Article

Mouvement locavore

​Le mouvement locavore canadien défend et promeut des systèmes alimentaires régionaux, écologiques et pérennes dans le cadre desquels les terres agricoles sont épargnées par l’expansion urbaine et industrielle.

Le mouvement locavore canadien défend et promeut des systèmes alimentaires régionaux, écologiques et pérennes dans le cadre desquels les terres agricoles sont épargnées par l’expansion urbaine et industrielle. De tels systèmes permettent à des agriculteurs sensibilisés à l’écologie de produire des aliments en prenant en compte la santé des animaux et des êtres humains ainsi que la protection de l’environnement. Ces aliments sont destinés à des consommateurs décidés à manger les produits « en saison » et souhaitant connaître systématiquement l’origine exacte de leur alimentation. Prenant ses racines dans des pratiques agricoles remontant au début du XXe siècle, le mouvement locavore remporte un succès exceptionnel au début des années 2000.

Les marchés de producteurs constituent probablement l’expression la plus emblématique de ce mouvement. Il existe au Canada des centaines de marchés de ce type, particulièrement fréquentés. Les gens viennent y acheter des produits frais, souvent vendus directement par les agriculteurs, ainsi que toutes sortes d’aliments fabriqués par des entreprises à taille humaine et par de petits entrepreneurs du secteur agroalimentaire, comme des conserves et des fromages artisanaux ou des légumes conservés dans le vinaigre et produits en petites quantités. On dit souvent des marchés de producteurs qu’ils incarnent le mouvement locavore; toutefois, ce dernier est un mouvement social rassemblant, au-delà de leur diversité culturelle, politique, socio-économique et géographique, des groupes extrêmement diversifiés réunis autour de la promotion et de la défense d’un système alimentaire plus écologique, plus éthique et plus juste. Ces groupes et ces individus ont la motivation suffisante pour se réunir et tenter de transformer radicalement le système alimentaire industriel dominant à l’origine de la majorité des aliments que nous consommons aujourd’hui. Le mouvement locavore s’appuie sur un certain nombre de principes fondamentaux, notamment la préférence accordée aux produits biologiques par rapport aux aliments génétiquement modifiés et aux aliments transformés par l’industrie, aux pratiques agricoles éthiques par rapport à celles d’une agriculture industrielle de grande culture ainsi qu’à une agriculture pérenne en mesure de limiter les impacts environnementaux tout en exploitant au mieux le climat et les paysages locaux pour mettre sur le marché des produits de saison.

Le mouvement locavore est présent dans tout le Canada, à la fois dans de grandes agglomérations, dans de petites villes et dans des zones rurales. Les membres de ce mouvement cherchent notamment à défendre et à promouvoir des projets de ce type : jardins collectifs; programmes permettant de faciliter l’accès des résidents de collectivités économiquement défavorisées à des fruits et à des légumes sains; projets de cueillette des fruits en zone urbaine consistant à récolter les fruits des arbres poussant sur des terres publiques et à les distribuer dans des collectivités défavorisées; vergers communautaires; banques de semences; initiatives visant à protéger les terres agricoles des projets d’urbanisation et des projets industriels. Bien que le mouvement locavore canadien soit essentiellement local, il s’inscrit également dans un mouvement mondial. Dans de nombreux pays du monde, les citoyennes et les citoyens défendent des changements de politique et se mobilisent autour de projets visant des objectifs similaires à ceux que le mouvement locavore canadien cherche à atteindre. C’est pourquoi les différents mouvements locavores de la planète sont parfois regroupés en un seul mouvement appelé « mouvement pour une alimentation écoresponsable ».

Historique

Le mouvement locavore est relativement récent. Wayne Roberts, analyste en politiques alimentaires et ancien responsable du Conseil de la politique alimentaire de Toronto, pense qu’il a, en fait, assisté à sa naissance en 2004. Après avoir présidé des réunions consacrées aux politiques alimentaires pendant quatre ans, il constate l’apparition soudaine de nouveaux participants. Habituellement peu fréquentées, ces réunions ont tout à coup un tel succès que les pompiers doivent faire sortir un certain nombre de personnes de la salle. Comme le précise Wayne Roberts : « L’alimentation fait désormais partie de notre identité et de notre enracinement local. » Il observe que le mouvement locavore est essentiellement un mouvement de jeunes impulsé par leur volonté de bâtir pour l’avenir de meilleurs systèmes alimentaires, plus particulièrement à la lumière du changement climatique et des inégalités économiques croissantes.

