Phyllis Barbara Lambert (née Bronfman), C.C., G.O.Q., F.I.R.A.C., M.S.R.C., architecte, philanthrope, conservatrice (née le 24 janvier 1927 à Montréal, au Québec). Phyllis Lambert a été surnommée « Jeanne d’Architecture », tant pour sa promotion dynamique de l’architecture que pour son dévouement à préserver le patrimoine architectural au Canada et à l’étranger. Elle a fondé Héritage Montréal, la Société d’amélioration Milton-Parc (SAMP) et le Centre canadien d’architecture, de renommée mondiale. Partisane de la planification et de la conservation urbaines, elle a transformé la perception des architectes et leur façon de travailler, et elle a contribué à faire de l’architecture un important enjeu civique. Elle est compagnon de l’Ordre du Canada, officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de France, grande officière de l’Ordre national du Québec et récipiendaire de la médaille d’or de l’Institut royal de l’architecture du Canada.
Formation et premiers projets
Fille de l’industriel-distillateur Samuel Bronfman, Phyllis Lambert fait ses études au Vassar College, à New York, où elle obtient son baccalauréat en arts en 1948. Sachant qu’elle n’est pas destinée à gérer l’entreprise familiale, qui est confiée à ses deux frères, Edgar et Charles Bronfman (voir aussi Famille Bronfman), elle entreprend une carrière en architecture.
Un de ses premiers projets est de convaincre son père de rejeter le design original de l’édifice Seagram à New York, qu’elle trouve épouvantable, et de trouver un architecte moderniste de premier plan. Après avoir examiné le travail de grands architectes comme Le Corbusier et Eero Saarinen, elle implore son père d’engager Ludwig Mies van der Rohe, un professeur de Bauhaus et un des architectes modernes les plus influents du 20e siècle. Elle est responsable de la planification pour la durée du projet (1954-1958), et s’inscrit ensuite dans le programme établi par Ludwig Mies à l’Illinois Institute of Technology, où elle étudie sous la direction de Myron Goldsmith. Elle obtient sa maîtrise en architecture en 1963.
Projets notables
Pendant les années 1960, Phyllis Lambert conçoit le centre Saidye-Bronfman de Montréal, un pavillon en verre et en acier de style international, à la manière de Ludwig Mies. Elle travaille également en qualité de consultante au projet du centre Toronto-Dominion à Toronto. Il s’agit du dernier grand projet auquel participe Ludwig Mies avant sa mort. Avec son bardage en bronze foncé et son verre teinté, le centre Toronto-Dominion est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre architecturaux de Toronto.
Au milieu des années 1970, Phyllis Lambert est architecte-promoteure avec Gene Summers pour le projet de rénovation de l’hôtel Biltmore, au centre-ville de Los Angeles. Pour avoir si bien restauré ce point d’intérêt et lui avoir rendu sa vocation originale, elle reçoit le prix d’honneur national de l’American Institute of Architects.
En 1975, Phyllis Lambert fonde Héritage Montréal, un organisme qui travaille pour préserver des bâtiments patrimoniaux de la ville dans les quartiers du Vieux-Port et du Mille carré doré. Une autre initiative importante de Phyllis Lambert est la Société d’amélioration Milton-Parc (SAMP), un projet de rénovation de logements coopératifs à but non lucratif à Montréal.
Centre canadien d’architecture (CCA)
Une des réalisations les plus importantes de Phyllis Lambert est son rôle de directrice du Centre canadien d’architecture (CCA), un musée et un centre de recherche de calibre mondial à Montréal. Fondé en 1979 par Phyllis Lambert, le CCA a pour objectif la préservation du patrimoine architectural. Il possède de vastes collections de dessins, de livres, de photographies et de matériaux architecturaux. L’édifice du CCA, conçu par Peter Rose avec Phyllis Lambert comme architecte consultante, est complété en 1989. Le projet a préservé et intégré Shaugnessy House, un manoir montréalais historique sauvé par Phyllis Lambert. Avec ses jardins, dont le plus grand a été dessiné par Melvin Charney, le CCA a contribué à faire revivre un quartier urbain en déclin.
