Le Canada et l'agent orange | l'Encyclopédie Canadienne

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Le Canada et l'agent orange

L’agent Orange est un mélange d’herbicides (produits chimiques qui tuent les plantes) et de défoliants (produits chimiques utilisés pour enlever les feuilles des plantes et des arbres). Il a été utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam pour détruire les plantes en grandes quantités. L’agent Orange était l’un des « herbicides arc-en-ciel », avec l’agent Violet et l’agent Blanc, qui ont été utilisés et testés à la base des Forces canadiennes de Gagetown, au Nouveau-Brunswick. Un herbicide lié à l’agent Orange a été utilisé pour défricher des terres publiques dans le nord de l’Ontario entre les années 1950 et 1970. On ignore combien de Canadiens ont été exposés à ce produit chimique potentiellement mortel. On ignore également combien d’entre eux sont morts à cause de cette substance.

Utilisation en temps de guerre

Les herbicides chimiques sont utilisés pour la première fois par les Britanniques lors de l’insurrection communiste malaise, de 1948 à 1960. Leur utilisation sert alors à détruire à la fois la couverture de la jungle et les plantes agricoles susceptibles d’être utilisées par les guérilleros malais. L’expérience britannique sert de précédent à l’utilisation d’herbicides par les Américains pendant la guerre du Vietnam. L’agent Orange est utilisé au Vietnam de 1962 à 1971 pour détruire la dense canopée de la jungle qui fournit un abri et une couverture aux militaires nord-vietnamiens et aux guérilleros vietcongs. L’agent Orange est également utilisé contre les plantes agricoles et pour lutter contre les mauvaises herbes autour des bases militaires américaines. On estime que plus de 72 millions de litres d’agent Orange sont pulvérisés au Vietnam et dans les pays voisins pendant la guerre. Plus de 25 000 kilomètres carrés de forêts sont ainsi défoliés.

Effets secondaires

L’agent Orange est d’abord considéré comme inoffensif pour l’homme et suffisamment sûr pour être manipulé sans protection supplémentaire. Cependant, le mélange d’herbicides produit des traces de dioxine TCDD, la plus toxique et la plus dangereuse des dioxines. Selon les estimations du Vietnam, environ 5 millions de ses citoyens souffrent d’affections, de malformations congénitales ou de cancers liés à leur exposition à l’agent Orange et à d’autres herbicides utilisés pendant la guerre du Vietnam, et jusqu’à 3 millions souffrent de malformations congénitales ou d’autres maladies graves. On pense qu’environ 2,6 millions de soldats américains ayant servi au Vietnam ont été exposés à l’agent Orange. Ces anciens combattants ont signalé diverses maladies et autres problèmes de santé. Une étude estime d’ailleurs que les anciens combattants sont 33 % plus susceptibles d’avoir des enfants atteints de malformations congénitales que les autres soldats. En outre, l’agent Orange est associé à un risque accru de cancer.

L’agent Orange au Canada

Le Canada teste les agents Blanc, Violet et Orange en coopération avec l’armée américaine à la BFC Gagetown en 1966 et en 1967. Ce n’est toutefois pas la seule fois que ces dangereux herbicides sont utilisés sur la base. En effet, on estime à plus d’un million de litres la quantité d’herbicides arc-en-ciel et d’autres herbicides utilisés entre 1956 et 1984. Plus de 300 000 militaires canadiens sont passés par la BFC Gagetown au cours de cette période de 28 ans.

L’utilisation de l’agent Orange et d’autres herbicides au Nouveau-Brunswick est rendue publique au début des années 1980. Cela encourage d’anciens employés de NB Power à créer la Sprayers of Dioxin Association pour réclamer une indemnisation. Ces efforts portent leur fruit, et les employés sont indemnisés.

En 2004, la veuve d’un général à la retraite qui avait commandé le régiment des Black Watch à Gagetown ravive l’intérêt du public pour l’agent Orange. Elle révèle qu’en accordant à son mari une pension d’invalidité, le gouvernement avait admis avoir utilisé l’agent Orange. Cette révélation suscite un nouvel intérêt et des enquêtes de la part de divers journalistes, ce qui pousse éventuellement le gouvernement à mener sa propre enquête. À la fin de novembre 2005, 300 des 800 soldats du Black Watch stationnés à la BFC Gagetown – et qui auraient été exposés à l’agent Orange – sont déjà morts. À l’automne 2007, le gouvernement alloue près de 96 millions de dollars pour offrir des compensations individuelles allant jusqu’à 20 000 $. Certains critiquent alors l’étroitesse des critères du régime d’indemnisation, qui excluent de nombreux demandeurs potentiels. Au cours des années suivantes, le gouvernement cède et élargit le champ des personnes susceptibles de recevoir une indemnisation. Le montant est cependant toujours critiqué comme étant trop bas. Le nombre de personnes que le gouvernement est prêt à indemniser est également assez limité : entre 4000 et 5000 personnes, alors qu’il existe jusqu’à 400 000 demandeurs potentiels.

Des analyses indépendantes de la BFC Gagetown et des environs de la base sont effectuées en 2006 pour le compte du gouvernement du Canada. Les résultats ne révèlent pas de doses particulièrement élevées de dioxines. En outre, les taux de cancer pour les personnes vivant dans la zone sont également signalés comme étant inférieurs à la moyenne nationale. Cela ne constitue toutefois pas une preuve que les herbicides pulvérisés sur la base n’ont pas eu d’effets néfastes sur la santé.

Utilisation dans le nord de l’Ontario

Des herbicides toxiques liés à l’agent Orange sont utilisés dans le nord de l’Ontario dans les années 1950 à 1970. En effet, deux des composés chimiques de l’agent Orange sont utilisés pour éliminer les plantes le long des voies ferrées et des lignes électriques. La révélation de cette utilisation provoque un petit scandale politique en 2011.