Cependant, avant même que le Conseil de la politique alimentaire de Toronto n’attire des membres plus jeunes en provenance de tout le Canada, d’autres projets articulés autour des problématiques alimentaires avaient vu le jour. Dès 1999, des chefs mettent sur pied, sur l’île de Vancouver, le projet Island Chefs Collaborative. Ils veulent être certains de pouvoir disposer des types d’ingrédients à partir desquels ils souhaitent cuisiner, à savoir des produits provenant d’agriculteurs locaux ayant des pratiques écologiques. De la même façon, au Nouveau-Brunswick, à la fin des années 1990, un groupe d’agriculteurs vivant dans les alentours d’Acadieville décident de repousser la vague de faillites qui déferlent sur leur région en réunissant leurs forces et en créant une coopérative agricole. Ils réussissent ainsi à sauver leurs exploitations familiales et à augmenter leur profit en se détournant des acheteurs institutionnels habituels, comme les supermarchés, pour privilégier la vente directe de leurs produits aux résidents du voisinage. Wally Satzewich et Gail Vandersteen, un couple de Saskatoon, font cause commune pour concevoir ce qu’ils appellent le « SPIN-Farming » (Small Plot INtensive farming ou culture intensive sur petites parcelles) et mettre en avant l’idée qu’un jardin urbain peut également devenir une parcelle agricole. À Montréal, un groupe appelé Alternatives lance un projet de terrasse-jardin sur le campus de l’Université McGill simplement pour démontrer combien il est facile de faire pousser des produits végétaux au cœur de la ville. Durant cette période, l’intérêt pour les problématiques alimentaires devient, d’un océan à l’autre, de plus en plus vif, et ce, au sein de collectivités de toutes tailles.

Racines philosophiques du mouvement locavore

Le mouvement locavore est profondément enraciné dans d’autres mouvements sociaux en rapport avec l’alimentation et dans le mouvement écologiste. Les idées mises en avant par les militants de la première heure ainsi que le travail d’illustration et de défense qu’ils ont accompli inspirent encore aujourd’hui le mouvement locavore et lui servent de base. Par exemple, au Royaume-Uni, dans les années 1930, les citoyens discutent de l’importance de protéger les terres des avancées de l’urbanisation galopante, ce qui aboutit à la création d’une « ceinture verte » autour de Londres. Aujourd’hui, le mouvement locavore en Ontario s’efforce de rapprocher les résidents des zones urbaines des produits alimentaires cultivés dans la ceinture verte de la province. En Colombie-Britannique, le mouvement locavore participe au combat pour le maintien de la réserve de terres agricoles créée par le gouvernement provincial pour empêcher l’implantation sur des terres cultivables de projets immobiliers et de projets industriels.

Le mouvement locavore s’inspire également des idées mises en avant au siècle dernier pour imaginer de nouvelles pratiques agricoles. Dans l’Allemagne des années 1920, le philosophe Rudolf Steiner introduit une approche inédite de l’agriculture en créant le concept d’agriculture biodynamique. Cette méthode, toujours appliquée de nos jours en Allemagne et dans de nombreux autres pays, notamment au Canada, consiste à pratiquer une agriculture qui prend soin de la santé des sols et des végétaux sans avoir recours à des produits chimiques de fabrication humaine. L’ouvrage du botaniste britannique Sir Albert Howard, paru en 1940, décrivant les pratiques agricoles traditionnelles qu’il avait observées en Inde, constitue une autre source d’inspiration pour le mouvement locavore. Albert Howard est convaincu que cette méthode de culture, ne s’appuyant pas sur la technologie moderne, s’avère supérieure et plus productive que la méthode utilisée par les agriculteurs occidentaux. En raison de ses travaux, il est parfois appelé le père de l’agriculture biologique. Un autre Britannique, F. H. King, rédige un ouvrage présentant des thématiques similaires à celles exposées dans le livre d’Albert Howard, qui porte sur les pratiques agricoles qu’il a pu observer en Chine. Au Japon, un agriculteur, Masanobu Fukuoka, rédige son propre manifeste, traduit en anglais, pour une agriculture à faible impact sur l’environnement. Ces ouvrages, défendant l’idée selon laquelle les pratiques agricoles n’ont pas besoin de faire appel à des produits chimiques toxiques et affirmant que les agriculteurs peuvent travailler en préservant les équilibres écologiques et en utilisant des méthodes naturelles, continuent, de nos jours, à inspirer le mouvement locavore.

