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Ligue canadienne des compositeurs

La Ligue canadienne des compositeurs est fondée en 1951 pour promouvoir la diffusion des oeuvres et protéger les intérêts professionnels des compositeurs.

La Ligue canadienne des compositeurs est fondée en 1951 pour promouvoir la diffusion des oeuvres et protéger les intérêts professionnels des compositeurs. Elle fait la promotion d’un environnement dans lequel la musique canadienne de création est grandement valorisée et dans lequel ses membres peuvent s’épanouir sur le plan artistique en tant que compositeurs. Elle offre aussi du perfectionnement professionnel et des ressources à ses membres (p. ex., des ateliers, du mentorat, des ressources en ligne et des prix), elle maintient une forte affiliation avec la Société internationale pour la musique contemporaine (SIMC) et met les membres en contact avec des communautés musicales et artistiques partout au Canada.

Historique

Sa création est le résultat de l'émergence, pendant les années 1940, de nombreux jeunes compositeurs s'exprimant dans un langage musical contemporain : compositeurs qui se décident à agir collectivement à cause de la résistance que rencontre leur musique, d'une part, chez les éditeurs ainsi que chez les organisateurs de concerts et les gérants d'orchestres qui ne l'estiment pas commercialement rentable et, d'autre part, chez les interprètes et les auditoires conservateurs qui la jugent et se méfient de la création artistique locale. Les compositeurs n'ont aucun désir de publier un credo de leurs convictions esthétiques ou de créer au Canada un style musical distinct : au contraire, les membres de la LCC adoptent une grande variété de styles et de techniques et leurs objectifs sont avant tout de mettre fin à l'isolement des compositeurs, de secouer l'apathie du public envers la musique contemporaine et de faire admettre la composition au rang des professions reconnues au Canada.

Fondation

L'idée de former une ligue germe le 3 février 1951 au cours d'une conversation entre Samuel Dolin, Harry Somers et John Weinzweig au domicile torontois de ce dernier. À la suite de l'accord de plusieurs autres compositeurs de Toronto sympathiques au projet (Murray Adaskin, Louis Applebaum, Harry Freedman, Phil Nimmons etAndrew Twa), une réunion de fondation est tenue le 1er avril 1951. John Weinzweig, père de la LCC, est nommé président. Un concert de sa musique, présenté le 16 mai 1951 par des solistes et un orchestre à cordes sous la direction d'Ettore Mazzoleni à la salle de concert du Conservatoire royal de musique, est diffusé à l'émission Wednesday Night de la radio de la CBC et fait connaître le nouvel organisme au public. La LCC compte près de 20 membres à la fin de 1951 et élabore une charte en mars 1952.

Débuts

La première démarche du groupe est d’organiser une série de concerts présentant les oeuvres de ses membres. Un premier programme de musique symphonique est présenté le 26 mars 1952 au Massey Hall de Toronto, sous la direction de Geoffrey Waddington. D'autres concerts ont lieu à Toronto, à Stratford en Ontario et à Vancouver. Un comité de concerts à Montréal organise une manifestation dirigée par Waddington à l'Auditorium Le Plateau, le 3 février 1954.

La tâche d'organiser des concerts se révèle trop lourde pour un si petit nombre de compositeurs. Des organismes subsidiaires sont créés : Canadian Music Associates en 1954, et la Société de musique canadienne à Montréal en 1959. Deux à quatre concerts ainsi que des projections de films sont offerts chaque saison à Toronto jusqu'en 1958, y compris deux courts opéras le 17 novembre 1956 : Une mesure de silence de Maurice Blackburn et The Fool de Somers.

La concentration initiale des activités à Montréal et Toronto reflète la présence, plus forte, à la fois des compositeurs et des institutions telles que la SRC, CAPAC, BMI Canada ainsi que les éditeurs principaux établis dans ces villes. Cependant, des manifestations distinctes se déroulent à Hamilton en 1954 et à Ottawa en 1956. La radio de la SRC retransmet sur ses réseaux quelques-unes des oeuvres exécutées.