Le 1er mars 1999, Phyllis Lambert quitte son poste de directrice du Centre canadien d’architecture pour prendre sa retraite, mais elle continue d’occuper le poste de présidente du conseil des fiduciaires et demeure une membre active du comité des acquisitions.
Engagement et publications
Au cours de sa carrière, Phyllis Lambert a lancé un certain nombre de projets et de publications liées à l’architecture et à la préservation, notamment Court House: A Photographic Document, Photography and Architecture: 1839–1939, Montréal, ville fortifiée du XVIIIe siècle et Fortifications and the Synagogue: The Fortress of Babylon and the Ben Ezra Synagogue, Cairo (achevé en 1991).
Un important livre d’architecture écrit par Phyllis Lambert, Mies in America (2001), est le fruit d’une exposition au Whitney Museum of American Art et au Museum of Modern Art à New York. L’ouvrage souligne la nécessité d’un leadership pour la création d’œuvres d’architecture contextuelles et pertinentes. En 1998, Phyllis Lambert annonce le lancement du Prix de la Fondation internationale du Centre canadien d’architecture (FICCA), une bourse internationale de 100 000 $ visant à encourager de nouvelles idées pour la conception urbaine.
Postes universitaires
Phyllis Lambert occupe une succession de postes universitaires à l’Institut de technologie de l’Illinois, l’école d’architecture de l’Université de Princeton, l’école supérieure de dessin de l’Université Harvard, la faculté d’architecture de l’Université de Toronto, l’école d’architecture de l’Université McGill, la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, l’Institut d’études supérieures de l’Université de Princeton (1986), l’Institut des études avancées dans les humanités de l’Université d’Edinburgh (1991) et l’Institut des Beaux-Arts de l’Université de New York. Elle siège également comme présidente du Centre Temple Hoyne Buell for the Study of American Architecture de l’Université Colombia.
Distinctions
Phyllis Lambert est reçue membre de l’Ordre du Canada en 1985, puis officier en 1990 et compagnon en 2001. Elle est officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de France, grande officière de l’Ordre national du Québec et récipiendaire de la médaille d’or de l’Institut royal d’architecture du Canada.
Elle reçoit le prix Vincent Scully du National Building Museum en 2006. Un film sur sa vie et ses œuvres, Citizen Lambert: Joan of Architecture, réalisé par Teri Wehn-Damisch, paraît en 2007. Elle reçoit le Lion d’or pour l’œuvre de toute une vie lors de la Biennale d’architecture de Venise (2014), la bourse commémorative Arnold W. Brunner de l’American Academy of Arts and Letters et le prix Wolf en art (2016) de la Fondation Wolf en Israël.
Postérité et importance
Phyllis Lambert a fait la promotion de la planification, la rénovation et la conservation urbaine, et de l’importance culturelle de l’architecture. En promouvant l’architecture comme un art, elle a transformé la perception des architectes et leur façon de travailler. En amenant les architectes et le public à débattre de la valeur de l’architecture, elle a contribué à en faire un enjeu civique d’importance.
Prix
- Membre, Ordre du Canada (1985)
- Membre, Institut royal d’architecture du Canada (1985)
- Chevalière, Ordre national du Québec (1985)
- Officier, Ordre du Canada (1990)
- Doctorat honorifique en art, architecture, Pratt Institute (1990)
- Médaille d’or, Institut royal d’architecture du Canada (1991)
- Officier, Ordre des Arts et des Lettres de France (1992)
- Bourse Hadrian, World Monuments Fund (1997)
- Compagnon, Ordre du Canada (2001)
- Compagnon, Société royale du Canada (2002)
- Grande officière, Ordre national du Québec (2005)
- Prix Vincent Scully, National Building Museum (2006)
- Lion d’or pour l’œuvre de toute une vie, Biennale d’architecture de Venise (2014)
- Prix Wolf en art, Fondation Wolf (Israël) (2016)
- Bourse commémorative Arnold W. Brunner, American Academy of Arts and Letters (2016)