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Lewis, Wilfrid Bennett

Wilfrid Bennett Lewis, physicien, scientifique en chef des Laboratoires nucléaires de Chalk River durant 26 ans (Londres, Angl., 24 juin 1908 -- Deep River, Ont., 19 janv. 1987). Lewis reçoit sa formation sous la direction de lord RUTHERFORD et travaille en physique atomique durant les années 30.

Lewis, Wilfrid Bennett

Wilfrid Bennett Lewis, physicien, scientifique en chef des Laboratoires nucléaires de Chalk River durant 26 ans (Londres, Angl., 24 juin 1908 -- Deep River, Ont., 19 janv. 1987). Lewis reçoit sa formation sous la direction de lord RUTHERFORD et travaille en physique atomique durant les années 30. Comme la plupart de ses collègues de Cambridge, il travaille sur les radars au cours de la Deuxième Guerre mondiale, devenant en 1945 directeur du principal laboratoire britannique de radars aéroportés. Son collègue d'avant la guerre, J.D. Cockcroft, auparavant directeur des radars militaires, est directeur scientifique du projet atomique canado-anglo-français entre 1944 et 1945.

Contre toute attente, le gouvernement britannique ordonne le retour de Cockcroft pour réorganiser la recherche atomique en Grande-Bretagne. L'existence du projet canadien se trouve en péril, car le gouvernement canadien est réticent à le poursuivre à moins de trouver un directeur de recherches compétent. On avance finalement le nom de Lewis. Celui-ci vient au Canada en 1946 en tant que directeur de la division de l'énergie atomique du CONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES et, en tant que directeur général adjoint (science) d'ÉNERGIE ATOMIQUE DU CANADA LTÉE, il agit à titre d'expert scientifique en chef pour le gouvernement dans le domaine de l'énergie atomique jusqu'à sa retraite en 1973.

La carrière de Lewis présente deux facettes principales : l'une, scientifique, et l'autre, politique. Quand il vient au Canada, la pile expérimentale d'énergie zéro (ZEEP reactor) fonctionne déjà et le réacteur de recherche NRX est en construction (terminé en 1947). Lewis doit recruter du personnel et orchestrer leur travail dans un programme de recherches efficace, et composer avec des problèmes imprévus (notamment l'accident du NRX en 1952), tout en planifiant de nouveaux réacteurs qui ouvrent le champ à de nouvelles investigations. En 1949, il a déjà opté en principe pour un grand réacteur à eau lourde, la spécialité du projet canadien en temps de la guerre, à ses débuts, qui pourrait utiliser de l'uranium comme combustible produit au Canada, fournir de très grandes quantités de neutrons pour les recherches et produire du plutonium que l'on pourrait vendre pour couvrir les coûts. Ce projet débouche sur le réacteur NRU, terminé en 1957. Son succès mène au programme de réacteurs CANDU des années 70, qui visent à produire de l'électricité à des tarifs concurrentiels. Les autres projets sous la direction de Lewis vont du Thératron pour l'irradiation médicale, au projet de construction d'un générateur de neutrons intense, proposé en 1966, mais rejeté par le gouvernement en raison de son coût beaucoup trop élevé.

Jusqu'à la fin des années 50, le Canada est la seule « puissance atomique » du monde qui se consacre exclusivement à des utilisations non militaires de la technologie nucléaire. Par conséquent, lors de la première conférence « Atomes pour la paix », tenue à Genève en 1955, le Canada se trouve dans une position politique unique qui plaît particulièrement aux pays « non alignés » désireux de se développer sur le plan scientifique sans se joindre au camp américain ou au camp russe. C'est le cas de l'Inde et du Pakistan, par exemple, qui tous deux construiront plus tard des réacteurs de recherche de conception canadienne. Lewis dirige la délégation canadienne à cette conférence des Nations Unies ainsi qu'aux conférences suivantes, jusqu'en 1971, et y exerce une influence considérable. Il reçoit de nombreux honneurs et distinctions pour ses travaux scientifiques et ses activités diplomatiques, dont le prix Atomes pour la paix de 50 000 dollars en 1967, qu'il remet à l'U. McGill pour l'achat d'appareils scientifiques.