Les Festivals de Montréal/The Montreal Festivals
Les Festivals de Montréal/The Montreal Festivals. Fondé en 1939 par M. et Mme Louis-Athanase David, en vue d'instaurer au Canada un festival annuel dans la tradition des grands festivals européens, cet organisme fut précédé du Festival de musique de Montréal qui présenta, sous les auspices de la SCSM (OSM), trois saisons de manifestations musicales d'été (1936-38). Sous la direction artistique de Wilfrid Pelletier, la Passion selon saint Matthieu de Bach et la IXe Symphonie de Beethoven furent exécutées les 15 et 17 juin 1936 dans la chapelle du collège Saint-Laurent, en banlieue de Montréal, avec le concours des Cathedral Singers et les Disciples de Massenet. En 1937, ce furent la Messe en si mineur de Bach et le Requiem de Verdi, suivis en 1938 de la Missa solemnis de Beethoven.
Constitué en société autonome en 1939, l'organisme allait élargir et diversifier ses activités sous la direction de Mme David qui en assuma la présidence jusqu'en 1952. En juin 1940, Pelléas et Mélisande de Debussy fut créé au Canada sous la direction de Pelletier avec Marcelle Denya et Raoul Jobin, au His Majesty's, le rationnement de l'essence contraignant la société à diminuer ses activités dans la périphérie de Montréal. De 1941 à 1945, sir Thomas Beecham fut associé aux festivals, dirigeant le Requiem de Brahms et celui de Fauré, The Dream of Gerontius d'Elgar, les opéras Tristan und Isolde et Roméo et Juliette ainsi qu'une série de concerts populaires au Forum. La société constitua son propre orchestre et, dans les saisons subséquentes, présenta en plein air, au stade Molson ou au Chalet du Mont-Royal, des opéras comme Aïda, La Bohème, Madama Butterfly, Carmen, Tosca, Manon et Die Fledermaus. Durant la saison d'hiver, des concerts de musique de chambre furent présentés, principalement par le Quatuor à cordes McGill, ainsi qu'une série consacrée à la mélodie française.
Sous le mandat des présidents Paul Gouin (1952-55) et Robert Letendre (1956-65), la société aborda d'autres disciplines comme le théâtre, la danse, les expositions d'oeuvres d'art et d'artisanat, le foklore, l'opérette, le jazz, le cinéma, le récital de soliste et la musique contemporaine, le tout dans le cadre d'un festival d'été mettant de plus en plus l'accent sur la participation canadienne. La direction de la musique fut confiée à Françoys Bernier (1957-59), Roland Leduc (1960-63) et Gérard Lamarche (1964-65). En 1961, Pierre Mercure organisa pour la société une Semaine internationale de musique actuelle. Le bilan de 30 saisons successives (1936-65) paraît aujourd'hui impressionnant, varié et des plus dynamiques. Outre le Pelléas et Mélisande de 1940, signalons parmi les créations montréalaises ou canadiennes Ariadne auf Naxos de Strauss (1946); L'Histoire du soldat de Stravinsky (1949); Jeanne d'Arc au bûcher de Honegger (1953); Athalie de Racine, musique de Jean-Baptiste Moreau et Clermont Pépin (1956); Assassinio nella cattedrale de Pizzetti (1959); L'Heure espagnole de Ravel (1961); Vespro della Beata Vergine de Monteverdi (1962); et L'Opéra d'Aran de Gilbert Bécaud (1965). Une liste imposante de musiciens de renommée internationale ont enrichi les présentations de la société, tels les chefs d'orchestre Emil Cooper, Laszlo Halasz, Eric Leinsdorf, Charles Munch, Charles O'Connell et Eugene Ormandy; les pianistes Gyorgy Cziffra, José Iturbi et Wilhelm Kempff; les chanteurs Rose Bampton, Marjorie Lawrence, Grace Moore, Martial Singher et Eleanor Steber.
En dépit de l'appui constant du public et d'importantes subventions des gouvernements, des corporations et des particuliers, la société avait accumulé un déficit important au cours des années. Un projet en faveur duquel elle avait milité, l'érection d'un centre artistique, s'était concrétisé en 1963 avec l'inauguration de la PDA. Dès 1965, les préparatifs du monumental Festival mondial qui allait se tenir au moment d'Expo 67 mobilisaient toutes les énergies. La société décida donc de mettre fin à ses activités et, le 31 août 1965, Wilfrid Pelletier, qui avait inauguré le festival de Montréal 30 ans plus tôt, dirigea à la PDA Les Saisons de Haydn, dernière manifestation d'un organisme dont l'activité au cours de trois décennies avait marqué profondément la vie artistique montréalaise. Un souvenir de cette grande époque se retrouve sur deux enregistrements (78t.) réalisés en 1941 par RCA Victor au collège de Montréal, avec les Disciples de Massenet, l'orchestre des Festivals de Montréal et les chanteurs Marcelle Denya et Mack Harell, sous la direction de Pelletier : le Requiem de Fauré et l' Ave verum K. 618 de Mozart (DM-844), distribué dans le monde entier et repris sur un micr. (LCT-7003) maintenant disparu du catalogue, et l' Agnus Dei K. 427 de Mozart (V-18512).