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Lester B. Pearson

Lester Bowles « Mike » Pearson, C.P., O.M., C.C., O.B.E., premier ministre (1963-1968), homme d’État, homme politique, fonctionnaire, professeur (né le 23 avril 1897, à Newtonbrook, en Ontario, décédé le 27 décembre 1972, à Ottawa , en Ontario). Lester B. Pearson est le diplomate canadien le plus en vue des années 1950 et 1960, et jette les bases de la politique étrangère du Canada après la guerre, en particulier en ce qui concerne sa participation dans l’OTAN et les Nations Unies, où il est président de l’Assemblée générale. En 1957, il reçoit le prix Nobel de la paix pour ses efforts diplomatiques visant à faciliter le retrait des Britanniques et des Français hors de l’Égypte pendant la crise de Suez. Habile politicien, il reconstruit le Parti libéral et, en tant que premier ministre, il s’efforce de conserver l’unité canadienne. Sous sa direction, le gouvernement a mis en œuvre le Régime de pensions du Canada , un régime universel d’assurance-maladie , des Forces armées unifiées et un nouveau drapeau national.

Lester B. Pearson

Premières années et carrière

Lester B. Pearson est fils d’un pasteur méthodiste. Il passe son enfance à déménager d’un presbytère à un autre, avant d’entreprendre des études d’histoire à l’Université de Toronto. Quand la Première Guerre mondiale éclate, il s’enrôle dans le service de santé de l’armée canadienne. En 1915, il est envoyé en Grèce auprès des forces alliées qui combattent les Bulgares. Après deux années comme brancardier, il reçoit un transfert dans le Royal Flying Corps, en Angleterre. Sa carrière militaire prend fin brusquement après qu’il est renversé par un autobus londonien, puis rapatrié au Canada pour y être soigné.

Après l’obtention d’un baccalauréat ès arts à l’Université de Toronto en 1919, Lester B. Pearson hésite quant à un choix de carrière. Il s’essaie au droit et aux affaires, obtient une bourse de recherche à Oxford, puis enseigne l’histoire à l’Université de Toronto. Il est également l’entraîneur de son équipe de football.

Il se marie à la même époque et a bientôt des enfants. Jugeant que son salaire de professeur est insuffisant, il trouve un emploi au sein du ministère des Affaires extérieures (maintenant le ministère des Affaires mondiales Canada). En 1928, il est devenu un observateur perspicace et un rédacteur compétent, des qualités qui le servent bien dans son travail. Lester B.Pearson attire rapidement l’attention du sous-ministre, O.D. Skelton.

Représenter le Canada à l’étranger

En 1935, Lester Pearson est affecté à Londres, cette fois en tant que premier secrétaire du Haut-Commissariat du Canada. Il se trouve ainsi aux premières loges de la scène européenne à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale. Les événements dont il est témoin le marquent profondément; il attache par la suite une grande importance à l’organisation d’une défense collective contre les dictatures et les agressions armées.

En 1941, Lester B. Pearson revient au Canada. Il est envoyé à Washington, DC, en 1942 à titre de commandant adjoint de la légation canadienne. Il y remporte un grand succès, particulièrement auprès de la presse, en raison de sa personnalité débonnaire et de son charme. En 1945, il est nommé ambassadeur du Canada aux États-Unis. Il assiste aussi à la conférence de fondation de l’Organisation des Nations unies (ONU) à San Francisco.

Sous-ministre des Affaires extérieures

En septembre 1946, Lester B. Pearson est rappelé au Canada par le premier ministre Mackenzie King pour occuper les fonctions de sous-ministre (ou sous-secrétaire) des Affaires extérieures. Tout en conservant un profond intérêt pour l’ONU, il préconise un resserrement des liens économiques et politiques entre le Canada et ses principaux alliés, les États-Unis et le Royaume-Uni. (Voir aussi Puissance moyenne.) Son travail est couronné par l’adhésion du Canada à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 1949. Il appuie fortement la création d’une organisation d’autodéfense. Il espère ainsi que son existence puisse décourager une attaque de l’Union soviétique.

Lester B. Pearson s’adresse à un des comités lors de la Conférence des Nations Unies sur l’organisation internationale à San Francisco, en 1945.

Ministre des Affaires extérieures

Au moment où l’OTAN est en place, Lester B. Pearson a déjà quitté la fonction publique pour se lancer en politique. En septembre 1948, il devient ministre des Affaires extérieures et représente subséquemment la circonscription d’Algoma-Est, en Ontario, à la Chambre des communes. En qualité de ministre, il contribue à ce que le Canada participe à la guerre de Corée en prenant part à l’armée de l’ONU et s’engage dans la guerre de Corée. En 1952, il préside l’Assemblée générale des Nations Unies, où il cherche une façon de résoudre le conflit. Ses efforts en ce sens déplaisent aux Américains, qui le trouvent trop conciliant sur des questions de principe délicates.