On peut également dire que le mouvement locavore s’inspire des jardins de la Victoire de la Deuxième Guerre mondiale lorsque des citadins créent plus de 200 000 potagers cultivés dans leur propre jardin ou sur des parcelles vacantes. Il est également relié au mouvement de retour à la terre des années 1960 et au mouvement pour une alimentation saine, apparu dans les années 1970 et 1980, lorsque les gens commencent à s’interroger sur les bienfaits pour la santé de produits alimentaires industriels fabriqués par les géants de l’agroalimentaire et vendus dans des supermarchés. Un certain nombre de produits comme le pain blanc emballé, les boissons gazeuses et les boîtes de soupe sont alors particulièrement visés.

Débuts d’un débat national

Au cours de la décennie 2000 paraissent trois ouvrages clés qui vont remporter un grand succès. Tous trois jettent un éclairage sur le « côté sombre du système alimentaire », contribuant ainsi à ancrer auprès du grand public un certain nombre des idées du mouvement locavore. Aux États-Unis, l’ouvrage d’Eric Schlosser Les Empereurs du fast-food présente, en 2001, plusieurs aspects peu ragoûtants de l’industrie de la restauration rapide, tandis que le livre de Michael Pollan, The Omnivore’s Dilemma, propose, de la même façon, en 2006, le portrait d’un système alimentaire plongé dans une crise grave, alors que l’analyste canadien des politiques alimentaires, Wayne Roberts, note, à peu près à la même époque, un intérêt croissant des citoyens pour le domaine de l’alimentation. Puis, en 2009, un couple canadien, Alisa Smith et J. B. MacKinnon, publie The 100-Mile Diet décrivant les difficultés rencontrées pour ne consommer que des aliments cultivés dans un rayon de cent cinquante kilomètres autour de leur domicile de Vancouver. C’est en partie grâce à ces ouvrages que le système alimentaire industriel, construit autour de produits transportés sur de longues distances et associé à des problèmes de santé comme l’épidémie d’obésité et l’augmentation de la prévalence du diabète, apparaît en pleine lumière et qu’un débat national peut alors s’engager.

Un mouvement en expansion continue

Il est possible de repérer des manifestations de ce mouvement pour une nouvelle alimentation au Canada dans de nombreuses collectivités, petites et grandes, d’un océan à l’autre. S’il est vrai que dans certaines villes, comme Meaford, en Ontario, des marchés de producteurs ont été fermés dans les années 1990, il n’en demeure pas moins qu’un intérêt croissant pour l’achat de produits directement auprès des agriculteurs canadiens s’est imposé auprès de nombreuses municipalités dans tout le pays, les amenant soit à ouvrir de nouveaux marchés de producteurs, soit à rénover et à remettre en état d’anciens marchés. La Ville de Meaford inaugure, par exemple, un nouveau marché dans un parc le long du front de mer de la baie Georgienne. Dans des villes plus importantes, des dizaines de marchés apparaissent, comme à Halifax où un nouveau marché de producteurs est créé, en 2009, sur le site Victoria General du QEII Health Sciences Centre. Un nouveau marché ouvre également à Toronto sur le site du parc Evergreen Brick Works où des milliers de personnes se bousculent désormais chaque fin de semaine. À Saskatoon, le marché de producteurs déménage dans une nouvelle installation ouverte toute l’année et la Ville de Halifax supervise également des rénovations importantes du marché de producteurs installé sur le site du terminal portuaire. Ces marchés sont plébiscités par les consommateurs. Des dizaines de milliers de personnes se rassemblent, par exemple, sur les lieux le jour de l’ouverture du marché au centre de Dieppe au Nouveau-Brunswick.

