Article

Laura Muntz Lyall

Laura Adeline Muntz Lyall, artiste (née le 18 juin 1860 à Radford Semele dans le Warwickshire, en Angleterre; décédée le 9 décembre 1930 à Toronto en Ontario). Laura Muntz Lyall a été une artiste-peintre impressionniste à succès au début du 20e siècle, et elle a été la première artiste canadienne à recevoir une mention honorable au Salon de Paris, ainsi que la première artiste impressionniste féminine canadienne à voir son œuvre faire partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa.

Photo de Laura Muntz Lyall

Famille

Laura Muntz naît dans le village de Radford Semele, près de la ville de Leamington Spa dans le Warwickshire; elle est la deuxième des six enfants d’Eugene Gustavus et d’Emma Louisa Muntz. La famille Muntz est d’origine polonaise, originaire de ce qui est maintenant la Lituanie, et elle immigre en France au 18e siècle. La famille déménage en Angleterre après la Révolution française. Le grand-père paternel de Laura Muntz, George Frederick Muntz (1794-1857), est député libéral et il fait fortune en brevetant le métal Muntz, un laiton qui combine le cuivre et le zinc, ce qui remplace le revêtement en cuivre pur plus coûteux, précédemment appliqué sur les fonds de navires. Il acquiert ensuite la demeure seigneuriale d’Umberslade Hall à Tanworth à Arden, dans le Warwickshire.

Canada

Eugene Gustavus, Emma Muntz et leurs enfants immigrent en Ontario en 1869. Ils s’installent d’abord sur une grande ferme au bord du lac Simcoe dans Orillia Township, puis ils déménagent à Maple Grove Farm près de Bracebridge à Muskoka, où Eugene Muntz élève des bovins de race pure importés. Laura Muntz est encouragée à étudier l’art de manière formelle avec l’artiste William Charles Forster, qui dirige une école d’art à Hamilton. En 1882, elle déménage à Toronto pour fréquenter la Ontario School of Arts (qui devient plus tard l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario) où elle étudie avec Lucius O’Brien, l’un des peintres paysagistes les plus prolifiques du Canada.

Londres et Paris

En 1889, Laura Muntz passe trois mois en Angleterre où elle étudie à la St. John’s Wood School of Art de Londres avec l’artiste de genre écossais Thomas Faed (1826-1900) qui est célèbre pour son tableau d’une mère et enfant Highland Mother. Après avoir poursuivi ses études à la Toronto School of Art avec le peintre George A. Reid, Laura Muntz s’installe à Paris en 1891 et elle s’inscrit à l’Académie Colarossi, où elle partage un logement avec l’artiste américaine Wilhelmina Hawley et donne des cours particuliers d’anglais pour subvenir à ses besoins. En 1894, son tableau The Watcher, qui dépeint une mère priant au chevet de son enfant malade, est accepté pour être exposé au prestigieux Salon de Paris. Elle reçoit une mention honorable pour l’une de ses toiles en 1895.

Toronto, New York et Montréal

Après son retour au Canada en 1898, Laura Muntz peint et enseigne l’art à Toronto, et elle s’installe ensuite à New York en 1904, où elle partage son atelier et son logement avec Florence Carlyle, une autre artiste canadienne qui a exposé son travail au Salon de Paris. Elle retourne à Toronto pour enseigner l’art au Havergal College. De 1906 à 1914, Laura Muntz vit à Montréal et elle fonde un studio fructueux au Beaver Hall Square.

Laura Muntz est acclamée pour avoir transmis les expressions subtiles des enfants et de leurs parents dans la représentation de la lumière de ses peintures. Le magazine Saturday Night écrit en 1901 : « Mademoiselle Muntz travaille aussi bien à l’huile qu’à l’aquarelle, sans se soucier du médium ».

Le tableau Narcisse des bois
Le tableau Nature morte
Tableau La Madonne aux anges

Reconnaissance

Laura Muntz devient membre de la Ontario Society of Artists en 1891. Elle est la première femme membre du conseil exécutif de la société, siégeant de 1899 à 1903. En 1895, Laura Muntz est élue à l’Académie royale des arts du Canada, devenant la huitième artiste féminine à recevoir cet honneur. Elle reçoit une médaille d’argent à l’Exposition panaméricaine de 1901 de Buffalo à New York, et une médaille de bronze à la Louisiana Purchase Exposition (largement connue sous le nom de St. Louis World’s Fair) en 1904. En 1910, le Musée des beaux-arts du Canada acquiert le tableau A Daffodil (intitulée en français Narcisse des bois) de Laura Muntz qui dépeint une jeune fille tenant une fragile jonquille printanière, ce qui symbolise le caractère éphémère de l’enfance. La toile Narcisse des bois est la première œuvre impressionniste d’une artiste canadienne à être acquise par le Musée des beaux-arts du Canada.

