Le grand iguane à petites cornes (Phrynosoma hernandesi) est un lézard de taille petite à moyenne originaire du centre de l’Amérique du Nord. Au Canada, le grand iguane à petites cornes se retrouve dans le sud-ouest de la Saskatchewan et le sud-est de l’Alberta. C’est la seule espèce du genre Phrynosoma vivant encore au Canada. Une deuxième espèce, Phrynosoma douglasii, vivait autrefois dans le sud de la Colombie-Britannique, mais semble en avoir disparu. Le grand iguane à petites cornes est confronté à plusieurs menaces, dont plusieurs demeurent mal comprises. Parmi ces menaces, on retrouve le développement et la perte de son habitat ainsi que les changements des conditions de température hivernale et de couverture neigeuse.
Description
Le grand iguane à petites cornes est un lézard de taille petite à moyenne, avec une tête large, une forme aplatie caractéristique, les pattes et la queue courtes. Son dos est couvert d’écailles bosselées de tailles inégales, qui lui donnent une texture épineuse. Une autre rangée d’écailles forme une frange de chaque côté de son abdomen. Le genre se reconnaît notamment aux « cornes » très évidentes sur la tête des lézards. Excroissances du crâne, ces cornes sont recouvertes de grandes écailles pointues. Les cornes sont assez différentes d’une espèce d’iguane à cornes à l’autre. Ainsi, le grand iguane à petites cornes se distingue de la plupart des autres espèces par ses cornes de taille réduite. Ceci confère à la tête du grand iguane à petites cornes une forme large et rectangulaire qui le distingue de beaucoup d’autres espèces dont la forme est épineuse.
Les grands iguanes à petites cornes mâles et femelles ont des apparences différentes (un phénomène appelé dimorphisme sexuel). Les femelles adultes peuvent atteindre 7 cm tandis que les mâles sont plus petits, atteignant quelque 5 cm. Les femelles sont aussi plus larges et robustes, les femelles non gravides pouvant peser 20 g, soit deux fois plus que les mâles. Outre les différences de taille et de forme, les mâles sont reconnaissables au renflement à la base de la queue et à aux pores cireux orange dans la partie supérieure des pattes. Les mâles de tout âge possèdent des écailles post-anales plus grandes.
Les deux sexes sont cryptiques, c’est-à-dire qu’ils imitent la couleur de leur environnement pour se camoufler. Ainsi, le grand iguane à petites cornes arbore généralement une robe brune, grise et rouge avec des taches plus pâles et plus foncées. Les nouveau-nés ont habituellement peu de motifs dorsaux, alors que les jeunes et les adultes ont souvent des taches foncées symétriques sur le dos. Le ventre du grand iguane à petites cornes est pâle et comporte souvent des taches foncées, particulièrement sur les flancs et sous la gorge.
Distribution et habitat
Le grand iguane à petites cornes est un des lézards à cornes dont la zone de distribution est la plus étendue. Il occupe une bande au centre de l’Amérique du Nord, allant du centre du Mexique jusqu’à l’ouest et au centre des États-Unis et au sud du Canada. Dans cette zone, il vit dans une diversité d’habitats, tels que déserts, prairies, badlands, forêts montagneuses ou pâturages. Au Canada, sa présence se limite à quelques régions du sud-ouest de la Saskatchewan et du sud-est de l’Alberta. Les populations de grand iguane à petites cornes d’Alberta sont isolées, et ont peu d’occasions d’entrer en contact. En comparaison, la grande majorité des populations présentes en Saskatchewan semblent se trouver dans le bloc ouest du Parc national des Prairies. Dans ces zones, la présence du grand iguane à petites cornes est typiquement associée aux vallées des grandes rivières et aux habitats ouverts et secs. On les trouve aussi dans les badlands, les ravins et les pentes érodées. Le grand iguane à petites cornes aime les sols dénudés aussi bien que les régions aux structures complexes avec une diversité de types de plantes et de rochers. Ils apprécient les sols de terre meuble où ils peuvent creuser pour se protéger du mauvais temps et pour hiberner. Les sites d’hibernation au Canada peuvent être assez peu profonds. On les retrouve dans les régions qui font face au sud et qui sont susceptibles de retenir la neige.
Reproduction et développement
Le dimorphisme sexuel du grand iguane à petites cornes s’explique principalement par la différence d’âge de maturité sexuelle entre les sexes. Mâles et femelles grandissent à la même vitesse, mais les mâles atteignent la maturité après leur premier hiver puis leur croissance ralentit. De leur côté, les femelles n’atteignent leur maturité qu’à leur deuxième hiver. L’accouplement et la reproduction se produisent durant la deuxième partie du mois de mai. Le mâle, plus petit, suit la femelle jusqu’à son domaine vital, grimpe sur son dos et tente de la retourner. La gestation est rapide et le poids de la femelle peut facilement doubler. La femelle donne naissance à une portée vers la fin de juillet ou le début août. Les portées de grand iguane à petites cornes sont plus petites au Canada que chez les populations vivant plus au sud. Ainsi, en Alberta, les femelles donnent naissance à une portée de 6 à 13 petits, alors que la moyenne en Arizona est de 16,7 nouveaux nés par portée. Après l’accouchement, les femelles mangent le plus possible pour rétablir leur état corporel avant d’hiberner.
Diète et prédation
La diète du grand iguane à petites cornes se compose d’arthropodes. On sait que les iguanes à cornes se nourrissent de fourmis. Toutefois, le grand iguane à petites cornes montre une plus grande flexibilité alimentaire. Outre les fourmis, il consomme une grande variété d’arthropodes, entre autres des coléoptères et des criquets. C’est un prédateur opportuniste qui chasse à l’affût, ou qui peut à l’occasion poursuivre des insectes sur de courtes distances. Puisque le grand iguane à petites cornes est petit et relativement lent, de nombreux prédateurs peuvent le chasser lorsque l’occasion s’en présente. Au Canada, ses prédateurs sont entre autres de petits mammifères comme la souris-sauterelle, plusieurs serpents (dont la couleuvre agile à ventre jaune de l’Est et la couleuvre de l’Ouest) et des oiseaux comme le corbeau, le faucon émerillon et la pie-grièche migratrice. Comme d’autres iguanes à cornes, le grand iguane à petites cornes est capable de lancer un jet de sang depuis ses yeux pour effrayer un prédateur, particulièrement les canidés (chiens, renards et coyotes). Toutefois, il semble qu’il ne le fait que rarement.
Menaces
Au plan mondial, le grand lézard à petites cornes n’est pas considéré comme une espèce en danger. Toutefois, au Canada, il est considéré comme une espèce en péril en vertu de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril, et il est classé dans la catégorie « préoccupante » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ceci découle d’une variété de menaces qui pourraient entraîner le déclin de sa population. Les modifications directes de son habitat, comme la conversion des terres, les forages pétroliers et gaziers et les infrastructures associées, ainsi que les activités récréatives humaines, peuvent affecter certaines populations. D’autres groupes sont menacés par des espèces envahissantes et des prédateurs « subventionnés », c’est-à-dire des prédateurs dont la population est anormalement élevée en raison de l’activité humaine. Dans le cas du grand iguane à petites cornes, on retrouve notamment le corbeau qui se nourrit des déchets produits par les humains. D’autres menaces, comme la modification des précipitations associée au changement climatique, peuvent affecter de grandes parties de la population canadienne de grands iguanes à petites cornes, incluant ceux qui vivent dans des zones protégées.