De nombreux signes montrent que le mouvement locavore gagne du terrain. On note ainsi une augmentation des programmes d’agriculture soutenue par la communauté (ASC) permettant à des agriculteurs de proposer aux consommateurs des schémas de vente par abonnement. Les abonnés payent à l’agriculteur un certain montant au début de la saison pour recevoir régulièrement une quantité déterminée de produits tout au long de la saison. Les ASC, comme on les appelle fréquemment, portent, au départ, sur les fruits et les légumes; aujourd’hui, ils englobent la viande, les œufs, le poisson, le miel urbain, le pain frais et même le fromage. Le point commun à tous ces ASC, c’est la mise en relation directe, là où vivent les consommateurs, entre ces derniers et des agriculteurs offrant des produits frais locaux.

Les chefs et les restaurateurs jouent un rôle essentiel dans la diffusion du mouvement locavore, se faisant les hérauts d’une alimentation basée sur les produits de saison, réintroduisant des techniques de cuisson plus traditionnelles et montrant aux consommateurs la façon dont ils pourraient eux-mêmes utiliser à domicile ces ingrédients, ces recettes et ces méthodes. Dans des villes comme Toronto, Vancouver et Montréal, des dizaines de chefs ont ouvert de nouveaux restaurants « de la ferme à la table » dans lesquels ils servent une nourriture préparée avec des ingrédients qu’ils ont achetés eux-mêmes directement auprès des agriculteurs plutôt que de s’approvisionner auprès d’une entreprise mondiale du secteur de la distribution agroalimentaire. Dans ces restaurants, le menu propose des plats préparés avec toutes les parties de l’animal plutôt que de privilégier uniquement les parties les plus tendres (on appelle cette tendance « du museau à la queue ») ainsi que des légumes comme les choux de Bruxelles, le chou vert ou le chou frisé qui étaient encore considérés, jusque récemment, comme passés de mode. Certains de ces établissements « de la ferme à la table » peuvent être luxueux et servir une clientèle prête à payer un prix élevé pour consommer des choux de Bruxelles braisés; toutefois, il y a des restaurants de ce type dans toute la gamme de prix. Parmi les cordons-bleus les plus expérimentés membres de ce mouvement, on trouve Michael Stadtländer et Jamie Kennedy à Toronto ainsi que de nombreux chefs ayant cuisiné au Sooke Harbour House sur l’île de Vancouver. Ces précurseurs sont une source d’inspiration pour une nouvelle génération de cuisiniers qui poursuit dans la même voie en ouvrant des restaurants servant de la nourriture locale.

On assiste également à une évolution dans la façon dont l’approvisionnement alimentaire est envisagé à l’échelon institutionnel. Des universités et des collèges ainsi qu’un certain nombre d’hôpitaux rédigent de nouveaux protocoles d’approvisionnement, précisant la proportion des aliments qu’ils servent devant être d’origine locale et produits dans le cadre de pratiques écologiques. Certaines institutions, comme l’Université Ryerson et l’hôpital Scarborough à Toronto, ont embauché un chef pour diriger leurs cuisines et déterminer la meilleure façon d’offrir une nourriture qui soit non seulement plus saine pour ceux qui la consomment, mais qui apporte également une contribution plus importante à la protection de la planète.

Partant de l’hypothèse que l’objectif principal du mouvement locavore consiste à rapprocher les consommateurs de la source de leur alimentation, des parents et des éducateurs lancent des projets de jardin potager sur des terrains scolaires permettant aux enfants d’apprendre des rudiments d’agriculture et de mieux comprendre les cycles de la nature. Un certain nombre d’écoles secondaires poussent cette idée un peu plus loin, en créant des programmes d’agriculture urbaine et en offrant des cours de cuisine dans le cadre desquels les élèves apprennent à préparer les ingrédients frais cultivés par leurs condisciples pour les vendre à la cafétéria scolaire.