La carrière diplomatique de Lester Pearson culmine en 1956. Cette année-là, il propose la création d’une force de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies, afin de faciliter le retrait des Britanniques et des Français hors de l’Égypte pendant la crise de Suez. Son plan est mis en œuvre, et il reçoit en récompense le prix Nobel de la paix en 1957. (Voir aussi Chronologie: Maintien de la paix; Éditorial : L’élan canadien vers le maintien de la paix.)

Chef du Parti libéral

En 1957, Lester B. Pearson n’est plus en poste. Il a abondamment été blâmé, ainsi que le gouvernement de Saint-Laurent, pour ne pas avoir soutenu la Grande-Bretagne en 1956, de sorte que les libéraux ont été défaits et Saint-Laurent a quitté la direction du Parti. En janvier 1958, au congrès à la direction, il remporte la victoire contre Paul Martin, père et devient chef du Parti libéral.

Les libéraux font alors face au gouvernement minoritaire conservateur de John Diefenbaker. Comme premier geste à titre de chef de l’Opposition, Lester B. Pearson défie Diefenbaker de remettre sa démission pour lui céder le gouvernement. Diefenbaker tourne l’idée en ridicule et, aux élections générales suivantes, les libéraux n’occupent plus que 49 des 265 sièges des Communes. (Voir aussi Élections de 1957-1958.)

Pearson s’attaque à la lourde tâche de reconstruire le Parti. Grâce à l’aide de débatteurs parlementaires de la trempe de Paul Martin et de J.W. Pickersgill et de militants bénévoles tels que Walter Gordon, Mitchell Sharp et Maurice Lamontagne, il réussit à restaurer les libéraux comme un véritable parti national. Aux élections de 1962, Lester B. Pearson augmente à 100 le nombre de ses sièges aux Communes.

En 1963, le gouvernement Diefenbaker s’effondre en raison de la controverse sur les armes nucléaires. (Voir Crise des missiles cubains.) Aux élections suivantes, les libéraux remportent 128 sièges pour former un gouvernement minoritaire.

Premier ministre 1963-1968

Lester B. Pearson entre en fonction le 22 avril 1963. On s’attend à ce que son gouvernement assure une gestion plus efficace que celui de Diefenbaker. Or, il se montre plutôt enclin aux bévues lorsqu’il échoue à faire accepter son premier budget. Le Parlement passe beaucoup de temps dans d’amères disputes partisanes et personnelles qui atteignent leur paroxysme lors de l’interminable débat sur le drapeau, en 1964. L’historien Rick Archbold a décrit le débat comme « l’un des plus féroces de l’histoire de la Chambre des communes ». (Voir Le drapeau canadien : typiquement nôtre.) En 1965, Lester B. Pearson déclenche des élections générales, mais il ne parvient pas encore une fois à obtenir un gouvernement majoritaire. L’année suivante, le scandale de Munsinger éclate et suscite encore plus d’amertume partisane.

L’année 1965 marque un tournant pour l’administration Pearson : le ministre des Finances, Walter Gordon, démissionne, tandis que Jean Marchand et Pierre Trudeau, tous deux du Québec, s’imposent de plus en plus au Cabinet. Lester B. Pearson a déployé des efforts pendant son premier mandat pour rallier le Québec et les autres provinces autour d’un « fédéralisme coopératif » et d’une politique de « bilinguisme et de biculturalisme ». Cette priorité fait place, pendant son deuxième mandat, à une réponse ferme du fédéral aux demandes provinciales, et aux tentatives du gouvernement québécois d’usurper les rôles fédéraux dans les relations internationales. Lorsque le président français Charles de Gaulle, lors de sa visite dans le cadre du centenaire du Canada, lance le slogan des séparatistes « Vive le Québec libre » devant la foule à Montréal, Lester B. Pearson lui adresse des reproches officiels, et de Gaulle rentre promptement chez lui. En décembre 1967, Lester B. Pearson annonce son intention de quitter la scène politique et, en avril 1968, le congrès à la direction libérale choisit Pierre Trudeau pour lui succéder.

Conférence de presse du très honorable Lester B. Pearson sur le drapeau canadien

Héritage

Malgré tout le tohu-bohu qui le caractérise, le gouvernement Pearson laisse en héritage des mesures législatives notables, dont le Régime de pensions du Canada, un programme universel d’assurance-maladie, des Forces armées unifiées, ainsi qu’un nouveau drapeau. Cependant, sa façon d’aborder le problème des régions du Canada défavorisées sur le plan économique ne connaît pas autant de succès. L’héritage de son gouvernement, incluant l’usine d’eau lourde de Glace Bay, est décidément mitigé. Ces initiatives n’ont pas toutes porté fruit, et certaines se sont révélées très coûteuses, mais elles représentent l’avènement de l’État providence canadien dont avaient rêvé des générations de théoriciens sociaux. Pendant sa retraite, Lester B. Pearson se consacre à ses mémoires et à une étude sur l’aide internationale pour le compte de la Banque mondiale.

Les oeuvres sélectionnées de
Lester B. Pearson

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