéraire. Dans son discours de remerciement, publié plus tard dans la Canadian Historical Review, elle loue les efforts des historiens amateurs qui « aident parfois à révéler quelque chose dans l’obscurité du passé qui a été laissé de côté ou oublié au fil du temps ». Elle est active au sein du mouvement de la Fédération des instituts féminins du Canada, devenant membre honoraire à vie des Federated Women’s Institutes of Ontario, et elle encourage les femmes rurales qui sont membres de ces sociétés à compiler des albums de coupures sur l’histoire locale. Ces albums, connus sous le nom de Tweedsmuir Histories, font aujourd’hui partie des collections des archives locales du Canada.
Lady Tweedsmuir écrit un ouvrage sur le Canada pour la série The British Commonwealth in Pictures, qui est publié en 1941. Elle aime particulièrement son séjour à la Citadelle de Québec. Inspirée par les journaux intimes des années 1830 de lady Louisa Anne Whitworth-Aylmer, l’épouse de Matthew Whitworth-Aylmer qui est gouverneur en chef du Bas-Canada de 1830 à 1835, lady Tweedsmuir publie ses réflexions dans cet ouvrage de journaux, ainsi que certaines de ses propres impressions sur le Québec, sous le titre Carnets Canadiens en 1938.
En 1936, lors d’une tournée en train dans les provinces de l’Ouest canadien avec son mari, lady Tweedsmuir demande aux habitants de la région comment elle pourrait les aider : plusieurs d’entre eux lui demandent des livres. Elle met sur pied le programme Lady Tweedsmuir Prairie Library Scheme, qui permet de recueillir 40 000 livres à Rideau Hall pour les distribuer aux communautés isolées de l’Ouest canadien. Lord et lady Tweedsmuir effectuent une tournée des provinces maritimes en 1937.
En 1938, lady Tweedsmuir fait don du trophée du championnat Lady Tweedsmuir à la Ladies Curling Association de la branche canadienne du Royal Caledonian Curling Club. Ce trophée est l’équivalent du trophée du Gouverneur général pour le curling masculin, créé en 1875. Lady Tweedsmuir présente le trophée et les médailles pour le curling féminin chaque année à Rideau Hall (officiellement Government House). En 1939, lady Tweedsmuir accueille le roi George VI et la reine Elizabeth (plus tard la reine mère) à Ottawa lors de leur tournée royale de six semaines au Canada et aux États-Unis.

Vie ultérieure
Lady Tweedsmuir retourne au Royaume-Uni après le décès de son mari en 1940, et elle vit à Elsfield Manor jusqu’en 1953. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle offre l’hospitalité aux troupes canadiennes stationnées à proximité. En 1954, elle s’installe dans la ville de Burford, dans les Cotswolds. Elle continue d’être une autrice prolifique, écrivant trois courts volumes de mémoires sur sa jeunesse, The Lilac and the Rose (1953), A Winter Bouquet (1954) et The Edwardian Lady (1966), ainsi que six romans, dont The Silver Ball (1944), The Rainbow Through the Rain (1950), A Winter Bouquet (1954), Cousin Harriet (1957), Dashbury Park (1959) et A Stone in the Pool (1961). Lady Tweedsmuir écrit également la préface d’un volume commémoratif sur le couronnement de la reine Elizabeth II en 1952.
Le fils de lady Tweedsmuir, William, écrit dans la biographie de son père : « La popularité de John Buchan, telle que mesurée par une constante demande pour ses livres, n’a jamais connu de sérieux déclin, et la majeure partie du mérite pour cela en revient à ma mère, qui, tout au long de ses 37 années de veuvage, a travaillé sans relâche pour garder le nom de son mari vivant. » Lady Tweedsmuir vend sa bibliothèque de 4500 volumes à l’Université Queen’s de Kingston en Ontario. En 1947, elle publie un volume de souvenirs de son défunt mari, John Buchan, by his Wife and Friends. Lady Tweedsmuir publie également des anthologies des écrits et des discours de son mari et elle négocie personnellement les droits de diffusion de séries radiophoniques et d’adaptations télévisées de son œuvre. Ses conversations sur la vie et la carrière de lord Tweedsmuir inspirent les biographies de lui qui sont écrites par Janet Adam Smith en 1965 et par sa petite-fille Ursula Buchan en 2019.