En 1966, quelque 200 oeuvres canadiennes sont exécutées au cours d'environ 40 concerts. À ce stade, l'exécution de la musique canadienne a pris une envergure telle que des concerts spéciaux semblent désormais superflus et inefficaces. Petit à petit, d'autres sociétés, notamment : Arraymusic, Days Months and Years to Come, Musique de notre temps de Montréal, les New Music Concerts, NOVA MUSIC, la Société de musique contemporaine du Québec, les Ten Centuries Concerts et, jusqu'à un certain point, les diverses séries d'avant-garde d'Udo Kasemets, se partagent la responsabilité d'exécuter la musique canadienne contemporaine. Cela continue d’être le cas jusqu’en 2011 avec divers organisations/ensembles à travers le pays comme l’Esprit Orchestra, le Continuum Contemporary Music, le Music Gallery, la Vancouver New Music Society, l’ensemble Turning Point, le ECM+, le Motion Ensemble, Tonus Vivus et plusieurs autres.

Entre-temps, la LCC elle-même cherche d'autres moyens de faire connaître la musique canadienne. Elle sélectionne, pour fins de publication, 14 oeuvres pour piano Fourteen Piano Pieces by Canadian Composers (1955) et prépare le catalogue de musique orchestrale Catalogue of Orchestral Music (1957) énumérant 233 oeuvres écrites de 1918 à 1957. Elle constitue une petite bibliothèque de partitions de ses membres, mais elle doit bientôt reconnaître le besoin d'une agence indépendante qui ferait circuler les partitions inédites et le matériel d'orchestre des compositeurs canadiens et se chargerait en outre de l'information et de la publicité. Le résultat est la création, en 1959, du Centre de musique canadienne (CMC), une organisation nationale dédiée à la collection, à la distribution et à la promotion de la musique canadienne. Le CMC a éventuellement aussi constitué sa propre bibliothèque considérable.

Plaidoyers

Comme la lutte engagée pour faire reconnaître la musique canadienne est livrée avec un succès notable (avec l'appui important de la SRC) et compte tenu de l'inauguration du CMC, la LCC est en mesure de s'occuper davantage de la sauvegarde des intérêts professionnels des compositeurs dans les domaines juridique, économique et administratif. Ses préoccupations incluent les questions de droit d'auteur, les permis pour droits mécaniques, les barèmes touchant les commandes et la location de matériel, les contrats d'édition et d'enregistrement, la teneur canadienne des émissions de radio ainsi que la musique canadienne dans les universités. De par ses plaidoyers pour la protection des intérêts des compositeurs, la LCC a à négocier avec des organismes tels que le CAC, les conseils des arts provinciaux, divers ministères et comités du gouvernement fédéral, le Centre CM, la SRC, la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, le CCM, la Conférence canadienne des arts ainsi que d'autres groupes de compositeurs partout au Canada, dont la Communauté électroacoustique canadienne et l'Association des femmes compositeurs canadiennes.

Rayonnement international

La LCC se soucie également de la participation canadienne aux concours et festivals internationaux. Elle soumet des partitions aux Jeux olympiques de Helsinki en 1952 et agit comme section canadienne de la Socitété internationale pour la musique contemporaine (SIMC) de 1953 à 1956 et de 1981 à aujourd’hui. Les relations internationales sont aussi encouragées par la décision de la Ligue de parrainer, en collaboration avec le Festival de Stratford, la Conférence internationale des compositeurs qui se tient à Stratford en 1960.

Jusqu’en 2011, la LCC continue de gérer la section canadienne de la SIMC. Six œuvres canadiennes sont sélectionnées chaque année afin de les soumettre aux SIMC World New Music Days et afin d’aider financièrement les compositeurs canadiens à voyager pour assister à cet événement et à promouvoir leur musique. La LCC publie aussi un CD des œuvres sélectionnées et participe à l’Assemblée générale de la SIMC.

Prix et concours

Au cours de son histoire, la LCC a remis plusieurs prix et tenu de multiples concours, notamment le Canada Music Citation, le Prix des amis de la musique canadienne et plusieurs concours de composition.

En reconnaissance de la contribution des interprètes à l'exécution d'oeuvres canadiennes, la Ligue crée la Canada Music Citation, laquelle est accordée à Victor Feldbrill (1967), Mary Morrisonet Robert Aitken (1969), et John Avison (1970). La Ligue rend des hommages spéciaux à John P.L. Roberts (1972) ainsi qu'à deux anciens membres du Centre MC, Norma Dickson et Henry Mutsaers (1979). En 1968, alors que l'aide financière pour les jeunes compositeurs est rare, la LCC institue une bourse d'une valeur de 250 $. Le premier récipiendaire en est John Fodi, qui la mérite de nouveau en 1970. Les autres gagnants sont Denis Lorrain (1970),Robert Bauer et Paul Crawford (1971), Michel Vinet (1973), Dennis Patrick (1974), Michel Longtin (1975) et Denis Gougeon (1977). Cette récompense est supprimée au fur et à mesure de l'accessibilité des subventions et bourses d'études provenant d'autres sources.

