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Laure Waridel

Laure Waridel, C. M., C. Q., militante sociale, auteure, environnementaliste, conférencière et chroniqueuse (née le 10 janvier 1973 à Chesalles-sur-Oron, Suisse). Considérée comme l’une des 25 personnalités les plus influentes en politique au Québec, cette visionnaire est récipiendaire d’un doctorat honorifique de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), de l’Insigne du mérite de l’Université de Montréal et du grade de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade. Laure Waridel est la co-fondatrice d’Équiterre, un organisme québécois qui encourage la population et les gouvernements à faire des choix solidaires, équitables et écologiques. Auteure de plusieurs essais sur les questions environnementales, elle a collaboré à de nombreux magazines, dont Voir et Reader’s Digest, de même qu’animé la chronique Acheter, c’est voter sur les ondes de Radio-Canada. Elle est actuellement conseillère stratégique au Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD), une initiative de Polytechnique Montréal qui regroupe plus de 80 chercheurs.
Laure Waridel

Enfance et adolescence

Laure Waridel voit le jour en 1973 dans le canton de Vaud, en Suisse. Avant sa naissance, son grand-père et son père, Alexi Waridel, possèdent une ferme avec un certain nombre d’animaux ainsi qu’un verger et un potager dont les fruits et légumes servent à nourrir la famille. Lorsqu’Alexi épouse Heïdi Schneider, celle-ci travaille auprès d’eux dans les champs. Dans les années qui suivent, le troupeau passe à une trentaine de bêtes.

En 1975, Laure étant âgée de deux ans, ses parents achètent une terre à Mont-Saint-Grégoire, en Montérégie (Québec), afin d’y exploiter une ferme laitière. Laure y passe son enfance avec son frère et ses trois sœurs. Dès son jeune âge, elle est sensible aux enjeux du milieu de l’agriculture et à l’importance de l’environnement. À l’adolescence, elle occupe un premier emploi chez Jean Roussel, un voisin qui possède la ferme biologique Cadet Roussel (voir Agriculture biologique).

Formation et début de carrière

En 1990, Laure entreprend des études en sciences sociales au Cégep Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse. Elle fait un stage au Burkina Faso et y est fascinée par les femmes de la province du Sahel, qui sèchent des mangues au soleil et les exportent en Suisse afin d’en faire un commerce équitable. Son ami Éric St-Pierre, photographe professionnel, lui transmet l’envie de réaliser un reportage dans un pays en développement. Ensemble, ils se penchent sur le sujet du commerce équitable, particulièrement sur la question du café, une boisson consommée surtout dans les pays du Nord mais dont le grain est cultivé presque exclusivement au Sud.

Avec Éric St-Pierre, elle séjourne durant un été dans l’État de Oaxaca, au Mexique, au sein d’une coopérative de producteurs de café appelée UCIRI. Ils en retirent un grand nombre d’enseignements en admirant la force des Zapotèques, des Mixes, des Mixtèques et des Chontales qui travaillent chaque jour à la culture du café au cœur des montagnes de l’isthme de Tehuantepec.

Qu’est-ce que le commerce équitable?
En 2001, le réseau informel FINE, qui regroupe les quatre plus grandes organisations internationales de commerce équitable a adopté une définition commune du commerce équitable. Celle-ci est largement reprise par différents organismes et dans les documents officiels.
« Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s'engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l'opinion et à mener campagne pour des changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. » 

En 1992, Laure Waridel participe au Sommet de la Terre qui a lieu à Rio de Janeiro, au Brésil. Inspirée par les valeurs de solidarité et de respect de l’environnement, elle fonde en 1993 l’organisme ASEED (Action pour la solidarité, l’équité, l’environnement et le développement) en compagnie de ses amis Steven Guilbault, François Meloche, Élisabeth Hunter, Patrick Henn et Sidney Ribeaux. La mission de cet organisme à but non lucratif qui, en 1998, prend le nom d’Équiterre, est de « proposer des solutions concrètes pour accélérer la transition vers une société où les citoyens, les organisations et les gouvernements font des choix écologiques qui sont également sains et équitables ».