D’une façon générale, l’agriculture urbaine est également en croissance. Il n’y a pas si longtemps, le terme d’agriculture urbaine aurait été considéré comme un oxymore; toutefois, grâce au mouvement locavore, on assiste à l’éclosion de nombreux projets de ce type dans tout le pays. Des organisations à but non lucratif apprennent aux gens à cultiver un potager et leur enseignent les bases de la « littératie alimentaire », c’est-à-dire la compréhension des impacts de leurs choix alimentaires sur leur santé, sur la collectivité au sein de laquelle ils vivent et sur l’environnement. Dans certains cas, des projets de ce type sont conçus pour permettre aux résidents de certaines collectivités défavorisées de profiter plus facilement de fruits et de légumes bons pour la santé. De nombreuses petites entreprises et entreprises sociales lancent également des activités similaires et produisent, en général, des légumes en milieu urbain afin de les vendre. Parmi celles-ci, on trouve l’entreprise montréalaise Lufa Farms qui a construit la première serre commerciale sur toit au monde et qui fournit désormais aux Montréalais, même en hiver, des produits cultivés localement.

Le mouvement Souveraineté alimentaire autochtone est partiellement inspiré par des objectifs semblables. Il met toutefois l’accent sur l’élaboration de politiques permettant d’apporter des réponses à des problèmes systémiques ayant rendu l’accès à des aliments sains difficile pour de nombreuses Premières Nations au Canada et ayant éloigné ces peuples de leur alimentation traditionnelle. Ainsi, des groupes s’efforcent non seulement de trouver des solutions face au déficit important de choix alimentaires sains sur les réserves canadiennes, mais cherchent également à préserver les traditions alimentaires autochtones. Parmi les initiatives de ce type, on trouve notamment la protection et la récolte des bulbes de quamassie sur l’île de Vancouver et des leçons de chasse dans le nord de l’Ontario ciblant une population jeune pour lui enseigner les compétences nécessaires à un approvisionnement en nourriture fournie par la nature.

Critiques du mouvement locavore

Le mouvement locavore fait l’objet de critiques de la part d’économistes qui prétendent que le fait de privilégier la production locale se fait au détriment du commerce et n’améliore pas nécessairement l’environnement. On reproche également aux produits écoresponsables vendus par des agriculteurs partisans de l’agriculture biologique sur les marchés de producteurs d’être plus chers que les produits similaires vendus dans les supermarchés. Ces critiques alimentent un débat parfois virulent entre ceux qui croient en des systèmes alimentaires locaux et pérennes et ceux qui se prononcent en faveur d’un système alimentaire industriel construit autour du transport sur de longues distances des produits. Des études universitaires et des données permettent d’étayer les deux points de vue et maintiennent ce débat particulièrement vivace.

Une politique alimentaire nationale

Une formule du mouvement locavore dit que l’on peut « voter avec sa fourchette ». Des organismes comme Réseau pour une alimentation durable nous rappellent, cependant, que s’il est vrai que la façon dont nous nous alimentons est un geste éminemment politique, il n’en demeure pas moins qu’un tel geste connait des limites systémiques et que le système alimentaire est essentiellement le résultat de politiques publiques. C’est fort de cette constatation que cet organisme défend, avec d’autres, la mise en place d’une politique alimentaire nationale. Dans ce cadre, il a passé trois ans à élaborer ce qu’il appelle une « politique alimentaire populaire » avec pour objectif de guider le gouvernement sur la façon dont le Canada pourrait construire un système alimentaire pérenne et équitable, un système qui permettrait aux agriculteurs de gagner leur vie en produisant les aliments que les Canadiens consomment, qui protégerait les terres agricoles des projets immobiliers et industriels et qui garantirait à tous les Canadiens un accès à une alimentation saine, écoresponsable et adaptée aux particularités culturelles des différentes communautés vivant au pays.