En 1993, on crée le Prix des amis de la musique canadienne pour honorer des personnes engagées envers les compositeurs canadiens et leur musique. David Olds est le premier à recevoir ce prix en 1995. En 2011, année du 60e anniversaire de la LCC, on remet deux prix : un à Julian Armour et l’autre à Patricia Shand pour couronner l’ensemble de sa carrière en musique canadienne.

Anniversaires

La célébration du 20e anniversaire de la LCC est tenue à l'Université de Victoria en février 1971 et donne lieu à des concerts et à des tables rondes. Le congrès du 30e anniversaire, tenu à Windsor et Detroit du 12 au 14 juin 1981, est la plus grande rencontre de compositeurs au Canada. Ce sont trois jours de concerts (incluant un jour complet d'oeuvres produites par des membres fondateurs de la Ligue), ainsi que des débats sur des thèmes courants. Quant au 35e anniversaire, il est célébré à Ottawa, tandis que le 40e (intitulé « La Musique canadienne : vers le XXIe siècle ») a lieu à Winnipeg. Le 50eanniversaire, tenu à Kitchener-Waterloo, comprend cinq jours de concerts, de discussion ouverte, le souper des anciens présidents et des ateliers. Parmi les interprètes invités à l'événement, on retrouve, entre autres, l'Orchestre symphonique Kitchener-Waterloo, le Quatuor à cordes Penderecki et les Concerts NUMUS.

Le 60e anniversaire a lieu en 2011 a Toronto et comprend un concours de composition des membres de la LCC, un concours de jeunes compositeurs (coparrainé par la Société de musique des universités canadiennes), un Prix des amis de la musique canadienne supplémentaire, le lancement du nouveau site Internet de la LCC, une conférence donnée par Glenn Buhr et une table ronde de compositeurs-interprètes intitulée Our Native Song et un concert coprésenté avec l’Esprit Orchestra.

Gouvernance

La LCC est dirigée par un conseil formé de 12 mandataires élus par les membres aux deux ans. À partir de cette première sélection, le conseil élit un comité exécutif. En 1981, le conseil est réorganisé afin d'assurer la représentation à l'échelle nationale, basée sur la distribution des membres compositeurs. En 2011, il y a un comité représentatif des provinces de l'Atlantique, trois pour le Québec, quatre pour l'Ontario, deux pour la Colombie-Britannique et deux pour les Prairies. La ligue est financée par les cotisations annuelles de ses membres et des subventions du CAC, du Conseil des arts de l’Ontario et de la SOCAN.

Le premier président est John Weinzweig qui sert la LCC de 1951 à 1957 et de 1959 à 1963. Il est plus tard nommé président honoraire. Parmi les autres présidents, on compte Victor Davis (1979-1982), Paul McIntyre (1982-1983), Alex Pauk (1983-1989), Patrick Cardy (1989-1992), Rodney Sharman (1993-1998), John Burge (1998-2006), Paul Steenhuisen (2006-2007) and James Rolfe (2007-2011). En 2011 Jennifer Butler devient présidente.

Adhésion

Devenir membre de la LCC est considéré comme un honneur. À l'origine, l'adhésion se fait sur invitation, le candidat étant proposé par un membre. Plus tard, il est permis de poser directement sa candidature, mais les aspirants devaient avoir un certain nombre d'oeuvres et d'exécutions à leur crédit et soumettre des partitions à un comité de sélection. En 2011, le nombre des membres est passé à 350 et à quatre désignations pour les membres : étudiant, professionnel, honoraire (pour les membres de 65) et affilié. Healey Willan et Claude Champagne sont nommés membres honoraires en 1955.

Renouvellement et héritage

La LCC subit un important changement de processus de renouvellement en 2006-2009 avec un plan stratégique, une gouvernance réaménagée, une nouvelle image de marque et des améliorations à l’administration et aux services aux membres. Tout au long de son histoire, a Ligue a beaucoup contribué à la réalisation de son objectif principal qui est de donner à la composition moderne canadienne une position vitale dans la vie musicale. Une de ses plus grandes réussites est le soutien moral et l’encouragement des compositeurs individuel, qu’il soit membre ou pas. Les archives de la LCC sont déposées à la Bibliothèque nationale du Canada.

Une version de cet article est parue originalement dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.