Beaucoup de bénévoles et d’organismes clés se joignent à eux au fil des années, dont les Groupes de recherche d’intérêt public (GRIP), qui s’établissent dans les universités McGill, Concordia et du Québec à Montréal (UQAM), ENvironnement JEUnesse (ENJEU) et OXFAM Québec. Depuis une vingtaine d’années, le travail d’Équiterre a beaucoup contribué à la conscientisation aux enjeux du commerce équitable. Grâce à cet organisme, le nombre de points de vente de produits du commerce équitable au Québec a augmenté considérablement, passant d’aussi peu que 2 en 1996 à plus de 1 500 en 2005. De plus, en étant sensibilisés à l’importance d’acheter du café équitable, les consommateurs posent des gestes concrets et exercent de la pression sur les grandes chaînes de détaillants de café. Ainsi, après avoir reçu pendant plus de trois ans des centaines de cartes postales de la part de consommateurs socialement responsables privilégiant l’équité, l’entreprise Café Van Houtte a décidé d’offrir du café mexicain équitable et biologique.

Recherches et publications

Après une formation de premier cycle en sociologie et en études du développement international à l’Université de McGill, Laure Waridel entreprend une maîtrise en environnement au sein de l’Eco-Research Chair of Environmental Law and Policy de l’Université de Victoria.

En 1997, elle publie aux Éditions Les Intouchables un premier ouvrage, Une cause café, suivi en 2001 de Coffee with Pleasure chez Black Rose Books. Ce livre est à l’origine de la version française bonifiée Acheter, c’est voter publiée aux Éditions Écosociété en 2005. Dans cet ouvrage, l’auteure nous fait découvrir le parcours du café de l’arbuste jusqu’à notre table, nous informant aussi bien au sujet du labeur des paysans qui le cultivent que des multinationales qui possèdent les marques de café que nous achetons. Elle nous raconte aussi l’histoire inspirante de la Union de Comunidades Indigenas de la Region del Istmo (UCIRI), une coopérative mexicaine de producteurs de café qui regroupe 2 720 familles et soutient les autochtones depuis 1982 en dépit des épreuves et des manœuvres d’intimidation des commerçants locaux de l’élite.

Café issu du commerce équitable

Pour Laure Waridel, « la mondialisation de la justice sociale et environnementale n’est pas qu’un discours. Elle exige de passer de la pensée à l’action quotidienne. Elle doit s’exercer chaque jour, dans ce que nous disons aux politiciens et aux entreprises, dans ce que nous achetons et dans l’attitude à l’égard des gens qui nous entourent » (Acheter, c’est voter, 2005).

En 1998, la militante publie L’envers de l’assiette, un essai présenté sous forme de guide alimentaire.Cet ouvrage, réédité en 2011, constitue une véritable mine de renseignements et influence favorablement le lecteur dans ses choix alimentaires. Laure Waridel y présente le concept très simple des 3 N-J (Nu, Non-loin, Naturel et Juste) : « Nu » pour des aliments sans emballage, « Non-loin » pour des aliments locaux, « Naturel » pour des aliments plus sains issus d’une agriculture écologique et « Juste » pour repenser le système agroalimentaire du local au global afin que tout le monde puisse manger à sa faim. Après la lecture de ce livre, le consommateur possède une toute nouvelle perception et est en mesure de bien choisir parmi les aliments qu’on lui propose (voir Agriculture et produits alimentaires).

Pause en Suisse et études doctorales

Au début des années 2010, Laure Waridel et son premier conjoint, le documentariste Hugo Latulippe, prennent une année sabbatique et se retirent dans les Alpes, entre Lausanne et Fribourg, en compagnie de leur fils Colin et de leur fille Alphée. Cette pause familiale dans le village d’origine de Laure permet à leur cadette, qui connaît un retard de croissance et de développement dû au Syndrome Smith-Lemli-Opitz, d’évoluer à son rythme. De cet air pur et sanitaire, ainsi que de la splendeur des horizons suisses, résulte le film Alphée des étoiles réalisé par Hugo Latulippe en 2012.

Durant ce séjour en Suisse, Laure Waridel entreprend des études doctorales à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève. En 2016, elle obtient le grade de docteure en anthropologie et sociologie du développement. Aujourd’hui mariée à Bruce W. Johnston, elle agit à titre de conseillère en développement durable auprès du CIRODD, à Polytechnique Montréal, après avoir été directrice exécutive du Centre de septembre 2015 à mars 2017.

Prix et distinctions

  • Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, Assemblée parlementaire de la Francophonie (2006)
  • Doctorat honorifique, Université du Québec à Rimouski (UQAR) (2011)
  • Membre de l’​Ordre du Canada (2012)
  • Insigne du mérite, Université de Montréal (2013)
  • Chevalière de l’​Ordre national du Québec (2016)