Mariage

Laura Muntz reçoit plusieurs propositions de mariage de son beau-frère veuf, Charles William Bayley Lyall, qui a besoin d’aide pour élever ses enfants après le décès de sa première épouse, Ida, la sœur cadette de Laura Muntz. En 1915, à l’âge de 55 ans, Laura Muntz épouse Charles Lyall. Elle est proche de ses nièces et neveux, mais son mari ne partage pas ses intérêts artistiques. Après son mariage, elle ajoute le nom de Lyall à son nom, et elle signe ses tableaux « Laura Muntz Lyall ».

Expositions canadiennes

Laura Muntz expose 27 tableaux à l’Académie royale des arts du Canada entre 1893 et 1929. Elle expose ses œuvres à la Art Association of Montreal de 1903 à 1928, et à la Ontario Society of Artists de 1891 à 1930. En 1926, sept de ses tableaux sont inclus dans une exposition de peintures canadiennes de la Art Gallery of Toronto (maintenant le Musée des beaux-arts de l’Ontario), aux côtés des œuvres de Tom Thomson, de Lawren Harris et de J.E.H. MacDonald. Ses tableaux sont acquis par des collectionneurs privés ainsi que par des galeries d’art en Amérique du Nord et en Europe. En 1913, Edward Rimbault Dibdin, conservateur de la Walker Art Gallery, écrit dans le catalogue de la galerie : « Parmi les femmes peintres du Canada, aucune n’est plus supérieure que mademoiselle Laura Muntz… Nous sommes heureux d’acquérir deux tableaux provenant de son pinceau qui possèdent toutes les qualités de couleur riche et liquide, de manipulation magistrale et de sentiment profond qui caractérisent son art. »

Vie ultérieure

Après son mariage, Laura Muntz Lyall établit un studio dans le grenier de sa maison de l’avenue Bernard à Toronto, qu’elle partage avec son mari, ses nièces et ses neveux. Elle continue à exposer ses tableaux, à accepter des commandes et à voyager occasionnellement, visitant New York et la Grande-Bretagne en 1929. Ses peintures ultérieures, comme sa peinture de 1913, Mother and Child, présentent des éléments de technique postimpressionniste, notamment des couleurs et des coups de pinceau plus riches et texturés. Laura Muntz Lyall meurt d’un goitre exophtalmique (maladie de Graves) à Toronto en 1930, et elle est enterrée avec son mari au cimetière Mount Pleasant de Toronto.

Legs

L’art de Laura Muntz Lyall tombe dans une relative obscurité après sa mort. Joan Murray, directrice émérite de la Robert McLaughlin Gallery à Oshawa, écrit que « comme pour de nombreux artistes de sa génération, la principale raison pour laquelle Muntz n’est pas mieux connue au Canada aujourd’hui est qu’elle a été éclipsée par la popularité généralisée des œuvres de Tom Thomson et du Groupe des Sept. Dans son influent livre sur l’histoire de l’art canadien, Painting in Canada : A History, J. Russell Harper consacre une seule phrase à Laura Muntz Lyall, écrivant qu’elle « a échoué à accomplir tout ce que ses études parisiennes promettaient, mais ses premières compositions sur le thème de la mère et l’enfant sont allées au-delà de la simple narration dans leurs subtilités et la liberté de pinceau inégalées. »

Les œuvres de Laura Muntz Lyall sont redécouvertes par un large public dans les années 1970, lorsqu’elles sont présentées dans le cadre de deux expositions très médiatisées au Musée des beaux-arts de l’Ontario à Toronto : Impressionism in Canada : 1895–1935 (en 1974) et Children at the Turn of the Century: Laura Muntz Lyall (en 1976). Ses tableaux ont récemment été présentés au Musée des beaux-arts du Canada dans le cadre de l’exposition Le Canada et l’impressionnisme : nouveaux horizons en 2022.